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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 07:00

Reconnaissance des combattants oubliés (et abandonnés)

Secret Défense  -  13 décembre

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Jean-Dominique Merchet a mis en ligne sur son site Secet Défense, jeudi dernier, un billet étonnant : "Des milliers d'Algériens demandent à la France leur retraite du combattant ... d'Algérie". Ou, quand l'histoire rattrape l'actualité ! Quelles que soient les conséquences politiques actuelles de cette situation et au-delà du silence imposé par les deux pays depuis cinquante ans, force est de reconnaître qu'une partie des événements de 1954-1962 peuvent être désormais revisités.

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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 07:00

Les Français d'Algérie

Pierre Nora

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Voici la réédition d'un ouvrage paru en mars 1961 (période particulièrement sensible).

Dans un nouvel avant-propos ("Cinquante ans après"), Pierre Nora, "historien du contemporain qui travaille sur le vivant", rappelle le contexte dans lequel fut rédigé et diffusé ce livre et quels étaient ses objectifs : "se refuser au sentimentalisme compassionnel qui nous avait valu, au nom de la solidarité inconditionnelle avec nos 'compatriotes d'Algérie', l'enlisement dans le statu quo et le piétinement politique". A l'époque, pour Jean Lacouture, dans Le Monde, "tout indique que l'auteur ne les [les Français d'Algérie] aime pas" ; et pour Albert-Paul Lentin, dans France Observateur, il "a parfaitement saisi ce qu'il y a de désespéré et d'artificiel dans l'irréalisme de ces Français qui mérpisent l'Algérie tout en y étant passionnément attachés, et sont passionnément attaché à la France tout en la méprisant" (recensions d'avril 1961 jointes en annexes).

La longue introduction de Charles-André Julien (pp. 35-63), engagé dès l'entre-deux-guerres dans la lutte anti-colonialiste et qui fut proche de la IIIe Internationale, reprend et amplifie sans surprise le discours de l'auteur. Il évoque à propos de Pierre Nora "son honnêteté intellectuelle" et "son souci de vérité". Pour lui aussi, "les Français d'Algérie, enfermés dans leur égoïsme colonial, ne se rendent pas compte que leur avenir est déterminé par un passé tout jalonné d'erreurs et d'abus". Le jeune professeur reçoit l'onction de l'universitaire reconnu : attention, à partir de là, toute critique devient un crime de lèse-majesté intellectuelle. Alors, au risque de lasser le lecteur, donnons la priorité au texte original et, pour cette fois, citons systématiquement l'auteur lui-même.

