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19 novembre 2014 3 19 /11 /novembre /2014 22:39

1905

La séparation des Eglises et de l'Etat

Patrick Cabanel

Petit volume pédagogique qui revient sur un événement non seulement important de notre histoire, mais encore en grande partie fondateur de notre cadre politique républicain.

En trente questions qui permettent de balayer très largement tout le champ politique, social, culturel et même mémoriel de la loi de 1905, Patrick Cabanel nous brosse avec compétence le tableau (et le bilan) de cette mesure si contestée en son temps. Sachant présenter les données du problème avec mesure et recul, il revient sur les définitions, l'origine de la décision, les réactions des uns et des autres, l'évolution dans le temps, le rapport au politique et à la laïcité, le cas particulier de l'Alsace-Lorraine concordataire, la situation du protestantisme et celle de l'islam, etc. Le livre se termine sur une chronologie et une biographie indicative.

Un petit ouvrage peu onéreux qui rendra indiscutablement bien des services aux étudiants et qui peut être tout aussi utile comme outil de réponse rapide à ceux qui s'intéresse aux évolutions politiques et intellectuelles de la France du début du XXe siècle.

Geste éditions, La Crèche, 2005, 63 pages, 9 euros.
ISBN : 2-84561-171-4.

Laïcité républicaine
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19 novembre 2014 3 19 /11 /novembre /2014 22:24

Fortunes et infortunes d'un exilé cambodgien

Kim Ang Srun

Un livre-témoignage sur le parcours totalement hors norme d'une vie, qui se termine après quarante ans d'exil sur un retour au Cambodge.

Kim Ang Srun a vécu des expériences personnelles assez exceptionnelles. Etudiant cambodgien au Maroc lorsque les Kmers rouges entrent dans Phnom Penh (ce qui n'est déjà pas courant), enlevé par le Front Polisario il séjourne dans un camp de rebelles sahraouis, devient apatride lorsque la validité de son passeport arrive à échéance et que le nouveau régime ne le renouvelle pas, connaît la vie un peu bohème et instable d'un étudiant désargenté. Tout en racontant son enfance et sa jeunesse en Extrême-Orient, il poursuit son récit : se fait piéger par la police marocaine qui veut le recruter comme informateur et tente de faire pression sur lui en lançant de fausses accusations de viol, envisage un exil aux Etats-Unis mais rejoint finalement la France où il passe un DEA et peut s'inscrire en thèse, devient citoyen français, fonde une famille et se lance dans la vie professionnelle. Un parcours exemplaire et la "reconstruction" d'une vie. Lorsque naît son fils en 1989, il lui donne le prénom de Francis, "un prénom qui comporte la racine 'franc', comme France". Et toujours, de loin, quelques nouvelles éparses de son pays d'origine, redevenu royaume du Cambodge en 1993, tandis que sa femme et lui font le choix de donner à leurs enfants la culture française la plus solide. En 2012 enfin, il a la possibilité et le souhait de retourner au Cambodge, pour une étude sur la gestion de l'eau, son domaine de spécialité, et constate (parfois avec étonnement) tous les changements intervenus depuis quarante ans.

Un témoignage humain, simple, naturel, sur une vie à la fois exceptionnelle et (presque) ordinaire. Un récit qui se lit comme un roman. Naturel dans le ton comme dans la forme. Et qui souligne à de nombreuses reprises les qualités d'accueil et d'intégration de notre pays. 

Riveneuve éditions, Paris, 2014, 255 pages, 18 euros.
ISBN : 978-2-36013-274-4.

Retour au pays
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18 novembre 2014 2 18 /11 /novembre /2014 06:10

Les oubliés du fleuve

Glogau-sur-Oder, un siège sous le Premier empire

Jean-François Brun

Le titre, dans sa mélancolie, m’a curieusement d’abord fait penser à un ouvrage sur l’Indochine, puis le sous-titre m’a intrigué : une étude sur la guerre de siège sur la frontière prusso-russe en 1813, alors que l’épopée impériale est généralement racontée et illustrée à travers les rapides mouvements des armées à travers l’Europe.

