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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 06:20

Le feu

Henri Barbusse

Nouvelle réédition d'un livre à la fois important et qui a depuis longtemps suscité la polémique. Ayant connu la célébrité dès sa parution (il est prix Goncourt en 1916), le célèbre ouvrage d'Henri Barbusse est devenu une sorte de mythe intouchable : qui aurait l'outrecuidance de critiquer ce "grand témoignage des horreurs de la guerre" ?

Ouvert par une solide préface qui rappelle qui fut Barbusse et les contextes successifs qui furent les siens (avant, pendant, après la guerre), le texte original est suivi par un dossier à vocation pédgogique. Il n'y a pas lieu ici de raconter ce qu'est Le Feu. Souvent considéré comme "le" livre emblématique décrivant les horreurs de la guerre et la misère des poilus, il doit impérativement figurer dans toute bibliothèque. Mais la question qui se pose, et que posait déjà en son temps Jean Norton Cru, est celle de la validité de ce témoignage. Or, et Olivier Cosson dans l'introduction comme Claire Nioche dans la postface le soulignent à plusieurs reprises, Le Feu. Journal d'une escouade est bien un roman. Toute la subtilité de la démonstration consiste alors à démontrer qu'il permet "de s'identifier grâce à l'effacement relatif du narrateur (...), grâce à l'emprunt de mots qui lui sont étrangers, grâce enfin à la peinture d'un front générique, assez imprécis pour être n'importe quel endroit du front, assez hallcinant pour n'être nul autre que ce monde minéral et presque totalement dévégétalisé propre à la guerre de 14", et que "c'est la fiction du vrai qui caractérise le réalisme de Barbusse" (sic). Et si l'on considère le livre comme un roman, un grand roman certes mais simplement un roman, c'est que l'on ne comprend rien aux tréfonds de l'âme humaine ou à la subtilité de la création littéraire. Les choix personnels de Barbusse (qui décède en 1935 pendant une visite dans ce pays serein qu'est l'URSS) ne sont évoqués qu'à la marge, et généralement pour l'après-guerre qui voit sa béatification au panthéon pacifiste.

Soyons directs : oui, Le Feu est une grande oeuvre, importante, de la littérature de guerre, par ce qu'elle dit mais aussi (et peut-être surtout) par ses effets et son influence après le conflit. Il est en ce sens aujourd'hui un "objet d'histoire", pour la suite du XXe siècle au moins autant que sur la Grande Guerre elle-même. Mais ce Journal dune escouade n'a rien d'un "Journal", il est bel et bien un roman et ne donne de la réalité de la Première Guerre mondiale que les "visions" personnelles de l'auteur et ce qu'il a voulu en faire partager en fonction de ses engagements. A ces deux titres d'ailleurs, il est une composante indispensable de toute bibliothèque sur la Première Guerre mondiale.

Petite Bibliothèque Payot, Paris, 2014, 477 pages, 6 euros.

ISBN : 978-2-228-91122-1.

Peut-on toucher aux idoles ?
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8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 06:25

La ville de Laon sous le joug allemand

Quarante-neuf mois d'esclavage

Henri Pasquier

La maison d'édition a choisi de proposer à nouveau au public la réédition d'un certain nombre d'ouvrages paru pendant la Grande Guerre ou immédiatement après, en privilégiant une approche locale et un ancrage régional.

La reproduction pro-format de ce volume publié en 1922 nous permet de retrouver ce que fut dans la durée la vie d'une ville soumise à l'occupation militaire allemande pendant la presque totalité de la guerre. L'ouvrage est divisé en 26 rapides chapitres de quelques pages qui en abordent tous les aspects de façon thématique : "L'administration allemande", "Les prisonniers militaires", "Les bons régionaux", "L'hygiène publique", etc. Au hasard des différentes parties, de très nombreuses informations factuelles qui passionneront les amateurs d'histoire locale, mais peuvent aussi être étendus à une grande partie des territoires occupés ("Surveillance des populations", "Travail forcé", "Peines collectives") ou donnent une image ponctuelle intéressante de l'armée allemande, dans son aspect extérieur pour les Français, son état d'esprit et ses rapports avec la population. Les détails apportés à propos de la presse locale d'occupation ou de l'organisation des réquisitions ne manquent pas d'intérêt et peuvent également être étendus dans leur principe à d'autres régions occupées.

