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5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 06:20

La conquête de la Norvège (1940)

La première opération interarmées de l'histoire

Vincent Arbarétier

Pourquoi le IIIe Reich s'est-il intéressé aux Etats scandinaves avant son offensive à l'Ouest ? Comment ces opérations ont-elles été planifiées et comment ont-elles été conduites ? Tel sont les thèmes de ce livre, préfacé par le GCA Castres, qui nous présente ces engagements comme une première dans le domaine de l'interarmisation. 

Vincent Arbarétier procède méthodiquement, selon un plan chrono-thématique et n'oublie pas de replacer ces combats dans leur cadre régional, en particulier celui de la guerre russo-finlandaise, mais aussi politique avec le rôle de Quisling en Norvège même. La future opposition attendue avec le Royaume-Uni explique l'intérêt que porte assez soudainement Hitler à la Norvège, sur les recommandations de son chef d'état-major de la Marine, afin de pouvoir contrôler ce "balcon" sur l'Angleterre pour sa flotte et son aviation. L'auteur raconte avec de multiples détails tout le processus de planification, la difficile coopération entre armées et les préliminaires militaires aussi bien politiques que diplomatiques de l'opération Weserübung. Elle même divisée en sous-opérations, lancée début avril, elle est décrite dans ses moyens et leur emploi opérationnel sur la base des archives, dont les organigrammes des unités et les plans d'opérations de l'époque. La dernière partie est consacrée aux combats en Norvège méridionale, dont la bataille de Narvik symbolise pour les Français l'essentiel de cette campagne et qui est vue ici du côté allemand. Les atermoiements alliés et les hésitations britanniques transparaissent à plusieurs reprises. Le livre se termine sur une chronologie détaillée, une solide bibliographie et l'indication des sources aux archives allemandes de Fribourg. 

On apprécie (cette fois) la qualité des cartes, très lisibles. Le style direct de l'auteur donne à l'ensemble un rythme soutenu qui ne manque pas d'intérêt, et l'on se dit effectivement que la coopération interarmées, mise en oeuvre de façon empirique et parfois sans beaucoup de bonne volonté de la part de certains participants, y a bien gagné ces lettres de noblesse. Première étude d'ensemble en français sur les aspects militaires de cette opération, ce livre mérite indiscutablement d'être connu de tous les amateurs de la Seconde guerre mondiale 

Economica, Paris, 2014, 159 pages, 23 euros.
ISBN : 978-2-7178-6756-5.

Vers Narvik
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29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 06:45

Raid sur Amiens

L’incroyable récit de l’opération Jéricho

Robert Lyman

Cet épisode tout à fait particulier des opérations aériennes alliées sur la France occupée en 1944 nous est contée par l’auteur de plusieurs ouvrages sur cette période (dont Opération Suicide en 2012 et Raid sur Saint-Nazaire en 2013 que nous chroniquions ici et ici). Il s’intéresse ici à l’histoire étonnante d’un raid aérien mené par les Britanniques en février 1944 contre la prison d’Amiens, et dont quelques pages on déjà été racontées dans la presse spécialisée.

Dès les premières pages, Robert Lyman nous précise que les appareils britanniques de type Mosquito volaient à 320 km/h à 10 mètres/sol alors que la hauteur des murs atteignait 6 mètres… De même, il dresse d’abord la liste des personnages qui, à un titre ou à un autre interviennent dans le récit qui suit, et précise en quelques mots leur rôle. Il décrit ensuite avec beaucoup de détails la situation de la résistance dans la région à l'hiver 1944, les réseaux britanniques, l'origine de cette opération, la planification initiale, les pilotes concernés, la situation dans la prison d'Amiens, les évasions qui suivent le raid aérien et le retour en Angleterre des appareils. La personnalité de Raymond Vivant, pour lequel aurait été conçu le raid, et celle de Dominique Ponchardier, du réseau Sosies, sont bien sûr évoquées à plusieurs reprises au fil du texte, et l'auteur se demande si, finalement, l'opération a bien été lancée à la demande de la résistance. Sa réponse ne fait pas de doute, et il relève qu'à la suite de l'opération sur Amiens d'autres opérations du même type ont été conduite par l'aviation britannique. Plusieurs cartes et annexes complètent l'ouvrage, ainsi qu'un glossaire et un index. On apprécie également les nombreuses références d'archives et la bibliographie (très majoritairement anglo-saxonne).