Comme d’autres garnisons impériales installées sur les marches orientales de l’Europe, les troupes de Glogau (constituées de survivants de la Grande Armée revenus de la retraite de Russie), ville stratégique sur l’Oder, se trouvent isolées des gros des armées impériales après l’échec de la campagne d’Allemagne en 1813. On observe tout d’abord que ces troupes sont diverses : des régiments français, certes, mais aussi Italiens, Badois, Saxons, Croates et même 160 Espagnols et quelques Hollandais constituent l’effectif total. Constatons également que cette (petite) garnison hétérogène se bat plutôt bien et résiste longuement : la place doit subir deux sièges (entre mars et mai 1813 tout d’abord, entre octobre 1813 et avril 1814 ensuite), et ne se rend finalement que vaincue par la faim et l’épuisement, … onze jours après l’abdication de Napoléon Ier. Non seulement Jean-François Brun nous raconte les opérations militaires liées aux sièges, mais il insiste surtout sur la perception que les Français isolés ont de leur situation et la façon dont le commandement s’organise pour tenir. Il analyse les relations entre les divers contingents nationaux et le commandement français, les rapports avec la population, les conditions matérielles (génie, santé, finances) dont la réalisation quotidiennement toujours plus difficile permet de tenir. La forteresse est toujours en sous-effectif par rapport aux besoins ordinaires de la défense, et ces troupes déjà insuffisantes sont affaiblies par l’absence de nombreux malades hospitalisés et, progressivement, les rigueurs de plus en plus sévères du siège. L’auteur nous fait ainsi vivre les opérations de l’intérieur, ce qui est extrêmement rare. Il complète son propos par différents tableaux, graphiques, cartes, qui permettent en particulier de préciser chiffres et données numériques.

Très sérieusement référencé, bénéficiant de l’apport de sources diverses, ce livre se lit facilement, avec plaisir. Si vous avez la possibilité de trouver cette étude chez un bouquiniste ou sur un site de livre d’occasion, n’hésitez pas. Vous ne regretterez pas votre achat et, à partir de l’analyse d’un cas particulier, vous retrouverez aussi tout un pan souvent méconnu des campagnes de l’empire.

Editions du Roure, Saint-Julien Chapteuil, 1997, 311 pages.

ISBN : 2-906278-22-X

Une garnison assiégée
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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 06:00

La France et le procès de Nuremberg

Inventer le droit international

Antonin Tisseron

Avec ce livre extrêmement riche et dense, Antonin Tisseron apporte une contribution résolument nouvelle à notre connaissance des conditions du jugement des principaux criminels de guerre nazis.

