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5 décembre 2020 6 05 /12 /décembre /2020 00:01
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FÊTES DE FIN D'ANNEE

PENSEZ A OFFRIR DES LIVRES

Plutôt que tel ou tel gadget ou objet plus ou moins à la mode, plutôt qu'une Xième cravate ou une Nième chemise bientôt oubliées au fond d'une armoire, plutôt qu'un produit périssable vite consommé, pensez à offrir des livres.

Tous les sujets, toutes les époques, tous les pays, dans tous les styles et à tous les prix : vous êtes certain de pouvoir trouver LE livre adapté aux goûts et aux préférences de celle ou de celui auquel le volume est destiné. Vous pouvez trouver l'inspiration parmi les dizaines d'ouvrages présentés sur le site ces derniers mois.

Au terme de cette terrible année 2020 qui voit des nombreuses librairies mais aussi maisons d'édition fragilisées économiquement, parfois gravement, cette période de fêtes est une bonne occasion de faire plaisir tout en soutenant un secteur indispensable à la vie d'un pays digne de ce nom. En quelque sorte une situation intellectuellement très satisfaisante : faire le bien en faisant plaisir !

FÊTES DE FIN D'ANNEE

PENSEZ A OFFRIR DES LIVRES

(et n'hésitez pas à relayer et partager le message !)

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4 décembre 2020 5 04 /12 /décembre /2020 00:01

Martin Bormann

Homme de confiance d'Hitler

François Delpla

On peut ne pas être d'accord avec toutes les conclusions de François Delpla dans ses différents ouvrages consacrés au nazisme et à la Seconde guerre mondiale, mais il faut lui reconnaître de grandes qualités d'analyse, un sens développé de la recherche et une aptitude à retrouver la lettre ou le témoignage oublié. Cet ouvrage ne déroge pas à la règle et cette première biographie de Martin Bormann scientifiquement basée mérite d'être connue de tous les amateurs.

Dans une solide introduction, l'auteur présente et commente la bibliographie sur le sujet, analyse les livres déjà publiés sur Bormann, en pointant les points forts et les limites. Organisé en 20 chapitres chronologiques, le livre offre un portrait assez saisissant du chef nazi, qui n'adhère pourtant au NSDAP qu'en 1927, dont il devient salarié dès 1928. François Delpla utilise, pour la première partie de la carrière de Bormann au sein du parti les mémoires (qui "n'ont pas été suffisamment remarquées") d'Otto Wagener, et étend son récit à la vie familiale et privée du personnage (relations, invitations, vie du couple, etc.). Au fil des pages, François Delpla revient sur la nuit des longs couteaux, dont il analyse les différentes approches, et évoque longuement les relations de plus en plus étroites entre Bormann et Rudof Hess, dont il devient chef d'état-major, tout en profitant des différentes circonstances pour traiter des rapports que les dirigeants nazis entretiennent entre eux et avec Hitler. Le portrait qui est fait de Bormann (obséquieux avec les plus puissants, durs avec les subordonnés, hypocrite avec les égaux) n'est pas des plus reluisants, et Delpla nous invite de façon générale à relire la documentation "d'un oeil attentif pour y dépister les faux-semblants des témoignages où maints cadres cherchaient après la guerre à se dédouaner". On doit à Bormann l'aménagement du Berghof dans les Alpes bavaroises, où, "gestionnaire financier et sous-chef du parti", il devient de plus en plus proche d'Hitler. Il s'efforce de définir ce que Bormann pouvait réellement penser et croire, à titre personnel, au plan éthique et religieux : "On peut déduire de tout cela que Hitler apprécie que Bormann pense... mais pas trop". Progressivement, et le mouvement s'accélère au début de la guerre et après l'envol de Hess pour l'Angleterre, Bormann devient de fait le secrétaire personnel d'Hitler, poste qui lui est officiellement confié en avril 1943. Il est désormais au contact quotidien du Führer. Il est surtout "directement associé" aux décisions et nominations sur les questions civiles comme militaires, dans l'Etat comme dans le parti. L'auteur décrit ensuite son rôle à l'occasion de l'attentat du 20 Juillet 1944, puis lors des derniers mois de la guerre. Accusé de crimes contre la paix, contre l'humanité et de crimes de guerre au tribunal de Nuremberg alors que l'on ne sait pas s'il est mort ou vivant, il est condamné à mort et François Delpla tente de déterminer si Bormann a pu survivre aux combats de Berlin, l'hypothèse qui lui semble bien préférable aux "fables" de sa survie en Amérique latine, ou en URSS, ou au Moyen-Orient étant celle de son décès. L'auteur consacre les dernières pages à une forme de "bilan de personnalité" de Bormann, dont il ressort qu'il ne fut sans doute pas le "mauvais génie" d'Hitler si souvent décrit, mais un exécutant fidèle et ambitieux, modeste, travailleur, appartenant au clan des "durs" du régime, partisan d'une lutte jusqu'à la dernière extrémité.