On prendra toujours soin de replacer les textes dans le contexte de l'époque de leur rédacton, mais voici un livre devenu quasiment introuvable qui passionnera sans doute tous les amateurs.

Le Livre d'Histoire, Paris, 2014, 104 pages, 16 euros.

ISBN : 978-2-7586-0800-4.

Pour commander directement l'ouvrage : ici.

L'occupation de Laon
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26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 06:25

Un pékin sur le front

Sem

Dessinateur et illustrateur reconnu dès avant la Grande Guerre, Sem fait partie de ces artistes et intellectuels "mobilisés" au service de la propagande. Entre 1915 et 1917, il est ainsi autorisé à parcourir à plusieurs reprises la zone des armées et le front pour "croquer" des images de la guerre et des portraits de poilus.

Ceux qui se plaignent de l'engouement suscité par le centenaire de la Grande Guerre oublie généralement que parmi une série de publications pour le moins "moyennes", cette opportunité permet de voir paraître (ou reparaître) des documents essentiels. Il en est ainsi pour ce volume qui n'avait pas été réédité sous cette forme depuis 1917. L'ouvrage est organisé en grands chapitres qui décrivent ces déplacements (autorisés par l'autorité militaire) en des secteurs importants des lignes françaises. Le texte est bien "dans le ton" de l'époque et de la commande publique (cf. les fusées éclairantes près du 'Moulin de l'espion'). Sem est à Verdun en 1916 : "Mais figurez-vous qu'à mon retour, en feuilletant mon carnet de route, j'ai été pris d'une sorte de pudeur ... J'ai hésité, hésité, et enfin renoncé à écrire. 'L'impression de Sem sur la bataille de Verdun !' Rien que ce titre 'bien parisien' m'apparut indécent et si puéril ! On ne joue pas Sambre-et-Meuse avec un sifflet à deux sous". Une quarantaine de pages n'en sont pas moins consacrées aux combats de la Meuse en 1916. Les grands thèmes publics sont bien sûr représentés, de la soeur infirmière aux embusqués.

Presque chaque page compte au moins un croquis, une illustration tracée au crayon d'un geste sûr, dans le style presque naïf qui fit la réputation de son auteur. Un volume intéressant à deux titres donc : l'organisation de la propagande officielle et les thèmes mis en avant dans la presse d'une part, l'oeuvre de dessinateur Sem lui-même d'autre part. Un témoignage autorisé qui ne peut que plaire ax amateurs.

Les Editions de Paris, 2014, 205 pages, 16 euros.

ISBN : 978-2-84621-198-7.

Un dessinateur sur le front
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25 mai 2014 7 25 /05 /mai /2014 06:25

La fleur et le fusil

Poèmes de 1913 à 1919

Bertolt Brecht

Mondialement célèbre pour ses oeuvres théâtrales, Bertolt Brecht a commencé sa carrière littéraire par la publication de poèmes. Né en 1898, il a donc 16 ans au début de la Grande Guerre.

