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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 07:00

François-Ferdinand d'Autriche

Jean-Paul Bled

FRANCOIS-FERDINAND-D-AUTRICHE.jpg

Nous avons choisi de classer ce volume dans la rubrique "Première Guerre mondiale" bien que, cela va de soi, l'archiduc héritier d'Autriche-Hongrie ne soit en apparence "concerné" stricto sensu (bien malgré lui et jusqu'à la mort) que par la tragique journée du 28 juin 1914. Mais chacun comprendra que la vie de celui qui était l'héritier du trône d'Autriche-Hongrie présente, en amont, un intérêt certain dans la compréhension des événements.

Au fil de cette biographie (bien écrite et toujours parfaitement référencée), nous comprenons mieux la personnalité et les choix politiques de cet archiduc tardivement préparé à monter sur le trône, longtemps malade et éloigné de la Cour, dont les relations avec François-Jospeh, mais aussi avec le général Conrad, l'archiduc Rodolphe ou son frère Otto ont parfois été orageuses et dont celles avec les peuples de l'empire (des Hongrois, aux Slaves, Tchèques et Italiens) furent marquées par des a priori et, souvent, des rancoeurs. Ces différents facteurs se conjuguent à de nombreuses reprises, comme lors du renvoi (provisoire) du général Conrad de son poste de chef d'état-major général en novembre 1911. 

Il n'en fut pas moins un mari et un père extrêmement aimant, et l'auteur sait habilement utiliser tout au long du livre les correspondances privées de François-Ferdinand, dont des extraits sont insérés dans le texte courant.

Un excellent livre, au ton mesuré et aux conclusions subtiles, qui doit absolument figurer dans toute bonne bibliographie.

Editions Tallanier, Paris, 2012, 367 pages. 23,90 euros.

ISBN : 978-2-84734-9702

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21 septembre 2012 5 21 /09 /septembre /2012 07:05

L'infanterie attaque

Enseignements et expérience vécue

Erwin Rommel

Préface du colonel Michel Goya

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Importante réédition que celle-ci. On sait que le futur maréchal Rommel fut, durant la Première Guerre mondiale, un exceptionnel officier subalterne au commandement de ses unités successives (le musée de Goriza, aujourd'hui en Slovénie, lui réserve un large espace dans les salles consacrées à l'offensive austro-allemande de l'automne 1917). Chacun a plus ou moins entendu parler de son livre de souvenirs et de réflexions militaires Infanterie greift an !, dont il n'existait pas jusqu'à ce jour une édition française complète et largement disponible pour le grand public. C'est désormais chose faite.

Dans sa préface, Michel Goya procède d'abord à une remise du texte dans le contexte de sa première édition allemande, le IIIe Reich de 1937 : "Il se trouve parfaitement coller aux attentes psycho-politiques de l'Allemagne nazie ... L'Infanterie attaque constitue alors aussi un outil d'autopromotion". Cependant, l'ouvrage conserve tout son intérêt aujourd'hui et "la lenteur des évolutions du combat d'infanterie depuis 1918 rend du coup la lecture de Rommel très fructueuse pour tout cadre d'infanterie".

En plus de 400 pages, Rommel raconte l'ensemble de "sa" Première Guerre mondiale, dans la guerre de mouvement comme dans la guerre de position, sur le front de France comme sur le front italien ou contre la Roumanie. Se présentant un peu à la manière d'un "journal" tenu (presque) au jour le jour (mais en réalité rédigé bien après les événements décrits), il s'en distingue en proposant à l'issue de chaque phase de combat un paragraphe "Observations", dans lequel lequel l'auteur s'efforce de tirer des enseignements (plus ou moins) généraux de l'engagement qui vient d'être décrit. A ce niveau, le livre conserve effectivement une totale actualité, dans les relations de commandement et avec ses subordonnés, dans la préparation de la mission par un lieutenant ou un capitaine, sur la question de ces fameuses "forces morales" dont on parle si souvent, sur l'emploi des armes collectives, etc.. Par ailleurs, dans les descriptions qu'il fait des préparatifs des combats ou du déroulement de ses missions, il évoque par exemple fréquemment l'importance de l'organisation défensive du terrain par les fantassins : la pelle est aussi importante que le fusil, même dans l'offensive. Enfin, et plus largement, il permet aussi de suivre l'évolution intellectuelle, le mûrissement tactique, qui amène les armées impériales à la victoire de Riga, à la mise en oeuvre étudiée de l'artillerie (les "symphonies à la Bruchmüller") et au développement des troupes d'assaut massivement engagées dans les offensives du printemps 1918. Près d'une cinquantaine de combats très localisés, à l'échelle de l'unité qu'il commande, sont détaillés et accompagnés de petits croquis explicatifs.

Un livre d'une très grande richesse au plan tactique, pour comprendre hier mais aussi pour les engagements d'aujourd'hui. A lire et à méditer.

