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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 07:00

Marseille

Histoire et dictionnaire

Michel Vergé-Franceschi

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Bien connue pour les qualités formelles et foncières de ses volumes, la collection ‘Bouquins’ propose un ouvrage original en l’honneur de (et en hommage à) Marseille, alors que la plus ancienne ville de France est capitale européenne de la culture. L’introduction passionnée, parfois enflammée, de l’auteur (mais peut-on évoquer une telle ville sans passion ?) se termine sur un pressant appel : « Marseille doit être replacée au centre de ce qu’elle est depuis deux mille six cent ans : l’un des centres majeurs de la culture, de la richesse, des échanges -économiques, religieux et culturels- de l’humanité ». Oui, Marseille est une ville particulière, atypique, et Michel Vergé-Franceschi, lui même issu d'une très ancienne grande famille phocéenne, signe là, en plus de 1.000 pages, une vraie déclaration d'amour. Confirmons qu’il faut venir du nord de la Durance pour s’imaginer qu’elle est emblématique de la Provence.

Le livre s’ouvre sur une longue chronologie de la cité phocéenne (pp. 27-70) et une série de cartes et plans de la ville, de l’époque romaine à l’organisation des arrondissements actuels. Le dictionnaire est ensuite organisé en trois parties principales. La première s’intéresse aux personnages et personnalités qui ont fait et font Marseille (pp. 83-619), du riche négociant Abeille qui joua un rôle important durant la Révolution à Emile Zola, auteur des Mystères de Marseille en 1867. La seconde nous présente les lieux, les quartiers et les monuments (pp. 625-806), de l’Abattoir au pont de Vivaux, construit au XIVe s. La troisième et dernière précise les éléments constitutifs et objets de la vie quotidienne, intellectuelle et culturelle, ainsi que les principales phases de l’histoire politique, militaire, économique, sociale de la ville (pp. 808-973), de l’Accent (cette « patrie que l’on traîne avec soi ») à ZUP, pour ces quartiers que l’on dit pudiquement « difficiles » et qui marquent tant aujourd’hui l’image de la cité. On apprécie l’extrême détail des entrées, la richesse des informations pour les périodes anciennes, la diversité des sujets traités. Au fil des pages, nous retrouvons la description de l’assassinat du ministre Barthou en octobre 1934, la liste des "nobles" consuls et échevins de la ville, d’innombrables capitaines des galères, l’histoire de l’académie des belles-lettres de Marseille, Pagnol bien sûr, et la tombe de Jean de Florette au cimetière de La Treille, les noms des rues et leur origine, la caserne Saint-Charles, « plus belle caserne de France », la fête de la Chandeleur, les cartes postales, « inventées à Marseille en 1891 », les fameuses "galéjades" et bien sûr l’OM, né en 1899. Certaines entrées auraient sans doute mérité d’être développées (le quotidien Le Méridional, aujourd’hui disparu ; Sabiani, sulfureux adjoint au maire de l’entre-deux-guerres ; etc.), et l'on ne partagera pas toujours les considérations optimistes de l'auteur sur les évolutions les plus récentes et l'avenir. Mais quand on aime, on en veut toujours plus et l'on est exigeant …

L’ensemble est complété par deux index (des noms de personnes et des noms de lieux) qui permettent de « circuler » facilement entre les parties et les entrées. Un ouvrage original, un dictionnaire complet, un livre aussi plaisant que sérieux, qui peut être abordé par petites phases successives, dans le désordre, juste pour un moment agréable et ce n’est pas seulement le Méridional qui l’affirme. Pour ma part, la prochaine fois que j'y "descends", je vais le tester in situ, grandeur nature, un peu comme un guide touristique.

Coll. ‘Bouquins’, Robert Laffont, Paris, 2013, 1.061 pages, 30 euros.

ISBN : 978-2-221-11643-2.

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 06:55

Le sport et la guerre

XIXe et XXe siècles

Luc Robène (Dir.)

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Ce volume constitue les actes d’un grand colloque international qui s’est tenu à Rennes et à Coëtquidan en octobre 2010. Dans un cadre pluridisciplinaire, il se fixe pour objectif, à travers vingt-cinq communications, de mettre à jour et de préciser les relations complexes qui existent entre les activités physiques et sportives d’une part, les armées et la guerre d’autre part.

