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6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 07:00

Eric Meillan

Confessions d'un sale flic.

De la DST à l'IGS

Emmanuelle Tenailleau

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Livre étonnant que celui-ci, dans lequel Eric Meillan, "grand flic" à la retraite, raconte sa carrière à son épouse, qui en met en forme la version écrite en choisissant "de transcrire ce que me transmit oralement mon mari à la première personne au lieu du 'il' solennel qui tient le lecteur à distance". C'est donc (presque) toute la vérité en (presque) direct : la plupart des domaines de la sécurité publique et de la sécurité de l'Etat sont abordés. 

Cadre de la DST pendant une trentaine d'années, il nous fait d'abord part du quotidien d'un responsable "de terrain" pendant la dernière période de la guerre froide, à Nantes en particulier dont il devient chef de la brigade en 1981, une unité presque "oubliée", "dans un état pitoyable". Entre les activités de contre-espionnage et la reprise en main de la structure, il nous brosse une série de portraits de cadres "de la boîte", de personnages et personnalités, parfois exceptionnels et admirables, parfois lâches et veules ; il en présente aussi bien les missions que le fonctionnement interne ; il nous parle progressivement d'affaires d'espionnage économique en région ; revient sur les premières prises en compte à la fin des années 1980 des menaces informatiques. Les agents, cadres et traitants de l'ambassade d'URSS en France ne sont jamais bien loin, mais on y découvre aussi, au fur et à mesure que l'auteur accède à des responsabilités plus importantes, les petitesses de la vie intérieure du service : "le processus d'élaboration des décisions gouvernementales a lieu dans de petites salles obscures et veillottes. J'y observe, de temps à autre, les réactions claniques ou carriéristes, parfois déloyales, de certains hauts responsables. Parmi eux, j'ai croisé beaucoup d'énarques ... Ils semblent animés par le désir constant de s'implanter dans les hautes fonctions, quand bien même ils n'en possèdent pas les qualifications"... En 1993, il devient conseiller technique du directeur général de la police nationale : "Au ministère de l'Intérieur, place Beauvau, chacun vit les débuts de la cohabitation selon sa sensibilité, au gré de ses alliances et fidélités ... La droite réagit comme la gauche depuis 1981 : le haut fonctionnaire n'apparait plus comme objectif. Il devient aussi porteur de l'idéologie du pouvoir. Une méfiance entre les politiques et les fonctionnaires s'instaure au plus haut niveau".  Dieu qu'en termes galants ces choses là sont dites ! Et sur le rôle des cabinets et des "conseillers" ! En 2010, directeur de l'IGS, Eric Meillan "n'a jamais été convié à parler, sur le fond, au ministre en place" [N. Sarkozy] : "Une gangue s'est formée autour du ministre, composée de personnalité administratives. L'écran qu'ils constituent fait désormais obstacle aux responsables opérationnels"... On doute que cette évolution ne concerne que le ministère de l'Intérieur... On lira également (pp. 116 et suivantes) les pages consacrées aux interventions et écoutes, plus ou moins "sauvages". Et ce portrait de Claude Guéant : "Calculateur, [il] est aussi glacial qu'efficace. Il a survécu aux aléas politiques en ne contredisant jamais directement son autorité supérieure Toujours il essaie d'influencer ... On peut se demander si l'Etat comme il le conçoit ne resemblerait pas à un Etat tout puissant qui privilégierait la machine administrative à l'humain qu'elle est censée servir. Dans le fond, Claude Guéant est un homme de caste".

Bref, d'agent de la DST au cabinet du ministre de l'Intérieur puis à la direction des "Boeufs-carotte", l'auteur s'est élevé "au mérite" et semble visiblement regretter que cet "ascenseur social" de la République soit plus qu'en panne. C'est un peu une image de la fin (?), aujourd'hui, de l'ascension au mérite compromise dans la République qu'il nous offre, au terme d'une évolution qui n'a duré que quelques dizaines d'années simplement. Il nous propose un tableau (son tableau) des forces de l'ordre et de sécurité telles qu'il y a exercé pendant toute une carrière. C'est donc un témoignage éminemment personnel, qui ne reflète bien sûr que les idées et analyses de l'intéressé. Mais sa longue et belle carrière incite à penser que ses propos ne manquent pas de justesse et contiennent une très large part de vérité... 

Un ouvrage à lire, et à recommander.

Ed. La Boîte à Pandore, Paris, s.d. (2013 ?), 219 pages. 17,90 euros.

ISBN : 978-2-87557-005-5. 

