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8 avril 2020 3 08 /04 /avril /2020 00:05

La mémoire perdue

Francis O'Gorman

Inédit en français, ce livre a été rédigé par un professeur de littérature anglaise de l'université d'Edimbourg. Il analyse les notions d'histoire, de mémoire, de souvenirs, et comment elles ont été dévalorisées jusqu'à quasiment disparaître : "Je décris ici l'émergence d'une culture de l'oubli … Ce livre plaide pour une mémoire active et analytique, pour qu'on prenne la peine de penser à ce qui a été accompli".

En six grands chapitres ("Cultures de la mémoire", "La fabrique de l'oubli contemporain", Cultures amnésiques contemporaines, "L'oubli dans les représentations contemporaines", "Apprendre le passé", et "Les conséquences de l'oubli de l'histoire nationale ou locale"), l'auteur s'efforce de démontrer que "l'effort inauguré par Homère mérite de ne pas être abandonné". Il fait pour cela appel à la sociologie comme à la psychologie, à la science politique comme à l'histoire des techniques, à la linguistique ou aux sciences de l'éducation et constate l'influence (sous le nom de progrès) de l'immédiateté, de la mondialisation et de la commercialisation : "la transformation des sociétés, des nations, des peuples et des cultures en agents économiques". Il regrette "l'appauvrissement de la culture populaire" et critique fermement les dérives récentes de certaines études historiques : "Ce qui importe [aujourd'hui] dans l'histoire , c'est ce qui préfigure les valeurs progressistes modernes, et que tout autre motif pour s'intéresser au passé est dévalorisé"... Triste constat, mais à bien des égards réaliste.

Défini par son auteur comme "un mélange de récits historiques, de critiques littéraire et culturelle, d'opinions personnelles et d'autobiographie", le livre nous invite "à revaloriser ce que l'histoire nous a légué", et ce n'est pas nous qui diront le contraire ! 

Editions du Rocher, Monaco, 2020, 243 pages. 17,90 euros.

ISBN : 978-2-268-10349-5.

Importance de l'histoire
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7 avril 2020 2 07 /04 /avril /2020 00:01

Napoléon et le livre

La censure sous le Consulat et l'Empire (1799-1815)

Patricia Sorel

On savons tous que l'empereur a toujours été soucieux de ce qui était publié dans la presse et a toujours su utiliser l'écrit pour sculpter sa légende. Avec cette remarquable étude de Patricia Sorel, nous saurons tout désormais sur son approche de la presse et de l'édition, sur la mise en place de la censure.

Le livre présente dans une première partie ce qu'était la législation sur le livre et la censure sous le consulat et au début de l'empire, sous la responsabilité du ministre de l'Intérieur. Il développe ensuite l'évolution intellectuelle et politique induite par le décret de février 1810, dans lequel "transparait la volonté de faire des professionnel du livre une profession avec droits et prérogatives, mais aussi avec charges et obligations". Les imprimeurs, désormais assermentés, ne voient plus leurs stocks saisis comme auparavant, mais doivent se comporter en citoyens-agents responsables de l'Etat : "L'imprimerie n'est point un commerce … elle est un état qui intéresse la politique et un arsenal qu'il importe de ne pas mettre à la disposition de tout le monde". L'auteure précise bien que l'empereur entretient une attitude ambivalente à l'égard de la censure. Il s'affirme régulièrement favorable à la liberté de la presse et en demande en quelque sorte une application intelligente… Elle détaille ensuite les livres censurés, quantitativement mais aussi dans le détail de nombreux titres et les évolutions ou contradictions que l'on peut relever entre administrations et dans le temps, qu'il s'agisse des livres politiques, des outrages aux bonnes mœurs ou même des livres ecclésiastiques (car il s'agit de préserver le concordat et "les querelles religieuses sont également considérées inopportunes, voire dangereuses pour la tranquillité publique"). L'auteure constate également que "le nombre de livres interdits ne cesse de diminuer" et en présente le tableau statistique à partir de l'analyse des bulletins de censure. La dernière partie traite de l'abolition de la censure pendant les Cent-Jours, qui engendre un véritable flot de livres et de brochures.

