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28 avril 2012 6 28 /04 /avril /2012 08:50

Pourquoi la guerre en Bosnie ?

Henry Jacolin

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Organisée par l'Association des officiers de réserve de la Marine nationale d'Île de France, cette conférence, prononcée par l'ancien ambassadeur de France en Bosnie de 1993 à 1995, se tiendra le jeudi 3 mai 2012 à partir de 18h00 en amphithéâtre Suffren de l'Ecole militaire.

Pour tout renseignement et contact : d.chmielewski@free.fr ou dlebrec@wanadoo.fr

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28 avril 2012 6 28 /04 /avril /2012 08:40

Pour la France

Témoignage photographique

  AFGHANISTAN-FRANCE-m.jpg

Si le grand public prend conscience à l'occasion de tel ou tel drame que la mort peut frapper les soldats français engagés en Afghanistan, rares sont ceux qui se rendent compte que très régulièrement des blessés graves sont rapatriés en métropole dans l'indifférence générale.

A l'initiative de Philippe de Poulpiquet (grand reporter au Parisien - Aujourd'hui en France), Benjamin Gamary (de la BIM) et d'Anne-Cécile Juillet une initiative baptisée "Afghanistan-pourlafrance" a été lancée sur Facebook. Il s'agit d'effectuer collectivement un gros travail de reportage photographique afin de permettre d'ici 18 mois environ la réalisation d'un album, travail de mémoire visant à rendre hommage à ces tués et blessés ainsi qu'à leurs proches.

Pour mieux connaître le projet et s'y associer : http://www.philippedepoulpiquet.net/pour-la-france-philippe-de-poulpiquet

et sur facebook : https://www.facebook.com/Afghanistanpourlafrance

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28 avril 2012 6 28 /04 /avril /2012 08:30

  Faux coupables

Surveillance, aveux et procès en Ukraine soviétique 

(1924-1934)

  Alain Blum et Yuri Shapoval

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Chacun a, peu ou prou, entendu parler des procès truqués de l'ère stalinienne, des purges et de la violence institutionalisée dans l'URSS de l'entre-deux-guerres. L’excellente collection « Mondes russes et est-européens » de CNRS Editions publie sur ce thème une nouvelle étude originale qui éclaire avec de multiples références puisées aux meilleures sources d’archives (dont celles des services de « sécurité ») la mise en œuvre de la politique intérieure stalinienne.

L’ouvrage s’appuie sur deux parcours individuels, les savants nationalistes ukrainiens Grusevskij et Efremov, qui participent au processus d’indépendance du pays en 1917. Le premier quitte la Russie bolchevique en 1919 pour quatre ans d’exil, dont il rentre pour devenir membre de l’Académie des sciences d’URSS, avant d’être arrêté, condamné et de décéder en 1934. Le second reste en Ukraine après la prise du pouvoir par les Bolcheviques et, bien que devenu vice-président de l’Académie nationale, sera arrêté en 1929, condamné en 1930 et meurt en détention. A partir de ces deux expériences, à la fois proches mais différentes, les auteurs reconstituent et restituent la politique stalinienne à l’égard des élites des nationalités « périphériques », l’ambiance de l’Ukraine de l’entre-deux-guerres, les méthodes des services tels la GPU, le processus de condamnation par une « justice » aux ordres. Le livre est divisé en cinq chapitres qui permettent de détailler par le menu l’ensemble de ces questions : « Les errements de l’émigration et les chemins de la soumission », « Adhérer, participer, collaborer, résister », « Passer à côté de l’histoire », « Surveiller » et « Quand un groupe d’amis devient un parti de comploteurs ». Certaines parties (chap. 3 : « Panique, rumeurs et ruptures de confiance » ; chap. 4 : « Les fonctionnaires de la surveillance » et « Jusqu’au bout, jusqu’à l’absurde » ; chap. 5 : « Acharnement et inertie », « Le statut de la preuve » et « Au cœur de l’aveu : la criminalisation du quotidien ») font presque, a postériori, froid dans le dos (« La première étape de la mise en scène et de la construction de la culpabilité, qui suit ce harcèlement, consiste à identifier, arrêter et interroger une personne peu importante, proche de celui qui est visé, qui va fournir le point d’appui à la suite de l’instruction en culpabilité »), tant la démonstration est aussi nette que référencée.