Editions Le Polémarque, Nancy, 2012, 426 pages, 20 euros.

ISBN : 978-2-9529246-6-5

 

Michel Goya a bien voulu apporter quelques précisions complémentaires :

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Question : Pouvez-vous revenir en quelques phrases sur le contexte de la première édition allemande du livre et la place que l'ouvrage tient dans "l'autopromotion" de Rommel ?

Réponse : L’infanterie attaque (Infanterie greift an !) est publié au début de 1937. Roturier énergique décoré pour son courage, Rommel incarne déjà parfaitement le type de héros que veut mettre en avant le nazisme. Il a alors déjà rencontré Hitler qui lui a confié, deux ans plus tôt, l’instruction à l’Ecole de guerre de Potsdam. Le livre est d’abord destiné à ses élèves mais c’est aussi un immense succès de librairie qui contribue à le faire connaître du grand public alors qu’il vient juste de passer colonel. Tous les ingrédients sont présents dès cette époque pour faire de Rommel un mythe.

Question : Aussi bien dans l'offensive que dans la défensive, Rommel insiste sur l'importance pour tous les fantassins d'être également des "terrassiers". Son analyse est tout-à-fait conforme aux règlements allemands d'avant la Grande Guerre et à cet égard parfaitement distincte de la pratique française. Il n'y a donc pas contradiction mais complémentarité entre "la pelle" et "le fusil" ?

Réponse : Les Allemands ont retenu les leçons de 1870 de manière plus rationnelle que les Français, qui rejettent de manière presque obsessionnelle toute idée de défensive, responsable selon eux du désastre. L’infanterie allemande de l914 joue subtilement des avantages de la puissance de feu là où les Français font confiance presque exclusivement à l’« élan ». La manœuvre de base des fantassins allemands consiste ainsi à se placer en position de défense, si possible organisée et enterrée, face à une attaque directe ennemie et à manœuvrer sur ses flancs ou ses arrières. Lorsque Rommel commande une compagnie, sa première action consiste toujours à placer judicieusement sa section de mitrailleuses puis à manœuvrer en fonction des effets de celle-ci. On retrouve cette combinaison -neutralisation par le feu, exploitation par la manœuvre- à tous les échelons jusqu’aux divisions d’assaut de 1918. Rommel est maître dans cet art mais il bénéficie aussi d’un outil toujours supérieur à ceux de ses adversaires -Français de 1914-15, Roumains de 1916 et Italiens de 1917-18- moins bien formés ou expérimentés.

Question : On parle souvent d'audace à propos de Rommel, mais on voit bien dans sa description des différents combats qu'il commence presque systématiquement par une reconnaissance personnelle en première ligne, parfois même au-delà de ses avant-postes. Ce serait donc une "audace" très mesurée ou réflechie ?

Réponse : L’audace est surtout dans cette reconnaissance personnelle qui le place souvent dans des positions très délicates. Il est d’ailleurs assez étonnant, et cela est valable aussi pour la Seconde Guerre mondiale, qu’il s’en soit sorti avec aussi peu de blessures. La première qualité de Rommel a été la chance. Cette reconnaissance personnelle, rapide et discrète, lui permet de dissiper un peu le brouillard de la guerre et de placer le premier son dispositif. Rommel a compris qu’en combat d’infanterie le premier qui ouvre le feu prend l’ascendant sur son adversaire et l’emporte dans la grande majorité des cas. Aussi, ses manœuvres ne sont pas forcément brillantes mais elles sont toujours rapides. Lorsqu’il est lui-même surpris, notamment dans ses reconnaissances, son premier réflexe est toujours d’attaquer le premier même en situation de grande infériorité numérique. C’est comme cela qu’il est grièvement blessé. En résumé, son combat est réfléchi mais dans la mesure où il fondé sur des renseignements de première main obtenus en prenant des risques personnels.

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Question : Que nous apprend L’infanterie attaque sur les combats pendant la Première Guerre mondiale ?

Réponse : L’infanterie attaque d’une peinture très précise et professionnelle de l’atmosphère générale des combats d’infanterie de la Première Guerre mondiale, dans la lignée, plus littéraire, d’Orages d’acier de Jûnger ou de Ceux de 14 de Genevoix. On y constate par exemple l’absence quasi-totale de combats à l’arme blanche et même la rareté des contacts visuels entre combattants. Le combat d’infanterie se décide plutôt de loin et toujours par le feu, surtout celui des mitrailleuses. Loin des duels homériques, le courage du moment est surtout un combat stoïcien.

Question : Au bilan, quelle pertinence ces "enseignements" conservent-ils aujourd'hui ?