Dans ce recueil, qui s'ouvre sur la phrase "Etre vaincu n'est pas une honte, mais c'est un déshonneur de s'avouer vaincu", les textes sont classés par année. On constate d'ailleurs (s'agit-il d'une sélection ou d'une publication complète, ce n'est pas précisé ?) que le nombre de poèmes fluctue fortement d'une année à l'autre (entre une quinzaine et trois). Outre les qualités littéraires de l'auteur, certains textes témoignent bien de l'état d'esprit général du temps, comme le "Chant des étendards" en 1913 ("Et quand le soir nous sombrons / et mourons en héros / alors nous salue et nous console / le drapeau noir-blanc-rouge") ; ou "Le Kaiser" en 1915 : "Quand la paix n'était plus que déclin / Il appela le premier / A la guerre l'armée d'airain de ses Allemands. / En la faisant tinter il bénit sa vieille épée sur l'autel / La guerre qui engendra la grandeur -et par elle engendrée- / Il en portait le plus lourd fardeau". Au fil des pages, "L'esprit des Emden", "L'aspirant", "Le champ belge" et même "Le soldat de Tsing Tao" : "Et la face d'une pâleur de mort déformée par la suie / Il se lance dans la brume / Crie d'un gémissement rauque et sauvage d'exitation / Crie comme un soupir de désespoir ... Sanglots ... Salut ... / Là au fond et dans le feu / Mon Allemagne !". Et ce poème de 1919 qui illustre le désarroi de la population allemande, "Chanson de soldat" : "Frères, nous dans les usines sombres / Devons comme les poissons suffoqer dans la boue / Le jour nous sommes des animaux pataugeant dans le noir / Mais le soir, nous sommes des soldats". La mort rôde, les mères pleurent, le pays souffre, certes, mais la guerre est aussi vécu comme une "aventure"... Comme quoi les hommes changent au long des années...

Un petit volume étonnant qui permet de connaître "un autre" Bertolt Brecht.

L'Arche, Paris, 2014, 90 pages, 15 euros.

978-2-85181-835-5.

Poésies de jeunesse
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24 mai 2014 6 24 /05 /mai /2014 06:30

L'appel du sol

Adrien Bertrand

Poète et écrivain mort à l'automne 1917, Adrien Bertrand livre ici ses souvenirs de guerre et Yves Guérin souligne dans son avant-propos que "Jean-Norton Cru, redoutable analyste et critique des écrits de combattants de la Grande Guerre, reconnaîtra ses dons littéraires remarquables, déplorant sa mort (à moins de 29 ans), une des pertes les plus cruelles que la littérature ait subies du fait de la guerre".

S'il s'agit bien d'un roman, publié avec quelques coupes de la censure en 1916, le livre "colle" littéralement au terrain et à la réalité vécue de la guerre de mouvement avec un bataillon de chasseurs alpins. La description des combats est précise, les chefs et les camarades sont peints avec finesse, les à-côtés de la vie quotidienne scrupuleusement décrits. Au fil des pages, Adrien Bertrand reconstitue également des dialogues, qui sonnent vrais, raconte sans emphase ce que disent ses hommes, leurs interrogations et leurs préoccupations. Les principaux types de personnalité sont intégrés au récit, plus ou moins frustres ou intellectuels, ce qui permet à Adrien Bertrand d'aborder tous les sujets, les plus prosaïques comme les plus élevés (religion, patriotisme, etc.). Comme le jeune lieutenant : "Il avait vingt ans. Il y a trois semaines il était un enfant. Il était un homme depuis quelques jours ; tel avait été en son âme le résultat des premières batailles, du drame de la guerre vu dans ses réalités intimes. Il avait chargé, il avait retrouvé le cadavre souriant de son capitaine, il avait conduit ses hommes au feu, il portait en ce moment en lui la responsabilité de commander ses chasseurs, il était juge de leur sacrifice et maître d'une centaine d'existences humaines. Et Lucien faisait un examen rigoureux sinon de sa conscience, qui était nette, du moins de son esprit". Et il passe dans le même paragraphe des hautes considérations presque spirituelles à la triste réalité du combat : "On était là pour mourir, pour voir mourir les autres... Tout à l'heure on marcherait encore à l'ennemi. Il y aurait un nouveau lot de victimes, une nouvelle hécatombe. Et cela non plus n'était pas angoissant. On irait au-devant du sacrifice sans protestation intérieure, sans réfléchir, passivement. Tous ces hommes abattus, avec les mêmes pertes parmi eux, avec la perspective des mêmes dangers, seraient joyeux et remplis d'allégresse si ls vivres avaient pu parvenir, si l'on avait pu pénétrer dans la tranchée allemande. Mais ils avaient cédé le terrain. Mais ils avaient faim". Méridional lui-même, l'auteur dit tout le bien qu'il pense de ses frères d'armes accusés de lâcheté (affaire du XVe corps), et patriote de sensibilité socialiste il n'hésite pas à critiquer tel style de commandement ou type d'ordres, mais exprime une réelle admiration pour les officiers de contact. La dernière partie de l'ouvrage traite en grande partie des blessés et du service de santé, de la misère humaine, de l'ennemi allongé sur un brancard.