Jeune chercheur déjà particulièrement affûté et auteur de plusieurs études remarquées pour différents centres de recherche, Antonin Tisseron nous propose ici une version remaniée de sa thèse de doctorat. Alors que le procès de Nuremberg n’est généralement traité qu’en quelques lignes pour indiquer qu’il constitue l’événement fondateur du droit international moderne et que l’on cite au mieux les peines rendues à l’issue, l’auteur reconstitue toute l’histoire de la mise sur pied et du fonctionnement de ce tribunal militaire international. La première grande partie s’intéresse aux origines identifiées du procès, qui remontent aux années 1941-1942, et aux débats extrêmement vifs entre Alliés sur le sort qu’il convient de réserver aux dignitaires nazis après la victoire : fusillés ou jugés ? Et si jugés, sous quelle forme ? Dans ce domaine la position de la France (libre puis combattante) est à la fois atypique et attendue. Avec René Cassin, les quelques hommes initialement en charge de ces questions sont singulièrement démunis de moyens (situation qui va perdurer jusqu’au procès lui-même, surtout par rapport aux Anglo-Saxons) et Antonin Tisseron nous présente de détail d’une organisation juridique très largement méconnue de la France Libre et du gouvernement provisoire de la République. Il n’empêche que « la France est le premier pays prêt à soumettre à la Commission des crimes de guerre des Nations-Unies une série d’affaires » dès février 1944. Il ne faut toutefois pas se leurrer et au printemps 1945 lorsque cessent les opérations militaires la position de la France reste fragile dans la communauté internationale, les dossiers présentés sont au total « peu nombreux » et « de piètre qualité ». Le chapitre 4 pose en particulier la question de la « justice des vainqueurs » et du jugement de la « guerre d’agression », sujets sensibles dans la mesure où l’histoire est largement écrite par les vainqueurs alors que ces derniers ne sont pas d’accord entre eux. La seconde partie traite du déroulement du procès lui-même avec la présentation de la délégation française, le rôle des principaux personnages, leur(s) attitude(s) -et parfois désaccords- sur le traitement juridique des dossiers, les difficiles questions des résistances nationales et du génocide juif, l’objectif réel poursuivi (« simples » condamnations de crimes ou leçons générales de respect de la dignité humaine), etc. On assiste ainsi aux débats qui entourent la peine plus ou moins « honorable » à infliger à Goering : fusillé ou pendu… De même en quelque sorte pour Doenitz, et l’on entend l’un des juges dire que, somme toute, « l’amiral américain Nimitz a conduit la guerre de la même manière dans le Pacifique ». Et l’on s’aperçoit une nouvelle fois au fil des cas individuels ensuite discutés que Soviétiques, Français et Anglo-Saxons ont une approche fondamentalement différente de ce procès et de son caractère ultérieurement « éducatif » pour les générations futures, position qui peut varier selon que l’inculpé soit par exemple civil ou militaire. Cette partie est également l’occasion pour l’auteur de comparer les procédures françaises et anglo-saxonnes (plus ou moins accusatoires, rôle des témoins, etc.). La petite délégation française n’est d’ailleurs pas monolithique et les divergences sont fréquentes entre ses membres. Antonin Tisseron tire alors les enseignements des innovations et nouveautés juridiques induites par ce procès extra-ordinaire au sens littéral du terme. La troisième partie est donc consacrée à l’héritage du procès de Nuremberg (jusqu’à la fin des années 1950), les difficultés très diverses rencontrées dans la publicité faite aux jugements, les efforts pour essayer d’uniformiser entre les différentes zones d’occupation les procès « secondaires » et les procédés de dénazification, les aspects particuliers de l’organisation judiciaire mise en place par la France dans les régions allemandes qu’elle occupe, la participation au procès moins connus organisés par les Américains entre décembre 1946 et octobre 1948, l’échec d’un projet de cour pénale internationale, etc.

Au bilan, un ouvrage très solidement construit et référencé, particulièrement dense et riche, qui apporte beaucoup à la fois sur le procès lui-même et sur les relations entre vainqueurs.

Ed. Les Prairies ordinaires, Paris, 2014, 411 pages, 24 euros.

ISBN : 978-2-35096-095-1.

Justice internationale
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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 06:20

Rideau de fer

L'Europe de l'Est écrasée, 1944-1956

Anne Applebaum

Processus de mise au pas en quelques années de la moitié du continent : telle est la description détaillée que nous propose Anne Applebaum, de façon générale dans la zone "d'influence" soviétique, plus particulièrement en Allemagne de l'Est, Pologne et Hongrie.

