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3 juillet 2014 4 03 /07 /juillet /2014 06:15

Oran, 5 juillet 1962

Leçon d'histoire sur un massacre

Guy Pervillé

Une travail de fond sur un épisode particulièrement douloureux et longtemps occulté de la guerre d'Algérie. Avec son immense connaissance du conflit et son souci scrupuleux du respect de la déontologie et de la méthodologie, Guy Pervillé nous propose une étude d'ensemble particulièrement riche.

Après avoir dressé le tableau de la situation de l'historiographie jusqu'aux années 1990, Guy Pervillé reprend, analyse et compare les différents travaux publiés aux archives et témoignages, sans tomber dans la polémique, rigoureusement. On lira en particulier le chapitre 3, "L'apport décisif des travaux d'historiens, 2000-2013", et les vingt pages de conclusion qui pointent, en synthèse, les responsabilités différentes des différents acteurs (OAS, Gaullistes, services français officiels, bandes algériennes, nouvelles autorités indépendantes). Le général Katz n'en sort pas grandi et le silence ultérieur des autorités françaises sur l'ampleur du massacre est bien volontaire : "Le travail minutieux de Jean-Marie Huille a permis, dès 1963, au secrétaire d'Etat Jean de Broglie d'être informé du bilan du 5 juillet (près de 700 morts et disparus) aussi précisemment que le sont, depuis 2011, les lecteurs du livre de Jean-Jacques Jordi".

Un livre très vraisemblablement essentiel (pour ne pas dire définitif) sur le sujet, qui prend en compte et critique toute la documentation disponible. La fin d'une "occultation" majeure, presque totale, dans l'histoire de ce conflit.

Vendémiaire, Paris, 2014, 317 pages, 20 euros.

ISBN : 978-2-36358-131-0.

Le site de l'auteur pour présenter son livre : ici.

Oran, 1962
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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 06:20

Un instituteur communiste en Algérie

L'engagement et le combat (1936-1965)

Gaston Revel

Entre histoire politique, histoire coloniale et histoire sociale "par le bas", à travers le regard d'un (jeune) homme clairement engagé dans un camp, voici une vision de l'Algérie, une histoire d'une lutte entre les années 1930 et 1960.

Si Gaston Revel n'est pas présent sur le territoire algérien au plus fort de la guerre (il doit quitter le pays en 1955 pour y revenir en 1962), il réside par contre sur place, et y enseigne aux Algériens, durant toutes les années qui suivent la Seconde guerre mondiale. Son témoignage est donc celui d'un homme de terrain, confronté aux réalités (même si celles-ci sont parfois perçues et analysées à travers le filtre idéologique). Le corps du livre, organisé chronologiquement en 20 chapitres de "Une jeunesse républicaine (1915-1936) à "Le souvenir de l'Algérie (1965-2001)" alterne récit de la vie de Gaston Revel par Alexis Sempé et larges extraits des carnets, des articles et de la correspondance de l'instituteur (textes originaux de plus en plus longs au fur et à mesure que l'on avance dans l'ouvrage). De retour en Algérie (Bougie) à la fin de l'année 1945 pour reprendre son poste d'enseignant (une classe de ... 58 élèves), alors que viennent de se dérouler les événements du Constantinois, il rejoint le Parti communiste algérien, sur l'histoire duquel Alexis Sempé revient au chapitre 9, avant de nous décrire le parcours militant de Gaston Revel, son rôle de journaliste et celui d'élu local. S'il ne connait sur place de la guerre d'Algérie que les premiers mois, il va la vivre (déformée, indirecte et plus politisée encore) dans ses conséquences et traductions dans le sud-ouest de l'hexagone à partir de 1955. Dans les jours qui suivent l'indépendance algérienne en 1962, il retourne en Algérie, où il reprend son poste d'enseignant à l'automne. Mais le PCA est interdit dès la fin du mois de novembre et Gaston Revel connait brièvement la prison. L'instituteur retrouve ses élèves à la rentrée suivante, jusqu'en 1965 : avec le durcissement du régime, "la plupart des communistes algériens d'origine européenne quittent le pays".

Ni provocant, ni vindicatif, le texte éclaire un parcours individuel qui fut celui d'un certain nombre de fonctionnaires métropolitains sur le territoire. Un militant sincère qui n'a jamais commis d'acte répréhensible et s'est battu avec ses armes : l'écrit et la parole.