Le livre se divise ensuite en six chapitres. Dans le premier, "Ici la France", il regrette le caractère passionné et extraverti à l'extrême des Pieds Noirs : "Du grand colon capitaliste au petit tailleur juif, des descendants des vieilles familles françaises aux ouvriers maltais, du gros négociant au petit colon du bled, la passion nationaliste est à la même température ... Le coup de gueule collectif et permanent, les cris, les pleurs, le bluff et la déroute soudaine, la susceptibilité à fleur de peau, toute cette détresse psychologique n'a rien de joyeusement méditerranéen ; de ces privilèges accumulés ne se dégage qu'un malheur de vivre". Même le terme "pamphlet" choisi en titre semble soudain bien fade. Le second, "Le blocus", poursuit sur le même ton ("Avec l'ardeur des désespérés, ces 'Français' ont exigé de la métropole des garanties. Ce qu'ils revendiquent en Algérie, c'est l'Algérie ; sous les deux aspects qu'ils lui voient : la terre et l'Arabe. Par là, dès le départ et spontanément, ils se sont installés à contre-courant de toute évolution, ils ont bloqué l'histoire". Rien de moins. D'ailleurs, les colons sont même "plus réactionnaires que l'armée" et, "de toutes les droites françaises, c'est même avec la droite ultra de la Restauration que les Français d'Algérie auraient le plus d'affinités, talent littéraire en moins". Les "bons" d'un côté, les "méchants" de l'autre : du travail d'historien ? Le troisième, "Une société sans unité", explique que la société arabe et les solidarités traditionnelles ont été détruites, ce qui a fait de chaque musulman un être non reconnu et non protégé, "refoulant la quasi-totalité de l'humanité musulmane vers la sous-humanité". Pierre Nora reconnait certes que "l'antisémitisme spontané des Arabes est un fait indéniable", mais il l'explique et le comprend. D'ailleurs, "plus ils sont bourgeois, plus ils sont en général ultras". Le quatrième chapitre, "Les rapports individuels", distingue entre "une familiarité fraternelle et sans gêne" envers les Arabes à titre individuel, tandis "[qu'] à titre collectif, au contraire, la haine est passée dans les institutions". Et soudain, surgit Freud, ou au moins une "psychologie de comptoir" : "Les Européens ont eu affaire à une société sans femmes. Leurs sentiments pour les hommes se sont exaspérés ; la peur est décuplée dans une société d'où les femmes sont absentes". Conséquence de ce cadre mental, "les Français d'Algérie ont applaudi à l'ordre civil et politique le plus rassurant. Le catholicisme, le pétainisme, les dictatures mussolinienne ou franquiste ont flatté leur sens des hiérarchies sociales, leur soif de confort et leur besoin d'autorité". Mais "franquisme", ce n'est pas assez ; les mots deviennent plus forts et les soupçons plus graves : les Européens doivent se contenter "de la menue monnaie du génocide, des crimes individuels consommés en nom collectif qu'ils accomplissent au coin des rues". Non seulement ignorants et racistes, mais aussi assassins ! L'avant-dernière partie, "Les libéraux", est une véritable charge contre ces élites métropolitaines qui "furent condamnées à être d'inutiles Cassandres. Du réformisme politique, il faut parler au passé". Exit donc des libéraux en Algérie. Quant à la métropole, ni Germaine Tillon, ni Camus, ni leurs amis ne trouvent grace aux yeux de l'auteur, et les seuls vrais libéraux sont peut-être les Musulmans francisés, "la génération dont Ferhat Abbas est devenu le symbole". La sixième enfin, "Un New Deal pour l'Algérie", explique que la minorité française ne peut pas imposer longtemps sa loi aux millions de Musulmans : "L'unique force dont disposent les Français d'Algérie est celle que la métropole ne leur a jamais marchandé : la souveraineté française. C'est ce lien qu'il faut couper". Il faut donc l'indépendance, vite, par surprise : "Il faut recourir au bistouri et trancher le cordon ombilical". Seuls pourront (devront ?) rester en Algérie ceux dont la profession et les compétences sont indispensables au développement du nouvel Etat, avec cet étonnante recherche de la quadrature du cercle : "Le maintien d'une minorité européenne importante est donc lié au développement de formes de planification socialiste originales et spécifiques à l'Algérie" ? Et l'armée dans tout cela ? Elle apparait de temps en temps, au détour d'une phrase, et ne sort pas grandie des quelques flêches qui lui sont destinées. "A l'ombre" des Pieds Noirs en quelque sorte, "elle a joué sa dernière chance et découvert le terrain de manoeuvres à l'exacte mesure de ses faiblesses comme de ses forces".

Le livre se termine sur la reproduction d'une longue lettre que Jacques Derrida a adressé, à l'époque, à Nora après avoir lu son livre, pour le féliciter chaudement d'abord, puis pour poser quelques questions, souligner que le monde des Pieds Noirs n'est pas monolithique et défendre ceux des Français d'Algérie qui "ont approuvé sans réserve, dès le début, le principe de la rébellion".

"Un pamphlet daté ?", demandions-nous dans le titre. La réponse s'impose d'elle-même. Une publication caractéristique d'une époque, d'un style, d'un engagement, et à cet égard importante. Justement parce qu'il est très daté, voici un livre qu'il faut avoir lu pour mieux comprendre les passions et les haines, telles que l'auteur les exprime et aussi caricaturales qu'il les soutient.. Un "historien du temps présent" ? Pas exactement. Plutôt un intellectuel engagé dans le camp des vainqueurs, et célébré par ses homologues. Mais il n'en reste pas moins que ce livre est à lire, posément, calmement, en réfléchissant, car il présente et traduit tous les raccourcis, toutes les généralisations, toutes les approximations si largement répétées : le contraire d'un livre d'histoire, mais un vrai témoignage sur une époque.

Rémy Porte

Christian Bourgois éditeur, Paris, 341 pages, 17 euros.

ISBN : 978-2-267-02423-4.