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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 07:05

Les espions des lumières

Actions secrètes et espionnage militaire sous Louis XV

Stéphane Genêt

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Dans le cadre général de différents travaux récents sur les XVIIe et XVIIIe siècles d’une part et sur l’histoire du renseignement d’autre part, cet ouvrage, issu de la thèse de doctorat de l’auteur, est à la fois très dense, précis, facile à lire et riche de multiples informations nouvelles. Il s’intéresse à ces « espions d’armée » (qui conservent toujours dans la société « une connotation péjorative »), dont l’activité, nous dit l’Encyclopédie de 1778, est « une chose essentielle à un général … C’est là qu’il faut répandre l’argent à pleines mains ».

Le plan, très structuré, se décompose, après un préambule qui présente « L’espionnage dans la pensée militaire des Lumières », en trois partis principales : « L’espionnage militaire, une mosaïque », « L’agent à l’œuvre » et « Face aux espions ennemis ». Il nous est ainsi possible d’aborder tous les aspects du sujet, du recrutement plus ou moins forcé des espions, de leurs motivations et de l’organisation des réseaux (plus importants qu’on ne le soupçonne généralement) à la collecte des informations, que ces agents soit « sédentaires » ou « en mission », puis à la recherche, à la surveillance et à la répression des espions étrangers. L’ensemble du texte est régulièrement ponctué d’un nombre particulièrement élevé d’exemples, de situations concrètes, de cas particuliers liés à la diplomatie ou à la politique militaire de la France, avec (ponctuellement) quelques éclairages du côté des autres grandes puissances, Angleterre, Autriche ou Prusse. Le livre s’appuie également sur de fréquentes citations des autorités civiles et militaires comme des théoriciens de « l’art de la guerre » de l’époque. Enfin, il est toujours fait référence aux archives, alors que l’on aurait pu supposer, étant donné le sujet et la période traitée, que les documents écrits étaient relativement rares : « Les archives fourmillent au contraire d’indications » précise l'auteur, souvent éparses mais bien réelles et dont témoignent les références aux dossiers du SHD ou des archives du MAEE.

En résumé, et même si le chevalier d’Eon est bien sûr cité, une belle étude qui va bien au-delà des quelques exemples toujours répétés, à la fois complète et d'un accès facile. On ne peut que saluer ce beau travail qui apporte une contribution essentielle à la connaissance d’une « activité » particulière dont, finalement, les traits fondamentaux n’ont peut-être pas fondamentalement changé, en dehors des évolutions techniques. Il sera apprécié de tous, curieux, amateurs ou spécialistes de ces questions.

Nouveau Monde éditions, Paris, 2013, 512 pages, 26 euros.

ISBN : 978-2-36583-370-7.

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 07:05

Les casseurs de codes de la Seconde guerre mondiale

Sinclair McKay

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Encore un ouvrage (britannique) sur les services de renseignement. Ce thème, on le voit bien avec nos chroniques, est particulièrement dynamique, pour le plus grand plaisir des amateurs.

Ce nouvel opus est publié sous la signature du journaliste Sinclair McKay n'est pas une étude scientifique : rares notes de bas de page, bibliographie finale sommaire, pas d'index, etc. et l'auteur affirme (sans plus de précision) qu'il est basé sur des témoignages de vétérans.  Il n'en demeure pas moins qu'il constitue une véritable nouveauté pour le lecteur français, tant le manoir et ses nombreux baraquements annexes de Bletchley Park, où vivent et travaillent quelques uns des meilleurs spécialistes alliés de la crytographie et du renseignement pendant la Seconde guerre mondiale, est resté méconnu. En une trentaine de brefs chapitres, construits autour d'une situation particulière, d'une anecdote ou d'un événement ("1938-1939 : l'école des codes", "Logements glaciaux et toilettes extérieures", "Enigma et le Blitz", "La bataille de l'Atlantique", "Churchill à Bletchley", "1943 : des conversations imprudentes", etc.), l'auteur nous fait en quelque sorte partager la vie quotidienne et le travail, couvert par le secret le plus absolu, de jeunes hommes et femmes recrutés un par un parmi l'élite intellectuelle de leur génération (mathématiciens, linguistes, etc.). Pour l'auteur, qui cite ici de nombreux témoignages de hautes autorités : "De la bataille d'Angleterre au Japon, en passant par le Blitz, la Cap Matapan, El Alamein, Koursk, les fusées V1 et le jour J, le travail de Bletchley Park est demeuré complètement invisible, tout en jouant un rôle crucial dans le conflit". Les anecdotes se succèdent donc, parfois graves, parfois amusantes, situations individuelles modestement "humaines" ou échos assourdis des grandes batailles de la guerre. La célébrissime "section Enigma" est bien sûr au premier plan, mais Sinclair McKay s'intéresse aussi aux premières (énormes et lourdes) calculatrices jusqu'au fameux "Colossus", à la mixité sociale (en civil ou en uniforme) qui devient rapidement une réalité dans un milieu longtemps très aristocratique, etc. Au fil des pages, on apprend que les relations ne sont pas simples avec les  autres services de renseignement ("J'insiste sur le fait qu'il est délicat de partager, même avec le MI5, le secret de ces bombes..."), et sont évoquées les questions très politiques liées à partir de 1941 à l'entrée en guerre de l'URSS aux côtés des Occidentaux : quelles relations, et jusqu'où, entretenir avec les Russes ?