La Louve éditions, Cahors, 2013, 463 pages, 27 euros.
ISBN : 978-2-916488-59-2.

Témoignage d'un instituteur
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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 06:30

Entre l'Espagne et la France

L'Algérie des Pieds-Noirs

Anne Dulphy

Partant du constat qu'en 1962 "un Pied-Noir sur deux avait des origines espagnoles", Anne Dulphy se plonge (et nous entraine) dans l'écheveau complexe de ces relations culturelles (et familiales) triangulaires entre les deux rives de la Méditerranée. Car, si les références à l'Espagne et les souvenirs d'une culture hispanique sont nombreux en Algérie, l'attachement à la France est extrêmement fort : "La première fois que mon père a mis les pieds en France, c'était pour faire la guerre ; la première fois que j'ai mis les pieds en France, c'était aussi pour faire la guerre. Pendant qu'il se battait, sa mère est morte ; pendant que je me battais, il est mort. Il avait choisi la France et cela nous coûta à tous les deux dix ans de nos vies dont sept de guerres. Qui prétend nous enseigner la France".

Au fil des six chapitres principaux qui constituent l'essentiel de ce volumineux ouvrage, l'auteure s'intéresse globalement aux années 1930-1960, des échos algériens de la guerre civile espagnole à l'installation en métropole après un départ précipité par les événements de la fin de la guerre d'Algérie. Dans un contexte fortement marqué à la fois par les oppositions idéologiques et les luttes sociales, les fractures intérieures propres à l'Algérie et celles (différentes et complémentaires) de l'hexagone, une guerre mondiale qui fait d'Alger la capitale provisoire de la France, et enfin la période douloureuse de la décolonisation puis de l'exil, comment a vécu et s'est comportée la communauté pied-noir d'origine espagnole (toutes ces années étant compliiquées par l'existence du régimle franquiste en Espagne) ? Echappant à tout manichéïsme, donnant la parole aux acteurs et aux témoins, elle s'appuie sur de nombreux témoignages des acteurs et sur des documents officiels variés : "Ils ne sont plus espagnols, pas encore français, aussi se déclarent-ils très couramment oranais". Les déchirements et les contradictions de la période "Algérie française" sont également bien vus, entre espoirs des plus radicaux et souci de Madrid de développer une diplomatie arabe. On oublie souvent en France (face au drame des Pieds-Noirs au début des années 1960) qu'ils furent nombreux à retourner en Espagne (de l'ordre de 20.000, en particulier dans la région d'Alicante) lors de l'indépendance algérienne et de nombreux exemples de parcours individuels sont donnés. En dépit des nombreuses fractures et différences au sein de cette communauté, jusqu'à quel point leur appartenance à l'Algérie a-t-elle consitué un ciment commun pour ces "deux fois exilés" : "Devenus français à 100 %, ils affichaient un patriotisme sourcilleux, certains gommant même leur ascendance étrangère, à l'image de cette femme 100 % d'origine espagnole tout en se prétendant parfaitement française"

Le livre est complété par près d'une centaine de pages de notes, cartes, références bibliographiques et annexes, ce qui en fait aussi un véritable outil de travail. Une étude qui complète très utilement notre connaissance de l'Algérie d'avant 1962 et dont les éléments s'intègreront à de nombreux travaux sur la colonisation aussi bien que sur la guerre d'Algérie.

Editions Vendémiaire, Paris, 2013, 477 pages, 22 euros.

ISBN : 978-2-36358-122-8.

Les Pieds-Noirs
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11 février 2014 2 11 /02 /février /2014 06:30

Un piton séparé du reste du monde

Claude Georges Picard

Préface de Jean-Charles Jauffret

Si les soldats appelés en Algérie sont souvent restés silencieux, des témoignages ont paru peu à peu. Et, comme pour les poilus de 1914-1918, leur examen montre que l’épreuve commune prit des aspects fort divers selon les cas individuels. Sur un rayon qui s’enrichit, le journal de Claude Georges Picard fournit son apport propre et mérite l’attention de l’historien, comme le souligne Jean-Charles Jauffret dans sa préface.