Au-delà du seul personnage de Bormann, c'est bien sûr, comme dans les autres livres de François Delpla qui multiplie les digressions, l'ensemble du régime nazi et la personnalité d'Hitler qui sont régulièrement abordés. Un livre qui mérite d'être lu pour ses multiples références peu courantes, sa critique de la bibliographie sur tous les sujets abordés et son approche originale de la carrière et du rôle de Bormann.

Nouveau Monde éditions, Paris, 2020, 410 pages. 21,90 euros.

ISBN : 978-2-38094-123-4.

Pour commander directement le livre : ici.

Le secrétaire officiel d'Hitler
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3 décembre 2020 4 03 /12 /décembre /2020 00:01

Billets en guerre

1938-1948

Jean-Claude Camus

Cette étude originale et richement illustrée nous présente les évolutions, les errements, les adaptations du franc pendant la Seconde guerre mondiale.

Elle illustre tous les aléas induits par les évènements militaires et politiques, mais aussi les difficultés de la population. Le livre est divisé en huit chapitres chrono-thématiques qui permettent en quelque sorte de suivre l'actualité de l'époque : "1938-1939 L'armement monétaire", "1940 L'invasion des billets étrangers", "1940-1944 Des billets pour l'occupation", "1941-1942 Les forces gaullistes prennent le pouvoir monétaire dans l'empire", "1942-1944 De l'argent clandestin pour combattre l'occupant", "1944 L'affaire de la 'fausse monnaie' du débarquement du 6 juin", "1944-1945 Quels billets pour la Libération", "1945-1948 Quelles monnaies pour la reconstruction ?", et se termine par une conclusion "Un profond bouleversement pour le billet français". Saviez-vous par exemple que le bon à tirer des billets du débarquement en France fut signé par le Secrétaire d'Etat américain au Trésor dès le 11 janvier 1944 (opération 'Tom Cat') ? La qualité esthétique de la plupart de ces billets est impressionnante, en particulier pour les grosses valeurs, et la diversité des émissions et des valeurs à travers tous les territoires de l'empire permet en quelque sorte un voyage nostalgique dans le temps et dans l'espace. A ces multiples émissions officielles, il faut ajouter les monnaies de circonstance et les "pseudo-billets" utilisés pour la propagande en faveur des Alliés et de De Gaulle.

Un volume qui se distingue par sa qualité esthétique, la richesse et la diversité de ses illustrations, mais qui aborde aussi, par un angle rarement emprunté, des questions majeures sur la France dans la Seconde guerre mondiale.

Autrement, Paris, 2020, 135 pages. 19,90 euros.

ISBN : 978-2-7467-5588-8.

Pour commander directement le livre : ici.

Nerf de la guerre
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2 décembre 2020 3 02 /12 /décembre /2020 00:01

Timbalier et trompettes

Maison de l'empereur et garde impériale

Pierre Conrad et Guillaume Bretegnier

Une magnifique réalisation, aussi bien dans la forme que sur le fond, illustrée notamment par les superbes gouaches originales de Pierre Conrad, décédé en 2017.