Ecrit avec talent dans un style agréable à lire, l’ouvrage tient presque autant du roman d’aventure que du livre d’histoire. Il peut donc présenter selon le lecteur les qualités et les défauts des deux et sembler aux uns ou aux autres plus ou moins référencé ou « grand public ». Il n’en demeure pas moins une étude d’ensemble d’un événement tout à fait particulier à partir duquel peut être étudiée la question bien plus large des rapports entre Londres et la résistance intérieure.

Ixelles éditions, Paris, 2014, 358 pages. 23,90 euros.

ISBN : 978-2-87515-226-8.

 

Raid aérien
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21 novembre 2014 5 21 /11 /novembre /2014 06:00

Un petit soldat de plomb

Souvenirs d'enfance dans Royan en guerre

Christian Lamoureux

A partir d'un petit jouet d'enfant retrouvé par hasard, un homme se remémore ses jeunes années dans Royan occupé par les Allemands durant la Seconde guerre mondiale.

Rien d'exceptionnel dans ce petit volume, mais la description assez précise d'une vie quotidienne somme toute assez heureuse. L'enfant, dont le père marin à rejoint la France Libre, voit et (ou) entend beaucoup de choses, qu'il comprend plus ou moins. Il se souvient des soldats occupants et de leurs activités quotidiennes, de leurs rapports avec la population locale, de ses relations familiales et amicales, des restrictions (mais heureusement quelques plans de pommes de terre et un jardinet permettent d'éviter la faim), des cabanes construites avec quelques camarades de son âge, du départ de l'occupant et, un matin du retour de son père.

Un livre de souvenirs sans prétention, simple, mais qui traduit assez bien sans aucun doute la vie quotidienne d'un enfant des années 1940.

Le Croît Vif, Saintes, 2013, 145 pages, 12 euros.

ISBN : ISBN : 978-2-36199-424-2.

Souvenirs d'enfance
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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 06:00

La France et le procès de Nuremberg

Inventer le droit international

Antonin Tisseron

Avec ce livre extrêmement riche et dense, Antonin Tisseron apporte une contribution résolument nouvelle à notre connaissance des conditions du jugement des principaux criminels de guerre nazis.

Jeune chercheur déjà particulièrement affûté et auteur de plusieurs études remarquées pour différents centres de recherche, Antonin Tisseron nous propose ici une version remaniée de sa thèse de doctorat. Alors que le procès de Nuremberg n’est généralement traité qu’en quelques lignes pour indiquer qu’il constitue l’événement fondateur du droit international moderne et que l’on cite au mieux les peines rendues à l’issue, l’auteur reconstitue toute l’histoire de la mise sur pied et du fonctionnement de ce tribunal militaire international. La première grande partie s’intéresse aux origines identifiées du procès, qui remontent aux années 1941-1942, et aux débats extrêmement vifs entre Alliés sur le sort qu’il convient de réserver aux dignitaires nazis après la victoire : fusillés ou jugés ? Et si jugés, sous quelle forme ? Dans ce domaine la position de la France (libre puis combattante) est à la fois atypique et attendue. Avec René Cassin, les quelques hommes initialement en charge de ces questions sont singulièrement démunis de moyens (situation qui va perdurer jusqu’au procès lui-même, surtout par rapport aux Anglo-Saxons) et Antonin Tisseron nous présente de détail d’une organisation juridique très largement méconnue de la France Libre et du gouvernement provisoire de la République. Il n’empêche que « la France est le premier pays prêt à soumettre à la Commission des crimes de guerre des Nations-Unies une série d’affaires » dès février 1944. Il ne faut toutefois pas se leurrer et au printemps 1945 lorsque cessent les opérations militaires la position de la France reste fragile dans la communauté internationale, les dossiers présentés sont au total « peu nombreux » et « de piètre qualité ». Le chapitre 4 pose en particulier la question de la « justice des vainqueurs » et du jugement de la « guerre d’agression », sujets sensibles dans la mesure où l’histoire est largement écrite par les vainqueurs alors que ces derniers ne sont pas d’accord entre eux. La seconde partie traite du déroulement du procès lui-même avec la présentation de la délégation française, le rôle des principaux personnages, leur(s) attitude(s) -et parfois désaccords- sur le traitement juridique des dossiers, les difficiles questions des résistances nationales et du génocide juif, l’objectif réel poursuivi (« simples » condamnations de crimes ou leçons générales de respect de la dignité humaine), etc. On assiste ainsi aux débats qui entourent la peine plus ou moins « honorable » à infliger à Goering : fusillé ou pendu… De même en quelque sorte pour Doenitz, et l’on entend l’un des juges dire que, somme toute, « l’amiral américain Nimitz a conduit la guerre de la même manière dans le Pacifique ». Et l’on s’aperçoit une nouvelle fois au fil des cas individuels ensuite discutés que Soviétiques, Français et Anglo-Saxons ont une approche fondamentalement différente de ce procès et de son caractère ultérieurement « éducatif » pour les générations futures, position qui peut varier selon que l’inculpé soit par exemple civil ou militaire. Cette partie est également l’occasion pour l’auteur de comparer les procédures françaises et anglo-saxonnes (plus ou moins accusatoires, rôle des témoins, etc.). La petite délégation française n’est d’ailleurs pas monolithique et les divergences sont fréquentes entre ses membres. Antonin Tisseron tire alors les enseignements des innovations et nouveautés juridiques induites par ce procès extra-ordinaire au sens littéral du terme. La troisième partie est donc consacrée à l’héritage du procès de Nuremberg (jusqu’à la fin des années 1950), les difficultés très diverses rencontrées dans la publicité faite aux jugements, les efforts pour essayer d’uniformiser entre les différentes zones d’occupation les procès « secondaires » et les procédés de dénazification, les aspects particuliers de l’organisation judiciaire mise en place par la France dans les régions allemandes qu’elle occupe, la participation au procès moins connus organisés par les Américains entre décembre 1946 et octobre 1948, l’échec d’un projet de cour pénale internationale, etc.