Réponse : Le combat d’infanterie n’a finalement pas beaucoup évolué depuis la fin de la Première Guerre mondiale, au moins aux petits échelons. On peut même imaginer qu’un lieutenant Rommel transporté au XXIe siècle avec sa section d’infanterie pourrait rivaliser avec n’importe quelle autre unité de taille équivalente aujourd’hui. La description très précise de dizaines de combats d’infanterie contenue dans L’infanterie attaque constitue donc une source d’inspiration valable pour les fantassins d’aujourd’hui. Plus largement, c’est aussi une description presque clinique du commandement d’hommes en situation de danger. C’est une démonstration de la manière dont cette situation extrême déforme les comportements individuels et de l’avantage considérable dont bénéficient ceux qui ont un peu plus de compétence et d’expérience que les autres.

Merci Michel pour ces réponses très complètes et plein succès dans tous vos prochains projets.

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20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 07:00

La folie au front

La grande bataille des névroses de guerre (1914-1918)

Laurent Tatu et Julien Bogousslavsky

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Travail intéressant que celui de deux praticiens hospitaliers se confrontant à la démarche historienne. Certes dans un premier temps, le réflexe corporatiste peut s’exprimer. Ainsi, n’importe qui pourrait s’improviser historien sans formation spécifique ? On sait la propension des militaires, surtout une fois qu’ils ont accédé aux étoiles du généralat, à se penser historiens ès-qualité. En irait-il de même des médecins ?

La première partie de l’ouvrage est un historique de la notion de troubles psychiatriques liée à une forme jusque là inconnue de la guerre. Front fixe, « système-tranchées » structurent des types de combats et des types de troubles psychiatriques nouveaux. Se référant à la presse médicale de l’époque davantage qu’à des archives, les auteurs font œuvre de vulgarisation  -au bon sens du terme- plutôt qu’à une œuvre à proprement parler historienne . On ne répétera jamais assez combien c’est le rapport aux sources qui fait l’historien et pas seulement la mise en récit.

Les problématiques développées par les chapitres suivants arrivent également en terrain relativement connu des historiens spécialisés. La question de l’attitude des médecins militaires à l’égard des soldats atteints de troubles psychiatriques a été, en effet, longuement débattue. Appartenant à la hiérarchie militaire par leur grade d’officiers, les médecins adoptent fréquemment une attitude qui consiste à se méfier des simulateurs que seraient les traumatisés psychiques. Participant à la coercition d’un système militaire largement intériorisé et accepté par les citoyens de l’époque,  les médecins militaires adoptent d’abord les regards de  la hiérarchie avant de s’interroger plus profondément sur la nature des troubles qui affectent les combattants, amenant assez fréquemment les soldats accusés de dissimulation devant les conseils de guerre.  En cela, le travail des deux auteurs est très enrichissant en montrant combien la médecine et la psychiatrie  -alors toute jeune à l’époque- sont embarrassées par un certain nombre de questionnements qui divisent profondément les praticiens. La description des traitements thérapeutiques reprend des éléments déjà connus par les travaux de Louis Crocq, Alain Larcan, Jean-Jacques Ferrandis et Yann Andruetan et montre une fois de plus les tâtonnements inévitables dans l’approche de troubles jusque là inconnus, en tout cas dans leur massivité. La polémique suscité, dès l’époque, par la technique du « torpillage » ou traitement électrique des traumatisés est bien rappelée dans ses approches comme dans ses effets. Se terminant par les approches freudiennes de la fin de la guerre, l’ouvrage n’est pas véritablement un livre de recherche, mais bien une très honnête et utile synthèse des questions liées à la psychiatrisation des traumatismes de guerre durant le premier conflit mondial

François Cochet

Editions Imago, Paris, 2012, 188 pages, 20 euros

ISBN : 978-2-84952-190-8

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17 septembre 2012 1 17 /09 /septembre /2012 07:15

L'armée française en crise avant 1914

Michel Goya

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Au-delà des seuls lecteurs intéressés par la Première Guerre mondiale, tous ceux qui veulent travailler et réfléchir sur l'évolution générale des forces armées en temps de paix publique, se reporteront utilement à l'article mis en ligne par Michel Goya sur son site La Voie de l'Epée le samedi 15 septembre (cliquer ici). Sous le titre "Crise militaire", il présente en quelques lignes un tableau assez complet de la réalité militaire du temps (globalement premières années du XXe siècle), même si, pour notre part, nous avons tendance à considérer que le redressement observé entre 1911 et 1914 n'est que partiel et fragile (il faut plusieurs années pour que les mentalités évoluent et presque autant pour que les nouveaux règlements soient assimilés par exemple).

Un article à lire car, en prenant en compte la situation "en amont", il permet de mieux comprendre les événements des premières semaines de guerre et relativise bien des idées reçues (et trop généralement reprises).

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17 septembre 2012 1 17 /09 /septembre /2012 07:00

Charleroi, 21-23 août 1914

Damien Baldin et Emmanuel Saint-Fuscien

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Les premières semaines de campagne, en août 1914, figurent parmi les plus meurtrières de la Grande Guerre et (conséquence de l'échec de la "bataille des Frontières" ?) elles sont tombés dans un pudique oubli. Deux jeunes chercheurs relèvent le défi de les explorer à nouveau à travers l'exemple emblématique de la bataille de Charleroi.