Cette belle brochure s'organise en trois grandes parties ("Maison militaire de l'empereur et garde impériale", "Timbalier et trompettes", "Flammes pour trompettes de gala et pièces de harnachement") et se termine par quelques pages en hommage à l'illustrateur. Au-delà du texte courant, d'une scrupuleuse exactitude, on reste admiratif (que l'on soit fana d'uniformologie ou non) devant la beauté des planches des pages 15 à 43 reproduites en grand format (trompette de l'escadron des Cent-gardes, timbalier des Guides, caisse des Lanciers, etc.).

Une production qui fait honneur à l'illustre Sabretache et qui augure bien du partenariat avec La Compagnie d'Elite. Une publication qui séduira au-delà des seuls amateurs du Second empire. 

La Compagnie d'Elite / Epopées, Versailles, 2020, 66 pages, 20,- euros.

ISBN : 978-2-9565127-1-4.

Pour commander directement : ici.

Magnifique !
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1 décembre 2020 2 01 /12 /décembre /2020 00:01

Histoire navale de la Seconde guerre mondiale

Craig L. Symonds

Monumental ! Voici une étude qui indiscutablement marquera la bibliographie de la Seconde guerre mondiale. Rédigé par un ancien professeur du Naval War College et de l'académie navale américaine, cette énorme synthèse englobe tous les aspects du conflit sous l'angle de la marine.

Le livre s'ouvre sur une rapide présentation de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne au début des années 1930 puis s'organise en cinq grandes parties : "La guerre européenne", "Le conflit s'étend", "Le tournant décisif", "La contre-attaque alliée" et "Le jugement". Au fil de la chronologie, en brefs chapitres au style enlevé, il revient ainsi sur l'opération de sauvetage des troupes alliées à Dunkerque, sur Mers el-Kébir, les opérations contre la marine italienne et la chasse du Bismarck. Souvent, il remet en cause certaines idées reçues (pour Dunkerque par exemple l'importance réelle des petites embarcations civiles réquisitionnées). Nous passons ensuite à l'attaque japonaise sur Pearl Harbour et à la guerre en Extrême-Orient et dans le Pacifique, de la bataille de la mer de Corail à Midway. L'auteur s'intéresse ensuite aux opérations pour attaquer et défendre Malte et Guadalcanal, combats que l'on aborde peu souvent sous l'angle naval. La situation commence à évoluer plus favorablement pour les Alliés à partir du début de l'année de 1943, Symonds aborde alors la question des convois à destination de l'URSS par la voie arctique, comme les opérations de débarquement (Husky en Sicile) et constate la disparition progressive des flottes de surface allemande et italienne comme adversaire significatif. C'est ensuite le récit du rassemblement et de l'engagement de l'énorme armada du Jour J à l'ouest, tandis que les Américains surtout mais aussi les Britanniques progressent difficilement d'île en île dans le Pacifique (en particulier bataille de la mer des Philippines puis celle du golfe de Leyte). L'Allemagne assiégée emploie ses derniers navires de surface pour évacuer les réfugiés de Prusse orientale, tandis que dans le Pacifique les Américains font face aux kamikazes et engagent la bataille dOkinawa. Tout se termine en baie de Tokyo le 2 septembre 1945 sur le pont de l'USS Missouri avec la capitulation du Japon.

Des LST aux sous-marins et aux porte-avions, sans oublier la flotte commerciale puisque la guerre économique fut une réalité, nous avons au fur et à mesure la présentation de tous les types de bâtiments, de même que sont présentés tous les acteurs importants des différentes marines nationales. Le texte courant est accompagné de plus de 20 cartes et graphiques qui permettent de bien visualiser des points particuliers ou des zones géographiques, et le volume se termine sur une trentaine de pages de sources et de bibliographie, qui ouvriront de nombreuses pistes aux amateurs français.