Les 194 pages de texte sont complétées par une longue liste de documents (publiés sur le site http://cercec.ehess.fr/fauxcoupables et dont certains sont reproduits en annexe), la liste des partis politiques cités et un index des noms (avec pour chacun une brève biographie).

Une plongée passionnante au cœur de la répression et des purges, mais aussi des clefs de compréhension pour mieux aborder l’évolution des territoires est-européens jusqu’à la Seconde guerre mondiale.

 

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 14:56

Le front yougoslave pendant la Seconde guerre mondiale

  De la guerre de l'Axe à la guerre froide

Frédéric Le Moal

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Depuis la publication (2006) de sa thèse de doctorat, Frédéric Le Moal s’est spécialisé sur l’aire géographique qui s’étend des Alpes à l’archipel grec dans le cadre des deux guerres mondiales, avec pour centre de gravité les rives italienne et slave de la mer Adriatique. Il nous propose aujourd’hui une solide étude sur la Yougoslavie entre 1939 et 1945 (un théâtre d’opérations généralement traité en quelques lignes dans les principaux ouvrages sur la période), sans toutefois limiter son travail aux seules considérations militaires.

Les 50 premières pages permettent de poser le cadre, des pressions allemandes pour attirer le pays dans l’orbite du Reich à la brève campagne d’avril 1941 et au partage du territoire entre Italiens et Allemands. Les chapitres II et III traitent plus particulièrement de la (sur)vie des populations : les génocides juif (« La Serbie devient, selon la terminologie nazie, ‘judenfrei’ ») et serbe (« Cela se fait avec une brutalité, un sadisme et une sauvagerie qui n’épargne personne »), la place des Eglises, l’attitude particulière des Italiens, la situation des civils et l’organisation des groupes collaborationnistes (« La majorité des musulmans accueille avec ferveur, si ce n’est enthousiasme, la dissolution de la Yougoslavie et la création d’une Croatie indépendante »). Les chapitres IV et V reviennent sur des questions plus militaires : les résistances royaliste et communiste et l’opposition entre elles (« Entre les deux mouvements une lutte implacable commence »), les combats du Monténégro en 1941, la collaboration des Tchetniks et les opérations contre les Titistes (et même des conversations secrètes entre Tito et les Allemands en mars 1943) ; mais aussi dans les relations complexes que les résistances intérieures entretiennent avec les Alliés (« Dans la capitale britannique, une bataille fait rage entre les différents services autour de la question tchetnik »), au cours desquelles les communistes parviendront même à "intoxiquer" Churchill. Le dernier chapitre enfin, dans le cadre de « La victoire des Alliés, 1944-1945 », est centré autour de l’action de Tito, de la défaite militaire allemande et de la question de Trieste. Au bilan, le « front yougoslave [fut] l’un des plus sanglants de la Seconde guerre mondiale et un enjeu politique majeur ».

Très solidement charpenté, parfaitement référencé, le volume se termine sur une belle bibliographie et dispose d’un très utile index. Un livre intéressant, complet, bien écrit et qui mérite de figurer dans votre bibliothèque.

 

Frédéric Le Moal a bien voulu nous apporter quelques précisions complémentaires.

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Question : A quoi attribuez-vous la brièveté de la campagne d'avril 1941 et comment caractériseriez-vous l'armée yougoslave à la veille de l'offensive allemande ?

Réponse : Une dizaine de jours ont en effet suffi à l'armée allemande pour écraser son adversaire yougoslave. Les raisons ? Il y a tout d'abord l'écrasante supériorité de la Wehrmacht qui a acquis, quoi qu'on en dise, une très grande expérience du Blitzkrieg depuis la campagne de Pologne. Elle fait face à une armée yougoslave de 750.000 hommes environ, soit 7 armées rassemblées en 3 Groupes d'armées. Outre le sous-équipement, cette armée yougoslave est minée par des divisions ethniques extrêmement fortes. Pour résumer, seuls les Serbes sont motivés pour défendre un pays qu'ils dominent. Ce qui n'est pas le cas des autres peuples du royaume. Ensuite, les différentes armées ont été réparties le long de 1.500 kilomètres de frontières, dans une posture défensive défavorable. Enfin, la violence de l'attaque allemande, secondée par les Italiens, plonge le pays et l'armée dans un chaos terrifiant, qui n'est pas sans rappeler celui connu par la France peu avant.

