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25 février 2016 4 25 /02 /février /2016 06:05

Le cauchemar syrien

Ignace Dalle et Wladimir Glasman

Une véritable étude d'ensemble de la crise syrienne qui, pour une fois, va bien au-delà des constats journalistiques et de l'événementiel. Un livre certes engagé, mais qui aborde de front les différentes problématiques.

Alors que la guerre se poursuit depuis désormais cinq ans sans que l'on sente réellement émerger une solution, les deux auteurs nous proposent une analyse d'ensemble du conflit. Hostiles au régime Assad, dont ils condamnent les excès contre son propre peuple dès les premières pages, ils organisent leur propos en trois grandes parties. Dans la première, ils s'attachent à décrire l'évolution intérieure du pays, en remontant aux années antérieures à la guerre, en étudiant en particulier les questions relatives à la minorité alaouite, à l'armée syrienne, au parti Ba'ath et aux premiers temps de Bachar au pouvoir puis au début de la révolte contre le régime. Dans une seconde partie, ils s'intéressent aux acteurs internationaux, au premier rang desquels la Russie, allié historique, mais aussi les Etats-Unis et leur incompréhension du fond du problème, et bien sûr l'Europe et la France, à la fois hésitantes et aux positionnements (inutilement) tranchés. Ils soulignent l'insuffisance des moyens, l'impossibilité de fait d'être crédible, et les aléas d'une politique "à la traîne des Etats-Unis". La troisième enfin aborde l'ensemble des acteurs régionaux et les évolutions de leurs positions au fil du temps, qu'il s'agisse de l'Iran, de la Turquie, des monarchies pétrolières, mais aussi de ceux dont on parle beaucoup moins comme le Liban, la Jordanie et Israël. Dans ce jeu d'intérêts croisés, successivement et alternativement convergents puis divergents, chacun résonne d'abord (légitimement) en fonction de ses propres priorités nationales, mais contribuant ainsi à créer les conditions de nouvelles crises (Turquie / Russie ; Iran / Golfe). La conclusion laisse peu d'espoirs à court terme, même si elle envisage rapidement plusieurs hypothèses plus ou moins optimistes de règlement du conflit.

Un ouvrage indiscutablement important pour quiconque veut s'interroger aux problèmatiques de fond. A intégrer sans hésitation dans toute bibliographie de référence.

Fayard, Paris, 2016, 395 pages, 23 euros.

ISBN : 978-2-213-69901-1.

Guerre en Syrie
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22 novembre 2015 7 22 /11 /novembre /2015 07:00

 

Le Hamas et le monde

Leila Seurat

Curieusement, alors qu'il fait régulièrement la Une de l'actualité, le mouvement palestinien Hamas n'a pourtant fait l'objet que d'un nombre limité d'ouvrages en français, et plus encore ses relations internationales et sa diplomatie n'avaient jamais fait l'objet d'une étude d'ensemble. Ce déficit est désormais comblé.

Leila Seurat procède méthodiquement. Une solide introduction présente l'émergence du Hamas sur la scène moyen-orientale, son approche de l'islam, ses rapports avec les Frères musulmans et le (complexe) processus de prise de décision qui lui est propre puis expose les sources utilisées, y compris des entretiens et enquêtes de terrain. Quatre grandes parties détaillent ensuite l'ensemble du thème : "Les grandes orientations de la politique étrangère du Hamasdepuis 2006", "Les multiples objectifs de la politique étrangère du Hamas", "Place et rôle de l'idéologie" et "L'impact des processus de décision sur la politique étrangère du Hamas". De l'accord de La Mecque à la prise du pouvoir par un coup de foce dans la bande de Gaza, de trêves rompues en accords renégociés, le mouvement conserve sur son territoire un total contrôle. Avec le blocus exercé par Israël, s'impose la ncessité d'une prise en charge des relations internationales par la direction "extérieure" du mouvement, relations (très) limitées avec la plupart des Etats occidentaux et parfois conflictuelles avec certains pays arabes. L'auteure nous explique ainsi la difficile position adoptée à l'égard de la guerre civile syrienne, et les liens étroits avec le régime iranien. Toujours à la recherche d'une reconnaissance formelle, mais placé sur la liste des organisations terroristes, le Hamas trouve dans la confrérie des Frères musulmans un appui régulier (que les évolutions de la situation en Egypte compliquent singulièrement) et, pour maintenir des structures étatiques et administratives doit trouver à l'extérieur les financements que la pauvreté du territoire lui refuse (avec, au passage, ponctuellement, au nom d'intérêts bien compris, une tolérance d'Israël afin d'amoindrir la réputation du gouvernement du Fatah à Ramallah). Sur ce point, revendiquant la légitimité de ses attaques en réponse aux agressions et à l'occupation israélienne, le Hamas exacerbe son discours sur la "résistance" et cet aspect "nationaliste" plus que "religieux" de son idéologie lui vaut un certain nombre de soutiens plus ou moins officialisés ou reconnus. Finalement, l'éclatement des centres de décision entre l'intérieur et l'extérieur de la bande de Gaza favorise un processus interne de dialogues et de débats (qui n'apparaissent pas toujours à l'extérieur), dont naissent des décisions finalement moins radicales que l'on pourrait le croire. Leila Seurat détaille les multiples accords qui se sont succédés depuis une dizaine d'année et fait le constat qu'un rapprochement s'est opéré avec le Hezbollah. Finalement, cette politique étrangère se comprend et s'articule en fonction de deux critères : les rapports avec Israël d'une part et la survie de son pouvoir à Gaza d'autre part. 