Un livre absolument indispensable pour quiconque s'intéresse à la Seconde guerre mondiale. 

Perrin, Paris, 2020, 994 pages, 29,- euros.

ISBN : 978-2-262-08005-1.

Pour commander directement le livre : ici.

Guerre navale
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30 novembre 2020 1 30 /11 /novembre /2020 00:01

Espérer pour la France

Hubert Germain

Dernier Compagnon de la libération survivant, aujourd'hui centenaire, Hubert Germain est le fils d'un officier général artilleur des troupes coloniales, ce qui constitue a priori un environnement propice au développement des sentiments patriotiques. Ce petit volume, préfacé par le chef d'état-major de l'armée de Terre, retrace l'ensemble de sa vie sur la base d'une série d'entretiens avec Marc Leroy. Il donne le ton dès les premières lignes : "Qu'est-ce qu'il me reste de tout cela aujourd'hui ? De cette expérience militaire et politique ? Une grande richesse certainement. Je suis heureux de ce que j'ai vécu mais pas orgueilleux du tout". Au fil des pages, nous allons croiser de très nombreux grands noms de la France Libre et des gaullistes historiques.

Le livre est organisé chronologiquement, d'août 1920 à son séjour à l'Hôtel national des Invalides et au fur et à mesure du temps et des pages il raconte la naissance et le développement de son amour pour la France. Ainsi, à 8ans, à la ferme de ses cousins dans la Drôme : "Prenez un peu de terre dans vos mains, elle est un peu humide, parfumée, regardez-la bien, humez-la ... C'est la terre de France. C'est l'expérience que j'ai faite enfant. J'ai alors compris que c'était ma terre". Au hasard des affectations de son père, un séjour au Levant, où ce dernier commande le régiment d'artillerie coloniale du Levant, puis en Indochine, où il commande l'artillerie du territoire, sont tout aussi importants et formateurs. En juin 1940, à 19 ans, alors qu'il passe les concours d'entrée aux grandes écoles militaires, il décide de rejoindre Londres et effectue la traversée à partir de Bordeaux avec un contingent de soldats polonais quittant la France : "En arrivant en Angleterre, en rencontrant le général De Gaulle, j'ai eu l'impression de trouver un deuxième père". Le récit de ses campagnes de Syrie, de Libye, d'Egypte et de Tunisie entre 1941 et 1944 (il est cité et décoré à l'issue de Bir Hacheim), en particulier au sein de la 13e DBLE, est sobre et dense : "Aujourd'hui je peux dire que la période la plus heureuse de ma vie a été mon entrée à la Légion étrangère".  Puis c'est la campagne d'Italie, durant laquelle il est admis dans l'ordre de la Libération par De Gaulle, puis la Provence et la remontée vers les Vosges et l'Alsace et les retrouvailles avec sa famille. Une dernière anecdote de son temps sous les drapeaux lorsque, en 1945, en occupation en Allemagne, des gendarmes se présentent chez lui parce qu'il n'a pas répondu à l'appel de sa classe à la fin de l'année 1940 : "C'est beau quand on y pense l'administration française ! Vous êtes chevalier de la Légion d'honneur à 21 ans, Compagnon de la Libération à 23 ans, et elle vous retrouve parce que vous n'avez pas répondu à l'appel en 1940"... Après avoir quitté l'armée, il entre en politique, devient maire de sa commune en 1953, entre au cabinet de Pierre Messmer en 1960, est élu député en 1962 et entre au gouvernement comme ministre des PTT en 1972 et après le décès du président Pompidou entame une ultime carrière civile. Entré aux Invalides, où il réside toujours, il y reçois sa famille et les honneurs de la République... Quelle vie ! Et cette affirmation, presque finale : "La Croix de la Libération n'était donc pas tant une décoration qu'une condition : le général nous demandait le don total de nous-mêmes au service de la France".