C'est sobre et beau. Un récit qui "prendra aux tripes" tous ceux qui s'intéressent à la Grande Guerre. 

Editions Ampelos, 2014, 171 pages, 15 euros.

ISBN : 978-2-35618-077-3.

Témoignage
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22 mai 2014 4 22 /05 /mai /2014 06:25

La guerre mondiale

1914-1918

Maréchal Pétain

On a souvent dit et écrit que Pétain, bien qu’académicien, n’avait publié ni ses mémoires, ni ses souvenirs de la Grande Guerre. Voici un document inédit qui couvre (partiellement) ce manque.

En un peu moins de 300 pages et presque 50 chapitres, celui qui termine la Première Guerre mondiale comme généralissime des armées françaises raconte la Grande Guerre dans son ensemble. L’ouvrage est divisé en sept grandes parties qui correspondent aux zones géographiques des différents fronts (franco-belge, russo-roumain, italien, balkanique, ottomans, guerre maritime, colonies), parties elles-mêmes présentées chronologiquement. On reste surpris par le caractère presque « extérieur » aux événements du rédacteur : les descriptions, souvent précises, sont très majoritairement tactiques et n’abordent presque jamais l’environnement de la bataille. Tel jour, à telle heure, telle unité a été engagée sur tel terrain avec tel résultat… Le texte est froid, en phrases courtes (parfois même sans verbe conjugué), uniquement descriptif. Quelques épisodes sont balayés en trois lignes, comme pour les premiers combats d’août : « Les actions de la 1ère Armée donnèrent lieu à la bataille dite de Sarrebourg, celles de la 2e Armée à celle de Morhange, à la suite desquelles les deux Armées durent battre en retraite le 21, la 2e sur le Grand-Couronné de Nancy, la 1ère dans la région de Rambervilliers ». Un peu court… Dans le même esprit, la bataille de la Marne est traitée en trois pages (pp. 55-57), sans que le nom de Joffre ne soit cité une seule fois. Par ailleurs, Pétain parle de lui à la troisième personne du singulier et n’hésite pas à se donner le meilleur rôle. A propos de Verdun : « Le général Pétain est appelé dans l’urgence pour la direction de la bataille … [Il] organise le service routier (en particulier la ‘voie sacrée’ de Bar-le-Duc à Verdun) », ce qui est faux puisque toute l’organisation du soutien de la bataille par convois automobiles est terminée avant l’offensive allemande et mise en œuvre dès le 21 février. De même, sur sa nomination quelques semaines plus tard au commandement du Groupe d’armées du Centre, une seule phrase, totalement neutre. Un constat qui n’évoque absolument pas ses tiraillements avec Joffre et le GQG. Les refus d’obéissance du printemps 1917, qui lui permettent pourtant d’arriver aux plus hautes responsabilités, ne sont évoqués qu’en quelques mots (« Dans quelques régiments se produisirent des mutineries et des crises de discipline. Le général Pétain, nommé le 17 mai au commandement en chef, en remplacement du général Nivelle, eu le mérite de conjurer ces crises passagères par son souci d’améliorer les conditions matérielles et morales du soldat »), sans rappeler qu’il est lui-même, comme la plupart de ses pairs, durant les premiers jours, partisan d’une répression sévère. Dernier exemple, il semble à le lire qu’au printemps 1918 ce sont les Français qui poussent à la création d’un commandement suprême interallié et que lui-même y est favorable (« Au cours d’une conférence interalliée réunie à Doullens le 26 mars en présence du président de la République, M. Clemenceau triompha des dernières hésitations de l’Angleterre et le général Foch fut chargé de ‘coordonner’ l’action des armées alliées sur le front de France »), alors que Lloyd George était plus entreprenant sur ce thème que Clemenceau et que Pétain fera tout au cours des mois qui suivront pour conserver son indépendance par rapport à Foch… Les pages consacrées au conflit sur les autres fronts sont de la même eau, mais l’on apprécie que, pour une fois, une vision réellement mondiale de la Grande Guerre soit présentée.