Une description précise, une analyse froide : un livre qui apportera beaucoup à tous ceux qui s'intéressent à la question du Moyen-Orient en général et à la Palestine en particulier.

CNRS Editions, Paris, 2015, 344 pages, 25,- euros.

ISBN : 978-2-271-08645-7.

Palestine
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25 juillet 2015 6 25 /07 /juillet /2015 06:00

Taybeh

Dernier village chrétien de Palestine

Falk van Gaver et Kassam Maaddi

Un an de la vie du dernier village chrétien de Palestine, petite communauté d’un peu plus d’un millier d’âmes regroupée autour de ses églises. Une vie au rythme du calendrier liturgique et des saisons, là où le Christ lui-même aurait brièvement trouvé refuge « avant l’ultime Pâques ».

Lorsque les souffrances endurées par les Chrétiens d’Orient font ponctuellement la Une des grands médias, on nous parle de massacres et d’exil forcé. Ce petit livre, en se plaçant au raz du quotidien des villageois, nous présente certes les difficultés et les rigueurs de la vie, dans un environnement de plus en plus hostile, mais aussi les joies, les plaisirs, les souvenirs des habitants sur un cycle d’un an entre septembre et août. Les difficultés, mais aussi la foi profonde des ces authentiques palestiniens. Entre saint Elie et saint Georges, saints patrons du village, l’existence semble immuable : « Il y a trois Taybeh : le Taybeh là-bas au village, le Taybeh ici au cimetière, et le Taybeh là-haut au ciel. Tous viennent du village, tous finissent au cimetière, prions pour que tous aillent au ciel ! ». On produit de la bière (il y a même une Oktoberfest locale !) mais surtout de l’huile d’olives à Taybeh, et ces travaux servent de supports pour nous présenter la vie quotidienne aux premiers chapitres, avant que n’arrive la période de Noël, au cours de laquelle les scouts animent la grande procession avec leurs cornemuses, étonnantes dans cette région (quoi que l'on en retrouve également dans la Garde jordanienne, héritière de l'Arab Legion). Le long mois de janvier est propice aux histoires anciennes, tradition orale entretenue par les plus âgés, qui ancrent le village dans une histoire millénaire et mouvementée, jusqu’aux épisodes les plus récents : « En ce qui ne s’oppose pas avec notre saint évangile, qui est notre constitution…En 1988, alors que la première Intifada bat son plein, les habitants de Taybeh sont en situation d’autonomie de fait sous l’occupation militaire israélienne. Afin de gérer la vie publique du village, la communauté taybaouie édicte un code qui est en quelque sorte la constitution autonome de la commune : le code d’honneur de Taybeh ». Février, mars, avril… Les mois s’écoulent toujours rythmés par les travaux agricoles et la tradition religieuse, avec un Christ reconnu (de façon bien sûr différente de celle de la religion chrétienne) par l’Islam traditionnel : « C’est un enfant du pays, il est de Nazareth, en Galilée. Et puis, sa mission est très simple, c’est une mission de paix et de justice. Avec ses paraboles, il parle comme un poète. Le Christ est un état poétique à lui tout seul ». Et l’agression peut venir aussi bien d’un intégriste musulman que d’un traditionnaliste juif. Parler de « village chrétien » ne doit pas faire oublier la diversité des Eglises : pas moins de trois rites sont officiellement représentés, catholique, grec orthodoxe et melkite, contribuant à la complexité de cet Orient qui nous étonne toujours et auquel les auteurs consacrent de longues pages : « Il faut savoir qu’ici les grecs orthodoxes sont appelés ‘Roum Orthodox’, c'est-à-dire littéralement ‘orthodoxes romains’, ou simplement ‘Roum’, « Romains’ ; les grecs catholiques melkites sont appelés ‘Roum Katholik’, ‘catholiques romains’ ou simplement ‘Katholik’, ‘catholiques’ ; et enfin les catholiques romains sont appelés ‘Latin’, ‘latins’… Bref, ici, tout le monde est romain ! ». Avec le retour des beaux jours, « fleurissent les grenadiers et les roses trémières » sur cette terre aride mais paradoxalement riche d’une grande diversité de fleurs, d’herbes aromatiques, d’arbres nourriciers, avec de nouveaux témoignages d’habitants sur le quotidien de chacun pendant les mois de juin et de juillet, cette recommandation pressante aux plus jeunes : « Ceux qui reviennent d’Amérique ne sont pas intéressés par le village et ils vendent leurs terres, mais il ne faut pas que les gens de Taybeh le fassent : Aimez votre village ! Protégez-le ! Ne le vendez pas ! ». Et cet modeste espoir : « Ce que je souhaite aujourd’hui, c’est que la tranquillité et la joie d’avant reviennent. Même si c’est avec la pauvreté, ce n’est pas grave ! ».