Un petit livre d'une franchise, d'un naturel et d'une densité exceptionnelle. Vivement recommandé.

Les Belles Lettres, Paris, 2020, 93 pages, 17,- euros.

ISBN : 978-2-251-45141-1.

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Français Libre
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29 novembre 2020 7 29 /11 /novembre /2020 00:01

Un ambassadeur russe à Paris

Alexandre Orlov

Issu d'un milieu privilégié au sein de la nomenklatura communiste, formé dans les meilleures écoles et instituts soviétiques, Alexandre Orlov raconte presque un demi-siècle de relations franco-soviétiques puis franco-russes : "Mon premier poste diplomatique fut, en 1971, Paris. Tous les postes suivants, qu'ils fussent en France ou en Russie, furent consacrés aux relations franco-russes".

Il nous présente ainsi un aspect des rapports entre Pompidou et Brejnev, Mitterrand et Gorbatchev, Chirac et Eltsine, Sarkozy - Hollande et Poutine. Au fil des années, il participe également à d'importantes conférences internationales et l'on a ainsi quelques lignes sur les négociations START de limitation des armements nucléaires. Il évoque les expulsions de diplomates soviétiques sous Mitterrand, la notion de maison commune européenne et les rapports OTAN / Défense européenne. Il nous parle aussi du Conseil de l'Europe où il a été en poste au tournant des années 2000 et donne son sentiment sur la désignation de Poutine par Eltsine pour lui succéder : "Plus j'y pense et plus j'en viens à la conclusion que ce choix a été providentiel : c'st le bon Dieu qui a voulu sauver la Russie du chaos, de l'effondrement économique, politique et moral qui a suivi la disparition de l'Union soviétique". Si cet avis est partagé dans le peuple russe, voilà qui explique peut-être en partie la longévité de Poutine au pouvoir. Il revient également sur l'affaire des navires Mistral commandés par la Russie à la France, contrat signé en 2011, et raconte comment Hollande ("le président décevant") a finalement refusé de les livrer après avoir promis qu'il le ferait : "Ce fut un exemple parmi d'autres de l'inconséquence du président François Hollande dans ses relations avec la Russie". Il raconte également le cadeau d'un immense sapin de Noël à la mairie de Paris, certaines des manifestations organisées pour l'année France/Russie et n'oublie pas les conversations plus sensibles de 2011 sur le dossier libyen. La dégradation des relations entre les deux pays sous la présidence Hollande n'empêche pas la tenue par la suite de "l'année Pierre le Grand" et quelques mots élogieux pour Macron. Le livre se termine, de façon plus anecdotique quand même, sur quelques pages relatives aux relations entre la minuscule principauté de Monaco et l'immense Russie et Alexandre Orlov conclue cette autobiographie en rappelant qu'il a exercé son métier de diplomate par passion, mais aussi en travaillant beaucoup : "J'appartiens à cette vieille école de la diplomatie russe qui formait de vrais experts en la matière, des spécialistes qui connaissaient à fond les problèmes ou les pays dont ils s'occupaient. A ces connaissances que je n'arrêtais pas d'approfondir toute ma vie, j'ajoutais un supplément d'âme qui m'ouvrait le coeur des Français".

Un témoignage tout à fait intéressant et particulièrement agréable à lire.

Fayard, Paris, 2020, 268 pages, 20,- euros.

ISBN : 978-2-213-71308-3.

Pour commander directement le livre : ici.

Un ami russe
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28 novembre 2020 6 28 /11 /novembre /2020 00:01

Juillet 1893

Le mai 68 de la IIIe République

Bernard Hautecloque

L'auteur en dresse le constat dès l'introduction, "les émeutes étudiantes qui dévastèrent le Quartier latin en juillet 1893 ont aujourd'hui à peu près totalement disparu des mémoires". Et pourtant, ces évènements (presque dans la tradition frondeuse du quartier des universités) furent d'une réelle gravité et marquèrent profondément les contemporains.