Quand il est incorporé, l’auteur, fils de médecin, vient de quitter l’Université, où son cursus n’était pas éclatant. S’il possède un esprit critique aiguisé, il s’est soumis à l’appel des armes qui lui était imposé : « J’ai choisi par lâcheté d’être otage ». Il observe les autres d’un œil méfiant et il s’observe lui-même sans complaisance. Il scrute volontiers la complexité de ses sentiments, avec une abondance de références littéraires, à Camus bien sûr, et aussi à Rimbaud, à Céline et à Saint-Exupéry. Il a refusé d’être officier, mais il s’est vu nommer caporal, ce qui le distingue déjà parmi ses camarades, ses « codétenus », dit-il. On retrouve chez lui le double décalage de la culture et du grade, qu’a finalement analysé Nicolas Mariot pour les intellectuels mobilisés de la Grande Guerre, dans son dernier opus, Tous unis dans la tranchée ? A fortiori, la communication est à peu près nulle avec les quelques appelés FNSA (Français de souche nord-africaine) de sa section, comme avec les supplétifs harkis qui s’y sont joints. Il est affecté sur un piton de la montagne kabyle, à près de 1 200 mètres d’altitude. Son poste de chasseurs alpins doit surveiller une forêt dense, où se cachent les maquisards de l’ALN, et le village limitrophe, qui est classé officiellement comme « non rallié ». Par l’opération  Jumelles du plan Challe, « la rébellion » vient d’y subir des pertes sérieuses, mais elle n’a pas été annihilée complètement et elle bénéficie de la complicité de la population. Donc, « la zone n’est pas sûre » et « les accrochages » à coups de feu sont fréquents quoique brefs.

Claude Georges Picard doit d’abord se comporter en combattant. Armé d’un fusil mitrailleur, il participe à des embuscades nocturnes, aussi longues que vaines. Il assiste, révolté silencieusement, à des interrogatoires brutaux, marqués de recours à la torture, et à une exécution sommaire, maquillée pour la forme. Cependant, sa générosité le pousse en même temps à ouvrir une école pour les enfants du village. Les femmes et les vieillards lui font bon accueil et son chef de poste le laisse faire, « en pensant pouvoir en tirer profit ». Cet adjudant-chef, Roumain passé par la Légion étrangère, baroudeur professionnel, ne manque pas de finesse. L’auteur ouvre aussi un dispensaire, avec des médicaments collectés en métropole, et il écrit les réponses aux lettres qu’envoient les villageois travailleurs en métropole. Cette action lui vaut les compliments du colonel, du préfet et même du général en chef, qui passent en inspection. Lui-même souffre de cette « vie de schizophrène écartelée entre le poste et le village » (p. 116). Et il y revient souvent : « même si je joue malgré moi plusieurs rôles contradictoires au 11/39, je les joue et je l’accepte » (p. 89) ; « entre le soldat de nuit qui n’hésiterait pas à tirer et le gentil Français qui soigne, apprend à lire et à compter je m’y perds » (p. 93).

Une donnée capitale est que, dans ce secteur homogène, il n’y a aucune population de souche européenne. De ce milieu différent, l’auteur ne rencontre, lors de brefs déplacements, qu’un maire d’esprit plutôt ouvert, et une serveuse aux réactions haineuses. Ici l’affrontement colonial de deux camps est exceptionnellement simple. On n’y perçoit nullement le problème considérable que pose la présence en Algérie d’une communauté européenne, nombreuse dans la plaine côtière et implantée depuis plusieurs générations. La métropole s’est sentie solidaire de compatriotes qui avaient naguère versé leur sang pour sa libération et c’est pourquoi le cruel conflit algérien se prolongea si longtemps. Mais sur un « piton séparé du reste du monde, on peut faire abstraction de cette composante capitale de la tragédie algérienne.

Dans le temps, ce séjour s’écoule de janvier 1961 à février 1962. Après six années de guerre, les occupants du poste partagent la lassitude générale de l’opinion : « Continuerons-nous longtemps à combattre, à souffrir, à mourir pour une cause inexistante ? » (p. 129). Sans pour autant approuver l’action du réseau Jeanson, que « j’essaie en vain de comprendre » (p. 148). Sur leur poste transistor, les occupants du piton suivent en spectateurs lointains les premières négociations avec le FLN, le putsch des généraux, l’intervention du général de Gaulle. Localement, le climat politique se détériore et le nouveau chef de poste, un jeune sergent engagé, au tempérament répressif, manifeste de la malveillance envers Picard. Celui-ci aspire à « la quille » (la fin du service), qui intervient avant les semaines sanglantes du printemps 1962. En partant, il s’interroge : « Qu’ai-je fait ? Un peu la guerre, beaucoup la paix, ou l’inverse » (p. 202).