Pas de discours militant ici, mais le sobre récit de tranches de vie, d’expériences passées et actuelles, de moments de joie et de peine. Qui n’en font que faire ressentir avec plus de peine encore les grandes évolutions de la « haute politique ».

Editions du Rocher, Monaco, 2015. 17,90 euros.

ISBN : 978-2-26807-642-3.

Chrétiens d'Orient
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12 mai 2015 2 12 /05 /mai /2015 06:00

Comprendre le génocide des Arméniens

1915 à nos jours

Hamit Bozarslan, Vincent Duclert, Raymond H. Kévorkian

En cette année du centenaire du génocide des Arméniens, les livres se succèdent sur ce triste épisode, désormais bien connu dans sa chronologie. Affirmer, comme la 4e de couverture, qu'il "souffre d'une méconnaissance publique qui découle d'un long oubli de l'événement" est relativement abusif, en particulier en France où une importante communauté arménienne a trouvé refuge à l'époque et régulièrement évoqué le drame, et où depuis une quarantaine d'années le sujet a été abondamment traité dans la littérature.

L'ouvrage se divise en trois grandes parties complémentaires. La première s'intéresse aux faits ("La destruction des Arméniens ottomans"), des exactions de la fin du XIXe siècle aux massacres systématiques perpétrés en 1915-1916. La seconde ("Les fondements idéologiques, politiques et organisationnels de la destruction") s'interroge sur les fondements de cette volonté meurtrière dans le contexte particulier de la Grande Guerre (accusations de trahison portée contre les Arméniens catholiques), décrit l'organisation unioniste, présente les hommes concernés et s'attarde sur l'attitude ultérieure de la Turquie républicaine, jusqu'à la position officielle récente "d'oubli réciproque", adoptée au début des années 2000. La troisième et dernière parti enfin, sous le titre "Le  génocide des Arméniens, une histoire mondiale", replace les massacres dans un contexte essentiellement européen, de la condamnation formelle dès le printemps 1915, à l'abandon au bénéfice d'une alliance avec la nouvelle Turquie kémaliste après la Première Guerre mondiale. Au fil des pages, les citations sont multipliées et la démonstration de la volonté génocidaire est faite sans ambigüité

Le livre, fortement documenté (mais, une fois de plus, la question est bien connue depuis longtemps et les premiers témoignages indiscutables ont été publiés dès la guerre elle-même), adope aussi un ton engagé, phrases courtes, affirmations rapides, raccourcis parfois (concernant la Légion arménienne visiblement surévaluée, ou le rôle des Français en Cilicie entre 1919 et 1922, les affirmations sont même souvent approximatives). La dérive terroriste arménienne des années 1970-1980 est évoquée sans être explicitement condamnée semble-t-il, et le livre se termine sur la  description de la succession de batailles juridiques ces dernières années,visant à obtenir une loi permettant de condamner le négationnisme. Autant le récit complet des événements eux-mêmes est important et contribue à renforcer la connaissance générale sur le sujet, autant les derniers éléments évoqués introduisent une sorte de gêne : l'historien et le militant font rarement bon ménage. La mémoire est un objet d'histoire, il est plus délicat qu'elle en devienne le fondement et le moteur.

Au bilan, une très bonne synthèse sur les événements et la réalité du génocide, et une certaine réserve sur quelques observations et commentaires plus actuels.

Tallandier, Paris, 2015, 492 pages. 21,50 euros.

ISBN : 979-10-210-0675-1.

Génocide arménien
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4 mai 2015 1 04 /05 /mai /2015 06:00

Journal de la campagne du Sinaï

Moshe Dayan

Excellente idée que de remettre à la disposition des lecteurs cet ouvrage de souvenirs personnels de celui qui était chef d'état-major de l'armée israélienne lors de la guerre israélo-arabe.