Les trois premiers chapitres présentent l'histoire agitée du quartier des étudiants, entre chahut et contestation (souvent peu) politisée, puis le livre décrit les incidents à  l'origine des désordres, une vague histoire d'offense à la pudeur en début d'année. Le 1er juillet, lorsque le préfet de police veut faire disperser un rassemblement d'étudiants tapageurs, ceux-ci trouvent dans la Sorbonne en travaux suffisamment de "munitions" pour bombarder de pierres les forces de l'ordre, mais la mort d'un témoin, présent par hasard sur les lieux, enflamme les esprits le lendemain. Dès le 2 juillet au soir, aux cris de "A bas le préfet assassin !", les étudiants se rassemblent en nombre. Bernard Hautecloque, tout en poursuivant le récit des incidents, qui s'aggravent, explique ce qu'était le maintien de l'ordre en ville à la fin du XIXe siècle et cite abondamment les journaux de l'époque. Les manifestations dégénèrent : "Aux étudiants s'étaient mêlés des anarchistes et quelques voyous"... Déjà ? De même, alors qu'au même moment dans Paris 12.000 cochers sont en grève, certains tentent sans succès de faire "converger les luttes". Déjà ? Dans la nuit du 4 au 5, puis du 5 au 6, les émeutes reprennent et dégénèrent : "L'aube du 6 se leva sur un Quartier latin qui semblait sortir d'une guerre. Le boulevard Saint-Michel avait été interdit à la circulation, des gardes municipaux à cheval faisant manoeuvre pour éviter tout rassemblement". Ce 6 juillet, le gouvernement fait venir des troupes de Compiègne et de Melun et fait protéger les bâtiments publics. Le 7, la situation commence à s'apaiser, dans la nuit du 7 au 8 quelques tentatives pour reprendre le mouvement échouent et le 8 la situation est en apparence redevenue normale. Le 11 juillet, un nouveau préfet de police est nommé, un certain Lépine. Mais ceci est une autre histoire.

Cette histoire d'une révolte étudiante violente pendant quelques nuits mais finalement sans grandes conséquences est expliquée par l'auteur par l'incompréhension du pouvoir politique qui tolérait que "les étudiants, finalement peu nombreux, médiocrement politisés et tous issus de milieux privilégiés, n'étaient pas tenus pour une classe dangereuse". Un coup de projecteur sur une "belle époque" plus complexe que les images d'Epinal peuvent le laisser penser.

Editions du Félin, Paris, 2020, 119 pages, 16,- euros.

ISBN : 978-2-86645-924-6.

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Mai 68 avant l'heure
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26 novembre 2020 4 26 /11 /novembre /2020 23:41

Complot à l'italienne

La destitution de Mussolini

24-25 juillet 1943

Alexandre Sanguedolce

La destitution du Duce le 25 juillet 1943 n'avait à notre connaissance jamais été documentée avec autant de détail en français. Qualifié de "drame en cinq actes", cet épisode important de l'histoire de la Seconde guerre mondiale et plus largement de l'histoire européenne est ici littéralement "décortiqué" avec soin.