En 1975, l’auteur aura la curiosité de revenir en visite au village de ces années difficiles. Il y sera chaleureusement reçu par ses anciens élèves, par leurs familles et même par quelques-uns des hommes qui l’ont combattu. Certains sont au travail dans la région parisienne et « aujourd’hui ces anciens fellagha sont venus de France en vacances dans leur village ». Il s’en sentira réconforté.

Pierre Barral

Les éditions du net, Suresnes, 2013, 228 pages, 15 euros.

ISBN : 978-2-312-01496-8.

Un témoignage très fort
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3 décembre 2013 2 03 /12 /décembre /2013 06:30

Les enfants de Sidi-Ferruch

Chronique de la dernière guerre de l'armée française

Jean-Pierre Hutin

Un livre étonnant, tant sur le plan de la forme que de la construction ou du vocabulaire. Un livre atypique dont on ne sait pas très bien dans quelle catégorie le classer. Un livre entre souvenirs personnels et considérations plus larges, à la San Antonio, Un livre qui parle d'une expérience particulière de la guerre d'Algérie, mais pas que de la guerre d'Algérie.

Engagé volontaire au 3e régiment de parachutistes coloniaux, Jean-Pierre Hutin laisse aller sa plume. Le récit est plus ou moins chronologique, avec des phrases (ou des morceaux de phrases) brèves, parfois sans verbe, suivies de points de suspension, et des paragraphes tout aussi brefs. Du Céline de super-marché ? Même pas, un reste de pudeur l'interdisant sans doute. Ni numérotation, ni titres pour les chapitres, mais une succession de descriptions qui ouvrent la porte à des commentaires divers. Vous croiserez le planqué, vous suivrez le séjour à l'hôpital, vous aurez la description de l'opération tactique et celle du bordel, les scènes de saoulerie et le copain blessé ou tué, le chef bien sûr charismatique et le vieux sous-officier présenté comme une référence, les bagarres et les commentaires douteux sur le député, une charge de sangliers et la boîte de ration, etc... Honnêtement, la publication fait sans doute plasir à l'auteur, je ne suis pas persuadé qu'elle apporte beaucoup à la connaissance du milieu et de l'époque. Ramener "l'esprit Léopard" à ce niveau est pour le moins réducteur. Et dommage.

Pour les amateurs de souvenirs troupiers reformatés et enjolivés par les années écoulées. Ou alors, en exemplaire unique, en témoignage de ce que peu donner l'expression orale dans les popotes, simplement transcrite à l'écrit. En tout état de cause, nous sommes étonnés, mais pas convaincus. Même si le "luron" est souvent sympathique et peut faire sourire.

R. P.

Editions Le Spot, Nice, 2013, 188 pages, 18 euros.

ISBN : 978-2-9541232-4-0.

Esprit "Léopard" ?
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2 septembre 2013 1 02 /09 /septembre /2013 06:40

Camus et le terrorisme

Jean Monneret

Entre littérature, philosophie politique, engagement intellectuel et militant, l'ouvrage s'ouvre sur le récit d'une conférnce à Stockholm en décembre 1957, durant laquelle l'écrivain prononce sa fameuse phrase, ou du moins présentée comme telle : "Je crois à la justice, mais je préfère ma mère à la justice".

A partir de cet incident, l'auteur s'efforce ensuite de retrouver les racines de l'opposition de Camus au terrorisme. Il aborde pour cela "L'expérience algéroise du stalinisme"  de Camus au milieu des années 1930, "La maturation d'une pensée" pendant que l'écrivain est bloqué dans l'hexagone à partir de 1942, les relations conflictuelles avec Sartre dans l'après-guerre au sujet de l'URSS. Pour Jean Monneret, qui approuve sans hésitation les positions de Camus, "les enseignements de La Peste et de L'Homme révolté sont plus actuels que jamais"; Le chapitre suivant, "Le noeud gordien", tente de préciser comme Camus se situe entre le FLN et l'Algérie française, "à hauteur d'homme pour induire des rapprochements et pour tenter de limiter la violence". Enfin, l'ouvrage se termine sur une approche comparée des notions de morale et de politique (la première devant -théoriquement- primer sur la seconde), et sur la façon dont Camus pouvait comprendre la notion de "violence anticoloniale" développée par Stora. Ce dernier et le tout-Paris de l'information sont proprement égratignés au passage : "Les médias ont abondamment présenté Stora comme 'le meilleur spécialiste de l'Algérie' tout en lui conférant le monopole de l'expression sur ce thème, ce qui le préserve de toute concurrence. Belle et forte illustration du fonctionnement caricatural de l'audiovisuel français !"