Le livre s'ouvre sur une préface de Pierre Razoux, qui retrace la carrière de Moshe Dayan, décrit sa personnalité parfois entière ou complexe et rappelle le contexte d'ensemble. Moshe Dayan commence par raconter les événements qui précèdent le début de la guerre, ses nombreuses relations avec la France et le soutien que Paris apporte à l'Etat hébreu. Face à la multiplication des attaques menées contre le territoire d'Israël, un nouveau conflit (en particulier contre l'Egypte) semble inévitable, en dépit du manque de matériels et d'équipements de Tsahal. Les premières pages nous éclairent aussi sur le style de commandement de Moshe Dayan et le type d'opérations de représailles qu'il ordonne contre les Etats voisins. La préparation de l'offensive contre le Sinaï occupe l'essentiel de son temps au cours des semaines qui précèdent (technique, logistique, réserves, emploi des grandes unités, planification, affectations sur des postes-clefs, etc.), sans pour autant ralentir le rythme des opérations locales de représailles (contre la Jordanie également). Le 25 octobre 1956, la décision est confirmée au niveau gouvernemental : "Nos forces entrerons en action le 29 octobre et devront achever la conquête de la péninsule du Sinaï en sept à dix jours. La décision de lancer la campagne aussi bien que le plan prévu se fondent sur le postulat que les forces britanniques et françaises sont sur le point d'intervenir en Egypte". L'offensive franco-britannique sur Suez va être "utilisée" par Israël, mais sans se lier aux Occidentaux et à des objectifs propres. Les matériels livrés par les Français arrivent jusqu'aux derniers moments et permettent de lancer l'action dans la nuit du 29 au 30. Le récit de la campagne à proprement parler commence ainsi au chapitre 5 et, même si Moshe Dayan tient un discours bien évidemment favorable à Tsahal, il ne cache pas un certain nombre de difficultés, d'oppositions internes entre dirigeants israéliens, de cynisme quant à l'analyse des rapports avec la France et la Grande-Bretagne. Il décrit également les opérations aériennes et navales, mais reste particulièrement discret sur les contributions françaises (avions basés à Chypre et repeints aux couleurs israéliennes dans la nuit par exemple, relations avec la Marine nationale également). Il souligne en particulier les problèmes de liaisons entre les unités israéliennes et n'hésite pas à reconnaître le manque de formation de certaines formations (combats d'Umm Shihan, tirs fratricides du côté de Rafah, etc.) tout en commentant la doctrine d'emploi des unités égyptiennes (trop défensive). Outre le Sinaï, il décrit également les opérations contre Gaza (administré par les Egyptiens) et les longues discussions avec les Français et les Britanniques, qui ne sont pas d'accord entre eux sur le déclenchement et le rythme de l'opération Mousquetaire contre le canal de Suez. Quelques lignes sur les milliers de prisonniers égyptiens, dont Israël ne sait pas trop quoi faire ("Heureusement, à cette période de l'année, ils peuvent rester en plein air"), puis vient la phase du dialogue avec l'ONU et de la suspension des opérations actives..., une fois que les objectifs politico-militaires ont été atteints.

Un livre qui tient bien sûren partie de la justification pro domo, mais qui passionnera sans aucun doute ceux qui s'intéressent aux guerres israélo-arabes, aux opérations blindées et parachutistes, ou aux combats dans le désert. Une lecture très intéressante.  

Nouveau Monde éditions, Paris, 2015, 288 pages, 22,- euros.
ISBN : 978-2-36942-174-0.

Guerre de 1956
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24 mars 2015 2 24 /03 /mars /2015 06:00

L'Etat islamique

Anatomie du nouveau Califat

Olivier Hanne et Thomas Flichy de la Neuville

Les deux auteurs figurent désormais par les plus réactifs sur les grands sujets d'actualité, stratégiques et de sécurité. Ils s'intéressent aujourd'hui au Moyen-Orient du Califat islamique en proposant un petit ouvrage en trois grandes parties : l'historique de l'Etat islamique tout d'abord, les caractéristiques si particulières de ce "proto-Etat" ensuite, et les conséquences de son émergence sur la scène régionale, sur fond d'enjeux pétroliers.

Les deux auteurs apportent beaucoup de précisions sur les événements de ces deux dernières années (en particulier en utilisant largement les articles de la presse grand public, ce qui pourrait se révéler un piège), et de ce point de vue le livre constitue une synthèse utile. Ils traitent également longuement de la question du califat dans le monde musulman, et les pages qu'ils y consacrent n'ont pas toutes la même pertinence. Si la référence historique à l'ancienne splendeur du califat disparu est bien sûr importante, la place qui lui donne les auteurs ne parvient pas totalement à convaincre. De même, l'analyse de l'opposition entre l'Etat islamique et le groupe al-Nosra repose sur un certain nombre de constats avérés et les auteurs développent de nombreuses pistes de réflexion sur l'Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie ou l'Iran, mais laissent dubitatif sur certaines conclusions ultimes ("Scénarios envisageables d'ici 2020"), même si les auteurs prennent soin de ne pas trancher entre les différentes hypothèses.