Une étude riche et foisonnante, au confluent de l'histoire politique et de l'histoire de l'édition. A recommander.

Presses universitaires de Rennes, 2020, 192 pages, 22,- euros.

ISBN : 978-2-7535-7893-7.

Censure et propagande
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6 avril 2020 1 06 /04 /avril /2020 00:01

Le général Beaufre

Portraits croisés

Roland Beaufre et Hervé Pierre

Petit livre format poche et à prix modique tout à fait intéressant, car il rapproche deux perceptions différentes, mais complémentaires, du général et théoricien : celle de son fils, et celle d'un officier qui a étudié les conceptions stratégiques de Beaufre.

La longue première partie, "Fragments d'un père", par Roland Beaufre, est très descriptive et, à partir de brèves phrases dans de courts paragraphes, raconte qui était le général Beaufre dans sa vie quotidienne et familiale, y compris pendant sa retraite dans sa villa Victoria de Tanger. La seconde, "Un Créole stratégique", sous la plume du colonel Pierre s'intéresse aux conceptions stratégiques de Beaufre, "d'une génération traumatisée par les erreurs du passé et, de ce fait, en recherche permanente d'un Graal stratégique qui permettrait d'éviter qu'elles ne se reproduisent". Il revient en particulier sur ses nombreux et longs échanges avec Liddell Hart, sa complémentarité et ses divergences avec Gallois et nous donne à apercevoir sa notoriété et son influence internationale.

Un petit volume tout à fait passionnant, qui plaira à tous les lecteurs intéressés par les questions de stratégie et d'histoire militaire.

Editions Pierre de Taillac, Paris, 2020, 123 pages. 9,90 euros.

ISBN : 978-2-36445-157-5.

APPROCHE ORIGINALE
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5 avril 2020 7 05 /04 /avril /2020 00:05

C'est la guerre

Petits sujets sur la violence du fait guerrier

Stéphane Audoin-Rouzeau

On ne présente plus Stéphane Audoin-Rouzeau, directeur d'études à l'EHESS et président du centre de recherche de l'Historial de Péronne. Dans ce nouveau livre, il s'intéresse à nouveau à la "violence guerrière" à partir de cas concrets ou de simples objets, parfois de tous petits sujets : "Je dois confesser que c'est le maniement des échelles 'micro' qui m'a apporté mes plus grandes satisfactions d'historien. Le temps court (le plus court possible parfois), l'incident (souvent minuscule), la lettre isolée, l'objet ou l'image unique, et finalement l'acteur social dans sa singularité irréductible : voilà ce que j'ai le plus aimé, voilà ce qui m'a le plus appris".

Le livre est organisé en trois grandes parties : "La violence", "L'après-coup", "Traces". Chacune est divisée en six à dix chapitres distincts, qui correspondent chacun à un article ou à une communication orale (entre 1993 et 2017) et présentent une situation, un objet, une histoire particulière sur une période courant de la guerre de 1870 à 1968. Les textes qui concernent la Grande Guerre en constituent néanmoins la majorité. Nous sommes ici au cœur de "l'histoire des représentations" chère à l'auteur et dont il explique les ressorts dans l'article "Stabat Mater" au sujet de la douleur (tout en donnant en parallèle quelques coups de pied aux historiens "classiques" qui auraient fait preuve "de paresse -de lâcheté peut-être-"). On atteint là les limites de l'exercice, car extrapoler et philosopher à partir d'une micro-situation peut certes être intellectuellement satisfaisant, mais cela ne rend compte en rien de la réalité d'un conflit. Cela ne précise qu'une situation particulière (valeur de témoignage d'une seule lettre ?), sous réserve de ne pas aller trop loin dans les commentaires (l'analyse de mai 1968 en "bataille rangée" à partir des commentaires de Cohn-Bendit et la comparaison "frappante" avec "la phalange antique" pour l'usage du casque et du bouclier…).