 

Les deux auteurs ont déjà travaillé sur la Grande Guerre par le biais de thématiques particulières (les animaux pour Damien Baldin, les relations d’autorité pour Emmanuel Saint-Fuscien), mais ils abordent cette fois un sujet éminemment militaire, au sens strict du terme : analyser, décrypter l’un des batailles les plus importantes (pour ne pas dire LA plus importante) des premières semaines du conflit. Dans leur introduction, ils soulignent que « Charleroi est une bataille inaugurale et pourtant occultée » et affirment : « le feu meurtrier et désorganisateur de Charleroi provoque la défaillance des grands chefs [lesquels ?, nous y reviendrons], dont les postures sont héritées de la geste napoléonienne. La bataille fait ainsi émerger les grandes figures héroïques de la Grande Guerre : le capitaine, le lieutenant, l’adjudant, bien plus courageux que les officiers embusqués de l’arrière ». C'est un peu court !

Le plan suit la chronologie, de la mobilisation des unités et de la montée vers le front (Première partie, chap. 1 et 2) à l’affrontement des deux armées (Deuxième partie, chap. 3 à 8), puis aborde la question du commandement et de l’autorité (Troisième partie, chap. 9 à 11). Force est de reconnaître que, dans la présentation des éléments strictement militaires du dossier, certaines affirmations sont dès le début un peu rapides, comme pour le plan Schlieffen initial (« Schlieffen … compte à l’origine disposer ses troupes en deux fortes colonnes, attirer l’armée française en son milieu ») qui, en 1900, ne prévoit pas la violation de la neutralité belge et consacre déjà les quatre-cinquièmes de l’armée allemande à une manœuvre d’aile somme toute assez classique. Sur ce plan, il aurait sans doute été préférable de consacrer ponctuellement, ici et là, quelques lignes à des explications complémentaires pour ne pas en rester à des propos finalement fort convenus. Au-delà de cette critique relativement bénigne (mais c'est dommage pour un livre traitant d'une bataille), reconnaissons que le récit factuel est de qualité et que les événements sont bien reconstitués. Pour tout ce qui concerne la mobilisation, la préparation de l'engagement, certains aspects de la vie des soldats, etc., le livre apporte d'utiles précisions.

Toutefois, si le récit général des événements est bien rédigé, c’est dans un tout autre domaine qu’il faut s’interroger, sur lequel les auteurs insistent dans leur troisième partie mais que l’on retrouve ponctuellement en véritable fil rouge au long du volume : la bataille représenterait « le sommet d’une crise du haut commandement ». Quel « haut » commandement ? Celui du généralissime Joffre et de son GQG ? Celui de Lanrezac et de sa Ve Armée ? Celui des commandants de corps d’armée ou des divisionnaires, voire des brigadiers ?  Ne pas répondre à cette question, c’est entretenir un « flou artistique » qui autorise toutes les suppositions, toutes les interprétations, car les responsabilités des uns et des autres sont à la fois nettement différentes, et clairement fixées : qui commande les unités directement sur le terrain et qui a la responsabilité de la mise en oeuvre des troupes ? Par exemple, Pétain, qui commande (me semble-t-il) la 4e brigade de la 2e DI, n'est pas cité une seule fois, alors que l'action d'autres chefs au contact est longuement développée. Pourquoi ? De même, concernant le débat autour de rôle de Lanrezac, de ses ordres et de son limogeage, Damien Baldin et Emmanuel Saint-Fuscien écrivent, après avoir évoqué les deux principales explications admises dans l'historiographie : « En se préservant de tels commentaires, contentons-nous sur cette question de saisir les figures du haut commandement, de comprendre leur inefficacité et les drames que cette dernière entraîna », ce qui semble un peu court, et pour tout dire une généralisation pour le moins rapide. Pourquoi ne pas procéder à une critique des (pour faire simple) "pro" et des "anti" Lanrezac ou Joffre ? Il s'avère que les exemples qui suivent concernent essentiellement des généraux « de second rang », généralement divisionnaires, ce qui parait plutôt justifier a posteriori les efforts de Joffre, avant la guerre, pour renouveler les échelons de commandement. Par ailleurs, certains témoignages évoqués mériteraient parfois d’être replacés dans leur contexte, comme celui de Dutheil (p. 175), paru en 1923 dans un livre publié par la Nouvelle Librairie Nationale, ce qui n’est pas neutre. Parallèlement, pourrait-on dire, le chapitre suivant consacré aux cadres subalternes et aux soldats présente, en creux, les mêmes défauts. Evoquant « les rares civils qui se préoccupent de la guerre avant 1914 », les auteurs ne citent que… Jean Jaurès avec une citation qui n’a rien de novateur ou d’original sur la nécessité de progresser « en tirailleurs » (p. 180). De mémoire, c'est l'enseignement dispensé à l'école de guerre par Pétain à la même époque (apprentissage que l'on retrouve d'ailleurs depuis la fin du XIXe s.) et cette notion est particulièrement présente depuis plusieurs années dans des périodiques comme la Revue d'Infanterie. Les appréciations portées sur certaines catégories de personnel peuvent également être analysées au premier degré : lorsque Lanrezac constate que « les gradés de la réserve, en général, manquent encore d’autorité », les auteurs déduisent de ce simple constat d’une réalité du début de la guerre qu’un « préjugé tenace, surtout chez les généraux, s’exerce à l’encontre des officiers de réserve ». Il suffit de lire ce que les mêmes écrivent quelques semaines et quelques mois plus tard, en se félicitant de la qualité et de la détermination de leurs cadres de réserve, pour relativiser le propos, car on ne peut objectivement pas comparer les réservistes de 1915, désormais aguerris, et ceux qui n'ont été rappelés que deux semaines plus tôt en août 1914. Ils affirment de même que « Charleroi rend visible une figure d’autorité qui disparaît dans les témoignages à partir de 1915 : celle de l’adjudant », ce qui n’est pas exact car plusieurs témoignages récemment publiés font à nouveau état du rôle et de la place des sous-officiers. Enfin, le « lien de sang » scellé entre cadres de contact et soldats à Charleroi expliquerait « ce qui a rendu possible la durée et la brutalité du conflit », à ce « détail » près que les pertes sont telles entre août et septembre 1914 (certaines unités sont recomplétées trois, voire quatre fois), que ni les officiers, ni les sous-officiers, ni les hommes du rang ne sont les mêmes trois mois plus tard.