Un livre plaisant et passionnant à la fois. Il ne sera pas facile de vérifier et croiser toutes les informations contenues dans cet ouvrage, mais certains faits ou témoignages sont déjà plus ou moins connus, ce qui est globalement rassurant. Une contribution supplémentaire à la connaissance des manoeuvres les plus discrètes de la Seconde guerre mondiale.

Ixelles éditions, Paris, 2013, 399 pages. 23,90 euros.

ISBN : 978-2-87515-178-0.

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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 06:50

Histoire du renseignement

Bulletin de l'amicale

des anciens des services spéciaux de la Défense nationale

 

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Pour les amateurs, l'Association des anciens des services spéciaux de la Défense nationale met désormais en ligne sur son site des extraits de son Bulletin, et en particulier les pages "Histoire et Témoignages" (ici). Comme toujours en la matière, il faut "faire la part des choses" et (nécessairement, sans jeu de mots) croiser ses sources et s'affranchir des réactions émotionnelles d'un acteur ou d'un témoin des événements ultérieurement mis en cause. Mais pour la partie strictement historique, chacun y trouvera de très nombreuses informations, précisions et analyses de qualité. Une adresse utile, précieuse, à retenir.

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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 07:10

Guerre des codes & guerre navale

1939-1945

Guy Malbosc et Jean Moulin

Guerre-codes614--1-.jpg 

Un nouveau (très intéressant) livre sur les questions de renseignement. Chacun connait plus ou moins la célèbre "affaire Enigma", mais ce livre va fort heureusement plus loin. Beaucoup plus loin. Il nous fait toucher du doigt l'importance de la fonction "Renseignement", aussi bien dans la conduite stratégique que tactique des opérations navales, dans ses différentes composantes techniques durant la Seconde guerre mondiale.

Les deux auteurs divisent leur étude en trois grandes parties au contenu dense et très large. La première ("La victoire des alliés contre Enigma") dresse d'abord un rapide tableau de l'historique de la cryptographie avant de décrire la fameuse machine, puis le succès des mathématiciens et déchiffreurs alliés en trois phases : période franco-polonaise, période britannique et période américano-britannique. La seconde ("Décryptage et bataille de l'Atlantique") accorde naturellement une place essentielle à la Royal Navy et à ses services spécialisés, en particulier dans la lutte contre les sous-marins allemands et la protection des convois. La troisème ("Guerre des codes et guerre navale dans le Pacifique") nous transporte vers la deuxième grande région de guerre maritime et présente les organisations, moyens, objectifs, succès et échecs des Américains comme des Japonais. De nombreuses et riches annexes enfin sont placées en fin de l'ouvrage (pp. 323-384), qui se termine sur une utile double chronologie (événements en cryptologie et dates importantes de la guerre navale), un index des sigles et des abréviations très apprécié, un index de noms propres et une bibliographie de référence.

Cet ouvrage présente non seulement de très nombreux exemples concrets, mais aussi les caractéristiques et les difficultés de la technique elle-même. Il est sous cet angle particulièrement utile et passionnera sans nul doute tous les amateurs des opérations de la Seconde guerre mondiale, comme les spécialistes de la guerre navale et ceux des évolutions techniques. Du "bel ouvrage" qui doit figurer dans toute bibliothèque bien tenue.

Marines Editions, Rennes, 2012, 414 pages, 22 euros.

ISBN : 978-2-35743-113-3.