Un livre indicutablement utile à courte échéance, en particulier car il permet d'aborder des domaines très différents (culturel, religieux, historique, social, politique, économique, financier, diplomatique, etc.), mais avec le défaut propre aux publications rapides : il faudra sans doute bientôt le croiser avec d'autres études reposant sur des sources plus complètes.

Bernard Giovanangeli éditeur, Paris, 2015, 191 pages, 15 euros..

ISBN : 978-2-7587-0129-3.

Califat islamique
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22 mars 2015 7 22 /03 /mars /2015 06:00

L'aigle égyptien

Nasser

Gilbert Sinoué

"Campagne de Suez" ? "Nationalisme arabe" ? Voici sans doute les premières réponses au simple énoncé du nom du Raïs égyptien. Au-delà ? Bien peu de choses il faut bien le reconnaître pour la plupart de nos concitoyens.

C'est dire si cette biographie est la bienvenue, d'autant plus que l'Egypte reste, depuis de longues années, un Etat à la fois puissance régionale d'équilibre et fragilisé par les mouvements islamistes. Un bémol, en quatrième de couverture Gilbert Sinoué se présente comme "historien et romancier", ce qui suscite un doute initial. La première partie de la vie du Raïs, moins connue, nous a semblé la plus passionnante, elle est décrite dans les douze premiers chapitres. La jeunesse de Nasser a été marquée par la séparation d'avec sa famille pour sa scolarité, par la mort précoce de sa mère, par les manifestations pour l'indépendance qu'il organise en 1935, mais aussi sa difficile intégration à l'académie militaire. Comme jeune officier, il reste marqué par l'influence (qu'il conteste) des Britanniques et la piètre motivation de la plupart des officiers égyptiens, noue de nouvelles amitiés (dont celle avec Sadate), séjourne longuement au Soudan tandis que la Seconde guerre mondiale suscite un large mouvement en faveur des puissances de l'Axe dans le pays. Autour des pages 80-90, Gilbert Sinoué raconte d'ailleurs l'épisode de la destitution manquée du roi Farouk par les Britanniques en 1942, et c'est aussi à cette époque que des relations se nouent avec les Frères musulmans (relations qui devienront rapidement conflictuelles), que Nasser s'investit dans l'instruction de ses cadets en tant que cadre à l'académie militaire et que sa voie se sépare de celle de Sadate qui voudrait lancer une insurrection immédiate, tandis que Gamal organise méthodiquement un mouvement aussi large que possible. Tandis que ce mouvement des Officiers libres (qui est aussi un groupe de vrais camarades issus d'un milieu plutôt populaire) prend peu à peu davantage d'importance, l'immédiat après Deuxième guerre mondiale est marqué par la première guerre israélo-arabe. Entre désarroi et indignation, il connaît la défaite de son pays tout en ayant sauvé son bataillon encerclé dans Faluja. Un moment compromis aux yeux des autorités égyptiennes et accusé de collusion avec les Frères musulmans, il prend contact avec le général Naguib tandis que les scandales se multiplient autour du roi d'Egypte et du gouvernement et que l'hostilité aux Britanniques se cristallise, en particulier sur la question du canal de Suez. La situation dégénère, les incidents de plus en plus violents se multiplient, la tension en cesse d'augmenter jusqu'au coup d'Etat de juillet 1952, décrit en détail. Lieutenant-colonel de 34 ans, Nasser influence discrètement le nouveau gouvernement et prône encore une voie démocratique à la "révolution". Ce n'est qu'en juin 1953  qu'il devient vice-président du Conseil et prend en charge le précieux ministère de l'Intérieur. En février 1954, après avoir interdit la confrérie des Frères musulmans, il pousse (difficilement) le vieux général Naguib hors du pouvoir et devient président du Conseil. Les quelques 140 dernières pages racontent donc la vie et l'action de Nasser comme chef d'Etat incontesté, de plus en plus dictatorial, qui cherche auprès des Soviétiques le soutien que les Etats-Unis lui marchandent, qui nationalise le canal de Suez, connaît plusieurs défaites militaires dont celles de 1956 et de 1967, se lance dans une politique de construction pharaonique (sans jeu de mot) avec le barrage d'Assouan, se rêve en unificateur du monde arabe, décide une longue intervention au Yémen, exerce finalement une influence très réelle sur ses voisins (scènes lors de l'ultime négociation entre Arfat et le roi de Jordanie) mais aussi sur les masses arabes, etc. Ces épisodes sont mieux connus et peuvent aisément être retrouvés dans la presse de l'époque. Le 1er octobre 1970, plusieurs millions de personnes suivent ses funérailles et d'immenses manifestations se déroulent dans tous les pays arabes. "L'époque post-nassérienne commence". Et l'auteur note : "Dans un univers politique dominé par la corruption, il fut d'une intégrité exemplaire. Ni lui ni les siens ne se sont enrichis au cours de ses quatorze années de présidence. On ne pourra pas en dire autant de ses successeurs".