Ouvrage engagé certes, au sens où il défend un point de vue, mais ouvrage à la fois solide sur le fond et dynamique dans la forme. Utile pour comprendre aussi les discours moins manichéens qui tentent de se faire entendre à l'époque.

Editions Michalon, Paris, 2013, 190 pages, 16 euros.

ISBN : 978-2-84186-709-7.

La morale et la guerre
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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 06:50

La guerre d'Algérie des Harkis

1954-1962

François-Xavier Hautreux

Belle et solide étude, au ton mesuré, que nous livre aujourd'hui François-Xavier Hautreux avec cette Guerre d'Algérie des Harkis.

Il semble, à la lecture de ce travail, que l'on puisse enfin parler sereinement des différentes formes d'organisations des "supplétifs" autochtones de l'armée française pendant la guerre d'Algérie, en dépit des blessures toujours ouvertes et des mémoires exacerbées. En effet, comme le précise l'auteur dans son introduction, "le mot 'Harki' ... a depuis longtemps cessé de désigner dans le langage courant une quelconque réalité historique pour devenir un symbole, une métaphore dont le contenu n'appartient finalement qu'à celui qui en use". Il rappelle également que "les Harkis et les autres auxiliaires de l'armée française forment un groupe cohérent et ont une histoire qui leur est propre", ce qui explique qu'il se place non pas au plan individuel mais au niveau collectif d'un "système mis en place et planifié dans un contexte particulier, organisé par un grand corps de l'Etat". Afin de permettre au lecteur de suivre sa démonstration aisément et en toute cohérence, François-Xavier Hautreux adopte un plan chronologique en trois grandes parties : "Premiers engagements, 1954-1956" (comprenant les chapitres "Héritages coloniaux", "Guerre de libération nationale ou guerres locales", "Guerre révolutionnaire et troupes auxiliaires"), puis "Gagner la guerre avec les Algériens, 1957-1961" (avec "Contre offensive, 1957-1958", "Challe et les supplétifs, l'apogée, 1959-1961" et "Hsitoires et mémoires de guerre"), et enfin "Finir la guerre, 1961- ..." (avec "Le désengagement", "L'Algérie ou la France, le chaos du printemps 1962" et "Après l'indépendance, les Harkis entre l'Algérie et la France". On comprend qu'il lui est ainsi possible de traiter son sujet de façon à la fois extrêmement large mais aussi nuancée, puisqu'en abordant des aspects très différents (recrutement, motivations, administration, emploi, situation-s- après 1961, etc.) pour les diverses catégories de supplétifs (Harkis stricto sensu, mais aussi Aassès, groupes divers d'autodéfense, Mokhaznis, etc.), il peut relativiser le poids de tel ou tel élément dans un riche tableau d'ensemble. N'attendez pas de ce livre (sauf à la marge) la description de situations individuelles ou un récit frappé au sceau de l'émotion. Le texte est toujours référencé, les données administratives et réglementaires sont précisées et les "à côtés" politiques ou financiers pris en compte. Quelques images, désormais bien connues, frappent néanmoins, comme celles, finales, de ces camps de Rivesaltes et de L'Ardoise en 1962, où "l'improvisation domine" et où "les douches ne fonctionnent pas", dans "un océan de boue privé d'électricité" tandis qu'une "seule infirmerie accueille les malades à la lumière des bougies"... Une dette supplémentaire contractée par une République bien oublieuse de ceux qui avaient choisi de se battre pour elle.

Quelques tableaux récapitulatifs et graphiques complètent les données chiffrées, et le livre se termine sur plusieurs dizaines de pages de notes et de bibliographie, permettant à ceux qui le souhaitent d'aller plus loin. Si le sujet divise encore (en particulier de l'autre côté de la Méditerranée), voilà une solide synthèse qui devrait s'imposer par sa précision et son recul vis-à-vis de réactions trop émotives, même si elles sont humainement compréhensibles.

