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20 avril 2015 1 20 /04 /avril /2015 06:00

Les cent derniers jours d'Hitler

Chronique de l'apocalypse

Jean Lopez

Bel album (qui pèse son poids !) et qui, au-delà de la seule personne d'Hitler ou de son entourage proche (même s'il est -et s'ils sont- au coeur du livre), nous fait revivre par le texte et par l'image la fin du IIIe Reich.

Jour par jour, et parfois heure par heure lorsque la chronologie des événements le justifie, Jean Lopez décrit en quelques lignes toute "l'actualité" du Reich finissant, la progression des Soviétiques et la fuite des populations germanophones à l'Est, les rendez-vous (de plus en plus rares) et les réunions autour d'Hitler dans le sous-sol de la chancellerie, son délabrement physique et la folie, les généraux et les soldats, les gamins et les vieillards du Volkssturm, le drame des populations civiles et la place centrale des femmes dans cet effondrement d'une société, la mobilisation à outrance du parti nazi et les pendaisons au coin de la rue, les marches de la mort et la libération des camps, l'exécution de Mussolini et le testament d'Hitler, les villages bavarois qui "se rendent" aux Américains et la bataille de Berlin, etc. Non seulement un régime s'effondre, mais un Etat, un pays, disparaît purement et simplement dans un incroyable amoncellement de ruines et de cadavres. On a peine aujourd'hui à imaginer ce que fut pour l'Allemagne et l'Europe le premier semestre 1945. Le texte courant est accompagné d'une excellente et très dense iconographie, de nombreuses photos peu connues étant reproduites en grand format. Qu'il s'agisse de l'attitude des soldats ou du regard des enfants, aucune ne laisse indifférent.

Pas de révélation, pas de résultat d'une nouvelle recherche donc, mais un bilan méticuleusement présenté de la réalité de l'époque. Un excellent ouvrage illustré grand public.

Perrin, Paris, 2015, 278 pages. 24,90 euros.

ISBN : 978-2-262-05023-8.

Album chronologique
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15 avril 2015 3 15 /04 /avril /2015 06:00

La justice déshonorée

1940-1944

Virginie Sansico

"L'intense politisation de la justice sous Vichy" fait ici l'objet d'une étude qui va bien au-delà des références habituelles aux juridictions d'exception, puisque l'auteure s'intéresse d'abord au fonctionnement de la justice "ordinaire", quotidienne.

Après s'être intéressée dans un premier ouvrage aux cours martiales de Vichy, Virginie Sansico aborde donc la question plus large de l'ensemble des juridictions pénales, dont elle souligne que paradoxalement les représentants du ministère public y conservèrent le titre de "procureur de la République", alors même qu'il n'y avait plus de République et que toute l'évolution du régime contribuait à éloigner l'Etat français de cette notion. Tout à la fois "héritier de l'ère républicaine" et système nouveau en rupture (les lois "politiques" existent aussi durant l'entreèdeux-guerres), la justice pénale de Vichy est d'abord présentée comme une certaine continuité de ce qui existe avant juillet 1940 et l'auteure note que "la transition entre la République et Vichy s'effectue en douceur". Très vite cependant, dès l'été, les premières mesures sont prises, visant en particulier à mettre au pas l'institution judiciaire, tandis que les oppositions politiques se diversifient et se multiplient progressivement. Elle organise ensuite son propos en grandes parties chrono-thématiques : "Le basculement (été 1941-fin 1942)", "La saison des juges (fin 1942-automne 1943)", et "La justice en guerre (fin 1943-août 1944)", qui correspondent à autant de phases d'évolutions importantes, pour la Justice elle-même mais aussi pour la Résistance (peut-être aurait-il été nécessaire de souligner davantage qu'à partir de novembre 1942, avec l'occupation de la zone sud, l'apparence d'indépendance du régime disparaît). On observe clairement que les juridictions d'exception prennent une part croissante dans le traitement des dossiers au fur et à mesure que la situation générale se détériore pour Vichy et les collaborateurs, comme dans une fuite vers l'avant, jusqu'aux sections spéciales (dont l'auteure détaille le complexe environnement lors de leur création en 1941). On constate également que le vocabulaire utilisé par les magistrats change au fur et à mesure, se faisant lui-même plus "politique", les accusations de "gaullisme" ou "judaïsme" prenant le pas sur les qualifications pénales normales et Virginie Sansico souligne à plusieurs reprises le rôle "apaisant" (anesthésiant) de Barthélémy, lui-même juriste, comme ministre de la Justice. Faux-papiers, propagande gaulliste, refus du STO, propos anti-nationaux, expulsion des Juifs de l'administration et de certaines professions, détention ou trafic d'armes, jusqu'à des engagements actifs dans la résistance : toute une nouvelle gamme d'infractions est longtemps jugée par des tribunaux "ordinaires", avec des magistrats qui étaient en poste avant la guerre (et souvent le resteront après, mais ceci n'est pas évoqué).