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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 07:10

Charles Lacheroy

Discours et conférences

Anne-Catherine Schmidt-Trimborn

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Ce petit livre, réalisé par l'auteure à partir des recherches effectuées pour un mémoire de Master 2 remarqué, constitue un véritable apport.

Nous avons fait le choix de classer cette recension sous "Guerre d'Algérie" du fait de la période concernée, mais nous aurions tout aussi légitimement pu l'intégrer sous "Guerre d'Indochine", puisque c'est essentiellement là que les théories du colonel Lacheroy, officier de l'intanterie coloniale, prennent naissance. Constatons tout d'abord que, si son nom est souvent cité (et tout aussi souvent dénigré) lorsqu'il est question de guerre révolutionnaire et de guerre psychologique, quelques bribes seulement de ses réflexions sont connues du public puisqu'il a très peu écrit. "Homme de l'oralité", il s'est surtout exprimé à l'occasion de conférences successives entre 1952 et 1957, et il faut donc remercier Anne-Catherine Schmidt-Trimborn d'être allée rechercher dans les archives de Vincennes le texte reconstitué de ces conférences et de nous en proposer pour la première fois le texte intégral, accompagné de leurs annexes.

Dans une longue première partie (pp. 6-43), elle reconstitue l'ensemble de la carrière du futur colonel Lacheroy, depuis son entrée à Saint-Cyr en 1926 jusqu'à son exil temporaire en Espagne après l'échec de l'OAS, organisation à laquelle il n'adhère que brièvement. Les affectations dans l'empire colonial de l'entre-deux-guerres et pendant la Seconde guerre mondiale, puis en Côte d'Ivoire à la fin des années 1940 et son séjour en Indochine de 1951 à 1953 (en particulier dans la région de Bien Hoa mais aussi au commandement du secteur Est Cochinchine) permettent de comprendre son intérêt pour ces questions. Sa première conférence, prononcée en Indochine, date d'ailleurs de 1952 : "Une arme du Viet-Minh : les hiérarchies parallèles". Devenu directeur du Centre d'études africaines et asiatiques, il ne cesse d'intéresser à la réflexion politique et doctrinale des communistes chinois et vietnamiens et "modélise" littéralement le scénario de la guerre révolutionnaire, tout en accordant une place essentielle aux "techniques du moral". Il en arrive ainsi à la notion "d'arme nouvelle", expression que l'on retrouve ensuite constamment. On cite souvent ses fameuses "cinq phases" allant crescendo, de la simple propagande à la constitution d'une armée régulière insurgée. Progressivement, sa pensée se complexifie, s'étoffe, évolue, mais on retrouve, d'une conférence à l'autre, les mêmes "marquants" et les mêmes références (ce qui peut parfois conduire à un sentiment de redite). Devenu au milieu des années 1950 un officier plus "politique" que les autres, il accède à la notoriété. Son influence est essentielle entre 1956 et 1957, lorsqu'il devient successivement chef du Comité d'action psychologique sous les ordres du chef d'état-major général, puis responsable du Service d'action psychologique de la Défense nationale et des forces armées, enfin à la direction du Service d'action psychologique et d'information générale, qui relève directement du président du Conseil. Mais la Roche Tarpéienne est toujours proche du Capitole et, dès 1958, il tombe en disgrâce. Certains propos ne pouvaient qu'inquièter, aussi bien dans la haute hiérarchie militaire que dans le monde politique : "On ne fait pas une guerre révolutionnaire avec une armée endivisionnée. On ne fait pas une guerre révolutionnaire avec une administration du temps de paix. On ne fait pas une guerre révolutionnaire avec le code Napoléon". Sa carrière n'est pas tout-à-fait terminée (il reste sa proximité avec les putchistes d'avril 1961), mais son rôle essentiel, lui, est bien fini et il disparait dans une atmosphère pour le moins sulfureuse. Peut-être percevait-il lui-même les "limites de l'exercice", lorsqu'il déclarait en avril 1955, proposant presque inconsciemment une explication : "C'est sur le plan de la morale universelle et de la conscience humaine que l'utilisation de cette arme nouvelle soulève de graves problèmes. Cependant, si les démocraties ne lui opposent pas rapidement une réplique efficace, elles continueront à jouer perdant chaque fois qu'elles se trouveront en présence d'une situation comme celle que nous avons connu en Indochine ... Il y a bien des chances qu'elle [la France] ait à nouveau à faire face à des guerres révolutionnaires et il ne faudrait tout de même pas qu'elles continuent à se terminer à Genève".