En résumé, un volume intéressant par la diversité des cas concrets précis qu'il propose, et dont il faut tenir compte des données objectives, mais dont il faut savoir s'extraire avant de se laisser entraîner par des considérations qui ne repose que sur les présupposés intellectuels de l'auteur. On notera au passage l'intérêt de l'article "Les réserves de l'Historial", qui présente la grande diversité des objets et matériels conservés et appelle à de nouvelles recherches.

Edition du Félin, Paris, 2020, 269 pages, 22,- euros.

ISBN : 978-2-86645-897-3.

Parcours personnel
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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 00:05

Partir dans les outre-mers

De l'empire colonial à nos jours (XIXe-XXIe s.)

Hubert Bonin (Dir.)

Spécialiste d'histoire économique et financière n'oubliant pas les questions militaires et de défense (ici et ici par exemple), Hubert Bonin a dirigé un ouvrage collectif atypique et foisonnant.

Bien des gens pouvaient (peuvent) "partir au loin, très loin", pour les raisons les plus diverses, sous les cieux les plus différents, à des époques variés et dans des conditions originales. Les quatorze contributions rassemblées illustrent ainsi autant de cas particuliers. Une seule traite explicitement d'un cas non français, celle de Christine de Gemeaux consacrée à "Partir dans les colonies du Reich, exotisme, érotisme et nationalisme au féminin", qui traite du cas des femmes allemandes parties au tournant des XIXe-XXe s. pour les colonies allemandes. D'autres, relativement attendues, sont plus transverses et s'intéressent aux explorateurs, aux missionnaires, aux chefs d'entreprises. Certaines traitent de fonctions spécifiques (Julien Hélary, "Partir administrer un empire disparu. Le paradoxe des élèves des dernières promotions de l'ENFOM (1953-1963)"), ou de déplacements imposés ("Partir... au bagne", par Gilles Poizat). D'autres encore abordent directement les questions militaires ("Partir à la recherche de points d'appui. Le capitaine Passot à Mayotte et l'amiral Cécille à Basilan" par Hugues Béringer, "Partir, souffrir et mourir à Biribi. Les bagnes africains de l'armée française" par Alain Ruscio, ou "Partir en guerre d'Algérie" par Jean-Charles Jauffret). On le voit, la diversité des approches fait de ce volume le complément utile de bien des publications antérieures, et les nombreuses notes infrapaginales offrent aux amateurs d'histoire coloniale d'utiles références.

Un ouvrage collectif qui sera apprécié de tous les amateurs.

Les Indes Savantes, Paris, 2020, 232 pages, 25,- euros.

ISBN :  978-2-84654-531-0.

Pourquoi partir ?
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3 avril 2020 5 03 /04 /avril /2020 00:05

Mémoires

Baron Fain

(présenté par Charles-Eloi Vial)

Spécialiste du Premier empire (ici et ici par exemple), Charles-Eloi Vial nous propose une belle réédition critique des souvenirs du premier secrétaire de l'empereur.

Dans une très solide introduction de 80 pages, Charles-Eloi Vial présente l'ensemble de la carrière du baron Fain et son rôle au plus près de l'empereur à Paris comme en campagne en s'appuyant sur les récits des contemporains et la correspondance entretenue par Fain avec sa famille. Il revient ensuite sur les modalités de la première édition des Manuscrits du baron Fain dans les années 1820, puis de ses Mémoires initialement destinés à sa seule famille, ainsi que sa contribution à l'écriture de la légende de l'empereur : "On pourra cependant toujours déplorer la modestie de Fain. Attaché à perpétuer le souvenir de la gloire impériale, il passe sous silence sa propre vie".