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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 10:16

"Le renseignement à la française"

Nous réunissons aujourd'hui trois recensions d'ouvrages très récents qui permettent, ensemble, d'effectuer un bon point de situation du "renseignement à la française", dans ses limites et ses ambitions, ses racines et son évolution, ses méthodes et ses moyens. Par ailleurs, même si elles se recoupent naturellement parfois, les bibliographies cumulées de ces trois volumes ouvrent, aux amateurs intéressés ou aux étudiants engagés sur ces questions, de très nombreuses pistes. Des approches, des éditeurs, des auteurs différents, des différences parfois aussi entre les textes, mais au final une grande richesse et une véritable somme.

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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 07:10

De l'espionnage au renseignement

La France à l'âge de l'information

Franck Bulinge

  RENS694.jpg

Une véritable synthèse en 350 pages. Le tour de force de l'auteur est peut-être aussi ici.

En effet, l’originalité et l’intérêt de ce livre tiennent à ce qu’en moins de 350 pages de texte courant Franck Bulinge brosse un tableau pratiquement complet du renseignement français, de son histoire, de sa « culture » particulière, de ses évolutions récentes, mais aussi s’intéresse à son avenir à court et moyen termes.

L’histoire est abordée dans les deux premiers chapitres (« Les racines européennes du renseignement français », pp. 21-40 ; « Le renseignement extérieur après la Deuxième guerre mondiale », pp. 41-87) et le texte courant est utilement complété par plusieurs tableaux et organigrammes. On apprécie que Franck Bulinge rappellent l’importance du rôle des officiers-historiens héritiers du Dépôt de la Guerre dans la création des structures modernes de renseignements, des 2e et 5e bureaux. Les chapitres 3 à 6 (« Culture française de l’information et du renseignement », pp. 89-111 ; « La culture populaire du renseignement : littérature, cinéma et télévision », pp. 113-140 ; « Renseignement et médias », pp. 141-161 ; « Cultures politiques du renseignement », pp. 163-206) aborde toutes les questions liées à la « culture du renseignement » au sens large, dans ses contradictions et ses représentations. Les trois derniers enfin (« Le printemps du renseignement », pp. 207-254 ; « Esquisse d’une théorie du renseignement français », pp. 255-294 ; « Pour une politique de recherche en sciences humaines et sociales », pp. 295-337) dresse à la fois le bilan de l’organisation actuelle du renseignement, de ses priorités et de ses difficultés, s’efforce d’en définir certains éléments de théorie et de doctrine et (peut-être surtout) prône une véritable « politique nationale de la recherche » après avoir effectué un état (sinon exhaustif, du moins très large) de la recherche française en sciences humaines, « encore embryonnaire ». On y découvre, par exemple, le nombre et le détail des thèses soutenues ou en cours sur des sujets connexes : force est de reconnaître que c’est assez affligeant…

L’ensemble de l’ouvrage est ponctué, agrémenté, de graphiques, tableaux et autres histogrammes qui permettent (théoriquement) de mieux visualiser les données chiffrées, mais l’impression en noir et blanc d’une part, et la taille réduite de la plupart d’autre part, ne facilitent en fait pas la lecture. Réduite à sept pages, la bibliographie n’est qu’indicative, mais on y retrouve les noms « qui comptent » aujourd’hui et dont les travaux font référence. Au-delà de ces réserves de forme, l’esprit de synthèse de l’auteur et son style simple et direct, le choix de rédiger des chapitres courts allant à l’essentiel et la diversité des thèmes abordés permettent, en un nombre limité de pages, de faire un vrai « tour d’horizon » du dossier. Un livre à lire et à conserver comme outil de travail ou de référence.

Vuibert, Paris, 2012, 351 pages, 33 euros.

ISBN : 978-2-311-00658-2.

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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 07:05

Histoire politique des services secrets français

De la Seconde guerre mondiale à nos jours

Roger Faligot, Jean Guisnel et Rémi Kauffer

Services-secrets644.jpg

 

Plus de 730 pages ! Une véritable somme pour le grand public. Les trois auteurs sont journalistes : ils n'abordent donc pas le sujet avec la méthodologie de l'historien, mais, par contre, avec la curiosité propre à leur métier d'investigation. Ainsi, si tout n'est pas scrupuleusement référencé et si certaines extrapolations à partir "d'affaires" somme toute mineures demanderaient à être vérifier, il nous proposent néanmoins un travail exceptionnel sur plus de cinquante ans de renseignement français. Les trois auteurs prennent le soin, en introduction, de préciser que leur travail a été réalisé en « totale indépendance, cela veut dire, soyons précis, sans aucune connivence avec la hiérarchie de ces services, sans document fourni ‘clef en main’ de façon à valoriser le travail de tel ou tel responsable, de telle ou telle direction. Cela veut dire également que ni la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) ni aucune autre structure de l’Etat ne s’est trouvée en mesure de relire notre travail avant sa publication ». Ils défendent donc leur indépendance de « journalistes, historiens et écrivains tout à la fois » et savent limiter leurs propos : « Nous n’avons pas l’arrogance de considérer notre travail comme parfait, irréprochable, définitif. D’autres viendront sans nul doute le compléter, l’élargir et même le rectifier à l’avenir ».