Nous ne reprendrons pas ici de longs extraits de ces conférences, laissant à chacun le soin de les lire, et de les méditer. Certains propos paraissent aujourd'hui tout particulièrement datés et il est donc indispensable de les replacer dans leur contexte politique, militaire, intellectuel et social des années 1950. Il serait absurde de prétendre, au XXIe siècle, "revenir" aux théories de Lacheroy, mais il n'en demeure pas moins qu'il a marqué une époque et que ses idées ont imprégné en leur temps une importante partie des structures décisionnelles. Revenir sur les textes originaux exacts ne peut donc qu'être utile, pour éviter quiproquos et contre-sens.

Merci à Anne-Catherine Schmidt-Trimborn.

Centre de recherche universitaire lorrain d'histoire, Metz, 2012, 210 pages, 20 euros.

ISBN : 2-85730-052-2

Commande par correspondance :

CRULH, site de Metz, UFR Sciences Humaines et Arts, Île du Saulcy, 57006 Metz Cedex 1

Renseignements complémentaires : Christelle.creusat@univ-lorraine.fr

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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 07:06

Algériens en France

1954-1962 : la guerre, l'exil, la vie

Benjamin Stora et Linda Amiri (Dir.)

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Ce très beau volume de plus de 200 pages est tout à la fois le catalogue d'une exposition (qui se tient à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration -palais de la Porte Dorée, 12e arrondissement- jusqu'au 19 mai 2013) et un vrai livre de plus de 200 pages très largement illustré.

Après une rapide introduction des deux auteurs, qui présentent brièvement quelques caractéristiques de l'immigration algérienne dans l'hexagone, l'ouvrage est divisé en six chapitres : "La vie quotidienne", "Le rapport à la société française", "La passion du politique", "Vie culturelle, littéraire et artistique", (l'inévitable) "17 octobre 1961" et "L'indépendance, et après ?". Chaque partie est composée de deux témoignages et de trois à huit articles qui pemettent de le détailler. Le travail, l'école, le logement, les loisirs : ce livre présente une réalité quotidienne rarement présentée. On se doute toutefois que, sur un plan plus politique, certains textes présentent une approche "militante" favorable aux positions des indépendantistes et l'on observe que la véritable guerre civile interne MNA / FLN n'occupe finalement que peu de place : les partis-pris idéologiques et les engagements individuels sont encore, sans doute, trop récents. Le volume se termine en particulier sur une utile bibliographie indicative par chapitre.

Un livre-catalogue original, particulièrement bien illustré, tout-à-fait complémentaire d'autres publications, témoignages et études.

Editions Autrement, Paris, 2012, 224 pages, 30 euros.

ISBN : 978-2-7467-3306-0

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14 septembre 2012 5 14 /09 /septembre /2012 07:15

Algérie : sortie(s) de guerre

Journée d'études

Saint-Brieuc

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Organisée par l'université de Rennes 2 (Campus Mazier, Saint-Brieuc), le mercredi 26 septembre prochain de 08h45 à 18h30. Après l'allocution d'ouverture du professeur Jacques Frémeaux (Institut universitaire de France, université de Paris IV Sorbonne), les onze communications seront groupées en quatre thèmes : "Faire transition", "Partir", "Rester" et "Vue d'ici", dont on voit bien qu'ils permettent de balayer un champ très large allant par exemple de "Le déménagement des installations OTAN en Algérie après les accords d'Evian" (Jenny Raflik) à "Sorties de guerre sur la Côte d'Opale" (Marc Coppin), en passant par "Survivre à l'indépendance algérienne : itinéraires de moghaznis en 1962-1963" (Gregor Mathias) ou "Autour de l'OAS : grands procès et sorties de guerre" (Olivier Dard), pour n'en citer que quelques uns. Des sujets originaux et des communications dont il sera probablement important de lire les actes.

Pour tout renseignement complémentaire, contacter : Ingrid Martial

02 96 60 43 17   -   ingrid.martial@univ-rennes2.fr

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5 juillet 2012 4 05 /07 /juillet /2012 07:00

L'aventure algérienne dans l'ombre du général Massu

Marc Desaphy

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Une nouvelle fois, notre approche "pointilliste" de la guerre d'Algérie se trouve confirmée. Avec ce témoignage personnel sur une vie d'engagements multiformes, nous découvrons un parachutiste à des années-lumière de l'image traditionnellement diffusée.