Un livre complet et détaillé (parfois un peu trop), qui met en relief une réalité peu glorieuse...

Tallandier, Paris, 2015, 623 pages. 25,90 euros.

ISBN : 979-10-210-0389-7.

Justice inique aux ordres
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30 mars 2015 1 30 /03 /mars /2015 06:00

Quand Hitler bétonnait la côte basque

Francis Sallaberry

Zone de repos et presque de villégiature pour les troupes allemandes d'occupation jusqu'en 1942, le pays basque voit arriver les hommes de l'organisation Todt à l'automne de cette même année. Le "mur de l'Atlantique", on l'ignore trop souvent, a été étendu jusqu'à la frontière espagnole. C'est le mérite de ce livre, fort bien documenté, que de nous présenter cet aspect méconnu des années de guerre.

Aisément lisible, accompagné de très nombreuses illustrations, cartes et croquis, le livre peut être divisé en trois grandes parties. Après avoir (utilement) rappelé la chronologie des événements dans la région entre juin 1940 et août 1944, l'auteur détaille pour nous dans un premier temps les unités allemandes qui ont été stationnées dans les différentes communes du pays basque (Heer, Luftwaffe, Kriegsmarine) ; puis il aborde la construction des aménagements défensifs du mur de l'Atlantique, dans son schéma général aussi bien que dans le détail de tel ou tel type de construction ; enfin il présente avec beaucoup de précision les différents points d'appui et "nids de résistance" prévus (Bayonne, Bidart, saint-Jean-de-Luz, Sainte-Anne, Hendaye). En conclusion, Francis Sallaberry revient sur les traces conservées aujourd'hui encore de ces travaux (blokhaus, postes d'observation, murs anti-chars, etc.), traces nombreuses et que l'on est finalement étonné de ne pas connaître au moins de nom. Enfin quelques utiles annexes (lexique, cartes, reproductions de documents) permettent de suivre avec aisance même pour les non germanisants ou ceux qui ne connaissent pas la région.

Un petit volume ponctué d'encarts reprenant des citations complémentaires, bien construit et agréable à lire. Une publication indiscutablement utile aux amateurs.

Editions Atlantica, Biarritz, 2014, 203 pages, 23 euros.

ISBN : 978-2-7588-0512-0.

Mur de l'Atlantique (sud)
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1 mars 2015 7 01 /03 /mars /2015 06:00

La guerre finno-soviétique

(novembre 1939 - mars 1940)

Louis Clerc

Nouveau volume dans la collection 'Campagnes & stratéges', avec les qualités et les défauts qui lui sont propres mais qui permet de mieux connaître des conflits ou des batailles rarement évoqués dans la littérature française.