Le livre est, dans sa quasi-totalité, très favorable à son héros. Les points noirs et les faiblesses du régime ne sont que rapidement cités et aussitôt excusés. Mais il apporte indiscutablement dans la littérature française récente une réelle plus-value à notre connaissance du pays et de sa région au milieu du XXe siècle.

Tallandier, Paris, 2015, 411 pages. 21,90 euros.

ISBN : 979-10-210-0853-3.

Raïs
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8 mars 2015 7 08 /03 /mars /2015 06:00

Jihad Academy

Nos erreurs face à l'Etat islamique

Nicolas Hénin

Il est certes d'autant plus difficile de prendre de la distance par rapport à l'actualité que celle-ci est importante et dramatique. Nous avons donc vu arriver avec une certaine réticence ces dernières semaines dans les devantures des librairies une série d'ouvrages sur le thème du radicalisme islamique et de la guerre contre le terrorisme. Pourtant, l'actualité s'impose aussi, et il était délicat de ne pas traiter ce sujet alors que les effectifs terrestres, navals et aériens occidentaux mais aussi arabes ne cessent d'augmenter autour des territoires contrôlés par l'Etat islamique. Le livre de Nicolas Hénin, journaliste reconnu, spécialiste de cette région où il a longtemps séjourné, lui-même ancien otage, méritait donc une attention particulière.

L'auteur commence par affirmer que le régime syrien des Assad n'avait qu'une laïcité de discours, instrumentalisée, mais qu'il était en fait basé sur le communautarisme, puis il manie ce qui semble être une forme de paradoxe en expliquant que "le régime syrien a engendré l'Etat islamique, il ne le combat pas", rappelant en particulier ses liens avec différentes organisations islamiques régionales et les étonnantes libérations d'extrémistes religieux survenues en 2011 : "Dans le pire des cas, le jour où la Syrie sera sur le point de s'effondrer, il sera toujours possible de défendre à la face du monde la théorie du moindre mal, qui voudrait que le régime soit moins grave que l'Etat islamique. Les Assad ont toujours manipulé le 'moi ou le chaos' avec une grande force de persuasion. L'épouvantail est d'une efficacité redoutable". Il note ainsi que chercher à renouer les liens avec le régime syrien serait totalement contre-productif. Le chapitre 3 s'intéresse aux questions financières, essentielles, à travers la mise en coupe réglée du pays avec les privatisations des débuts de l'ère Bachar ("La 'maison des Assad' mua rapidement en Assad. inc."), qui aggravent les fractures sociales et la misère des campagnes. Il en résulte le développement des seigneurs locaux de la guerre, la prise de gages territoriaux, les combats pour contrôler des postes frontières qui autorisent tous les trafics ou des champs pétrolifères qui génèrent d'énormes revenus illicites. Le chapitre 4, tout en décrivant les années de radicalisation à partir de 2010-2011 et en insistant sur quelques groupes plus importants, revient sur les hésitations occidentales ("Chaque fois, on a pris peur. Trop compliqué. Trops risqué. Trop d'acteurs incontrôlables. Un régime encore trop fort. Et au final un coup d'intervention trop élevé par rapport à un bénéfice politique négligeable"), qui ont selon l'auteur entretenues et avivées la crise : "Dans leur malheur, les Syriens, abandonnés de tous, s'en sont remis de plus en plus à Dieu". Il en déduit que "les populations locales sont les premières victimes", et tente d'établir un bilan des victimes sans se laisser entraîner par l'émotion ("Avec l'Etat islamique, l'indignation est d'autant plus facile que l'organisation met en scène ses crimes") : le régime syrien tue des centaines de fois plus que l'organisation radicale, mais il tue "simplement" son propre peuple. Après avoir lié les dossiers syrien et irakien (retour sur l'intervention américaine dans ce pays : "le départ des troupes aura été à l'image de l'invasion et de l'occupation : bâclé"), Nicolas Hénin s'attache dans le chapitre 7 à décrypter "L'arnaque de Kobané" : "La défense des minorités est un piège ... La mobilisation pour les minorités, Kurdes, yézidis ou chrétiens, est une forme de communautarisme et favorise le sectarisme", d'autant que le parti kurde concerné n'a pas eu une attitude très claire à l'égard du pouvoir syrien et n'a aucun fonctionnement démocratique, sans oublier les responsabilités particulières de l'Iran et de la Turquie. On est peut être moins convaincu quand il relativise la présence chrétienne en Syrie et semble amoindrir les crimes des djihadistes.Enfin, les derniers chapitres sont consacrés à expliquer pourquoi autant de volontaires venus de tous les pays s'engagent aux côtés des islamistes, à évaluer la présence iranienne dans le conflit, à prendre en compte les effets pervers des frappes occidentales qui ne touchent jamais l'armée et les installations du régime, et de conclure sur la nécessité de "retrouver la confiance des populations. La priorité doit être la protection des civils. Penser local. Ne pas oublier l'économie. Réformer la gouvernance", citant ici David Galula et proposant quelques pistes pour une intervention plus équilibrée et plus active à la fois. Le débat est ici lancé et certaines propositions susciteront nécessairement de vives controverses (inventer une sorte de "djihad légal pour éviter que des Flavien, des Sébastien, ne se retrouvent entre les griffes des terroristes", "un engagement humanitaire, social" ?). Et cette conclusion : "On ne parviendra pas à réduire la menace djihadiste sans éteindre l'incendie qui l'alimente"...