Au pouvoir depuis une vingtaine d'années, à la tête d'un régime épuisé par les campagnes d'Ethiopie et d'Espagne qui précèdent la Seconde guerre mondiale (Afrique du Nord, Balkans essentiellement) au cours de laquelle l'Allemagne nazie a été contrainte de venir au secours de son seul allié de taille significative en Europe, Mussolini est confronté à partir de la mi-juillet 1943 au débarquement anglo-américain en Sicile et aux premiers bombardements aériens massifs sur Rome. Pour reconstituer la chronologie fine des évènements qui conduisent à la destitution du Duce par le roi Victor-Emmanuel III, l'auteur s'appuie sur les nombreux témoignages des acteurs et des témoins des évènements, souvent rendus publics ou publiés juste après les faits, ce qui donne au volume un rythme soutenu. Menée par Grandi et Ciano, gendre de Mussolini, l'opposition au Duce se manifeste lors de la réunion du Grand conseil fasciste du 24 juillet en fin d'après-midi, réunion qui va se poursuivre longuement dans la nuit, et Mussolini lui-même dira l'année suivante, pendant la République sociale italienne : "J'avais l'impression d'assister à mon procès. Je me sentais à la fois accusé et spectateur". Le récit détaillé des interventions des différents orateurs lors de cette réunion est une façon de refaire toute l'histoire politique, militaire, diplomatique, de l'Italie fasciste depuis la marche sur Rome et, dans ce huis-clos qui se prolonge, on sent la tension croître, aussi bien chez les conjurés que dans l'entourage immédiat de Mussolini, qui pour sa part ne semble pas prendre toute la mesure de l'ampleur de la conspiration. Le lendemain, 25 juillet, les conversations des "pour" et des "contre", de ceux qui veulent en finir en le pouvoir du Duce et de ceux qui veulent faire arrêter les "traitres", se multiplient de part et d'autre pendant toute la journée et c'est finalement après un entretien avec Victor-Emmanuel, qui lui notifie sa destitution, que Mussolini est (discrètement) arrêté peu après 17h00 et exfiltré de la résidence royale... en ambulance, pour éviter une réaction musclée de sa garde rapprochée. Deux jours plus tard, il sera dirigé vers un premier lieu de détention et le livre se termine sur la décision d'Hitler de faire libérer "son ami".

Un drame classique, ou effectivement "à l'italienne". L'histoire minute par minute d'un complot qui aurait pu ne pas réussir. Haletant.

Edtions Konfident, Paris, 2020, 233 pages. 18,50 euros.

ISBN : 978-2-956-98372-9.

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La fin d'un régime
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26 novembre 2020 4 26 /11 /novembre /2020 00:01

La Première Guerre mondiale

1912-1923

Nicolas Beaupré (Dir.)

Après la fin du cycle du centenaire de la Grande Guerre, voici en quelques dizaines de pages un louable effort de synthèse.

Après une forme d'introduction sur le thème du "désenclavement" des études et des regards sur la Première Guerre mondiale (désenclavement historiographique avec les études transnationales, chronologique avec la prise en compte de l'ensemble de la période 1911-1912 à 1923, géographique avec l'intérêt porté aux théâtres d'opérations extérieurs et aux contingents non-européens, thématique avec les progrès de la recherche sur tous les aspects sociologiques et culturels et académique avec l'irruption de nouveaux acteurs en particulier culturels et privés), la brochure traite de sujets très divers, en consacrant à chacun une double page, sur la gauche la présentation du sujet, sur la droite un extrait d'une oeuvre littéraire ou d'un témoignage. Les thèmes sont regroupés en quatre grands chapitres : "Combattre", "Sociétés en guerre, société de guerre", "Une longue sortie de guerre", et "Mémoires de guerre". Les opérations militaires ne sont quasiment pas traitées en tant que telles (à l'exception de Tannenberg, de la Marne et de la Somme) et l'approche est donc essentiellement d'histoire sociale et culturelle. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant au regard des références données en bibliographie, appartenant pour l'essentiel à l'équipe du centre de recherche de l'Historial de la Grande Guerre de Péronne (qui bénéficie d'une double page de promotion), autour de Stéphane Audouin-Rouzeau. Un "entre-soi" et une approche conformes aux principes qui animaient les "co-propriétaires" des commémorations institutionnelles de 2014-2018. Cette observation faite, la publication est bien conçue, illustrée avec pertinence et de qualité pour les thèmes abordés.

Une brochure qui doit figurer (mais pas seule) dans les documentations de base à l'attention des lycéens et jeunes étudiants. 

Documentation photographique, CNRS éditions, 2020, 64 pages. 9,90 euros.

ISBN : 9782271132208

Synthèse pédagogique
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Qui Suis-Je ?

  • : Guerres-et-conflits
  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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