Le lecteur découvrira dans ce livre de souvenirs une contribution originale à la guerre d'Algérie : entré en service comme appelé en 1952 Marc Desaphy devient sous-officier du contingent en juin 1953 et occupe un poste de vaguemestre dans une unité de transmission d'infrastructure du Sud-ouest. Il répond à la fin de l'année 1955 à un appel au volontariat pour l'Algérie, passe dans les transmissions aéroportées et rejoint l'Afrique du Nord pour un premier séjour en mars 1956. Il ne participe pas à de grandes opérations, mais assure l'instruction des jeunes recrues, tient les fonctions de trésorier de sa compagnie, effectue quelques missions de liaison, rêve de participer à l'opération de Suez mais a été grièvement blessé (amputation d'une jambe) dans l'attentat du Milk Bar quelques semaines plus tôt et doit alors "gérer" sa convalescence. Il revient pourtant en Algérie pour un deuxième séjour à partir de l'été 1957, à la demande de madame Massu et se consacre désormais au Centre de jeunesse, dont la vocation est essentiellement de donner une formation professionnelle de qualité aux jeunes musulmans et de les aider à se lancer dans la vie active. Nous sommes ici à la page 60 du livre environ, et désormais l'ouvrage change une première fois de nature. Au cours des pages qui suivent, Marc Desaphy raconte son travail administratif au profit du Centre, ses nombreuses rencontres (on croise Jean-Marie Le Pen, jeune député engagé pour quelques mois au 1er REP), le développement de nouvelles activités éducatives et de formation, avec une liberté de circulation et de ton particulière car "j'étais un électron libre, sans hiérarchie directe, sauf celle du général. Il y a peu de sous-officiers qui sont dans ma situation". Mais il détaille surtout, vu de son poste très particulier, l'après le 13 mai 1958, l'enthousiasme initial et son glissement progressif vers les ultras de l'Algérie française après le départ du général Massu ("Adieu la garantie qu'il inspirait ... Plus personne ne pourrait légalement défendre les thèses de l'Algérie française"), sa mise à la retraite et les manifestations et barricades d'Alger. C'est à cette époque, d'ailleurs, qu'il est l'un des fondateurs de l'Union nationale des parachutistes (UNP), lance la revue Paras, entre en conflit avec les "délégués" gaullistes à Alger et est finalement expulsé en novembre 1960, car "sa présence est de nature à entraver l'action des pouvoirs publics". A la page 103, se termine ainsi son expérience algérienne.

Toute la deuxième partie de l'ouvrage est consacrée au récit de sa vie personnelle et professionnelle en métropole et surtout à la poursuite de son oeuvre associative et caritative, à partir du Sud-ouest de la France. Il reste en contact régulier avec le général Massu et son épouse (il est invité lors des 'Adieux aux armes' de ce dernier en juillet 1969), qui l'aident et l'encouragent. Il décrit ses rencontres les plus diverses (de Dominique Bussereau à Jean Lassalle et Pierre Schoendoerffer), la création du musée des parachutistes à Pau, donne de multiples détails sur l'action des centres sociaux éducatifs de l'association Jeunesse. Les dernières parties paraissent pourtant parfois "brouillées" : l'auteur saute d'un thème à l'autre, revient sur les mêmes sujets à plusieurs reprises, oublie parfois la stricte chronologie des événements. On revient à Alger, on parle de difficultés personnelles, on oscille entre le récit factuel et les considérations plus larges. 

Au total, donc, un livre qui ne parle ni des opérations militaires, ni à proprement parler des combats des parachutistes en Algérie. Mais un livre qui raconte un engagement humain extrêmement fort à la marge de l'histoire de la guerre, et qui témoigne bien au-delà du conflit lui-même d'une fidélité absolue dans l'adversité et malgré le temps à son chef de l'époque. Un tableau "pointilliste" de la guerre ? Une nouvelle personnalité hors du commun, un nouveau parcours atypique, une autre situation tout-à-fait originale : en histoire, il est bien rare que les choses soient exclusivement noires ou blanches. Nous sommes ici dans des nuances de gris qui permettent de mesurer toute la compléxité des dossiers.