Perrin, Paris, 2013, 468 pages, 24 euros.

ISBN : 978-2-262-03591-4.

L'auteur a bien voulu préciser certains points sur ce dossier resté pour beaucoup sensible

Question : Alors que nous venons de passer le cinquantième anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie, pensez-vous que les esprits soient prêts, désormais, à aborder ces sujets avec sérénité ?

Réponse : Tout dépend de quels esprits nous parlons. A l’université, dans les revues, dans les musées, dans de nombreux autres endroits, on peut parler de l’histoire franco-algérienne avec sérénité la plupart du temps. Ailleurs, l’émotion que celle-ci suscite n’empêche pas toujours la sérénité. Ce qui provoque cette émotion, c’est le « contemporanéisme », pourrait-on dire. Le fait qu’il s’agisse d’une histoire à la fois passée et « présente ». Parfois, c’est la lecture contemporaine qui domine. Parfois, elle est utilisée à d’autres fins que celle de la compréhension. C’est cela qui empêche la sérénité. Avec plus ou moins d’intensité, la « guerre d’Algérie » est un de ces sujets qui concerne chacun d’entre nous. Pour les « harkis », le lien entre passé et présent est plus évident, il tourne même souvent à la confusion. Il est aussi plus vivant et en construction. Ce sujet est également particulièrement politisé depuis 1962, c’est sans doute là que réside le principal obstacle à la sérénité.

Question : Au-delà des motivations finalement très variées des Harkis à l'engagement, vous évoquez une "économie parallèle de la guerre" et des "crédits Harkis" ne servant pas qu'à financer ces troupes supplétives. Fallait-il tricher avec les budgets pour pouvoir faire la guerre ?

Réponse : Concernant les harkis (qui étaient une catégorie d’auxiliaires Algériens de l’armée française), le commandement français a toujours été plus attentif à leur gestion, à leur administration, qu’à leurs missions. Les harkis étaient des unités civiles à l’origine. A l’été 1957, ils passent sous commandement militaire, mais continuent d’être financés sur des crédits civils, dépendant du gouvernement général d’Alger. A partir de 1959, le contrôle civil se resserre sur ces dépenses. On découvre alors que les « crédits harkis » permettent de financer tout autre chose que des soldats auxiliaires. Du « frigidaire » (comme le disait Jean Servier) aux agents clandestins. Face à leur mission de « pacification », les militaires, sur le terrain, étaient confrontés à une  grande diversité de tâches. Ces tâches ne relevaient pas toutes de lignes budgétaires clairement définies. La paperasse ne pouvait pas régler toutes les situations. Les « crédits harkis » ont ainsi pu permettre de financer une partie de ces tâches ; d’améliorer l’ordinaire, peut-être aussi. Les harkis n’étaient pas une exception. Les soldes des mokhaznis étaient également l’objet de certains détournements (cette fois-ci par les SAS), avec de nombreux cas des « mokhaznis fictifs ». Dans le cas des harkis, le commandement a préféré tolérer et encadrer la plupart des pratiques « frauduleuses ».

Question : Pourquoi les 'Aassès' sont-ils créés en 1960, alors que leur statut est pratiquement identique à celui des Harkis ? Ont-ils reçu des missions différentes ?

Réponse : Les aassès furent la dernière catégorie d’auxiliaires « Français musulmans » créée par l’armée française en Algérie, à la fin de l’année 1960. Leur statut administratif était pratiquement identique à celui des harkis, à l’exception de l’autorité ministérielle qui les finançait (les aassès relevaient du budget militaire). Les missions remplies par les gardes se rapprochaient également de celles des harkis. Sur le terrain, pour simplifier, on peut dire que la distinction entre aassès et harkis est largement fictive. Les deux groupes finissent d’ailleurs par être simplement assimilés à la fin de l’année 1961.  Pour comprendre la création de ce groupe, il faut revenir un peu en arrière : les aassès sont en fait les héritiers des auxiliaires algériens membres des Unités territoriales (force auxiliaire essentiellement constituée d’européens), dissoutes en 1960.

Question : Peut-on établir un bilan, une synthèse, de leur poids, de leur rôle réel, dans les opérations militaires ?