Au bilan, un ouvrage très solidement construit et référencé, particulièrement dense et riche, qui apporte beaucoup à la fois sur le procès lui-même et sur les relations entre vainqueurs.

Ed. Les Prairies ordinaires, Paris, 2014, 411 pages, 24 euros.

ISBN : 978-2-35096-095-1.

Justice internationale
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13 novembre 2014 4 13 /11 /novembre /2014 06:15

La guerre totale à l'Est

Nouvelles perspectives sur la guerre germano-soviétique

Boris Laurent

Effet de mode ? Phénomène éditorial ? Voici en tout cas un nouvel imposant volume sur la Seconde guerre mondiale sur le front oriental.

Déjà à l'origine de deux ouvrages sur les Mémoires de Paulus et de Patton, il entend remettre en avant un certain nombre de vérités, ou présentées comme telles, comme le caractère de rupture dans l'histoire de la guerre de la bataille de Stalingrad. Relativement détaillé, l'ouvrage met en avant les premiers combats de Barbarossa, puis Stalingrad, Koursk, Bagration, l'offensive soviétique finale sur le coeur de l'Allemagne. Les commentaires seront probablement assez vifs à propos de telle phrase ou de tel paragraphe, qualifiant ici Manstein de "génial" ou affirmant là que "le corps des officiers de l'Armée rouge acquiert plus de liberté dans le jugement de la situation et dans l'action pour remplir une mission". Gageons que les tenants d'une thèse ou d'une autre y trouveront matière(s) à critique(s). Tant mieux, le débat argumenté est aussi une qualité en histoire. Une dizaine de pages de bibliographie, et dans les notes de bas de page des références assez fréquentes (mais non exclusives) à Ziemke, Glantz et Lopez parmi les noms qui nous semblent le plus souvent cités. Pour autant, les amateurs trouverons dans ce livre, au fil des pages et des notes, de très nombreux chiffres, des explications d'organigrammes, des précisions sur les matériels, etc. L'auteur n'hésite par ailleurs pas, à plusieurs reprises, à faire référence à des aspects plus diplomatiques de la guerre mondiale (comme à propos du refus des Japonais d'intervenir en 1941 contre l'URSS, ou au sujet de "second front" à ouvrir par les Occidentaux), ce qui donne quelques paragraphes intéressants. L'ouvrage se termine sur une série d'appréciations élogieuses sur l'Armée rouge, et la personnalité de Joukov est à plusieurs reprises mise à l'honneur.