Un livre motivé, engagé, qui tranche souvent avec le discours commun (au sens de "vulgaire") des grands médias institutionnels et privés, qui apporte beaucoup d'éléments d'information et de références (articles et déclarations récentes, entretiens, témoignages, etc.). Un élément important, au moins pour l'instant, pour comprendre le fond de la crise.

Fayard, Paris, 2015, 253 pages, 19 euros.
ISBN : 978-2-213-68656-1.

Daech
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3 mars 2015 2 03 /03 /mars /2015 06:00

Jocelyne Khoueiry

L'indomptable

Nathalie Duplan et Valérie Raulin

Réédition d'un ouvrage paru pour la première fois en 2005 mais aujourd'hui épuisé, qui raconte le parcours, l'engagement sans réserve, d'une jeune Libanaise chrétienne pour défendre son pays, d'abord les armes à la main.

Le livre commence par le récit rapide de cette soirée de mai 1976 durant laquelle Jocelyne Khoueiry accède à la notoriété dans le camp chrétien pour avoir défendu avec une poignée de jeunes femmes (et jeunes filles) l'accès au quartier chrétien de Beyrouth contre plusieurs centaines (?) de membres des milices islamo-palestiniennes. La guerre civile a commencé depuis un an dans un Liban où le "Fathaland" est devenu plus puissant que l'Etat et où les chrétiens sont de plus en plus menacés. Celle qui, à 15 ans, a entrainé ses camarades du lycée pour manifester leur tristesse dans la rue à l'annonce de la mort du général de Gaulle, née et élevée dans une famille où "la politique -alors coupée de considérations religieuses- occupe une place immportante", va partager son temps entre l'université et la préparation militaire (contre l'avis de ses parents) dans les mois qui précèdent le début de la guerre civile. Dès le premier soir, le 13 avril 1975, elle est l'arme à la main, le lendemain sur la première barricade. D'abord engagée dans la lutte au nom de l'indépendance libanaise, elle retrouve la religion de ses parents et ancre sa volonté de résister dans sa foi. Elle prend du galon, dirige des centaines de jeunes femmes, commande mieux que bien des hommes, dans la neige ou sous le soleil, sur tous les "fronts" de la guerre civile, contre les Palestiniens, les milices "progressistes" et même les Syriens, en particulier autour de Zahleh. Avec quelques amies, elle organise une véritable "force féminine" intégrée au mouvement chrétien et dont elle protège les membres. Au passage, quelques lignes bienvenues (pp. 150) pour rappeler l'importance des mots et les connotations péjoratives associées dans la grande presse française au combat des Kataëb. En 1982, elle accepte sans l'approuver l'intervention israélienne dans le conflit, mais à la fin de l'été l'assassinat de Bachir Gémayel puis le drame des camps de Sabra et Chatila relancent le processus de violence. Tout en poursuivant son combat pour le Liban, elle accorde une place de plus en plus importante à sa foi : c'est l'époque du conflit contre les Druzes et de la perte de la Montagne libanaise. Puis vient le temps de la discorde dans le camp chrétien, son opposition à Samir Geagea dont elle réprouve les méthodes, et par fidélité au clan Gémayel. En 1987, elle quitte le conseil militaire des Kataëb, s'engage davantage en faveur de ses compatriotes par le biais de la religion, rencontre plusieurs fois le Pape Jean-Paul II et défend les Chrétiens d'Orient, sur fond d'entrée massive des Syriens dans son pays et de fin de la présidence Aoun : "Avant nous défendions la vie dans son aspect matériel : nos parents, nos vieillards, nos enfants étaient menacés. Comment les aurions-nous abandonnés ? Notre combat s'est élargi : nous défendons la vie dans toutes ses dimensions, corporelle, morale, spitiruelle". En 2006, Israël reprend son offensive ("Aucun pont du Liban n'est épargné") et Jocelyne se lance dans l'aide à la reconstruction du Sud, recherche des financements, ouvre dans les régions musulmanes des annexes de son centre Jean-Paul II, puis développe un projet d'acceuil familial, la Maison Saint-Joseph, rencontre Benoît XVI et prépare sa venue au Liban, avant d'être nommée au conseil pontifical pour les laïcs.