Question : Que penser de l'Etat croate, généralement qualifié de "fantôche" ? A-t-il réellement soulevé un espoir au début et la désaffection des populations a-t-elle été plus ou moins rapide ?

Réponse : Il faut bien insister sur une réalité : le mouvement oustachi ne représente pas la majorité de la population croate. Celle-ci est certes très attachée à l'indépendance de son pays et perçoit, avec raison, la Yougoslavie comme une Serbie agrandie et dominatrice. Toutefois, c'est le courant modéré incarné par Vlado Macek, chef du Parti paysan croate, qui domine la vie politique. Pavelic et ses Oustachis constituent une minorité activiste, soutenue par l'Italie. Ils ne parviennent à s'emparer du pouvoir qu'à la faveur de l'invasion et de l'éclatement du pays voulu par l'Axe. Très vite, le soutien qu'apporte une population majoritairement catholique, ainsi que l'Eglise, s'étiole, face aux méthodes de gouvernement d'une violence inouïe des Oustachis. Etat fantôche certes, qui a essayé de sortir de l'étreinte italienne en se rapprochant des nazis et en jouant des rivalités entre Rome et Berlin pour dominer les Balkans.

YOUGO 1

Question : Au regard de la diversité des évaluations, qui semblent parfois très approximatives ou empreintes de considérations idéologiques, quel peut être selon vous, au terme de cette étude, le chiffre "approchant" des victimes civiles yougoslaves (Serbes, Croates, autres) de la guerre ?

Réponse : Il est en effet très difficile d'avoir des chiffres précis, et je m'avancerais avec d'infinies précautions car, comme vous le dites, les préoccupations idéologiques polluent, dès l'époque, le chiffrage des victimes. Il faut tout d'abord rappeler que l'espace yougoslave a été le théâtre de massacres de très grande ampleur. Deux génocides y ont été perpétrés, celui contre les Serbes (par les Oustachis) et celui contre les Juifs (par les Allemands, secondés par les Oustachis et dans une moindre mesure par des Serbes et des Musulmans). Pour le premier, le nombre de victimes varie entre 300 et 700.000 selon les estimations, les Serbes privilégiant le second chiffre. Quant aux Juifs, le bilan est effrayant. La communauté juive de Serbie est véritablement éradiquée (15.000 morts environ) comme celle de Bosnie-Herzégovine (10.000). La communauté de Croatie, malgré la protection des Italiens jusqu'en 1943, connaît un sort tout aussi terrible (26.000 morts). Seuls un peu plus de 12.500 Juifs survivent en Yougoslavie. Il faut y ajouter l'élimination des Tsiganes, les luttes interethniques et la guerre civile entre royalistes et communistes. Un bilan total de 1.700.000 morts entre 1941 et 1945 pour l'espace yougoslave. Un chiffre parlant ...

Question : La multiplication des massacres que nous venons d'évoquer a-t-elle eu des échos selon vous jusque dans les événements des années 1990 ?

Réponse : Oui, bien sûr. Les comptes ne sont jamais apurés dans les Balkans. Les horreurs commises par tous les camps en présence et la guerre civile sans pitié entre communistes et Tchetniks ont laissé des traces durables, des blessures jamais cicatrisées, des haines jamais apaisées. Elles se sont d'ailleurs ajoutées aux contentieux plus anciens, ceux de l'invasion turque, ceux de la Grande Guerre, etc. On se souvient que dans les années 90, les termes de Tchetniks et d'Oustachis sont ressortis des "oubliettes de l'histoire" et ont constitué d'efficaces anathèmes pour diaboliser l'adversaire. Il n'y a jamais eu de "nation" yougoslave et la Yougoslavie est restée un Etat artificiel, dont la survie dépendait de la stabilité de l'ordre international dans lequel il évoluait.

 

Frédéric Le Moal, encore bravo. Merci très vivement et à bientôt.

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 08:20

Missions secrètes derrière le rideau de fer pendant la guerre froide

Les missions françaises à Berlin

général (2S) Magnificat

METIS

La prochaine conférence du cycle 2011/2012 du groupe METIS du Centre d'histoire de Sciences Po. se tiendra sur ce thème passionnant le 21 mai 2012. Une séance à ne pas rater !