Organisé de façon chrono-thématique en quatre grandes parties (« Les temps héroïques, 1940-1958 », « De de Gaulle à Giscard d’Estaing, 1958-1981 », « Les années Mitterrand, 1981-1995 » et « De Chirac à Sarkozy, 1995-2012 »), ce livre aborde (certes avec plus ou moins de fond et de densité, mais l’exercice n’est pas aisé) absolument tous les sujets, toutes les problématiques, tous les cas particuliers qui émaillent l’histoire de ces services depuis près de 70 ans. De l’affaire Enigma et du BCRA pendant la guerre, du colonel Paillole et de Giraud à la recherche des savants nazis au lendemain de la Libération, les auteurs nous entrainent jusqu’aux réformes et évolutions des années 2000, aux nouvelles problématiques des prises d’otages mais aussi de la coopération internationale inter-services et de la « privatisation » du renseignement.

Au fil des pages (il s’agit bien d’une Histoire politique des services secrets français), il apparait que le manque de confiance dans les relations avec les plus hautes autorités de l’Etat est une difficulté récurrente, en particulier lorsque le gouvernement est issu d’une majorité socialiste. Au fur et à mesure des chapitres successifs, sont développées les adaptations locales en Indochine entre 1946 et 1954 avec la triple question des sectes, des maquis et des trafiquants de toutes sortes ; et les auteurs reviennent sur le long combat de l’ombre mené pendant plus de quarante ans de ‘guerre froide’ (merci de rappeler le meurtre de l’adjudant-chef Mariotti, affecté à la MMFL de Potsdam, en mars 1984) contre les services des pays du bloc soviétique. A ce propos, et c’est par ces détails -que l’on retrouve pour d’autres chapitres- qu’il apparait qu’il s’agit plus d’un travail de journalistes que d’historiens : rappelons (même si le ‘mythe’ doit en pâtir) que le personnel de ces formations ne vient pas que du 13e RDP et du 1er RPIMa. Loin de là… Parallèlement, pendant et après la guerre d’Algérie, les préoccupations africaines restent très présentes : affaire Ben Barka, Bob Denard, la Françafrique, la sécession du Biafra, plus tard l’Angola (et oui !), le Tchad (encore et toujours), etc. Et toujours le grand Moyen-Orient, de la question israélo-palestinienne à l’Irak, à l’Iran, au Liban, à l’Egypte et jusqu’au lointain Afghanistan. Mais cet inventaire serait incomplet sans l’affaire Greenpeace et le Rainbow Warrior, les luttes de pouvoir internes à Paris, les hommes de l’ombre auxquels on prête d’autant plus qu’on ne les connait pratiquement pas dans ce milieu (aventuriers et journalistes). Les évolutions et les priorités des vingt dernières années sont au menu des 200 dernières pages : retour de l’intérêt pour l’Asie, d’Inde au Pakistan et au Cambodge, montée en importance de l’islamisme et des mouvements djihadistes, les Balkans et la Bosnie, la Chine et Al-Quaïda…Tout cela, à partir de la présidence Sarkozy, sur fond de reprise en main « rênes courtes » par le politique et d’adaptation (techniques, financières, culturelles) aux nouvelles menaces.

Bref, on le voit, un travail imposant, important, utile. A partir de leur longue expérience de journalistes spécialisés, les trois auteurs nous offrent un véritable panorama de l’histoire, des missions, des difficultés des services français. Tout n’y est pas facile, le succès n’est pas toujours au rendez-vous, les moyens sont rarement adaptés aux ambitions, les rumeurs et les fantasmes autant que l’indispensable confidentialité des dossiers rendent l’étude délicate… Mais, avec ses imperfections, avec les réserves faites, la lecture de ce livre doit se terminer sur un constat : puissance moyenne (certains ajoutent aujourd’hui déclinante), la France n’en reste pas moins l’un des très rares pays dans le monde capable d’entretenir et de mettre en œuvre un réseau de collecte, d’analyse et éventuellement d’action à l’échelle planétaire. Un atout de taille dans le monde.