A partir de très nombreuses sources locales (archives et entretiens) et d'une volumineuse bibliographie, l'auteure explique comment un système profondément totalitaire a été imposé à des pays très différents d'Europe orientale, mais aussi qu'une vie "cachée" de la société a continué à exister et qu'un écart croissant s'est creusé entre le discours officiel et la réalité vécue. Partant d'une définition somme toute classique du totalitarisme (mot naît en Italie avec Mussolini puis étendu à tous les régimes plaçant le seul Etat au-dessus de tout), elle dresse d'abord le tableau de la situation à la fin de la seconde guerre dans des pays particulièrement dévastés. Elle situe la place et le rôle des principaux acteurs et insiste sur cinq domaines précis que l'on retrouve ensuite en fil rouge tout au long de l'ouvrage : le nettoyage ethnique, le contrôle de la jeunesse, la propagande à la radio, les organisations et instances politiques et le contrôle de l'économie. Ce ne fut pas toujours facile, en particulier durant les premières années, car certains pays avaient à la fois une longue tradition de liberté et une forte aspiration à la retrouver. Les polices "secrètes" et politiques sont dotées de pouvoir littéralement extra-ordinaires, la paranoïa règne ("Si un membre d'un groupe de 20 est arrêté, cela pouvait suffire à inspirer la peur aux 19 autres"), les insatisfactions se multiplient, les Eglises ne se laissent que partiellement manipuler, etc. Chaque structure menacée, chaque catégorie de la population tente de s'adapter, de gagner du temps, d'éviter le pire : de répressions en renoncements, les nouvelles "démocraties" populaires peuvent installer leurs régimes et leurs pouvoirs. Souvent, le processus est conduit par étapes successives, les compagnons de route et les "idiots utiles" étant progressivement éliminés. A ces égards, Anne Applebaum décrit en détail la prise en main de structures comme l'éducation de la jeunesse, les "offensives" en faveur de la production (qui se soldent généralement par des échecs -cachés-), les efforts pour s'assurer le soutien et la participation des intellectuels et artistes, les grandes manifestations patriotiques et prolétariennes qui permettent de s'assurer le concours et le contrôle de la population ou les initiatives prises "en faveur" des milieux urbains, supposés plus favorables au socialisme. Elle souligne également le silence, la neutralisation somme toute assez rapide des opposants qui plongent dans l'anonymat et disparaissent, et les conditions tout à fait particulières faites aux nouveaux maîtres de ces pays, dans des quartiers privés, protégés par d'importantes forces de sécurité, coupés des réalités de leur propre peuple.

Un livre à charge donc, mais mesuré, pesé, référencé. A "charge justifiée" en quelque sorte. Qui laisse songeur quant aux fondements des discours publics des années 1945-1956, y compris dans nos démocraties occidentales, et laisse rêveur sur le peu de fiabilité (ou d'honnêteté) de ceux qui les prononcent.

Grasset, Paris, 2014, 602 pages, 28 euros.
ISBN : 978-2-246-80482-6.

Totalitarisme
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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 06:00

Adolphe Sax

Sa vie, son génie inventif, ses saxophones,

une révolution musicale

Jean-Pierre Rorive

Magnifique album biographique superbement illustré en hommage à l'inventeur du saxophone, pour le bicentenaire de sa naissance. Une très belle réalisation à apprécier en ce dimanche.

Un inventeur de saxophone sur un site plutôt consacré à l'histoire des conflits ? Sans hésitation, car la carrière du Belge Adolphe Sax va à plusieurs reprises croiser longuement les armées (françaises en particulier), à travers les évolutions de leurs formations musicales; et cela dès les années 1844-1845. Au-delà du seul saxophone naturellement immédiatement associé à son nom, Sax est en effet à l'origine de la réorganisation totale à partir de 1845 des musiques régimentaires, d'abord à 50 exécutants dans l'infanterie et à 36 dans la cavalerie ; mais l'on apprend que les débats vont se poursuivre pendant l'essentiel du XIXe siècle. Si son influence s'exerce en Belgique, elle est particulièrement importante en France et il est, en particulier, l'un des acteurs les plus remarqués du festival de musiques militaires sur l'hippodrome de Paris en juillet 1846. En dépit des graves difficultés juridiques et financières qu'il doit affronter sous la Monarchie de Juillet et la Seconde République, il poursuit ses efforts sous le Second empire et le livre s'orne de très belles reproductions d'images de l'époque. L'ouvrage se termine sur d'importantes parties consacrées aux différents instruments qui ont bénéficié de l'inventivité de Sax et, bien sûr, sur le saxophone lui-même jusqu'à nos jours. 

S'appuyant sur de très nombreuses et diverses sources d'archives (dont les archives militaires de Vincennes), balayant largement toute la vie et la carrière de son héros, Jean-Pierre Rorive et son éditeur nous fournissent également un volume qui bénéficie d'une iconographie absolument remarquable. Un très bel album de prestige, par le texte autant que par l'image, pour votre bibliothèque.

Gérard Klopp Editeur, Mondorf-les-Bains (L), 2014, 225 pages, 48 euros.