Attention, changement d'adresse par rapport aux autres conférences :

elle aura lieu salle 11, 1er étage, 25 rue Saint Guillaume, 75007 Paris

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 08:10

 

Souvenirs de Verdun

 

Sur les deux rives de la Meuse avec le 164e RI

Eugène Carrias

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Le nom d'Eugène Carrias n'est pas inconnu : les amateurs d’histoire et de stratégie militaire le connaissent pour ses ouvrages publiés entre 1932 (Comprendre) et 1960 (La pensée militaire française), mais la plupart ignorait sans doute qu’il avait tenu un Journal, de son arrivée au 164e RI dans la région de Verdun en janvier 1915 à sa grave blessure dans le même secteur le 23 février 1916, au surlendemain de l’attaque allemande. A partir de ce texte original, son fils, puis son petit-fils, ont pu préparer une édition de ces Souvenirs de Verdun, intéressante à plus d’un titre.

Replaçons l’ouvrage dans son contexte général : bachelier en août 1914 et inscrit en préparation à Saint-Cyr à Nimes, Eugène Carrias s’engage aussitôt et rejoint son régiment en janvier 1915 comme sous-lieutenant. Ces souvenirs sont donc ceux d’un jeune homme de 20-21 ans, instruit, décidé à faire une carrière militaire et issu de la petite bourgeoisie provençale et bas-alpine. Les cahiers, dont l’essentiel est ici publié, concernent une période de quatorze mois sur le front stabilisé de la région de Verdun et retracent le vécu quotidien d’un chef de section qui partage à la fois les bonheurs et malheurs de ses hommes et les certitudes ou les doutes de ses chefs immédiats.

 

Il se confirme immédiatement que les périodes d’intense activité militaire sont entrecoupées de séquences parfois longues de repos relatif. Le travail aux tranchées lorsqu’on est « en secteur », les préoccupations immédiates de la vie quotidienne (dormir, manger, se laver, écrire son courrier, se détendre) et les nécessités ou contraintes au jour le jour du commandement de contact occupent donc quantitativement une place importante dans ce récit : « Les uns rient et chantent ; quelques-uns, peu nombreux, tremblent et pleurent ; d’autres enfin souffrent et meurent. Les épisodes amusants ou comiques, les drames douloureux ou poignants s’entremêlent au hasard et c’est là toute la vie dans les tranchées ».

Quelques séquences rapportent les offensives et contre-offensives locales, conduites en 1915 dans cette région très disputée, comme la manœuvre de diversion du 28 février. Si « le capitaine me recommande d’être prudent et de m’arrêter dès que j’entendrais siffler les balles », à la fin de la journée néanmoins « de nouvelles croix de bois vont s’aligner dans le cimetière militaire de Bras », à la suite de l’un « de ces combats obscurs mentionnés au communiqué de quelques phrases laconiques ».Les noms des villages et des lieux que l’on retrouvera un an plus tard lors de la grande offensive allemande se succèdent : Esne, Moulainville, Charny, Chattencourt, Béthincourt, Mort-Homme, Forges, Thierville, les Jumelles d’Ornes, etc., et pourtant, parfois, « on pourrait croire qu’un coup de baguette magique nous a transporté dans une garnison de l’intérieur ». Le régime des armées en campagne s’applique toutefois avec toute sa rigueur du temps de guerre, comme lorsque Carrias est désigné pour accompagner au peloton d’exécution un soldat de la compagnie, accusé d’avoir refusé de porter un ordre en première ligne (pp. 120-121). C’est aussi le temps des « rumeurs », transmises par les réseaux indirects de ceux (simples cuisiniers, vaguemestres ou officiers de liaison) qui font l’aller-retour entre le régiment et l’état-major et dont l’auteur se fait régulièrement l’écho, qu’elles annoncent une prochaine offensive ou la relève attendue. Dans ce « train-train » quotidien de la guerre, « mon bonheur est fait de satisfactions matérielles et terre à terre : dormir dans un lit, porter du linge propre, me laver sans économiser l’eau, manger dans une salle chauffée et éclairée », tout en sachant que le prochain assaut peut être pour la nuit suivante : « Avec un gros soupir plein d’amertume je conclus : ‘Eh bien ! Nous attaquerons les Jumelles si l’ordre en est donné’ ».