En résumé, il apparaît une nouvelle fois qu'il est décidemment bien difficile de parler des opérations militaires sans connaître leur complexe réalité. Vouloir contribuer à l'histoire des guerres à partir d'un "impensé", d'un non-dit et d'a priori (sur la réalité de la hiérarchie et de son fonctionnement, sur la réalité des combats en dehors de la dimension mortifère, sur la formation des cadres ou le travail d'un état-major, etc.) relève parfois de la quadrature du cercle.

 

Beaucoup de critiques, allez-vous nous dire. Oui, mais on référence au vieux dicton « Qui aime bien châtie bien ». Car on peut à la fois critiquer un livre et le recommander. Les auteurs ont parfaitement raison, d’une part la bataille de Charleroi (ou l’ensemble des combats qui se succèdent pendant plusieurs jours dans la grande région de Charleroi) a été notablement sous-étudiée dans l’historiographie générale récente de la Grande Guerre, et d’autre part ces premiers engagements de la guerre sont particulièrement meurtriers et à bien des égards fondateurs. Ce livre est donc utile et vient à point nommé, sous réserve de l'aborder avec suffisemment de connaissances précises pour exercer son esprit critique. Il comporte beaucoup d’informations et donne de nombreuses détails exacts. Il n’y aurait donc qu’un regret, la non-prise en compte de la réalité militaire du temps, contextualisée.

Nous revenons ici sur un sujet qui nous tient à cœur : que ce livre n’ait pas été écrit à 3 au lieu de 2, à « six mains » au lieu de « quatre mains ». La participation, complémentaire, d’un officier, spécialiste de part son métier des questions strictement militaires, aurait pu permettre d’éviter les approximations relevées, voire de compléter la bibliographie. Ce n’est pas qu’anecdotique. Dans tout dossier de recherche, l’absence d’un paramètre dans l’ensemble des données, un raisonnement trop rapide, une approche selon un seul axe menacent toujours de faire dériver un ouvrage particulièrement complexe (étudier le comportement et les réactions des hommes et des chefs pendant une bataille exceptionnelle) vers les contresens, plus ou moins importants. Une prière : qu’universitaires et officiers historiens travaillent davantage ensemble. La recherche en histoire militaire pourra progresser sur ses deux jambes. Un espoir : des études de ce type "en binôme", chacun apportant en confiance ses qualités, ses compétences, son expérience. 

Editions Tallandier, Paris, 2012, 222 pages. 18,50 euros.

ISBN : 978-2-84734-739-5

 

Nous avons demandé aux deux auteurs de bien vouloir préciser quelques points de leur étude. A ce jour, ils n'ont pas souhaité répondre, mais nous ouvrons nos colonnes et le débat, en espérant pouvoir développer prochainement ces thèmes avec eux, et avec vous.

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Voici les questions qui ont été posées :

Question : Votre bibliographie finale ne fait-elle pas apparaître, dans les ouvrages récents, une sur-représentation des études publiées par ce qu’il est convenu d’appeler « l’école de Péronne » ? Comment vous situez-vous par rapport à ce débat très « franco-français » ?