L'auteur, spécialiste des relations entre la France et les pays nordiques, est enseignant à l'université de Turku, au premier rang pour pouvoir traiter ce sujet. Il rappelle dans son introduction que le président Poutine en 2013 n'a pas hésité à justifier la nécessité pour l'URSS de l'époque de "rectifier" sa frontière avec la Finlande ("Staline se devait de réparer l'erreur des Bolcheviques") et qu'il s'agit bien "d'un sujet aux dimensions multiples". Louis Clerc organise son propos en six grands chapitres chrono-thématiques, partant des "Tensions anciennes et causes immédiates" pour terminer par "Une guerre qui n'en finit pas : la guerre d'hiver dans l'historiographie, la politique et la culture". Au fur et à mesure, sont évoqués es thèmes du rapport de force entre les armées en présence, du détail de l'offensive soviétique de décembre-janvier, des conséquences pour les populations civiles des deux pays et des situations particulières des combattants (blessés, prisonniers, etc.), et en février-mars des difficiles négociations et de la fin des combats, alors que la situation de la Finlande par rapport aux Occidentaux devient ambigüe. Une guerre qui ne pouvait qu'être extrêmement dure, laisser des traces et voir les interprétations diverger, puisque pour Helsinki il s'agit d'une lutte pour la survie et pour Moscou d'une simple "querelle de frontière"

On regrette l'absence d'un index nominatif (les noms finnois et russes n'étant parfois pas faciles à mémoriser). Quelques cartes illustrent le volume, qui se termine sur une bibliographie indicative (en français, anglais, allemand et finnois), bibliographie à jour dont les titres les plus récents sont de 2011 et 2012. Pendant que la France connaît la 'Drôle de guerre', une petite armée "fortement motivée mais mal équipée ... tient la dragée haute à une force supérieure, profitant des erreurs de son ennemi mais aussi de sa propre capacité à utiliser les prticularités du relief, des immenses espaces et du climat du nord de la Finlande". Un livre tout-à-fait intéressant.

Economica, Paris, 2015, 212 pages, 29,- euros.

ISBN : 978-2-7178-6720-6.

Guerre d'hiver
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26 février 2015 4 26 /02 /février /2015 06:00

Les nazis en fuite

Croix-Rouge, Vatican, CIA

Gerald Steinacher

Dans ce livre, paru pour la première fois aux Presses universitaires d'Oxford en 2011, l'auteur se fixe pour objectif d'établir la première synthèse sur les voies et moyens utilisés par les anciens nazis et un certain nombre de leurs collaborateurs européens pour rejoindre les Amériques ou le Moyen-Orient après 1945.

L'ouvrage n'a pas la prétention d'être exhaustif, ni dans les parcours des fuyards, ni dans leurs destinations, mais grâce à une large utilisation de fonds d'archives très différents le discours est extrêmement sérieux. Après avoir en introduction ramené à de plus modestes proportions la fantasmagorique organisation Odessa (thème repris en fin de volume : "Si les criminels SS se prêtèrent main-forte pour émigrer en Argentine, il serait erroné de croire que ces hommes formèrent une branche de l'organisation imaginaire odessa sur le Rio de la Plata. Neanmoins, les liens entre anciens camarades furent maintenus même en Amérique latine"), Gerald Steinacher pose dans une première partie le cadre de l'époque, essentiellement entre le Tyrol, Gênes et Rome, pour ces réfugiés de tous grades et parfois de toutes nationalités. Il examine ensuite en détail les trois principales voies utilisées pour exfiltrer les anciens nazis et leurs alliés (chap. 2 à 4) : la Croix-Rouge internationale, plus ou moins volontairement abusée et acceptant des papiers d'identité qu'elle sait être des faux ; les réseaux ecclésiastiques (plutôt que "du Vatican", qui tolère et ferme les yeux mais agit peu par lui-même) autour de quelques personnalités religieuses (par ailleurs elles-mêmes compromises auparavant avec ces régimes) allemandes, croates, italiennes et autres ; les services spéciaux et de renseignement occidentaux et en particulier américains, avec le début de la guerre froide. Un grand nombre de ces anciens nazis trouvent refuge en Argentine, où ils sont certes accueillis mais où ils ne bénéficient pas d'avantages matériels particuliers. Pour beaucoup, les conditions de vie seront d'ailleurs assez difficiles pendant les premières années, mais au moins étaient-ils en vie et libres. L'auteur souligne toutefois que l'Argentine ne fut pas, et de loin, la seule destination (Syrie, egypte, Canada, Espagne, Etats-Unis, etc.), mais "le grand nombre de recherches menées sur l'Argentine en font un cadre d'étude idéal pour comprendre le système grâce auquel d'anciens criminels de guerre purent se reconvertir"

Un livre précis, posé, référencé, qui se lit facilement même si on compte quelques répétitions, et qui mérite d'être connu par tous ceux qui s'intéressent à la Seconde guerre mondiale et à ses suites. 