Les derniers chapitres (pp. 152-208) sont consacrés aux premiers jours de la bataille de Verdun de février 1916 dans le secteur du bois d’Herbebois puis, après la blessure de Carrias qui provoquera son amputation de l’avant-bras, à son évacuation vers l’arrière dans le système complexe mais rodé des organismes du Service de santé. Au préalable, l’auteur note dans les jours qui précèdent que « les mauvaises nouvelles nous arrivent de tous côtés : cyclistes, agents de liaison, vaguemestres, blessés guéris rentrant de convalescence racontent tous, dans des récits vagues mais concordants, que les Allemands se préparent à attaquer Verdun ». Pendant ce temps, « les hommes travaillent sans arrêt. Nous sommes submergés sous une véritable avalanche de matériel ; après une disette complète, nous recevons plus de rondins que nous n’en demandons. C’est là, dit-on, la conséquence d’une visite du général de Castelnau dans le secteur ».

La conclusion est brève. Carrias ne cache pas « les défaillances momentanées » et « les lâchetés isolées », mais il souligne « la ténacité plus âpre » de "ses" poilus, de laquelle « est née quelque chose de grand dont le souvenir ne doit pas être oublié » : « Cela nous l’avons accepté pour rester nous-mêmes ».

Au bilan, un récit qui sait faire la part de tous les facteurs dans une réalité évolutive. Un témoignage qui nous place au cœur des tranchées avec les responsabilités et les pensées d’un chef de section. Un témoignage particulièrement riche.

 

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 08:00

  Une longue saison de douleur et de mort

L'affaire Aldo Moro

Philippe Foro

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Enlevé le 16 mars 1978, Aldo Moro, président emblématique de la Démocratie chrétienne italienne, est retrouvé mort dans le coffre d’une voiture quelques semaines plus tard, après avoir été séquestré par un « commando » des Brigades rouges. L’annonce de son assassinat marque à l’époque profondément les esprits et entraîne de multiples questions. Cet ouvrage, qui se dévore littéralement, presque comme un roman policier, présente de grandes qualités et suscite plusieurs réserves.

Philippe Foro consacre judicieusement les premiers chapitres de son livre (« Les années de plomb » et « Une figure de la démocratie italienne ») à brosser le tableau de la situation du pays à cette époque, en prenant en compte les évolutions connues depuis une dizaine d’années. Les troisième et quatrième chapitres (« Le drame de la via Montalcini » et « Les politiques dans la tourmente ») s’intéressent avec des mots justes aux conditions de détention d’Aldo Moro et, durant la même période, aux pressions politiques et au drame vécu par la famille de l’otage. Jusque là, l’étude paraît plus que convaincante.

Les deux derniers chapitres par contre se hasardent sur des chemins difficiles (« Une ténébreuse affaire » et « Qui avait intérêt à la disparition d’Aldo Moro ? »), mais il faut bien un jour se résoudre à les emprunter… Le dossier est en effet particulièrement complexe, sur fond d’hostilité Est-Ouest et de crainte de l’accession au pouvoir de ministres communistes, dans le cadre de la contamination progressive de toutes les grandes administrations par des réseaux mafieux et/ou P2, alors que les services de renseignement sont totalement désorganisés par une profonde réforme et que les extrémistes des deux bords n’hésitent plus à envisager le recours aux armes et à la violence. Or, pour espérer d’identifier les responsables d’un tel assassinat (non seulement les auteurs directs mais aussi leurs inspirateurs), l’auteur ne dispose que de sources indirectes, orales, tardives, contestées. C'est un peu l'histoire de l'homme qui a vu l'homme qui avait croisé le témoin, hélas aujourd'hui décédé.... Le conditionnel est systématiquement de rigueur, les « occasions perdues » succèdent aux « mises en scène étranges », aux « interprétations » et aux « polémiques ». Philippe Foro envisage toutes les « pistes » éventuelles : le réseau Gladio (mais « les brigadistes n’y ont vu que du feu »), les mafias (hypothèses « hasardeuse et insuffisamment étayée »), les services secrets italiens (« Le problème, comme bien souvent en pareil cas, est le manque de preuves »), russes (« Il semble difficile de considérer les services soviétiques comme un acteur majeur de l’affaire »), israéliens (« manque de données objectives clairement établies »), ou américains (qui donnent « la prime à la raison d’Etat »), la loge P2 de Gelli (« Il s’agit d’une grande exagération »), etc. Mais la réalité n’est pas mieux cernée pour autant, car sur un dossier aussi récent, aussi politique, aussi sensible, on ne dispose (pour l’instant encore au moins) d’aucune archive.