Question : Votre étude sur le commandement à l’échelon supérieur au régiment (brigades, divisions, etc.) donne le sentiment que ces généraux n’étaient pas en mesure d’honorer toutes leurs responsabilités. Cela donnerait donc raison à Joffre qui, dès sa prise de fonction en 1911, s’efforce de renouveler le corps des officiers généraux ?

Question : En quoi les liens qui se cristallisent sous le feu entre les cadres de contact et la troupe pendant la bataille de Charleroi seraient-ils différents de ceux qui ont pu exister entre les mêmes catégories de personnel dans les conflits antérieurs ? La force des notions « d’unité élémentaire » et de « groupe primaire » serait-elle en août 1914 une nouveauté ?

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Question : Vous parlez d’un « no man’s land historiographique » à propos de la bataille de Charleroi. Combien d’études, livres, brochures et articles avez-vous pu recenser ?

Question : Pensez-vous qu’il aurait été utile (et qu’il serait dans l’avenir intéressant) d’associer à ce type de travail un officier historien ? Des regards croisés entre universitaires et officiers sur le même sujet ne permettraient-ils pas d’aborder plus facilement les différentes thématiques dans leur plénitude ?

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14 septembre 2012 5 14 /09 /septembre /2012 07:05

Adieu Cavalerie !

général René Chambe

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Retour sur un ouvrage paru il y a une trentaine d'années, mais qui conserve toute sa pertinence, non par la thèse qu'il défend,mais par les questions qu'il soulève.

En écrivant Adieu cavalerie !, le général Chambe pose en effet une question cruciale : la victoire de La Marne en 1914 a-t-elle été exploitée par l’état-major français ? La réponse s’avère, pour lui, sans ambiguïté : non.

René Chambe a participé à ces combats comme sous-lieutenant chef de peloton au 20e Dragons. S’appuyant sur les carnets de route que ses camarades ou lui-même ont tenus à cette occasion, se référant aux instructions de Joffre à ses grands subordonnés ainsi qu’à divers documents officiels, il analyse sans concession l’action du corps de cavalerie Conneau entre le 9 et le 14 septembre.

Constitué en août pour permettre au Grand Quartier Général de disposer d’une force de manœuvre très mobile, ce corps aligne 3 divisions de cavalerie, soit 16 régiments montés, 36 pièces de 75 mm, 3 groupes (équivalant à 3 bataillons) de chasseurs cyclistes, 3 sections de sapeurs cyclistes et une escadrille de 6 avions d’observation. Il a en outre été renforcé d’un régiment d’infanterie (3 bataillons, soit un peu plus de 3 000 hommes) transporté dans des autobus réquisitionnés. Combinant les divers moyens de locomotion en usage à l’époque, le corps de cavalerie possède une véritable capacité de déplacement qui tranche sur la mobilité restreinte des fantassins qui forment l’essentiel des corps d’armée de l’époque. De plus, la complémentarité de ses unités en fait un énorme « combat team », même si le terme n’est pas encore en usage.

Or, le général Chambe montre que ce potentiel n’a jamais été utilisé. En effet, après la contre-offensive française, le 6 septembre, s’est créée une brèche de 20 à 40 km entre les Ière et IIe armées allemandes. Mais l’ambiguïté des ordres initiaux de Joffre, la lenteur britannique, le manque de combativité de la plupart des généraux du corps de cavalerie se conjuguent pour maintenir l’avancée du groupement Conneau à hauteur de celle du corps expéditionnaire britannique et de la Ve armée française. Les cavaliers pratiquent de ce fait un simple « suivi » des unités allemandes en retraite, sans exploiter l’avantage acquis en menant la poursuite vigoureuse susceptible de créer chez l’adversaire la « dynamique de la défaite ». Réfutant certaines explications officielles fondées sur la fatigue des hommes et des chevaux, le général Chambe dissèque, preuves à l’appui, les deux occasions des 10 et 13-14 septembre, au cours desquelles le corps de cavalerie avait l’occasion de s’enfoncer comme un coin entre les deux armées allemandes en retraite. Mais, demeurant immobile, son action se limite au raid avorté d’une seule division sur Sissonne, dépourvu de tout résultat.

La mollesse de l’exploitation de la contre-offensive de La Marne avait déjà été soulignée à maintes reprises. Toutefois, avec Adieu Cavalerie !, René Chambe procède à une analyse précise, qui révèle sans discussion possible la faillite du commandement français au cours des premières semaines de combat. Tous les experts savaient le cheval de guerre condamné face aux armements modernes. Néanmoins, la capacité de déplacement du corps de cavalerie offrait la possibilité de créer la surprise en s’engouffrant dans la brèche ouverte entre les deux armées allemandes et en les empêchant de se rétablir sur le plateau de Craonne puis de contre-attaquer le 14 septembre et de ramener l’armée française sur l’Aisne.