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27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 07:05

Guerre d’Algérie

Une génération sacrifiée

Patrick-Charles Renaud

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Déjà auteur de plusieurs livres sur la guerre d’Algérie, Patrick-Charles Renaud explique dans son avant-propos les sources familiales de son intérêt pour ce conflit (les traumatismes d'une famille et d'une génération) et souligne à propos des témoignages recueillis : « Je le suis efforcé avant tout de les orienter, non pas pour favoriser une idéologie ou manipuler la vérité, mais pour qu’ils s’attardent sur des aspects et des points précis que l’histoire à négligé ».

L’ouvrage aborde successivement une présentation générale de « L’Algérie de 1954 » (chap. 1), puis « Le départ vers l’inconnu » des appelés et rappelés (chap. 2), présentés dans le chapitre 3. Les chapitres 4 à 6 traitent de sujets thématiques : « Embuscades et trahisons », « La pacification » et « Les opérations de maintien de l’ordre ». Les deux derniers enfin, « La parenthèses de la mort » et « Une sale guerre », s'intéressent aux aspects les plus polémiques et les plus durs du conflit. Chaque chapitre s’ouvre sur un texte de synthèse de l’auteur, suivi de 5 à 8 témoignages d’une longueur variable, entre une et six pages. Les textes sont relativement équilibrés, les différents témoignages s’opposent parfois et se complètent souvent : chacun raconte « sa » guerre, celle qu’il a vécu, à son niveau, dans son unité, dans son secteur. Cela donne au total une vision assez "kaléidoscopique", mais à bien des égards intéressante du conflit. La bibliographie finale est assez limitée au regard de la volumineuse production littéraire sur le sujet, mais on note la présence d’un utile index des sigles et d’un glossaire des termes arabes.

Ne cherchez donc pas ici une histoire générale de la guerre d’Algérie, mais prenez ces textes pour ce qu’ils sont : le récit de souvenirs, bien des années après les faits. Souvenirs, l'historien le sait bien, toujours plus ou moins fiables un demi-siècle après les événements, qu’il faudrait au cas par cas vérifier avec les archives, croiser avec d’autres témoignages, valider un à un pour tenir compte des distorsions progressives entre la réalité vécue à l'époque et la perception d'aujourd'hui. Mais au-delà de « l’objectivité » (quelle interminable quête !) de telle ou telle partie du texte que les uns ou les autres pourraient éventuellement mettre en doute, il n’en reste pas moins que ces récits contribuent au tableau pointilliste de cette guerre d’une part, et à la définition des contours de sa mémoire ultérieurement conservée par les appelés et rappelés eux-mêmes. Un livre de témoignages équilibré qui figurera utilement dans les références.

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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 07:01

Ils ont vécu dans la guerre d'Algérie

Raphaël Delpard

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Jusqu'à une période très récente, les ouvrages consacrés à la guerre d'Algérie traitaient essentiellement soit de ses aspects politiques, soit de ses formes militaires. Depuis quelques années, les témoignages se multiplient et désormais les "vaincus" (Harkis et Pieds-Noirs) n'hésitent plus, après des années de silence, à s'exprimer. Nous écrivions récemment (voir la recension de Algérie, souvenirs d'ombre et de lumière le 20 juin) que l’histoire de la guerre d’Algérie s’écrit aujourd’hui de façon pointilliste à partir de témoignages extrêmement divers (et parfois à certains égards contradictoires). Ce volume nous en donne une nouvelle preuve.

Dans les premiers chapitres, Raphaël Delpard nous présente le peuplement de ce qui va devenir l’Algérie, l’origine et les particularités des Pieds-Noirs sous un jour tout-à-fait sympathique (« Le visage s’est façonné dans la joie de vivre où le rire est son passseport » ; « La jeunesse est superbe, oisive et nonchalante, saine et sportive » ; mais « loin de passer sa vie à faire la fiesta, l’Européen travaille dur. Le courage, l’audace et la ténacité des premiers colons ont eu raison de cette terre africaine »). Tout au plus apprend au détour d’une phrase qu’il peut exister un « grand colonat », moins de 2.000 familles qui en imposent au gouverneur général comme à Paris. Le ton général est donné : l’auteur plaide, au sens propre du terme, en faveur du « petit peuple pied-noir », celui qui sera victime des événements de 1962 presque au même titre que les Harkis. C’est un choix honorable et qui peut très légitimement se justifier, mais qui ne fait pas un livre d’histoire.