Les souvenirs du baron Fain, disponible 24 heures / 24 et 7 jours / 7 au service de son maître et lui-même travailleur infatigable, sont organisés en quatre grandes parties, qui permettent de suivre Napoléon Ier dans son quotidien, dans toutes les circonstances et dans tous les lieux. Le première ("Cabinet intérieur. La matinée de l'empereur dans son appartement intérieur") nous conduit de la chambre à coucher (où Napoléon Ier se lève vers 2 heures du matin "pour contrôler à loisir le détail d'une administration", se recouche à 5 heures pour se relever à 7 heures) aux derniers travaux de la matinée (avec la fixation des dotations pour récompenser les fidèles par exemple). La description de l'emploi par Napoléon des fonds publics comme privés, officiels comme secrets, est tout à fait éclairante sur la personnalité de l'empereur. La seconde partie ("Napoléon dans son cabinet extérieur et dans ses conseils") nous présente l'empereur en réunion avec ses principaux subordonnés, ministres et officiers de sa maison. La partie consacrée aux réunions avec le Conseil d'Etat est très instructive : "Ce n'était pas un pouvoir ; ce n'était qu'un supplément à la pensée administrative ; c'était un Conseil dans toute la force du mot, qui n'avait de mouvement et d'action que par l'impulsion qu'il recevait de l'empereur". La troisième partie ("Napoléon dans les heures consacrées à la cour et à l'intimité, dans ses grands voyages et dans ses campagnes de guerre") nous fournit énormément de précisions sur le fonctionnement toujours très centralisé de l'empire lorsque Napoléon est en déplacement, que ce soit dans le pays ("que Napoléon se plaisait à appeler ses promenades administratives") ou en campagne militaire à travers l'Europe (qu'il s'agisse de l'organisation matérielle avec les voitures et les chevaux, du nombre et du rôle des aides de camp, ou du camp monté "au milieu du carré de la Garde impériale"). La quatrième partie enfin ("Napoléon dans sa personne, son caractère et dans ses opinions individuelles") nous offre le portrait intime de l'empereur, jusque dans son goût pour le tabac et pour les bains ("qu'il prenait trop chauds") ou dans ses traits de caractère les plus personnels.

Utilement complété par un dense appareil de notes toujours judicieuses, ce volume est absolument indispensable à tout amateur de la période impériale.

Perrin, Paris, 2020, 375 pages, 24,- euros.

ISBN : 978-2-262-07578-1.

Témoin privilégié
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2 avril 2020 4 02 /04 /avril /2020 00:07

Israël et la bombe

L'histoire du nucléaire israélien

Avner Cohen

Cet ouvrage de référence, sous la signature de l'un des meilleurs connaisseurs des questions de prolifération nucléaire, paru il y a près de vingt ans en anglais est enfin traduit en français. Sa lecture va très certainement étonner plus d'un amateur.

Dans un premier temps, Avner Cohen présente les principaux acteurs israéliens (Ben Gourion et ses conseillers), puis revient sur les prémisses de cette recherche de l'arme atomique, avant 1955. Il détaille ensuite longuement les processus plus ou moins discrets d'acquisition, à l'étranger (rôle de la France), des matériels et composants nécessaires, les dénégations successives, les contrôles biaisés, les manœuvres dilatoires à l'extérieur et les débats internes. A partir de la présidence Kennedy, les Etats-Unis et Israël "s'engagent sur la voie de l'opacité nucléaire", et au-delà l'auteur revient sur les équipements militaires fournis en nombre par Washington. Des pages extrêmement intéressantes sont ensuite consacrées à la prise en compte du sujet par l'Egypte jusqu'à la guerre des Six jours. Après l'accession de Golda Meir au pouvoir, la question du statut du nucléaire israélien et de sa reconnaissance divise jusqu'au niveau du gouvernement, alors qu'Américains et Français cessent leur soutien direct (embargo décidé par De Gaulle). Un vif débat s'engage alors au sujet de l'adhésion de l'Etat juif au traité de non prolifération nucléaire (TNP), avec dans le panorama la livraison d'avions américains et un certain nombre de concessions politico-diplomatiques. L'auteur détaille ici par le menu les échanges, courriers, tractations, réunions entre Israéliens et Américains menant à une situation ambigüe : "Israël était perçu comme un Etat doté d'un arsenal nucléaire, même si ce statut n'était ni déclaré ni reconnu".