Un livre « à double face » donc : une enquête semble-t-il minutieuse, une restitution particulièrement plausible des faits, mais la persistance des doutes et des interrogations quant aux origines et aux (éventuelles) manipulations. Mais aussi un livre rare (et donc utile) dans la production en français, comme le confirme la bibliographie finale presque exclusivement composée d’ouvrages en italien.

 

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 14:00

Histoire illustrée de la Lorraine

Pierre Brasme et Jean-Noël Rochut

Lorraine-enfant486.jpg

Voilà un livre illustré qui réveille bien des souvenirs et, comme la madeleine de Proust, nous transporte il y a bien de années en arrière. En une cinquantaine de doubles pages, alliant un texte (de Pierre Brasme) à la fois synthétique et clair, et de larges illustrations colorées (de Jean-Noël Rochut), le lecteur est pris par la main et accompagné du premier peuplement de la région -« Des chasseurs aux agriculteurs » et du « Temps des Celtes : les princes du fer »- aux bouleversements de la fin du XXe siècle -« L’expansion industrielle et la crise : euphorie, souffrance, espoirs ».

Toute l’histoire de la Lorraine est abordée : celle des Carolingiens, de la république messine, du duché de Lorraine, du roi Stanislas, des maréchaux de Napoléon, de la guerre de 1870 ou de la Grande Guerre.

Peu onéreux (12 euros), il constitue un très beau cadeau pour un enfant, auquel il laissera sans nul doute (à son tour) de bons souvenirs et qu’il contribuera peut-être à éveiller au goût pour (son) histoire.

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 08:20

Les colonies

Aspects juridiques et institutionnels

de la colonisation à l'époque contemporaine

colloque à Poitiers les 6 et 7 juin 2012

univ-poitiers.png

Organisé en particulier par l'Institut d'histoire du droit de l'université de Poitiers et le Réseau de recherche intedisciplinaire colonisations - décolonisations, ce colloque au programme particulièrement riche se tiendra en amphithéâtre Hardoin, faculté de droit et de sciences sociales, 43 place Charles de Gaulle, Poitiers.

De très nombreux aspects (dont le rôle des officiers comme administrateurs de territoires ultramarins) sont évoqués, couvrant les XIXe et XXe siècles, de l'Indochine française au Mozambique portugais, de la Cilicie à la Gold Coast. Le programme complet est téléchargeable ici.

Renseignements : karine.bouhier@univ-poitiers.fr

Inscription : http://ihd.labo.univ-poitiers.fr/sites/ihd.labo.univ-poitiers.fr/IMG/pdf/Bulletin_d_inscription.pdf

 

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 08:15

Campagne de Tunisie 1942-1943

Rommel vaincu en Afrique

Champs de bataille thématique n° 14

Champs-de-bataille-avril484.jpg

De la question initiale (« Comment en est-on arrivé à se battre en Tunisie ? ») à la dernière phase de la campagne (« La prise de Tunis par les Alliés »), ce numéro thématique balaye tous les évènements militaires qui se succèdent aux frontières, puis au cœur, de la Tunisie à partir de l’automne 1942. De nombreuses cartes de grande qualité, des profils de matériels, des mannequins en tenue et une abondante iconographie fournissent une indéniable plus-value à un texte de qualité, que quelques erreurs de détail (Rommel, officier subalterne, ne commande pas un régiment en août 1914) n’entachent pas sérieusement. L’analyse des batailles de Kasserine et de la ligne Mareth est correctement conduite et les lecteurs apprécieront ce panorama complet d’une campagne dont on a oublié qu’elle constitue, avec Stalingrad, l’échec le plus couteux de l’Axe à l’époque.

 

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Qui Suis-Je ?

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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