Perrin, Paris, 2015, 463 pages, 24,- euros.

ISBN : 978-2-262-04150-2.

Exfiltrations
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25 février 2015 3 25 /02 /février /2015 06:00

Kamikazes

Constance Sereni et Pierre-François Souyri

Deux spécialistes du Japon tentent de comprendre, le phénomène "kamikaze", comportement "militaire" a priori inexplicable pour un esprit  occidental rationnel.

Tout en racontant de bout en bout, de la naissance de l'idée aux dernières manifestations effective de ce geste de sacrifice, l'histoire des Kamikazes, les deux auteurs savent aller bien au-delà. Grâce à l'utilisation de sources anglo-saxonnes mais aussi nippones, ils parviennent à nous faire toucher du doigt l'extraordinaire complexité du phénomène : "une première dans l'histoire militaire de l'humanité ... Ceux qui décident d'envoyer les pilotes en mission et ceux qui partent savent que l'ordre est une irrémédiable condamnation à mort". Nous avons donc le détail de la mise sur pied des premières unités aériennes dédiées, l'équipement, la sélection (étudiants et jeunes hommes célibataires au départ), la formation très sommaire, les matériels rustiques, la succession des missions et les changements de tactique au fur et à mesure que l'étau se resserre autour de l'archipel. Ils expliquent aussi le rituel qui entoure les dernières heures au sol, mais s'interrogent également sur l'état d'esprit des chefs qui systématisèrent le procédé et donnèrent les ordres. Enfin, tout en dressant le (relativement maigre) bilan matériel de ces opérations (mais l'effet psychologique sur les Américains n'est pas négligeable), ils nous permettent d'approcher les motivations des pilotes, à travers leurs dernières correspondances par exemple. C'est souvent étonnant (car très critique contre la Marine impériale), et l'on est parfois loin de la mystique "patriotico-militariste". Ils expliquent aussi que cette mobilisation particulière des étudiants dans les "forces spéciales" va causer des pertes énormes au sein de la jeunesse intellectuelle du pays, avec des conséquences non négligeables.

Un petit livre très intéressant, très documenté, qui constitue une vraie plus-value dans la production francophone.

Flammarion, Paris, 2015, 253 pages, 22 euros.

ISBN : 978-2-0813-4813-4.

Vent divin
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23 février 2015 1 23 /02 /février /2015 06:00

Darlan

La collaboration à tout prix

Bernard Costagliola

Cette (presque) biographie du second dauphin de Pétain, qui s'appuie sur un très large appareil de notes et des sources très variées (près de 80 pages en fin de volume), et apporte un éclairage vraiment complémentaire à notre connaissance à la fois du fonctionnement du régime de Vichy et des rapports franco-allemands durant cette période.

Le livre se concentre essentiellement sur la période de la Seconde guerre mondiale, et la carrière en amont du brillant amiral est rapidement traitée dans un chapitre premier de quelques 35 pages. Puis, Bernard Costagliola passe au crible les décisions, l'influence, le rôle, les écrits, les actions de Darlan à partir de la 'Drôle de guerre', au moment de l'armistice, dans l'opposition au Royaume-Uni sur la marine de guerre, pendant la première période Laval, dans son rapport à l'empire, lorsqu'il arrive lui-même au pouvoir, à propos de la crise au Levant et de la guerre de Syrie, dans ses rapports avec les Allemands, dans ses réactions à la guerre germano-soviétique, sur ses relations avec les Italiens et ses tentatives d'entente avec l'Axe, puis son départ pour l'Afrique du Nord, le "retournement de casaque" de novembre 1942 tout en affirmant toujours a fidélité à un Pétain "prisonnier", l'assassinat enfin avec cette curieuse question d'archives toujours non communicables à Londres. Le portrait que l'auteur dresse de l'amiral de la Flotte n'est guère flatteur, et me rappelle ce que notait le général Doumenc à la veille de quitter le service en 1941 après un dernier entretien avec Darlan : il est d'autant plus dur que son interlocuteur est faible...