Pétain a-t-il rédigé lui-même ce texte ? Peut-être, mais rien n’est moins sûr car l’usage du temps veut qu’un ou deux officiers de l’état-major de l’autorité concernée écrivent une « version 1 », qui est ensuite relue et éventuellement amendée par le signataire final du texte. Plus sec qu’un rapport d’état-major, exclusivement factuel, ce texte donne parfois l’impression d’être le « brouillon » d’un projet de livre non abouti : le squelette extrêmement dense d’un ouvrage à paraître, à partir duquel, ensuite, Pétain aurait pu marquer son empreinte avec des développements plus élevés, des réflexions davantage mûries, ou simplement un minimum de commentaires. Un résumé des AFGG en 350 pages. En l’état toutefois, il apporte beaucoup sur deux points : il est extrêmement précis dans les détails relatifs aux unités engagées dans les différentes batailles d’une part et surtout, lu en creux, il éclaire sur le caractère réel de son signataire et la piètre qualité de ses relations avec ses pairs et homologues. Un livre dont chaque amateur de la Grande Guerre doit disposer, tout en en connaissant parfaitement les limites.

Editions Privat, Toulouse, 2014, 373 pages. 19,50 euros.

ISBN : 978-2-7089-6961-2.

Les insuffisances de Précis-le-Sec
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20 mai 2014 2 20 /05 /mai /2014 06:25

Archives de la Grande Guerre

Guide des sources conservées par

le Service historique de la Défense

relatives à la Première Guerre mondiale

Il manquait indiscutablement aux jeunes chercheurs et aux amateurs de la Grande Guerre un outil pratique et aussi exhaustif que possible pour aborder les archives de la Grande Guerre conservées à Vincennes : voici l'ouvrage indispensable.

Présenté par Antoine Prost, qui précise qu'il s'agit bien d'un guide (il permet d'orienter le chercheur) et non d'un inventaire (il ne donne pas le détail du contenu des cartons), cet ouvrage collectif a d'abord l'immense mérite de mettre en cohérence tous les documents conservés sur les différents sites du SHD, Vincennes bien sûr, mais aussi les très riches archives de l'armement à Châtellerault, celles des ports, du personnel, etc. Le volume est structuré en parties qui correspondent à l'organisation traditionnelle, des organismes interalliés et des missions militaires à l'étranger aux structures nationales. Celles-ci se déclinent du ministère de la Guerre (et celui de la Marine) lui-même, à partir du cabinet du ministre, aux unités, mais aussi à des missions ou formations parfois considérées comme "périphériques" mais pourtant essentielles : artillerie et armement, infrastructure, justice militaire et maritime, services sanitaires, administration territoriale. Ce guide offre ensuite au lecteur une présentation et un état très détaillé de l'existant en matière de fonds privés (que l'on oublie trop souvent de consulter), de sources iconographiques (des dizaines de milliers d'images), ainsi qu'un survol rapide des ressources en livres et périodiques.

Il est bien évident que toute la documentation sur le thème de la Grande Guerre n'est pas identifiée dans ce volume : dans les autres centres d'archives institutionnels aussi bien que dans de très nombreux centres de recherche liés au secteur public, en France ou à l'étranger, et même dans les familles, il existe de très nombreuses ressources, souvent assez facilement identifiables par internet aujourd'hui. Par contre, les collections de SHD constituent naturellement un ensemble absolument majeur, tant en volume qu'en qualité, et il est absolument indispensable de s'y reporter systématiquement. Incontournables, les archives de Vincennes offrent ici aux amateurs et aux chercheurs un outil de travail que chacun se doit de posséder.