Les deux auteures ont bien sûr de l'amitié et sans doute de l'admiration pour leur héroïne. Mais, probablement aujourd'hui plus encore qu'en 2005, il est utile de connaître ce parcours de vie dans une région aussi déchirée, alors que Liban est chaque jour menacé par la crise syrienne. Un beau récit, un bel engagement. Un livre à lire.

Le Passeur éditeur, Paris, 2015, 260 pages. 19,90 euros.

ISBN : 978-2-36890-326-1.

Liban martyr
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11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 06:15

La question d'Orient

Jacques Frémeaux

Une somme ! Déjà une référence !

On connait la formule du général de Gaulle s'envolant avec des idées simples vers l'Orient compliqué, et l'on sait que depuis plusieurs siècles la fameuse "question d'Orient" pose à chaque génération de nouvelles difficultés aux dirigeants et aux diplomates. Avec cette magistrale synthèse qui plonge ses racines au plus lointain de notre histoire (Jacques Frémeaux remonte à l'empire aussi éphémère que brillant d'Alexandre le Grand), l'auteur nous donne à comprendre (et à réfléchir) sur cet espace géographique stratégique. Méthodiquement, pédagogiquement, il s'efforce d'abord de définir ce que recouvre le terme "Orient", dans le temps et dans l'espace, des Balkans aux marches de l'Inde (et parfois même au-delà). Dans un deuxième chapitre, Jacques Frémeaux "photographie" littéralement la situation fin XVIIIe - début XIXe siècle, à l'époque où la Grande-Bretagne et la Russie (déjà) s'opposent à travers ces immenses étendues, puis il reprend à fond la question (vitale pour Londres) de la route des Indes, route maritime d'abord, certes, mais qui ne peut ignorer la question de la maîtrise des voies terrestres. Les crises de l'empire ottoman, les guerres afghanes, la guerre de Crimée et le percement du canal de Suez marquent autant de dates-repères durant le XIXe siècle, toutes liées à ce qui devient "le grand jeu" anglo-russe jusqu'en Asie centrale. C'est au tournant des XIXe et XXe siècles que la question se cristallise, malgré un rapprochement formel entre Londres et Saint-Pétersbourg, tandis que la France ne renonce pas à ses amitiés traditionnelles au Moyen-Orient et que l'Allemagne wilhelmienne s'impose comme un partenaire désormais incontournable, le tout sur fond de révolution à Constantinople et d'indépendances puis de guerres balkaniques. Le chapitre 6, judicuesement titré "Orient pensé, Orient représenté", insiste sur les évolutions culturelles et cultuelles propres à ces territoires, mais aussi sur les images et les représentations qu'ils inspirent à l'Occident dans leurs différentes facettes. Les quatre chapitres qui suivent correspondent aux grandes phases chronologiques (chap. 7, la Grande Guerre ; chap. 8, l'entre-deux-guerres ; chap. 9, la Deuxième guerre mondiale ; chap. 10, la guerre froide), qui voient émerger une nouvelle Turquie, des Etats indépendants, les royaume arabes et bientôt les pétro-monarchies tandis que Français et Britanniques s'effacent pour laisser la place aux Soviétiques (remarquable constance !) et aux Américains, de la fin de l'empire des Indes à la révolution iranienne en passant par la campagne de Suez. Le chapitre 11 enfin s'intéresse aux récentes évolutions, de l'implosion de la Yougoslavie aux successives "guerres du Golfe" et à la guerre internationale d'Afghanistan. Le dernier chapitre, amorcé par "l'archéologie du terrorisme" et les échecs occidentaux dans la région, pose la question d'un choc des civilisations, fait le point des évolutions économiques et politiques jusqu'aux printemps arabes, constate bien sûr l'élimination progressive sur maints territoires des non-Musulmans, et accorde une attention particulière à trois pays : la Turquie, l'Iran et le Pakistan.

Il fallait indiscutablement de longues années de fréquentation de ces sujets, de travail, de réflexion et d'analyse pour produire un tel livre, toujours scrupuleusement référencé et qui donne dans ses dernières pages une longue et solide bibliographie internationale sur le sujet. Il se termine sur un constat assez inquiétant : "Cette conclusion ne sera donc pas optimiste. De la représentation longtemps brillante et séduisante d'un Orient rayonnant de lumière, on est passé à celle d'un Orient déversant des flots de nuit. L'Orient va continuer à souffrir, avec les répercussions inévitables que l'on observe déjà chez ses voisins, des frontières de l'Inde et de la Chine à l'Europe occidentale, en passant par la Russie". Indiscutablement à connaître, à lire et à conserver. Il y a des livres qui compte, en voici un.

Fayard, Paris, 2014, 614 pages, 27,- euros.

ISBN : 978-2-213-66197-1.

Des Balkans en Afghanistan
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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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