On apprécie en annexe l’hommage nominativement rendu aux « Morts au service secret de la France de 1945 à 2012, du lieutenant Redeau, de la DGER, assassiné en 1945, à l’adjudant-chef Serrat, de la Brigade de renseignement, mort en juin 2012 en Afghanistan. L’ouvrage se termine enfin sur près de 50 pages de références, bibliographie et index, qui permettront aux amateurs qui le souhaitent de poursuivre leurs lectures et leurs recherches.

Un livre que chacun doit connaître sur ce sujet.

La Découverte, Paris, 2012, 734 pages, 26 euros.

ISBN : 978-2-7071-6741-5

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 07:00

Jean Deuve

Christophe Carichon

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Une belle biographie qui éclaire de nombreux aspects de l'histoire militaire (et politique) de la France à partir de l'étude de la vie et de la carrière d'un homme qui a toujours fait preuve de la plus grande modestie.

  Jean Deuve est un véritable « héros de l’ombre » dans tous les sens du terme : par son parcours professionnel, mais aussi par son extraordinaire modestie. Elevé dans un milieu d’officiers de marine, catholique et nourri de pratiques scoutes dans son enfance et son adolescence, il entre en service comme officier de réserve au début de la Drôle de guerre. En mai-juin 1940, à la tête de sa section de coloniaux, au gré des ordres et des contre-ordres, il multiplie les étapes, vers le nord, vers l’ouest, vers le sud, jusqu’au village de Manre où son unité est quasiment détruite.

Après un bref séjour en ‘Zone libre’, c’est l’Afrique occidentale et le commandement d’un poste isolé dans le lointain Niger. Il y fait œuvre de géographe, de topographe, de zoologue et de linguiste : « Bientôt, il peut même se passer d’interprète … Au Niger, il est maintenant connu comme ‘celui qui lit les pieds’ et ‘l’homme aux serpents’ ». Il se lance aussi dans des activités militaires qui préparent ses futures responsabilités en Extrême-Orient : « Commencer à bâtir un réseau secret de partisans, anciens militaires si possible, les organiser, leur donner des consignes d’alerte et de mobilisation ». Au début de l’année 1944, il passe à la Force 136, aux Indes, émanation du SOE britannique, où son passé de scout est apprécié : « Quand nous hésitons entre deux hommes aussi aptes l’un que l’autre à diriger un groupe de guérilla, … nous choisissons celui qui a été scout ». Après de longs mois d’une dure formation, il est parachuté en janvier 1945 avec quelques uns de ses camarades sur le Laos.

Jean Deuve ne va pas quitter le pays jusqu’en 1964, où il se mariera et dont il devient le meilleur connaisseur français. Successivement maquisard, agent de renseignement, directeur de la police nationale (qu’il contribue à fonder), conseiller du gouvernement, il consacre sa vie entière au Laos pays pauvre, soumis aux pressions des puissances et qui éprouve de plus en plus de mal à conserver sa neutralité. Avant d’y exercer des responsabilités nationales, il devient le « protecteur » de la province de Paksane contre les Chinois et les communistes. A partir de cette forte expérience, il écrira en particulier une histoire de la Guérilla au Laos.

Il rentre ensuite en métropole et rejoint le SDECE, est pendant trois ans attaché militaire à Tokyo, retrouve Paris en 1968, poursuit sa carrière pendant une dizaine d’années et termine comme chef de toutes les structures de renseignement à l’étranger, adjoint direct d’Alexandre de Marenches. Il y suit toujours, en particulier, de très près l’action des maquis anti-communistes au Laos.

« Le 1er décembre 2008, dans sa 91e année, le colonel Jean Deuve meurt à l’hôpital de Granville ». Aucun représentant officiel parmi tous ceux qui l’accompagnent dans son dernier voyage : « Après tout, qu’importe que les représentants de la République ait oublié Deuve, les Lao de l’exil étaient là ».

Une belle biographie, accompagnée d’un solide appareil de notes, de plusieurs annexes et d’une belle bibliographie. A lire et à méditer.

Editions Artège, Perpignan, 2012, 304 pages. 18,90 euros.

ISBN : 978-2-36040-103-1

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10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 07:00

Les 36 stratagèmes de la guerre électronique

Olivier Terrien

 GUERRE-ELEC-1.jpg

Quand le passé le plus ancien croise les technologies les plus modernes. Dans son avant-propos, Olivier Terrien précise qu'il a voulu, "à l'instar d'un explorateur ouvrant la route des Amériques en cherchant celle des Indes", rédiger un ouvrage "le plus didactique possible"en associant un stratagème ancien à son application moderne "dans le siècle d'existence de l'électronique".