SHD, Vincennes, 2014, 624 pages, 26 euros.

ISBN : 978-2-1112-9057-0.

Un guide indispensable
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17 mai 2014 6 17 /05 /mai /2014 06:25

La Grande Guerre au petit écran

Ariane Beauvillard et Laurent Bihl

Alors que les célébrations du centenaire de la Grande Guerre commencent et qu'un débat récurrent (cf. les derniers documentaires diffusés) persiste sur la "mise en scène" de la guerre par l'audiovisuel, cette étude nous propose la première analyse (presque) d'ensemble de la production télévisée des 40 dernières années.

Pas moins de 70 films ou épisodes de séries ont en effet évoqué à la télévision la période 1914-1918 : "La reconstitution de la Première Guerre mondiale par les fictions télévisées, comme sa commémoration le 11 novembre, nous disent beaucoup des obsessions de chaque époque, du sens que l'on donne à la guerre (du combat pou un idéal républicain à l'idée de guerre vaine), à la mort (du sacrifice des héros patriotes à la tranchée boueuse, inhumaine, à la mort gratuite), et à ses conséquences (de la gloire du vainqueur au pacifisme européen)". Cette étude de synthèse présente donc l'ensemble de la programmation télévisuelle consacrée à la Grande Guerre depuis 1960. Une production qui a bien changé, accompagnant quand elle ne les anticipe pas les évolutions sociales. Il apparait par exemple que les émissions sont de moins en moins centrées sur le front et que les représentations de l'arrière sont largement majoritaires. Mais au sein même de chaque ensemble, les sous-catégories évoluent et fluctuent. Les auteurs divisent donc leur livre en une douzaine de chapitres thématiques, qui abordent les représentations de la guerre elle-même, du 11 novembre et permettent d'effectuer un focus sur quelques productions emblématiques : "Les images du front", "La guerre vue de loin", "Les femmes dans la guerre", "La guerre dans les airs", "La blessure", "Désobéissance, refus et fusillés", "La vision des grands hommes", "L'utilisation des archives dans la fiction" ("Elle dévoile une nouvelle fois le statut accordé à l'image, celle d'un document infaillible, qu'il n'est pas nécessaire de questionner et qui sert d'illustration synthétique"), "La programmation des 11 novembre des années 1960 à nos jours, une mémoire qui flanche", "Le 11 novembre et l'information", "La parole des anciens combattants", "La vision du grand homme" et "Information et commémoration", chapitre réalisé sur la base d'entretiens avec trois responsables de chaînes (BFM, France 3, France 2). Enfin, les auteurs s'intéressent plus particulièrement à trois productions célèbres et se demandent en conclusion si l'on peut "Rire du 11 novembre ?" en évoquant les émissions d'humour ou de caricature type "Les Guignols de l'info", mais ne retrouve que peu d'exemples : "Finalement, sans qu'il n'y paraisse, le dézinguage systématique des corps constitués ou des symboles les plus intouchables de la nation aura notablement épargné la Première Guerre mondiale".

Un texte agréable à lire, bien documenté et qui permet de poursuivre en les structurant ses propres réflexions. 

Editions Le Bord de l'Eau, Lormont, 2014, 198 pages, 18 euros.

ISBN : 978-2-35687-186-2.

Adaptations et déformations
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15 mai 2014 4 15 /05 /mai /2014 06:25

La Première Guerre mondiale

Vol. 2 = Etats

Jay Winter (Dir.)

Deuxième volume de la monumentale trilogie consacrée à la Grande Guerre par Cambridge University Press et les éditions Fayard pour la France.