Réponse : Pas aujourd’hui, et il sera très difficile d’établir un bilan du poids opérationnel des auxiliaires algériens considéré globalement. La première tâche doit donc être de distinguer entre les formes d’engagement. L’armée française a compté jusqu’à 5 catégories d’auxiliaires algériens distinctes. Pour les Groupes d’autodéfense, on dispose de quelques bilans tardifs et lacunaires : ils montrent une activité opérationnelle très limité, malgré les tentatives d’encouragement de l’armée. Pour les mokhaznis, il faudrait faire un bilan de l’activité opérationnelle des SAS… qui n’existe pas à ma connaissance. Pour les harkis, le groupe qui a été le plus étudié, on se confronte également à un problème de diversité que l’armée elle-même avait renoncé à régler. Les harkis, pour le dire simplement, faisaient un peu tout et n’importe quoi. On pourrait dresser plus facilement un bilan opérationnel des commandos de chasse, au sein desquels quelques milliers de harkis ont servi. Un tel bilan ne concernerait toutefois qu’une minorité d’auxiliaires algériens (5 %, tout au plus), la partie émergée de l’iceberg. L’action des auxiliaires s’inscrit par contre toujours dans le cadre de la pacification, dans la vie quotidienne des secteurs territoriaux décrits par Jean-Charles Jauffret, par exemple.

Question : On ne peut pas aborder ce sujet sans évoquer la mémoire qui en a été conservé. Comment évaluriez-vous aujourd'hui le souvenir des Harkis dans la mémoire collective de la guerre d'Algérie ?

Réponse : Honnêtement, je ne saurai répondre à cette question. Il n’y a pas à mon sens de « mémoire collective » de la guerre d’Algérie mais des mémoires fragmentées. Qu’on soit Algérien, Français, conservateur ou progressiste, selon l’âge et le niveau d’étude aussi, la « mémoire collective » est différente concernant certains sujets. Je suis toujours frappé par les gens qui me disent par exemple « harkis, ça veut dire traître en arabe ». Parfois, il n’y a pas mémoire mais amnésie. Les choses bougent, bien sûr. En France, il existe un nombre impressionnant d’associations qui ont pour objet d’entretenir la mémoire harkie. Je pense que leur diversité est à la fois la conséquence et le témoignage de leur difficulté à se « faire entendre ». Malgré cela, elles parviennent à conserver actuelle cette page de l’histoire.

Merci beaucoup pour ces très utiles précisions et plein succès pour votre livre. 

Une histoire tragique
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11 mars 2013 1 11 /03 /mars /2013 06:52

Les hommes du contingent en guerre d'Algérie :

nouvelles pistes et méthodologie des témoignages

Jean-Charles Jauffret  -  12 mars 2013

APPELES-ALGERIE.jpg

Conférence demain à l'Institut historique allemand de Paris par l'un des meilleurs spécialistes de la question.

Jean-Charles Jauffret interviendra à partir de 18h00 à l'Institut historique allemand de Paris, Hôtel Duret de Chevry, 8 rue du Parc Royal, 75003 Paris, dans le cadre du cycle de conférences 2013 sur la guerre au XXe siècle. 

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26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 07:00

3e RPIMa

Contre-insurrection. Algérie 1960-1962, les villes et le djebel

Général D. Roudeillac

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Encore un témoignage sur la guerre d'Algérie ? Oui, mais celui-ci a ceci de particulier de concerner la période 1960-1962, généralement moins souvent présentée, et de nous parler d'un régiment qui fut commandé par Bigeard et Trinquier et dont le chef de corps du moment, le colonel Le Borgne, fut "le premier à manifester sa fidélité à la République au moment du putsch".