En dépit de l'ampleur et de la complexité du sujet, un solide ouvrage pour aborder cette guerre germano-soviétique, qu'il sera ensuite facile de confronter aux autres livres récemment publiés pour se constituer sa propre analyse de la période.

Nouveau Monde éditions, Paris, 2014, 557 pages, 24 euros.

ISBN : 978-2-36583-846-7.

Front de l'Est
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12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 06:00

La libération de l'Alsace

Septembre 1944 - mars 1945

Eugène Riedweg

Un nouvel ouvrage, d'excellente facture, sur les combats quis se pousuivent pendant six mois pour la libération totale de l'Alsace.

Très bon connaisseur de l'histoire régionale à laquelle il a déjà consacré plusieurs livres, Eugène Riedweg nous livre ici une synthèse générale parfaitement documentée et référencée de la libération de l'Alsace, dont il rappelle qu'elle dure à elle seule aussi longtemps que pour le reste du territoire national. Rattachée formellement sinon juridiquement au Reich, l'Alsace annexée connaît aussi une résistance, dont l'auteur nous présente les caractéristiques propres. Après avoir évoqué l'évolution politique et les conditions de vie dans la province entre 1940 et 1944, puis la remontée vers le nord par la vallée du Rhône des Américains et de l'armée française renaissante, il organise son propos en cinq grands chapitres chronologiques, de l'arrivée "Aux portes de l'Alsace (septembre-octobre 1944)", à "L'offensive de novembre", puis "Les opérations de décembre", "Les réactions allemandes (janvier 1945)" et enfin "La victoire (janvier-avril 1945)", chèrement payée. Les combats de Saverne et de la poche de Colmar sont bien sûr détaillés, mais l'auteur insiste aussi sur la remise en place d'une administration française, sur le rôle des comités départementaux de libération, sur la venue du général de Gaulle et ses oppositions (parfois très dures) avec le commandement interallié et les Américains, sur la vie quotidienne des Alsaciens et les pertes subies par la province, etc.

S'appuyant sur une riche bibliographie et utilisant aussi bien des archives communales que départementales et les archives allemandes, Eugène Riedweg nous propose ici un ouvrage solidement construit qui rappelle que les combats furent particulièrement acharnés jusqu'aux derniers jours.

Tallandier, Paris, 2014, 378 pages. 21,90 euros.

Alsace
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10 novembre 2014 1 10 /11 /novembre /2014 06:25

Les prisonniers de guerre allemands

France, 1944-1949

Fabien Théofilakis

Ouvrage majeur, étude de référence, à ce jour (sans hésitation) la somme en langue française sur le sujet.

La question des prisonniers allemands en mains françaises après la Seconde guerre mondiale restait, jusqu'à la parution de ce livre, un sujet sinon occulté du moins mal connu. Voici indiscutablement LE volume de référence. Agrémenté et complété de graphiques, cartes et tableaux, très précis quant aux chiffres et aux lieux, il présente en trois grandes parties ("Les prisonniers de guerre allemands et la France", "Les prisonniers de guerre allemands dans les relations internationales", et "Les prisonniers de guerre allemands et l'Allemagne") une vision sans doute complète du dossier. Après avoir évalué leurs conditions de capture et leur nombre, Fabien Théofilakis s'intéresse aux différents aspects de leur vie dans les camps, à l'organisation mise en place pour les gérer, à leur rôle dans la reconstruction et sur le marché du travail. La seconde partie aborde cette questions en deux périodes : avant et après la chute du IIIe Reich, et se termine sur les difficultés qui surgissent entre Alliés occidentaux à partir de la fin de l'année 1945. La troisième enfin montre bien les sentiments et actions que ces prisonniers inspirent dans l'Allemagne vaincue et déjà en reconstruction, mais aussi (c'est plus original) les questions spécifiques que cela pose dans la zone d'occupation française de l'ancien Reich. Les amateurs seront impressionnés par l'ampleur des sources (nationales et départementales) consultées et de la "bibliographie raisonnée", dont la liste figure en fin de volume : pas moins de 60 pages ! Ajoutons à cela une série d'annexes judicieusement choisies, un style simple, clair et précis, et une grande cohérence dans l'articulation générale de l'ouvrage, et nous avons ici un livre qui doit impérativement figurer dans toute bonne bibliothèque sur la Seconde guerre mondiale et le retour à la paix, dans ses composantes individuelles et collectives.