Réunissant près de trente contributeurs, dont 50% Anglo-Saxons, ce tome 2 présente (après le premier paru à l’automne dernier et consacré aux aspects plus militaires des différents fronts et campagnes) les évolutions et adaptations des grandes structures nationales et des institutions. Divisé en quatre parties principales, il aborde donc tour à tour les principales fonctions et groupes sociaux de l’Etat : celui-ci en effet, qu’il s’agisse des vainqueurs ou des vaincus, va profondément changer au cours des quatre années de guerre et, même dans les démocraties les plus libérales, devient un acteur essentiel de la vie sociale et économique : « Les troupes rentrèrent à la maison, mais, jusqu’à un certain point, l’Etat ne fut jamais pleinement démobilisé », écrit Jay Winter dans son introduction.

La première partie, « Pouvoir politique », s’intéresse successivement aux fonctions politiques (« Chefs d’Etat et de gouvernement » et « Parlements »), aux relations internationales (« Diplomates »), aux rapports entre « Civils et militaires » et à la notion de « Révolution » comprise au sens large. La seconde, « Forces armées », détaille certains aspects plus proprement militaires liés à la poursuite de la guerre, de l’évolution des « Combats et tactiques » à celle du « Moral », de la « Logistique » à la problématique de la « Technologie et Armements », sans oublier ni la question des « Mutineries », ni celle des « Prisonniers ». La troisième, « Economie de guerre », traite de toutes les conséquences matérielles de la mobilisation industrielle de guerre, pour les « Ouvriers » comme pour les « Paysans », sous l’angle des « Finances » comme sous celui de la recherche (« Sciences en guerre ») et nous rappelle que l’arme du « Blocus » entraîna une famine de masse dans les empires centraux et fit l’objet d’une véritable théorisation chez les principaux belligérants. La quatrième partie enfin, « Le recherche de la paix » revient sur « La diplomatie de guerre » (belle synthèse d’une cinquantaine de pages de Georges-Henri Soutou), sans oublier « Les neutres » (dont le rôle et la place dans la guerre sont trop souvent méconnus), ni « Les pacifismes ». Elle se termine sur deux articles liés à la fin de la guerre (« Bâtir la paix » et « « La guerre après la guerre ») et un original « Essai iconographique : l’Etat et la guerre » d’Arndt Weinrich.

On le voit, les thèmes abordés sont extrêmement riches et variés. Toutes les problématiques de la Grande Guerre sont étudiées et l’ensemble est déjà particulièrement conséquent. La volonté de « balayer » très largement le spectre de l’ensemble des pays concernés au fil des différentes contributions permet d’envisager ces thèmes pour des espaces peu ou non traités généralement dans la littérature francophone (Russie, Japon, Etats-Unis, Autriche-Hongrie, etc.), mais conduit aussi, en dépit de l’ampleur de la pagination, à ne pouvoir consacrer que quelques pages, voire parfois quelques lignes, à chacun. Les auteurs sont donc souvent plus descriptifs qu’analytiques. La place accordée aux principaux pays engagés dans la lutte est toutefois majoritaire et les lecteurs français bénéficient désormais d’une très ample présentation de synthèse des problématiques françaises, britanniques et allemandes. Le volume se termine sur plus de 70 pages de références bibliographiques, où l’on constate comme pour le tome 1 une prédominance des études anglo-saxonnes. Avec le dernier volume à paraître dans six mois, il formera néanmoins un ensemble absolument indispensable du fait de la richesse et de la diversité des études et des références.

Fayard, Paris, 2014, 892 pages, 36 euros.

ISBN : 978-2-213-67894-8.

Synthèses thématiques
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6 mai 2014 2 06 /05 /mai /2014 06:20

La France et la République

dans les cartes patriotiques de la Grande Guerre

Bernard Richard

Cet article particulièrement bien illustré sera publié très prochainement dans un Cahier d'ADIAMOS 89 sur le thème "1914-1918. L'Yonne dans la guerre" (ADIAMOS 89 est une association des historiens contemporanéistes du département de l'Yonne, ici). Merci à l'auteur et à l'association de nous autoriser à le mettre en ligne. Et, en prime, sur le site de l'association, 75 cartes postales : ici.

Pour accéder à l'article complet sur Calameo : ici.

Cartes postales patriotiques
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Qui Suis-Je ?

  • : Guerres-et-conflits
  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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