L’action du corps Conneau aurait-elle évité la « course à la mer » et l’enlisement dans les tranchées ? Le général Chambe en est persuadé, même si cette hypothèse s’avère uchronique. L’auteur rappelle également qu’aux termes du règlement de cavalerie alors en vigueur, « seule l’inaction est infamante ». Il demeure cependant indéniable qu’une victoire sans exploitation équivaut à un coup d’épée dans l’eau. Un quart de siècle plus tard, à la tête d’une force interarmes surclassant en mobilité un ennemi vaincu et en retraite, un autre général montre ("toutes choses étant égales par ailleurs", comme disent les économistes), comme dans l’exposé d’un cas d’école, le parti qu’il est possible de tirer d’une situation analogue. Mais l’on est alors en mai-juin 1940, le général s’appelle Rommel et son unité est la 7e Panzer.

Le mot de la fin réside finalement dans l’exergue de l’ouvrage : "Ceci n’est pas le procès de la cavalerie mais celui de la façon dont cette arme ardente et magnifique a été engagée, ou plutôt n’a pas été engagée à la bataille de la Marne, faute d’avoir eu à sa tête un chef jeune et dynamique digne d’elle".

Jean-François Brun

 

Plon, Paris, 1979, 284 pages

ISBN : 2-259-00492-X

L'ouvrage peut se trouver sur des sites de livres d'occasion autour de 7 euros (par exemple ici).

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8 septembre 2012 6 08 /09 /septembre /2012 07:00

Die Zeit des Plebiszits in Oberschlesien 1920-1922

Okres Plebiscytu na Gornym Slasku 1920-1922

Gerhard Torz

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Cet album monumental (367 pages), qualifié par le recteur de l'université d'Opole d'Opus Magnum est certes, avant tout, la réalisation d'un grand philatéliste, mais c'est aussi un véritable livre d'histoire illustré par les timbres, les cachets, les documents postaux les plus divers, les journaux locaux et les tracts politiques, etc.

Il nous raconte par le menu l'histoire de cette région sud-orientale de l'empire allemand (ancienne Prusse) placée sous administration internationale en 1920 et qui sera finalement partagée entre la république de Weimar et la Pologne renaissante deux ans plus tard. Au sein du contingent multinational qui tente d'assurer l'ordre public, de désarmer les milices, de subvenir aux besoins de la population et de préparer les opérations de plébiscite, la 46e D.I. française constitue le gros des effectifs et joue un rôle absolument essentiel. Pour les non-philatélistes, ce magnifique album vaudra surtout pour les milliers d'illustrations qu'il comporte et la méticuleuse précision des données géographiques, sociologiques, linguistiques, etc.

Les textes sont systématiquement (pages en vis-à-vis) en allemand et en polonais et l'ouvrage est malheureusement très difficile à trouver en France (mais avec un peu de chance sur internet, peut-être ?). La seule étude d'ensemble en français sur cette question a été publiée par mes soins en décembre 2009 chez Riveneuve éditions : "Haute-Silésie, 1920-1922. Laboratoire des 'leçons oubliées" de l'armée française et perceptions nationales".

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31 août 2012 5 31 /08 /août /2012 07:00

Un peuple en armes

Avec l’armée allemande sur le front occidental

Sven Hedin

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Sur l’étal d’un brocanteur cet été, tout dans la couverture de ce livre attire le regard et intrigue : l’auteur (célèbre explorateur suédois qui restera germanophile jusqu’à la fin de la Seconde guerre mondiale), le titre (relatif à l’armée allemande en campagne pendant la Grande Guerre, mais rédigé en français), la date et le lieu d’édition (en Allemagne en 1916, en pleine Grande Guerre). Il est peu connu, presque introuvable, par ailleurs en bon état général : il n’y a pas à hésiter, les quelques euros demandés ne sont rien.

Il s’agit effectivement d’un ouvrage (155 pages) de propagande, sans doute destiné prioritairement à la Suisse neutre, mais pour une part également appelé à circuler en France et dans les territoires francophones engagés dans la guerre contre l’Allemagne. L’auteur fait le récit de son séjour et de ses déplacements dans la  zone des armées impériales en campagne, entre septembre et novembre 1914 et, sous couvert d’un « reportage » réalisé par un neutre, dresse un tableau systématiquement élogieux de l’armée allemande, de ses généraux, ses officiers et ses soldats ; se montre toujours courtois et souvent affable à l’égard des Français ; témoigne de toute son hostilité à la Grande-Bretagne et à la Russie.