Reprenant le canevas ds 36 Stratagèmes de l'ancienne Chine, il illustre ces principes par des exemples allant d'avant la Première Guerre mondiale à la guerre du Golfe, tout en prévenant le lecteur qu'il ne trouvera dans ce volume "aucune solution toute faite. Chaque situation n'étant qu'un instant particulier dans une évolution permanente". Nous sommes invités à découvrir "derrière ces manifestations visibles, l'articulation logique de situations qui se reproduisent et se renouvellent sans cesse ... mais toujours dans un contexte différent". De "Eliminer un adversaire avec un couteau d'emprunt" à "Fuir devant un ennemi trop puissant", en passant par "Battre l'herbe pour réveiller le serpent", "Jeter une brique pour ramasser du jade", "Faire le simple non le fol" ou "Orner l'arbre avec une multitude de fleurs artificielles", l'ouvrage vaut déjà par la présentation de ces principes et leur première illustration par une anecdote de l'histoire chinoise. Puis, Olivier Terrien nous en présente "le pendant moderne", exemples où les événements plus ou moins connus des années 1930-1960 en particulier sont les plus nombreux.

Chaque chapitre est accompagné d'encarts, qui précisent tel ou tel point particulier, et l'on trouve en fin de volume une bibliographie intéressante, complétée de références aux sites web.

Bref, un livre qui se lit facilement, que l'on prendre, poser puis reprendre sans difficulté, chaque chapitre faisant autour de six pages. Mais aussi un livre dense, passionnant et qui fait réfléchir. Utilisé en complement d'ouvrages plus spécialisés sur l'art de la guerre et la stratégie, il passionnera sans nul doute de très nombreux lecteurs.

Oty-Productions, Le Chesnay, 2012, 239 pages, 18 euros.

ISBN : 978-2-9541996-0-3

L'auteur a ouvert un site dédié pour présenter et vendre son livre :

http://www.36stratagemes.com/fr/les-36-stratagemes

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Olivier Terrien a bien voulu répondre à quelques questions :

 

Question : Le rapport dans le même chapitre entre l'histoire ou l'anecdote tirée des récits de l'ancienne Chine et l'exemple récent de l'ère électronique peut sembler parfois un peu approximatif, comment avez-vous sélectionné « le pendant moderne » ?

Réponse : En écrivant ces 36 stratagèmes, mon premier objectif était de rester toujours compréhensible et autant que possible pédagogique pour tout lecteur néophyte en Electronique. Cet ouvrage de sensibilisation vise surtout à enrichir la réflexion des passionnés d’Histoire, à satisfaire la curiosité des non-spécialistes tout en suscitant l’intérêt des scientifiques soucieux de comprendre l’influence des évolutions technologiques. Découvrir ce domaine discret, complexe et néanmoins incontournable dans la compréhension des conflits récents n’entre donc pas dans une logique académique et, si approximation il y a, cette impression provient certainement de l'originalité de l'approche retenue pour acculturer le lecteur à cette Electronique omniprésente dans notre société ou notre quotidien.

En imaginant ces 36 chapitres, mon second objectif était d’illustrer l’essentiel du spectre aujourd’hui couvert par une Electronique prise au sens large : des radars aux radios, des ordinateurs aux téléphones, des télécoms au cyberespace, etc. Les rencontres et les échanges pour bâtir ces stratagèmes ont fait de ce projet une formidable aventure humaine. Grâce aux anecdotes de ces nombreux spécialistes, ce livre témoigne de la diversité des affrontements qui utilisent, se basent ou détournent l'Electronique et si approximation il y a, elle provient de mon désir de rester fidèle à tous ces auteurs tout en ouvrant leur travail au plus vaste public possible.

Question : Pensez-vous que ces 36 Stratagèmes conservent tous la même actualité ? Si vous ne deviez en retenir que 2 ou 3, lesquels choisiriez-vous et pourquoi ?