ISBN : 2-911992-76-8

En avant la musique !
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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 06:15

Non, l'Allemagne n'était pas coupable

Notes sur la responsabilité de la Première Guerre mondiale

Philippe Simonnot

Etonnant petit livre à plusieurs titres. Edité à la fois en français et en allemand, il cherche à démontrer que non seulement l'Allemagne n'est pas responsable de la Première Guerre mondiale, mais que les dirigeants français ont voulu ce conflit, puis en ont détruit ou caché les preuves, pour des raisons tout autant économiques et financières que politiques et diplomatiques.

Pour Philippe Simonnot, économiste atypique dans le concert actuel, les causes et surtout le discours ultérieur sur les responsabilités dans le déclenchement du conflit et les réparations ne peuvent pas être collective (l'Allemagne en tant que nation) mais sont individuelles et doivent être aussi recherchées du côté des Russes et des Français. Le propos n'est pas absurde en lui-même et, "surfant" sur la vague des Somnambules, plusieurs livres récents reprennent cette thèse. Pour appuyer son argumentation, l'auteur retient en particulier quelques publications pacifistes et socialistes de l'immédiat après-guerre, ainsi que le livre La victoire d'Albert Fabre-Luce (1924), très hostile à Poincaré. On retrouve donc assez logiquement dans ce petit volume les thèmes classiques de ces écrits : instrumentalisation par la Serbie des assassins de Sarajevo, responsabilités russes dans les mobilisations, volonté allemande au cours des derniers jours de juillet de négocier, suppositions rapides : "Ceux qui voulaient empêcher l'Allemagne de parvenir à l'hégémonie mais ne le pouvaient pas par des moyens pacifiques -c'est-à-dire la compétition économique- ont tenté de le faire au moyen de la guerre, et le traité de Versailles serait bien l'aboutissement de cette stratégie néo-clausewitzienne : c'est la guerre comme continuation de l'économie par d'autres moyens"

Certains aspects évoqués sont pertinents, certains éléments sont avérés, mais comme souvent en histoire rien n'est ni tout blanc, ni tout noir. Le processus qui mène à la guerre est particulièrement complexe : les hommes politiques français ne peuvent pas en être totalement exemptés, les responsabilités russes sont probablement plus importantes que ce que l'on a longtemps bien voulu admettre, mais celles de l'Allemagne, pour être partagées, n'en sont pas moins réelles. Le traité de Versailles fut sans aucun doute au moins maladroit sinon inique, il n'en demeure pas moins que cela ne lave pas les dirigeants de Berlin et de Vienne de leurs responsabilités antérieures. A lire avec intérêt, et à toujours recontextualiser. 

Editions Europolis, Berlin, 2014, 62 pages (x2).

ISBN : 978-3-9814942-3-5.

Les origines de la guerre
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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 06:00

Jérusalem

Bâtir deux villes en une

Irène Salenson

Voici un livre tout-à-fait original, qui aborde les rapports israélo-palestiniens à travers l'analyse de la géographie urbaine de la ville sainte revendiquée comme capitale par les deux peuples.

A partir de sa thèse de doctorat de géographie, l'auteure, qui parle l'hébreu et l'arabe, analyse l'espace de cette ville unique et ses évolutions. Pour comprendre comment deux peuples différents (et opposés) peuvent revendiquer comme capitale une ville de moins d'un million d'habitants, Irène Salenson travaille sur l'aménagement urbain, les politiques mises en oeuvre de part et d'autre, mais aussi les décalage entre les discours officiels et la réalité sur le terrain, sans oublier les effets des initiatives de pays tiers. Elle présente successivement les politiques israéliennes, ses conséquences pour la population palestinienne, l'existence d'un urbanisme alternatif et les quelques (récentes et difficiles) initiatives palestiniennes. Le livre regorge d'informations précises, de chiffres, de projets immobiliers détaillés, etc., et malgré son caractère souvent technique pour le non-initié présente un réel intérêt. Ces politiques revêtent des aspects d'urbanisme, mais aussi démographiques et financiers, dont la conjonction contribue à entretenir un conflit (ou des oppositions), au point de faire écrire à l'auteure en conclusion que "le risque d'enlisement" reste "le scénario le plus probable", même si certaines formes de coopération peuvent apparaître au "micro-niveau".