Cette histoire des origines et de la montée en puissance du programme israélien secret d'arme nucléaire est tout à fait exceptionnelle. L'auteur multiplie les références, écrites et orales (très nombreux entretiens avec les responsables) et peut rédiger ainsi un ouvrage probablement unique sur le sujet, par son ampleur et sa densité.

Editions Demi-Lune, Plogastel Saint-Germain (29), 2020, 623 pages, 29,- euros.

ISBN : 978-0-231104-83-9.

Prolifération nucléaire
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1 avril 2020 3 01 /04 /avril /2020 00:01

Jacques Soustelle

L'ami d'Israël

Alain Herbeth

Lorsque l'ancien gouverneur général de l'Algérie quitte l'Afrique du Nord au début de l'année 1956, il va, sans oublier la défense de ses anciens administrés, se lancer activement dans le soutien à l'Etat hébreu. Le nouveau livre d'Alain Herbeth, qui a publié plusieurs ouvrages sur des personnalités éminentes de la guerre d'Algérie (ici), s'intéresse à cet aspect particulier de l'engagement public de Jacques Soustelle, gaulliste dès 1940.

La guerre d'Algérie et la crise de Suez figurent bien sûr au premier rang des raisons du rapprochement avec Israël. De Guy Mollet à Bourgès-Maunoury d'un côté, de Ben Gourion à Shimon Peres d'autre part, l'alliance de fait entre la IVe République et l'Etat juif constitue l'un des points importants de la période, que Soustelle espère voir devenir formellement alliance de droit, ce qui entraîne la naissance du Comité français pour l'alliance France-Israël, créé en novembre 1956 et dont il devient le premier président. Le livre évoque ici en particulier les liens noués dans le domaine nucléaire, avec la présence en Israël de "centaines d'ingénieurs et de cadres français [qui] vont participer à ces travaux à partir de 1958", dans le plus grand secret. Contraint de quitter le gouvernement en février 1960, Soustelle va désormais combattre l'antisémitisme, trop souvent caché sous l'antisionisme, et jusqu'après 1962 va associer cet engagement à la défense des français d'Algérie de confession israélite. Désormais, avec les derniers soubresauts de la crise algérienne et la naissance de l'OAS, Soustelle, replié en Italie, n'a plus d'actions directes mais entretient ses amitiés. La rupture de De Gaulle avec Israël entraîne aussi une crise au sein du gaullisme, et d'autres partisans historiques du général adoptent les mêmes positions que Soustelle, en particulier parmi les dirigeants de l'OAS. Redevenu député (de Lyon) en 1971, il "retrouve également l'Alliance France-Israël et poursuit son combat. Alain Herbeth cite ici de longs extraits de ses derniers discours à la tribune de l'Assemblée.

Un livre très riche car, au-delà de la seule personnalité de Jacques Soustelle, il nous entraîne dans le sillage de la guerre d'Algérie sur les sentiers de la politique intérieure aussi bien qu'internationale des années 1960. Recommandé.

Fauves éditions, Paris, 2020, 208 pages, 19,- euros.

ISBN : 979-10-302-0319-6.

Le gaulliste et Israël
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31 mars 2020 2 31 /03 /mars /2020 00:05

Apaiser Hitler

Tim Bouverie

La politique (trop) longtemps suivie par les dirigeants français et britanniques de concessions à Hitler entre 1933 et 1939 est au cœur de ce livre. A partir des archives de Londres, Paris et Berlin comme à partir des journaux et témoignages des acteurs, Tim Bouverie replace systématiquement les évènements dans le contexte de l'époque.