Au fil des pages, certaines descriptions peuvent faire sourire (les excès de vocabulaire sont rarement crédibles, même s'ils sont dans le style de l'époque), mais le livre est plus particulièrement intéressant sur deux points. D’une part, il exprime clairement les « axes de communication » de la propagande allemande : Guillaume II (« un pas ferme et tranquille », « stature puissante », « grande personnalité », « intelligence acérée et brillante faculté de caractérisation », etc.) aime la paix et « il plaignit la nécessité qui l’avait forcé contre son désir de conduire ses armées contre les Français et il espérait que le temps viendrait où les Allemands et les Français pourraient maintenir des rapports de bon voisinage ». Outre-Rhin, le peuple et l’armée sont unanimes derrière leur souverain, l’organisation rationnelle du pays et la saine gestion de ses ressources permettront de poursuivre la guerre jusqu’à la victoire, etc. D’autre part, les Britanniques et les Russes menacent directement non seulement l’Allemagne, mais plus largement la paix du monde elle-même et les équilibres planétaires. Ce sont eux qui ont voulu, et qui entretiennent la guerre. La France ne devrait donc pas poursuivre dans cette alliance avec ceux qui sont les "vrais" ennemis de la paix.

A propos des destructions et des crimes contre les populations civiles en Belgique, Sven Hedin minimise les accusations des Alliés (pour l’hôtel-de-ville de Louvain, « avec la meilleure volonté du monde, je ne pus découvrir la moindre égratignure sur ses murs … Peut-être se trouve-t-il quelque part l’éraflure d’un éclat d’obus qui a échappé à mon attention ») et poursuit à propos des exécutions sommaires : « Les Allemands eux-mêmes ont vivement regretté d’être forcés malgré eux de recourir à de pareils procédés » contre des irréguliers francs-tireurs dont la présence est fermement affirmée.

Relevons également ces quelques phrases significatives à propos de la propagande, sous la plume d’un « neutre » : « Dans les nations de l’Entente, … comme les bonnes nouvelles n’y sont récoltées que rarement, elles sont fabriquées dans les rédactions des divers journaux. La presse allemande n’a pas besoin d’enflammer le courage de la nation, il brûle d’une flamme claire et pure. Le peuple allemand exige de la presse qu’elle lui dise toute la vérité, bonne ou mauvaise soit-elle. On ne fait pas mousser les bonnes nouvelles, on n’atténue pas les mauvaises »… Un bijou !

Bref, un document étonnant et utile qui mérite d’être convenablement conservé.

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28 juillet 2012 6 28 /07 /juillet /2012 07:15

Survol de quelques

publications de référence récentes aux Etats-Unis et en Angleterre

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Nothing Less than War : a New History of America's Entry into World War 1

Justus D. Doenecke

L'analyse des conditions politiques intérieures entre 1914 et 1917, 432 pages. Publié en mars 2011 par The University of Kentucky Press, Lexington.

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Unjustly Dishonored : An African American Division in World War 1

Robert H. Ferrell

L'histoire (et un effort de réhabilitation) de la "division noire" 92e DIUS, 144 pages. Publié en mai 2011 par The University of Missouri Press, Columbia.

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Violence against Prisoners of War in the First World War : Britain, France, Germany, 1914-1920

Heather Jones

Une étude comparative des conditions de détention et de vie des prisonniers de guerre chez les trois principaux belligérants du front occidental, 462 pages. Publié en juin 2011 par les Cambridge University Press.

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German Assault Troops of World War 1

Thomas Wictor

Le détail de la création, du développement, de l'organisation, de l'équipement et de l'emploi sur les différents fronts de la Grande Guerre, 320 pages. Publié en mai 2012 par Schiffer Publishing Ltd.

 

Ces ouvrages étant généralement assez (très) onéreux,

les lecteurs français auront intérêt à les rechercher sur des sites de vente de livres d'occasion (environ 50 % moins chers).

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27 juillet 2012 5 27 /07 /juillet /2012 07:10

On connaît un peu en France la longue résistance du général von Lettow-Vorbeck au "rouleau compresseur" anglo-belge en Afrique de l'Est entre 1914 et 1918. Voici deux ouvrages récents qui permettent de faire un point à peu près complet sur les Forces d'autoprotection de l'Ost Afrika :

OSTAFRIKA-1.png

Die Kaiserliche Schutztruppe für Deutsch-Ostafrika

Tanja Bührer

Le sous-titre présente l'architecture générale du livre : la politique militaire coloniale de l'empire allemand et les transferts culturels entre Européens et indigènes, les premiers s'aguerrissant à la guerre de brousse, les seconds faisant en fin de période l'apprentissage de l'emploi des matériels modernes et de la manoeuvre "à l'occidentale". Paru chez Oldenbourg Verlag en 2011

OSTAFRIKA 2

Deutsch-Ost-Afrika. Die Schutztruppe, ihre Geschichte, Organisation und Tätigkeit

H. Fonk

Il s'agit de la réédition d'un ouvrage publié pour la première fois en 1907 et devenu introuvable. Un témoignage de première main sur la naissance et le développement de la Schutztruppe par un capitaine ayant servi en Afrique orientale. Paru chez Melchior Verlag en 2012.

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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