Il faut parfois faire un effort pour suivre les raisonnements urbanistiques (ne serait-ce que pour les sigles et les procédures), et l'on peut regretter que certaines cartes soient un peu petites et dans des grisés peu contrastés, mais cet angle d'approche (les politiques publiques de deux entités opposées sur le même espace) mérite indicutablement d'être connu.

Editions de l'Aube, La Tour d'Aigues, 2014, 256 pages. 22,40 euros.

ISBN : 978-2-8159-1014-9.

Une ville unique
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14 novembre 2014 5 14 /11 /novembre /2014 06:15

France - Algérie

L'impossible divorce

Stéphane Babey

Un cri du coeur et un essai de synthèse tout à la fois. Fortement marqué par une histoire et par des convictions personnelles aussi.

La position de l'auteur s'exprime dès la première phrase : "L'Algérie est une chance pour la France et la France une chance pour l'Algérie". Considérant que les liens humains et personnels entre les deux rives de la Méditerranée sont exceptionnellement anciens et forts, il rêve à "une France et une Algérie qui ne seront jamais plus étrangères l'une à l'autre". A partir de ses voyages dans son deuxième pays, de ses rencontres, de ses conversations, de sa connaissance du système politique miné et épuisé de l'Algérie, il prêche son espérance en un nouvel avenir, en dépit d'une situation actuelle très critique : "Des images pathétiques d'Abdelaziz Bouteflika lors de son hospitalisation à Paris, il n'est qu'une chose à retenir : le pouvoir issu de l'Indépendance est plus usé encore que le peuple algérien désespéré". Un peuple algérien qualifié un peu plus loin "d'exsangue" et dont la jeunesse refuse (elle l'a montré dans un passé récent) l'islamisme et l'intégrisme. Tout, dans le parcours personnel de l'auteur explique et justifie cet ouvrage, qui ouvre par ailleurs sur de nombreuses réflexions (y compris sur l'incurie de certains médias métropolitains et leurs discours simplistes), mais doit-on pour autant accepter son raisonnement tel quel ? Ne peut-on pas considérer que sa double appartenance culturelle ou "nationale" peut aussi être un prisme déformant ?

Une histoire cahotique qui (ré)apparaît ponctuellement au fil des chapitres, des cicatrices mal refermées, une réelle proximité entre (certaines parties des) deux peuples, un engagement personnel par l'écriture, tout cela donne un livre intéressant, agréable à lire, qui interroge sur notre présent et notre avenir. Mais dont les réponses ne suscitent pas nécessairement l'adhésion. 

Editions du Rocher, Monaco, 2014, 219 pages. 17,90 euros.
ISBN : 978-2-26807-630-0.

Divorce impossible ?
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14 novembre 2014 5 14 /11 /novembre /2014 06:00

Démocraties sous contrôle

La victoire posthume de Ben Laden

Jacques Follorou

Petit volume, petit format, style direct, questions dérangeantes. Ce texte du célèbre journaliste du Monde dresse en quelque sorte le bilan de l'envers du tableau de la lutte contre le terrorisme entamée depuis 2001.

Se demandant finalement si les démocraties occidentales, et en particulier les Etats-Unis, ne payent pas chez eux, au plan des libertés individuelles, un prix trop lourd pour des résultats en demi-teinte, Jacques Follorou dresse un bilan sans concession des actions du JSOC, des drones, de l'utilité des "prisons spéciales", des dégats collatéraux. Il n'oublie pas que la Grande-Bretagne est plus que le meilleur élève des USA, la France étant qualifiée de "force supplétive". La "surveillance de masse" via les divers leviers de la NSA est finalement considérée comme "inefficace" et il appelle en conclusion à une "réflexion sur la vraie nature d'une violence politique ou religieuse (qui) se pose partout dans le monde".

Un côté "pamphlet" (sur un ton mesuré), qui, à défaut de convaincre en lui-même, a le mérite de poser des questions essentielles.

CNRS Editions, Paris, 2014, 55 pages, 5 euros.
ISBN : 978-2-271-08298-5.

A propos du livre, sur RFI : ici.

Délicate question
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Qui Suis-Je ?

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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