Impulsif et manquant de caractère selon Benoist-Méchin (et pourtant !), mauvais diplomate se piquant de jouer les Florentins, Darlan a manqué de ranger la France de Vichy aux côtés du IIIe Reich contre les Alliés. S'il n'y avait même que ce seul geste, la cause serait déjà entendue. A lire.

CNRS Editions, Paris, 2015, 403 pages, 25 euros.

ISBN : 978-2-271-08318-0.

Amiral de la Flotte
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13 février 2015 5 13 /02 /février /2015 05:50

L'enfer réglementé

Le régime de détention dans les camps de concentration

Nicolas Bertrand

L'horreur au quotidien. La réglementation tatillonne et formaliste de l'esclavage (au mieux) et de l'extermination. La réalité législative et réglementaire des camps.

Ce qui est extraordinaire pour le lecteur non spécialiste tout au long de cet ouvrage est le formalisme pontilleux de l'administration des camps, pour couvrir en fait les débordements et les excès les plus criminels. Au-delà, c'est donc une réflexion par l'exemple (les exemples) sur la place et l'importance du droit dans les sociétés totalitaires et l'universes concentrationnaire. Ces questions font l'objet d'une solide introduction qui pose les termes de l'historiographie et du débat sur le "double Etat", ce juridisme apparent (et parfois appliqué) servant aussi à "apaiser les consciences" et à permettre à "des individus normaux" d'exécuter "srcupuleusement leur tâche au sein de cet enfer". Avec une extrême précision et à l'aide d'innombrables exemples, Nicolas Bertrand organise donc son livre en trois grandes parties : "La correspondance", avec le régime général appliqué aux détenus, les dérogations et la censure ; "Le régime disciplinaire", en suivant la procédure de l'incident à sanctionner et l'application de la peine et à "l'interdiction formelle de toute punition arbitraire" (exemples étonnants) ; "Le travail forcé" enfin, dans son organisation, le régime appliqué aux travailleurs forcés, les "récompenses" éventuelles pour rendement supérieur aux normes et pour finir le sort de la dépouille et des biens du détenu mort. Tout en étant tolérés et souvent couverts, les actes de violence gratuite et meurtrière ne constituent pas pour l'auteur la caractéristique première des camps de concentration. L'ensemble du régime appliqué aux prisonniers, le rythme et le cadre des activités quotidiennes sont bien sûr à prendre en compte au premier chef et c'est ce choc (moral, intellectuel, etc.) entre formalisme juridique et réalité quotidienne qui, finalement, est peut être le plus fort.

Un livre sobre, presque froid, pour expliquer l'encadrement des abus de pouvoir et souvent de la bestialité. Froid, dans le dos.

Perrin, Paris, 2015, 397 pages. 23,90 euros.

ISBN : 978-2-262-04083-3.

Camps de concentration
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12 février 2015 4 12 /02 /février /2015 06:15

De la Meuse au Danube

1944-1945

Julien Hottier

Un jeune homme, un petit groupe de camarades, un engagement dans la résistance, puis dans la 1ère Armée française jusqu'à la victoire. Un témoignage simple, assez direct et à bien des égards émouvant.