L’ouvrage est divisé en six grandes parties (« Le sport et la guerre en questions », « Le sport comme préparation à la guerre », « Cultures sportives, cultures de guerre : le rôle des médias », « Sport, guerre, dominations et résistances », « L’impact de la guerre sur le sport » et « Faire la guerre, faire la paix ») et se termine par deux témoignages : celui du colonel Lapouge sur « L’entrainement physique militaire et sportif aujourd’hui » et celui du colonel Goya sur « L’entrainement physique dans les unités professionnelles modernes : une expérience de cadre de contact ». Parmi les intervenants, on compte des historiens, professeurs en STAPS, agrégé d’EPS, ethnologue, sociologue, politistes, etc. Si la communication portant sur la période la plus ancienne traite du « Tournoi à l’époque du roi René d’Anjou : d’une pratique guerrière à un art courtois » (Jean-Michel Peter et Gérard Fouquet), la très grande majorité des interventions couvrent la fin du XIXe et la première partie du XXe s. Paul Dietschy s’intéresse d’ailleurs dans la première communication à « Le sport et la Grande Guerre : problématiques et approches historiques » et François Cochet, dans la seconde (« Des gestes de l’éducation physique aux gestes de la guerre ») centre son propos sur les années 1890-1920. Comme date-butoir en fin (1914) ou en début (1918-1919) des périodes ou des thématiques étudiées par les différents intervenants, la Première Guerre mondiale est ainsi au cœur de nombreuses réflexions, ce qui complète les travaux antérieurement publiés (par exemple « La chasse coloniale, 1870-1914 » par Lancelot Arzel ; « Le football en Oranie coloniale, 1914-1954 » par Didier Rey ; « La leçon de football des Tommies dans les villages de la Somme et du Pas-de-Calais, 1918-1921 » par Arnaud Waquet ou « Entre deux siècles, deux pays et leurs guerres : genèse des sports modernes en Alsace wilhelminienne, 1879-1914 » par Jérôme Beauchez). Avec une demi-douzaine de communications, la Seconde guerre mondiale n’est pas absente (en remarque l’originale « L’escrime dans les camps de prisonniers de guerre français », de Doriane Gomet) et les réflexions se poursuivent jusqu’à la guerre d’Algérie (« Les migrations des footballeurs professionnels algériens, 1954-1962 », par Stanilas Frankiel), la guerre froide (« Emil Zatopek : de la soumission à la rébellion, 1952-1968 », par Yohann Fortune) et aux conflits des Balkans (« Le rôle du football dans l’éclatement de la Yougoslavie », par Loïc Tregoures). Comme le constatent en conclusion Luc Robène et Dominique Bodin, « le sport [est] devenu, avec la guerre, l’une des activités les mieux partagées du monde moderne ».

Un volumineux et riche ouvrage qui, en mettant à la disposition du plus grand nombre les réflexions de très nombreux chercheurs, apporte une contribution essentielle à cette thématique.

Presses universitaires de Rennes, 2012, 537 pages, 24 euros.

ISBN : 978-2-7535-2126-1.

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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 07:00

Cinema Novo

Avant-garde et révolution

Bertrand Ficamos

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Particulièrement passionné par le cinéma brésilien dont il est un fin connaisseur, Bertrand Ficamos est spécialisé en études cinématographiques à l’université de Bordeaux III et de São Paulo. Résidant actuellement  à Brasilia, il dévoile dans cet ouvrage une analyse des différentes mutations qui ont bouleversé le Cinema Novo, en parallèle de l’évolution du contexte politique et idéologique au Brésil.

Durant les années 1950, sous l'influence du courant néo-réaliste italien, le cinéma brésilien tente de se remettre en question devant la menace grandissante du style, de la « tradition » cinématographique hollywoodienne. Les réalisateurs brésiliens commencent donc à explorer des thèmes populaires, qui suivent au plus près la réalité du quotidien dans le pays. Le Cinema Novo est alors découvert par une partie significative de la jeunesse brésilienne. Glauber Rochaest le réalisateur qui incarne le mieux ce nouveau mouvement. Ce cinéaste engagé, venu de Bahia, réunit de nombreux éléments allégoriques, des opinions politiques assumées et une mise-en-scène élégante et efficace que les intellectuels adoptent immédiatement. Il s'attache à décrire la misère, la faim et la violence, afin de faire réagir son public, allant jusqu'à suggérer le besoin d'une révolution. Le Cinema Novo a aussi compté d'autres réalisateurs importants, comme Nelson Pereira dos Santos, Ruy Guerraet Carlos Diegues. Malgré le coup d'État de 1964, qui pousse la plupart de ces réalisateurs emblématiques à l'exil devant la montée de la répression, la Revolutίon cinématographique brésilienne résiste et persiste à produire de nombreux longs métrages.