Ceci étant dit, l'ouvrage évoque (parfois avec douleur), en six chapitres, la vie, les espoirs et les peurs de cette population européenne : « Les origines de la révolte arabo-musulmane », « La rupture et le terrorisme », « Ils ont vécu dans l’Algérie en guerre », « Ils ont vécu la résistance », « Ils ont vécu les enlèvements » et « Ils ont vécu l’exode » : « L’angoisse défigure la population pied-noir, d’habitude très chaleureuse et débonnaire. Les Arabes ne peuvent ignorer le changement, et certains profitent de la situation ». Sans doute, bien sûr, en partie, mais est-ce aussi simple ? De même, si l’on peut comprendre le sentiment d’abandon qui pousse presque des quartiers entiers dans les bras de l’OAS pour réagir aux attentats du FLN, peut-on justifier cet engagement au titre de « la résistance » et donner comme exemple « une jeune femme de trente-cinq ans, mère de deux enfants, [qui] se meurt dans une clinique. Arrêtée pour collusion avec l’OAS, elle a été atrocement torturée par la police » ? L'émotion est palpable. Cependant, si l'action des barbouzes est désormais bien connue, à trop vouloir prouver, il devient difficile de convaincre …

Oui, il est acquis, il est connu, il est su que la majorité de la population pied-noir a vécu un véritable drame, dans un environnement politique, militaire et social extrêmement difficile et avec des conséquences individuelles d’une dureté parfois incompréhensible aujourd’hui. Oui, les derniers gouvernements de la IVe République et les premiers de la Ve, parlementaires, hauts fonctionnaires et responsables policiers alors en poste, portent une vraie responsabilité dans ces événements trop longtemps passés sous silence. A ces titres, le livre de Raphaël Delpard apporte de nouvelles pièces (témoignages) au dossier et mérite d’être lu. Le lecteur est, pour certains paragraphes, en totale empathie avec les victimes. Mais, pour une compréhension plus fine (et donc plus exacte) de cette période sombre de notre histoire récente, il faudra aussi en lire d’autres, avec du recul, car un ouvrage de témoignage ou de conviction personnelle ne fait pas un livre d'histoire.

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20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 07:01

Algérie, souvenirs d'ombre et de lumière

Jean-Pierre Cômes

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Publié dans la collection Mémoires du XXe siècle, ce livre de souvenir est très finement préfacé par le professeur Jean-Charles Jauffret, qui en souligne tout l'intérêt.

A la lecture de l'ouvrage, il nous apparait qu'aujourd'hui l'écriture de l'histoire de la guerre d’Algérie ressemble à bien des égards à un tableau pointilliste. Au fil des années, au hasard de la publication des témoignages successifs, toujours différents, et au fur et à mesure de l’ouverture progressive des archives officielles, se dessine une image à la fois nuancée et contrastée, que certains, figés sur des positions plus idéologiques ou généralisant systématiquement le souvenir de leur expérience personnelle, ont du mal à accepter.

Dans ce nouveau volume consacré à « son » Algérie, celle de son enfance et celle de la guerre, le colonel Cômes témoigne à son tour, une nouvelle fois. Le volume se divise en deux grandes parties, les « Souvenirs de lumière », centrés sur sa jeunesse, même si ponctuellement quelques incursions dans des périodes plus récentes ou diverses considérations plus larges y figurent, et les « Souvenirs d’ombre », qui relatent son expérience personnelle du conflit. La première partie est profondément empreinte de l’attachement de Jean-Pierre Cômes pour ce pays, mais également marquée par les doutes qui peu à peu s’insinuent dans son esprit par rapport au discours officiel. Relativement tôt, il prend conscience du fossé, que dis-je, de la faille qui sépare profondément les deux communautés. La deuxième partie commence avec sa sortie d’école lorsque, jeune officier d’active, il rejoint l’Afrique du Nord, d’abord la Tunisie puis très vite l’Algérie. Affecté au 8e régiment de parachutistes coloniaux (et non au « 3 » de Bigeard comme initialement espéré), il sert dans l’Est algérien et décrit sans aigreur ni complaisance ses subordonnés comme ses chefs, ses missions, ses résultats, revient sur ses pensées, ses doutes et ses espoirs. On sent bien que certains sujets personnels et ethiques restent tout particulièrement sensibles, comme le souvenir de son affectation au D.O.P. de Sétif : dans leur très grande majorité, les parachutistes ne torturent pas, par contre, dans les D.O.P., les pratiques sont toutes autres et il a des mots extrêmement durs sur les personnels affectés dans ces organismes, dont il refusera de partager les règles et les méthodes. Après un intermède à Dakar, il revient en Algérie et les derniers mois sont difficiles : Jean-Pierre Cômes comprend les drames qui se jouent et accepte mal les discours officiels, menteurs, des « anciennes » comme des « nouvelles » élites, avant comme après la célèbre fusillade de la rue d’Isly. Il tire les leçons d’une réalité que l’on connaît bien : « Il semble parfois que les historiens s’imaginent que tout se passe selon les souhaits des responsables donnant des ordres en conséquence. En réalité, les ordres sont d’autant plus généraux qu’on s’élève dans le niveau de responsabilité. Il reste aux échelons subordonnés à se débrouiller selon les circonstances et à être désavoués si besoin ».