Réponse : Oui, tous les stratagèmes conservent une actualité. Pas la même bien sûr. Mais, pour tous, un intérêt certain. Si certaines des situations choisies peuvent sembler anciennes, elles illustrent des besoins qui existent toujours ou des risques qui perdurent encore. A l’instar des versions classiques des 36 Stratagèmes, ces anecdotes souhaitent provoquer la réflexion du lecteur sur les divers aspects de l'électronique. Elles ne constituent en aucun cas une fin en soi. Un exemple extrait du livre pour s’en rendre compte. En août 1914, W. Churchill fait couper les câbles sous-marins de l'Allemagne pour l'obliger à transmettre ses messages par ondes radio et ainsi les intercepter. Un siècle plus tard, les technologiques ont évolué mais l'essentiel du trafic téléphonique ou internet reste véhiculé par des câbles de communication. Que deviendrait l’économie d’un pays si son adversaire lui coupait une ou deux liaisons sous-marines ? Cet exemple montre bien que chaque situation est unique car les acteurs, les moyens, les conséquences sont différentes mais il démontre surtout que l'histoire est un éternel recommencement. Mon livre incite le lecteur à penser aux avantages, aux risques ou aux vulnérabilités du monde électronique qui l'entoure. Si la guerre électronique est la traduction moderne de principes connus depuis des siècles, il importe d'en proposer des approches adaptées au public d'aujourd'hui et cette nouvelle édition des 36 stratagèmes en est une possible.

guerre elec 1

Question : Quelle est la part, dans votre livre, de la guerre électronique « classique » (interceptions et écoutes, brouillage, intrusion) et quel rôle peut-elle conserver face à l'explosion des supports électroniques ?

Réponse : La guerre électronique « classique » des radars, leurres, brouilleurs… représente effectivement une large part de mon livre et cela pour plusieurs raisons. Tout d'abord parce qu'elle reste d'actualité. En Libye, les matériels anti-aériens utilisés étaient d'origine ou de filiation soviétique. Les moyens « classiques » étaient donc pertinents. Ils devraient le rester tant les menaces « classiques » restent aujourd’hui présentes. Ensuite parce qu'elle met en œuvre des principes indémodables. A son époque, JF Fuller évoquait qu'à toute mesure offensive s'opposerait une contre-mesure défensive, elle-même bientôt dépassée par une contre-contre-mesure etc. La guerre électronique revit cet éternel combat entre le glaive et le bouclier. Aux brouilleurs contre les radars de combat succèdent ceux contre les radars d'imagerie. Aux intrusions dans les messages radios transmis aux pilotes de chasse se substituent les attaques contre les ordinateurs des postes de commandement. Les matériels évoluent mais ne rendent pas pour autant obsolètes les principes que mon livre illustrent par des anecdotes célèbres. Il me semble donc indispensable de les étudier.

Cependant, les références doivent s’adapter au public et c'est pourquoi j'ai tenu à élargir le propos classique en introduisant des exemples sur les attaques informatiques par clés USB, sur les dégâts du virus Stuxnet ou encore sur les écoutes de téléphones portables. Le principe que j’ai utilisé pour les 36 stratagèmes est simple : « comprendre aujourd'hui et envisager demain en (re)découvrant hier ». 

Question : Au bilan, comment évaluez-vous les capacités de la France dans ces domaines ? Quels sont, et pourquoi, les pays les plus en avance ?

Réponse : Chaque pays possède sa culture électronique. Si les Etats-Unis démontrent un goût indéniable pour les questions techniques, l’Europe décline des doctrines et des moyens différents. Il en va de même pour la Chine, la Russie encore Israël qui abordent ce sujet avec un angle qui leur est propre. C’est pourquoi j’ai repris tous ces acteurs dans mon ouvrage. Dans l’environnement électronique d’aujourd’hui, la France possède de nombreux atouts. Des forces militaires aguerries comme l'ont démontré les dernières opérations en Libye. Des champions industriels qui proposent de nombreuses innovations à chaque nouveau salon ou encore des filières universitaires qui sont enviées par d'autres pays. Ceci étant dit, la guerre terminée hier ne sera jamais celle de demain. Dans cette chaîne constituée d’une multitude de contributeurs, il faut sans cesse renforcer chacun des maillons car l’histoire enseigne que le plus faible cèdera en premier et risque d’emmener avec lui tout l’ensemble. Dans cette chaîne complexe, nombreux sont les non-spécialistes qui interviennent indirectement ou inconsciemment : les décideurs pour un budget, les étudiants pour un recrutement, les chercheurs pour une innovation… Ma modeste contribution est de rendre abordable ce monde passionnant mais souvent très/trop technique pour que chacun y comprenne sa contribution. Ces 36 Stratagèmes constituent un premier pas dans ce périple qu’est la découverte d’un nouveau monde, ici un monde électronique.

Merci Olivier Terrien pour toutes ces précisions et bonne lecture à tous.

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Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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