Alors que des souvenirs personnels de la Seconde guerre mondiale sont régulièrement publiés, Julien Hottier (qui revient dans son introduction sur l'utilisation mémorielle de la mort de Guy Môquet) affirme vouloir parler le langage de la vérité et, à plusieurs reprises, ne mâche pas ses mots. Après avoir entendu un ancien combattant parler de "guerre sans haine", il poursuit : "Je ne sais pas où ni comment il a participé à cette guerre (peut-être parmi les pacifistes de 1939 ou dans un stalag), j'ai quant à moi ressenti, d'un côté comme de l'autre, une haine telle que si les armes nous avaient fait défaut, cette guerre se serait sans doute terminée avec les griffes et les dents comme dans la préhistoire". Le ton est donné. Le livre est organisé en trois parties d'inégales longueur. La première décrit en une quarantaine de pages la vie du jeune homme d'alors sous l'occupation dans son département de la Meuse, de juin 1940 à mars 1944, sa volonté de rejoindre la résistance, ses premiers contacts avec un maquis. La seconde raconte en une centaine de pages sa vie et ses actions dans la résistance, de mars à septembre 1944, entre sabotages, déraillements de trains et attaques des Allemands. La troisième enfin, en 150 pages environ, est consacrée à l'intégration du groupe de jeunes camarades maquisards dans l'armée régulière (et toute la problématique de "l'amalgame"), son engagement en première ligne en Alsace, la formation complémentaire qui leur est donnée, le très symbolique franchissement du Rhin par des Français à nouveau victorieux et la campagne d'Allemagne jusqu'au 7 mai : "Un clairon sonne le 'Cessez-le-feu'. Curieusement il n'y a pas d'explosion de joie, ni de démonstrations exubérantes. L'impression d'un grand vide, le constat de la fin d'une épreuve tellement énorme qu'elle n'a pas fini de nous écraser". Ces combats ont été particulièrement meurtriers : "En huit mois d'opérations de Lorraine, d'Alsace et d'Allemagne tant sous la forme du Groupement tactique de Lorraine, du 1er régiment de Parisque du 15.1, l'unité a perdu plus de huit cents tués sur un effectif d'environ quatre mille cinq cents hommes".

Un nouveau témoignage (sans doute à partir d'une mémoire un peu repensée ou réécrite au fil du temps) qui donne une bonne image de ce que pouvait être, vivre, penser, un jeune homme qui voulait s'engager personnellement contre l'occupation allemande. Un récit qui complète de manière intéressante notre connaissance kaléidoscopique de ces années sombres.

Lavauzelle, Panazol, 2014, 272 pages, 24,- euros.

ISBN : 978-2-7025-1619-5.

Résistance et libération
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9 février 2015 1 09 /02 /février /2015 06:00

Le pull-over de Buchenwald

Bertrand Herz

Un nouveau témoignage d'un survivant des camps de la mort, qui était encore un adolescent lorsqu'il a été déporté.

Comm il l'écrit lui-même dans son avant-propos, "je suis un miraculé". Mais aussi "le récit qui va suivre n'est pas celui d'un homme de 84 ans, mais celui d'un garçonnet", car c'est à 14 ans qu'il arrive en camp de concentration. Le livre est même plus que cela, puisque les quatre-vingt premières pages sont consacrées à son enfance d'avant-guerre et à sa vie au début de l'occupation allemande, jusqu'à son arrestation avec les siens le 7 juillet 1944 à Toulouse (170 juifs arrêtés dans la ville en cet été après le débarquement). Transféré en Allemagne à la fin du mois (7 jours et 7 nuits, dans la chaleur et la soif) avec un train de déportés, il arrive dans la nuit du 5 au 6 août à Buchenwald. Le récit qui suit est "simplement" constitué par la mise par écrit de ses souvenirs de survie, jusqu'au printemps 1945. Le style est sobre, pas d'emphase (ce serait inutile), les changements de kommando, la misère quotidienne et la protection de son père jusqu'à la fin de l'année 1944, la détérioration de la santé, le travail obligatoire, les quelques contacts avec les uns et les autres, etc. Régulièrement, il reconnait ne pas avoir de souvenirs personnels précis sur tel ou tel sujet particulier (trajet de Buuchenwald à Niederorschel par exemple), et précise ses sources lorsqu'il fait appel à des conversations ou à des lectures ultérieures pour préciser une situation. Le livre se termine sur son retour en France en avril 1945, les difficultés qu'il observe du haut de ses 15 ans, la recherche des parents et amis, etc. Une cinquantaine de lettres et documents clôturent ce livre de souvenirs qui, dans la production récente, parle à l'esprit aussi bien qu'au coeur. Honnêteté du témoignage, sincérité du propos, simplicité du récit.

Tallandier, Paris, 2015, 252 pages. 19,90 euros.

ISBN : 979-10-210-0705-5.

Déportation
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Qui Suis-Je ?

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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