Après avoir présenté sommairement le régiment, le "Trois" ou les "Paras d'Alger", l'auteur (lui-même chef de peloton à la compagnie portée à l'époque) nous fait le récit de son histoire, entre "les villes et le djebel" : la semaine des barricades à Alger, les opérations dans le bled jusqu'en juillet 1961, le retour à Alger puis l'intervention à Bizerte au deuxième semestre de l'année, à nouveau cinq mois dans le djebel jusqu'au cessez-le-feu de mars 1962, les quatre derniers mois en base arrière d'avril à juillet et, finalement, l'adieu à l'Algérie. Les nomadisations comme les opérations conduites sont très détaillées, accompagnées de cartes, ce qui (à la limite) devient répétitif car, de recherche de caches en réduction de grottes, les affaires se ressemblent souvent. A propos de l'attitude adoptée lors du putsch des généraux : "L'unanimité à rallier le bon sens ne s'est pas faite sans peine, cachée au fond des coeurs et jamais exprimée". La dernière mission, du 13 au 17 mars 1962, au col des deux bassins, au sud de L'Arba, jusqu'au moment où "nous entendons enfin par la radio civile l'annonce du cezz-le-feu". Et oui, par la radio civile. Et puis, cette observation, en ouverture du chapitre relatif aux derniers mois de présence sur le sol algérien, selon laquelle "il manque des pages [dans les archives] du second trimestre 1962", et qu'en leur absence "il faut s'en remettre à la mémoire des hommes pour réécrire l'histoire de ce second trimestre". En conclusion, l'auteur revient, avec prudence, sur la notion de "contre-insurrection" et sur la pertinence d'enseignements de l'époque pour les engagements actuels. Complété par plusieurs annexes (cartes, tableaux récapitulatifs, etc.), un "cahier-photos" et une bibliographie indicative, ce témoignage confirme beaucoup d'éléments plus ou moins connus sur les deux dernières années de la guerre d'Algérie et apporte de nouveaux détails. A connaître et à conserver.

Lavauzelle, Panazol, 2013, 222 pages, 18 euros.

ISBN : 978-2-7025-1562-4.

Nota : l'auteur précise que la totalité de ses droits seront reversés à l'amicale des anciens du 3e RPIMa.

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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 07:00

L'agonie de la IVe République

Michel Winock

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Publiée pour la première fois en 2006, cette étude présente l'originalité d'être très exactement centrée sur la journée du 13 mai 1958 et ses conséquences immédiates jusqu'à la chute de la IVe République. Michel Winock s'en explique dès l'avant-propos : "Comment une journée peut-elle avoir assez d'importance pour imprimer sa marque sur le cours d'une histoire nationale ? La réponse en est aisée : ce sont les quelques heures qui créent une rupture, un 'avant' et un 'après' dans le continuum des saisons et des jours".

Il n'en demeure pas moins que l'ouvrage dans son ensemble replace bien sûr cette fameuse journée dans son contexte et précise ses origines. Si le chapitre 1 ("Une journée insurrectionnelle") lui est entièrement consacré, entre Paris et Alger, les chapitres 2, 3 et 4 en particulier reviennent longuement sur l'histoire de la présence française en Algérie, la place des populations musulmanes dans la vie des ces départements ultramarins et le rôle de l'armée dans le pays. Le chapitre 5 ("De Gaulle parle") continue les aller-retour entre les deux rives de la Méditerranée, l'ancien chef de la France Libre se refusant à jouer le rôle d'un simple arbitre : "Si on fait appel à moi, , eh bien je reviendrai à la tête des affaires du pays" et Mitterrand demandant que l'Assemblée nationale siège en permanence pour suivre l'évolution d'une situation particulièrement instable "d'heure en heure". Le chapitre 6 ("Paris résiste, Alger fraternise") s'étend en particulier sur les prises de position des chefs militaires ("Salan manoeuvre, Ely démissionne"), dont "la situation est plus ambiguë que jamais" face au quasi-vide institutionnel et politique. Les derniers chapitres enfin (chap. 7, 8 et 9) retrace la chronologie des ultimes journées avant l'accession de de Gaulle à la présidence du Conseil. Les manoeuvres politiciennes se succèdent, les atermoiements des uns font écho au militantisme des autres, le président Coty tente de jouer sa carte : "Les rites de la IVe république sont ainsi respectés, si ce n'est le repos dominical. Après sa sortie de l'Elysée, le général reprend ses consultations pour achever de former son gouvernement", investi le lendemain 1er juin par 329 députés contre 224 en dépit de manifestations organisées par le Parti communiste. "Le compromis constitutionnel" est en marche, la IVe république est déjà morte.

Ecrit dans un style particulièrement vivant, illustré par de nombreux témoignages et entrecoupé de dialogues reconstitués qui donnent un ton très dynamique à l'ensemble, cet ouvrage se termine sur une solide bibliographie et un index complet. Un livre particulièrement utile pour replacer dans le contexte du moment, alors que les événements s'enchainent rapidement, les prises de position et les décisions des uns et des autres. A lire et à conserver.

Folio Histoire, Gallimard, Paris, 2013, 495 pages. 9,60 euros

ISBN : 978-2-07-045083-1.

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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