Fayard, Paris, 2014, 762 pages, 32 euros.

ISBN : 978-2-213-66304-3.

Captivité oubliée
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5 novembre 2014 3 05 /11 /novembre /2014 06:00

Félix et Colette Pijeaud

Deux héros oubliés de la France Libre

André Martel

Véritable rénovateur de l'enseignement universitaire de l'histoire militaire à partir des années 1960, le professeur André Martel a publié il y a quelques années ce livre, dont la (re)lecture retient toute l'attention.

Dans cet ouvrage, André Martel revient sur l'engagement d'un couple exceptionnel dans la France Libre, tous les deux ayant finalement payé ce choix du sacrifice de leur vie. Partant d'une phrase du général de Gaulle comparant Pijeaud à Leclerc, bel hommage, il s'interroge également sur les "critères" qui font que le second soit entré vivant dans la légende, alors que le couple Pijeaud est (presque) totalement enfoui dans l'anonymat le plus complet. Pour ce faire, il nous propose une double biographie exemplaire dans le fond comme dans la forme, scandée par de nombreuses citations toujours judicieusement choisies, alternant informations factuelles de détail et considérations plus larges ou plus hautes. Son excellence connaissance de l'institution militaire permet à André Martel de "lire entre les lignes" des rapports et documents officiels sans se laisser entraîner à des interprétations erronées ou à des conclusions anachroniques. Le livre nous permet ainsi de retrouver une page de l'histoire de l'aviation militaire puis de l'armée de l'air jusqu'en 1939, y compris pendant les opérations au Maroc, car l'auteur fait régulièrement l'aller-retour entre la vie de Félix Pijeaud et l'arme aérienne durant cette période. Dès le 24 juin 1940, Pijeaud rejoint Londres via Gibraltar, tandis que son épouse entre en résistance en juillet. Alors que l'immense majorité de la population suit le maréchal Pétain, ce double choix précoce interpelle. Nous suivons ensuite l'un puis l'autre l'autre dans leur engagement patriotique. Le premier comme chef d'état-major des Forces françaises aériennes libres (il en est le seul officier d'active breveté !) qu'il faut totalement organiser, puis au commandement du groupe 'Lorraine', jusqu'à sa mort après avoir été abattu au-dessus de la Libye. La seconde, entrée "en résistance comme on entre en religion", multiplie les activités de renseignement, de recrutement et d'asile jusqu'en mai 1943, date de son arrestation avant de mourir à Ravensbrück à la fin de la même année. Dans le dernier chapitre ("Deux hommages, deux époques, 1945-1992") André Martel évoque deux cérémonies commémoratives à quarante-sept ans de distance l'une de l'autre à Sanary, puis tente d'expliquer pourquoi ce couple est (presque) totalement tombé dans l'oubli et il en identifie différentes causes sociales, culturelles ou objectives.

Une étude qui, à partir d'unexemple particulier significatif, nous replace dans le contexte plus large des combattants de la France Libre et de l'action de la Résistance. Une double biographie qui passionnera les amateurs d'histoire de la Seconde guerre mondiale aussi bien que ceux qui s'intéressent à l'armée de l'air.

Editions Privat, Toulouse, 2006, 17 euros.

ISBN : 2-7089-6867-X.

Héros oubliés
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31 octobre 2014 5 31 /10 /octobre /2014 06:00

Les opérations commandos

de la Seconde guerre mondiale

Dominique Lormier

Au rythme de quatre ouvrages pas an en moyenne depuis de longues années, Dominique Lormier s'est intéressé à de nombreuses périodes, mais il reste l'un des auteurs les plus prolifiques sur la Seconde guerre mondiale.