Ce nouveau livre du colonel Cômes ne donnera pas satisfaction à tous. Il ne convaincra pas ceux qui pensent déjà connaître « LA » (leur) réalité de « LA » (leur) guerre d’Algérie. Mais il constitue certainement, parmi toutes les contributions individuelles, si différentes, un apport important à la réalisation de ce tableau pointilliste évoqué en introduction : la diversité de ses expériences plaide en faveur de ce témoignage, dont la franchise de ton est à souligner.

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 07:30

Un silence d'Etat

Jean-Jacques Jordi

disparus-europeens.jpg

Voilà un livre qui a fait, à notre connaissance, l'objet de peu de recensions et dont la réputation se développe plus par le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux que par les chroniques publiées. Son auteur, Jean-Jacques Jordi, est déjà auteur de nombreux ouvrages sur Marseille, l'Algérie, les migrations et les Harkis.

En un peu moins de 200 pages (on apprécie le nombre et la précision des références d'archives), il brosse un tableau aussi complet que possible, semble-t-il, des disparitions "inexpliquées" d'Européens à la fin de la guerre d'Algérie, avec ces questions posées dès l'introduction : "Pourquoi les différents gouvernements n'ont-ils pas cherché à expliquer à leurs concitoyens cette histoire ? Pourquoi a-t-on laissé aux 'groupes mémoriels' la prise en main de cette histoire ?". Il reconnait par ailleurs que son étude "ne prétend pas à l'exhaustivité, mais a la volonté d'apporter des réponses". Il faut à nouveau souligner qu'il appuie son travail sur l'exploitation des ressources de nombreux centres d'archives.

Après avoir défini ce qu'il faut entendre par "disparu dans la guerre d'Algérie", il dresse rapidement un tableau des événements et des disparitions entre 1955 et les accords d'Evian, puis s'attarde davantage sur la période qui va jusqu'à l'indépendance effective. Un bref chapitre IV s'intéresse aux "Barbouzes et Mission C, entre fantasmes et réalité" (on regrette que certains documents soient reproduits en petit format, ce qui les rend peu lisibles) ; puis le chapitre V constate "L'impuissance des commissions mixtes" de cessez-le-feu : "Les commissions mixtes n'ont donné aucun résultat tangible à cause de la volontaire non-application du FLN". Au fur et à mesure que les semaines passent, la situation devient de plus en plus difficile : à Oran, le 5 juillet, où la responsabilité du général Katz paraît bien directement engagée ; au cours du dernier semestre de 1962 (avec un pic pendant les mois d'été) durant lequel leur nombre est tel que "le FLN doit penser une véritabnle gestion des personnes enlevées".

Les derniers chapitres sont consacrés aux suites des événements : le silence complice entretenu dans l'hexagone par le pouvoir gaulliste et les difficultés des familles et survivants à faire connaître et reconnaître des faits pourtant avérés (et ceci en dépit d'une enquête du CICR de Genève en 1963). La longue liste des "Personnes disparues présumées décédées" clôt ce volume, non sans quelques frissons dans le dos.

Une étude parfaitement documentée qu'il sera sans nul doute difficile de considérer comme "quantité négligeable" pour les travaux à venir et de ne pas citer désormais en référence.

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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