Cet ouvrage analyse donc les diverses évolutions ayant traversé le renouveau du cinéma brésilien, extrêmement sensible aux transformations politiques et sociales touchant son pays. Entre l'euphorie de l'inauguration de Brasília et les années de plomb de la dictature, ce cinéma politique est parvenu à éviter les schémas coutumiers et manipulateurs d'un « vulgaire » cinéma de propagande.

Créée par des réalisateurs en quête de scénarios révolutionnaires, l'esthétique du Cinema Novo, bien que partiellement inspirée des innovations de la Nouvelle Vague française, est largement inédite. L’impressionnant matériel dont Bertrand Ficamos fait l’analyse dans cet ouvrage en montre toute la richesse. Au-delà des entretiens avec les cinéastes qu’il effectua pour la rédaction de ce livre, les nombreux séjours au Brésil de l’auteur lui ont permis d'accéder à une grande diversité de documents : correspondances privées, scénarios originaux, projets avortés, communiqués de presse destinés au marché brésilien, dossiers de la police politique et de la censure cinématographique, etc. La découverte, en France, des archives inédites de Claude Antoine, producteur délégué du Cinema Novo à l'extérieur des frontières du Brésil, apporte un nouvel éclairage sur les relations de ce cinéma avec le cinéma européen.

Véritable mise à jour de la conception du cinéma révolutionnaire portée par le Cinema Novo, issu de la génération des réalisateurs des années 1960, le livre va bien au-delà en nous donnant à connaitre (en partie au moins) le Brésil lui-même. En définitive Bertrand Ficamos parvient dans cet ouvrage à faire partager sa passion pour la culture brésilienne et son cinéma. Il réussit également à élargir la réflexion que permet l'expérience du Cinema Novo sur les rapports entre culture et politique.

Juliette Janneau

Nouveau monde éditions, Paris, 2013, 426 pages, 34 euros.

ISBN : 978-2-84736-539-9.

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 07:00

Histoire de l'officier français

(des origines à nos jours)

Claude Croubois (Dir.)

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Il s'agit d'un impressionnant ouvrage collectif comprenant cinq parties bien équilibrées, elles-mêmes divisées de manière régulière en chapitres. Chacune des grandes divisions est agrémentée d'une bibliographie thématique. Rédigé par une pléiade de spécialistes qui pour certains font une incursion en histoire militaire alors que d'autres, réputés pour leur profonde érudition en ce domaine, ont écrit par ailleurs sur des sujets dépassant le cadre de l'armée, son aspect « beau livre » en fait un cadeau potentiel. Le visuel tient une place importante et au fil des pages on découvre une iconographie très originale, d'une indéniable valeur esthétique, de nombreux tableaux regroupant des données sociologiques ainsi qu'une chronologie.

Les auteurs ont travaillé à partir d'un matériau d'archives et de sources généralement de première main. Jean Chagniot traite de la période 1445-1789 ; le commandant Gilbert Bodinier étudie la charnière de 1789-1815 ; Claude Croubois et Jean-Pierre Surrault dissèquent les décennies 1815-1870 ; Jean-Charles Jauffret l'entre-deux-guerres franco-allemandes 1871-1919 ; l'ère 1920 à nos jours est enfin assurée par le Colonel (e.r.) Pierre Carles. On suit le déroulement d'une vaste fresque de l'Ancien Régime à la cinquième République. La sélection des officiers, telle qu’elle est décrite, est assez exemplaire de la façon dont une nation dégage ses élites, les tient en considération et éventuellement les recycle. À l'époque de la monarchie absolue, alors que se consolident les mécanismes étatiques qui donneront naissance à la nation moderne, se dessinent la structuration régimentaire de l'armée française, la constitution de la gendarmerie, de l'infanterie, de la cavalerie, avant que n'apparaissent - souvent timidement - des armes nouvelles sous l'effet du progrès technique. Les officiers se distinguent progressivement de leurs homologues civils. S'affirme durablement la singularité d'une profession qui implique un fort sens de l'engagement, voire une vocation : « Le métier des armes implique toujours un certain nombre de risques : le combattant s'expose à tuer, à être tué lui-même, à connaître la défaite, la captivité et la mutilation, voire, s'il est officier, la ruine » (p.15). Le caractère exceptionnel de la fonction d'encadrement dans les armées est l'un des fils rouges de ce volume, de même que les motivations familiales, sociales conduisant au choix de la carrière d'officier, l'aspect académique des études militaires à travers les âges, l'imbrication entre aristocratie et société militaire, la pratique du duel (privilège militaire qui irradie dans d'autres strates de la société), la supervision plus ou moins étroite par la hiérarchie de tous les aspects de la vie de ses membres, les causes et les moyens de l'avancement... L'institution militaire reflète les aspirations idéologiques de chaque régime, et en même temps les transcende, assurant une certaine immutabilité dans un monde politique et social turbulent, même si l'armée peut être occasionnellement un foyer d'opposition.