Face à Hitler qui ne cesse de protester de sa volonté pacifique tout en multipliant les "dernières" revendications, les dirigeants français et anglais, représentants de peuples profondément marqués par le coût humain de la Grande Guerre (le "Plus jamais ça !" et la "Der des Ders")), tentent de faire entendre raison au Führer, en se contentant souvent d'affirmations rassurantes. L'auteur nous entraîne au cœur des opérations de séduction menées par l'Allemagne (à l'occasion des jeux olympiques de 1936 par exemple), dans le dédale des conversations plus ou moins informelles entre diplomates et représentants des trois pays (en ajoutant ponctuellement l'Italie, dont l'alliance est recherchée par les Occidentaux comme par le Reich). Il nous détaille les cas de conscience de quelques uns et la naïveté de beaucoup comme lors des accords de Munich ("De manière cruciale pour la suite, les accords de Munich persuadèrent Hitler que les puissances occidentales ne se battraient jamais contre lui et continueraient à accepter ses demandes"). La crise du corridor de Dantzig, qui fait suite à celle des Sudètes, voit en quelque sorte le "baroud d'honneur" des partisans de "l'apaisement", les tractations des uns et des autres avec l'URSS, le coup de poker raté des garanties accordes à la Pologne et bientôt le remplacement de Chamberlain par Churchill.

Un volume tout particulièrement intéressant, agréable à lire et riche sur le fond, qui se termine par plus de vingt pages de bibliographie, souvent en anglais. Au-delà, un enseignement sur l'inutilité de ce type de politique face à de tels ennemis...

Flammarion, Paris, 2019, 665 pages, 29,- euros.

ISBN : 978-2-0814-9612-5.

Jeu de dupes
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30 mars 2020 1 30 /03 /mars /2020 00:05

13e demi-brigade de légion étrangère

La phalange magnifique

André-Paul Comor et Ludovic de La Tousche

Voici un nouvel album régimentaire de grande qualité, en hommage à l'une des plus prestigieuses unités de l'armée de Terre.

Préfacé par le chef d'état-major de l'armée de Terre, lui-même ancien chef de corps de la 13e DBLE, le volume présente sommairement la Légion aujourd'hui (11 régiments, 140 nationalités), puis s'organise en deux grandes parties : "La 13e DBLE de 1940 à 2016" et "La 13e DBLE aujourd'hui". La première partie, à forte composante historique, cesse donc lorsque "la 13" retrouve l'hexagone. Elle commence en février 1940, lorsque deux bataillons de légion de type 'montagne' sont réunis en une demi-brigade intégrée au corps expéditionnaire de Scandinavie, où ils vont se couvrir de gloire avant d'être exfiltrés en urgence du fait de l'offensive allemande en mai. Reconstituée par la France Libre, elle est engagée dans la triste affaire de Dakar avant de retrouver le combat en Afrique orientale contre les Italiens, puis en Syrie dans une lutte fratricide, à Bir-Hakeim et en Afrique du Nord contre Rommel avant de débarquer en Italie et de participer enfin à la campagne de France, ensemble qui vaut à l'unité d'être compagnon de la Libération. Nous retrouvons "la 13" en Indochine, de la plaine des joncs à Dien Bien Phu, puis en Algérie, de 1955 à 1962. Vient ensuite le long séjour à Djibouti, de 1962 à 2011, qui marque profondément l'unité. Durant cette période, les OPEX se succèdent, en particulier à partir du début des années 1990. Dernière garnison ultramarine, les Emirats Arabes Unis accueillent la 13e DBLE, de 2011 à 2016, entre préparation opérationnelle et opérations actives. La seconde grande partie présente l'unité depuis son installation au camp du Larzac, dans son organisation et ses missions. Nul doute que de nombreux lecteurs apprendrons beaucoup de choses pour cette période récente.

Un album excellement illustré, qui ravira les amateurs et qui fournira aux historiens des données précises sur cette unité mythique.

Editions Pierre de Taillac, Paris, 2019, 191 pages, 39,- euros.

ISBN : 978-23-6445-149-0.

Unité mythique
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Qui Suis-Je ?

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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