Avec le style qui lui est propre (emphase dans les qualificatifs, absence quasi-systématique de références, etc.), il trace néanmoins son chemin et, après avoir en particulier (re)mis à l'honneur les soldats français de mai-juin 1940, s'intéresse aujourd'hui aux opérations "coup de poing" et autres "raids dans la profondeur" de la Seconde guerre mondiale. En 22 chapitres d'une dizaines de pages, voire moins, il raconte presque chronologiquement les engagements et les exploits d'unités (plus ou moins) commandos. Encore faut-il s'entendre sur la définition du mot "commando", car une opération aéroportée comme la conquête de la Crête en 1941 ou les missions des Arditi italiens sur le front russe (plus de 60.000 hommes quand même) ne ressemblent en rien à la guerre des commandos, contrairement à ce qui peut être écrit en introduction et repris en conclusion. Bref, Dominique Lormier présente une série d'actions, opérations, campagnes, batailles, missions, etc., extrêmement dures, dans des conditions souvent très difficiles, conduites par des soldats qui peuvent se sacrifier pour remporter la victoire. Il aborde les théâtres européens, africains et asiatiques, du côté de l'Axe comme des Alliés en ayant le souci de mettre en valeur l'héroïsme des uns puis des autres, au risque parfois de simplifications rapides quant aux causes ou aux subordinations par exemple. Si l'histoire "grand public" a bien sûr toute sa place dans la production éditoriale, et souvent au premier rang, elle doit avoir encore plus de rigueur d'exactitude que sa diffusion va être importante auprès d'un public souvent peu formé. La conclusion (moins d'une page) reprend quelques idées générales et l'on regrette l'absence d'une synthèse plus large, ou plus haute.

En résumé, le livre se lit un peu comme une série de brèves histoires d'aventure, d'amitié, de conviction, et à ce titre agréable. Comme un roman devant la cheminée un dimanche d'hiver.

Nouveau Monde éditions, 2014, 368 pages, 22 euros.

978-2-36583-978-5.

Commandos
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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 06:00

Les compagnons de l'aube

Guillaume Piketty et Vladimir Trouplin

Superbe / Exceptionnel ! On manquerait presque de mots pour décrire ce superbe et lourd album.

Une phalange extraordinairement variée d'hommes (et c'est sans doute l'un de leurs points communs) qui ne semblaient pas avant l'humiliante défaite de juin 1940 devoir devenir des héros. "Alors que les derniers acteurs de ce combat disparaissent", l'initiative est fort bienvenue. Créé en novembre 1940 à Brazzaville par de Gaulle, l'ordre de la Libération ne connaît que des compagnons égaux entre eux (ni grade, ni étoile, ni palme). Exceptionnellement réouvert en 1958 et en 1960 pour des raisons diplomatiques et protocolaires, il est clos et menace de s'éteindre même si quelques rares communes en sont titulaires. Ceci explique pourquoi, depuis 1996, a été créée une fourragère aux couleurs de son ruban pour que les unités toujours existantes qui en furent décorées puissent l'arborer. Parmi les 1036 récipiendaires individuels, 18 formations militaires et 5 communes, les auteurs ont fait le choix de retracer les parcours de "79 titulaires de la croix en cinq moments dont chacun illustre une étape clé : Ralliement, Combattre, Commander, Sacrifice, Destins". De Charles de Gaulle lui-même à Jean-Claude Camors, de Maurice Halna du Fretay à Etienne Schlumberger, des trois frères d'Astier de la Vigerie à Maurice Duclos (l'ancien cagoulard), d'André Postel-Vinay à Jean Tranape venu de la lointaine Polynésie, de Félix Eboué bien sûr à Jacques Bingen, d'Albert Idohou et de ses camarades, premiers résistants fusillés en Afrique en 1941 à François Vallée tombé en 1944 en Bretagne, de Romain Gary à Jean-Pierre Vernant, les parcours qui se succèdent donnent une image à la fois profondément humaine et hautement héroïque de ces hommes, souvent jeunes, qui majoritairement surent dire "Non" dès 1940 voire 1941. Quelques noms connus et d'autres beaucoup moins. Ils illustrent aussi la diversité des origines, des parcours, des vies. Les textes de qualité sont rehaussés par une iconographie soigneusement sélectionnée et mis en valeur par le soin particulier apporté à l'impression.

Livre d'hommage plus que livre d'histoire, certes, mais ici les deux sont intimement liés. Un très bel album qui ne pourra que séduire les amateurs les plus exigeants. 

Ed. Textuel, Paris, 2014, 438 pages, 55 euros.

ISBN : 978-2-84597-501-9.

Destins d'exception
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Qui Suis-Je ?

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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