L'Histoire de l'officier français constitue une somme, qui peut être réactualisée par la lecture d'ouvrages plus récents, mais qui néanmoins demeure un classique absolu pour l'étude de cette thématique, rien d'aussi exhaustif n'ayant été publié depuis vingt-cinq ans.

Candice Ménat

Editions Bordessoules, Saint-Jean-d'Angély, 1987, 429 p., d'occasion à partir de 20 €.

ISBN : 978-290-350-426-7.

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31 décembre 2012 1 31 /12 /décembre /2012 07:05

Maurrassisme et littérature

L'Action française, culture, société, politique

Michel Leymarie, Olivier Dard et Jeanyvs Guérin (Dir.)

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Ce quatrième volume de la série "L'Action française. Culture, société, politique" est constitué par les actes du colloque tenu en octobre 2011 à l'université de Paris 3 Sorbonne nouvelle et il s'attache à essayer de déterminer et à analyser "les rapports entre nationalisme, littérature et, plus généralement, esthétique".

Dix-sept contributions très différentes éclairent d'un jour nouveau cette galaxie, dont les éléments constitutifs sont à la fois proches sur certains points et souvent profondément dissemblables : de Martin Motte présentant "Mistral-Maurras : les enjeux d'une filiation", à Georgiana Medrea analysant "Maurras et littérature en Roumanie", nous voyons défiler devant nous une grande partie de l'intelligensia française de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. : Bourget, Daudet, Claudel, Gide, Bernanos et Maulnier parmi bien d'autres. Au-delà de ces études "bilatérales", les intervenants s'intéressent également à certains titres de la presse et de l'édition de l'époque (La Revue Universelle ou la NRF par exemple), à des domaines particuliers du monde littéraire : l'Académie française, le théâtre, ou à des mouvements intellectuels (La Jeune Droite, les Hussards, etc.). Des ralliements plus ou moins durables à l'Action française (Bernanos, par Denis Labouret, par exemple) à l'opposition irréductible (même si elle peut être amicale) aux thèses monarchistes, de l'ambigüité des relations avec Gide (Pierre Masson) à l'opposition esthétique et littéraire avec Claudel (Pascale Alexandre-Bergues) à son très modeste écho personnel en Belgique (Francis Balace), c'est plus qu'un survol de l'intelligensia francophone du temps qui nous est proposée ici.

Tout en soulignant dans leur conclusion que "L'Action française a su engendrer un 'parti intellectuel' de droite comme plus tard le PCF a engendré un 'parti intellectuel' marxiste-léniniste", les trois co-directeurs de l'ouvrage observent en conclusion que "le 'politique d'abord' des maurrassiens ou les mots d'ordre du parti communiste produisent du binaire ... La galaxie maurrassienne a donc attiré les idéologues, beaucoup plus rarement des créateurs qui acceptent mal les directives préremptoires", même si au milieu des années 1930 "la République des Lettres est orientée à droite".

Un excellent complément à tout étude sur l'histoire et l'évolution des idées pendant la première moitié du XXe s.

Presses Universitaires du Septentrion, Villeneuve d'Ascq, 2012, 320 pages, 26 euros.

ISBN : 978-2-7574-0401-0.

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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 07:05

Entre terreur rouge et peste brune,

la Belgique livide (1918-1940)

Bertrand Herremans

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Dans le cadre général des travaux sur l’entre-deux-guerres, très peu nombreuses sont les études centrées sur un corps aussi particulier que celui de la "Carrière". L’ouvrage de Bertrand Herremans est donc d’autant plus intéressant qu’il s’attache à un groupe relativement limité et cohérent : celui des diplomates du royaume de Belgique ayant eu à traiter de la montée, puis des conséquences, de l’antisémitisme et du traitement des réfugiés chassée de Pologne, de Roumanie ou d’Allemagne. Dans « Un contexte puissamment antisémite », dans un environnement très marqué par l’héritage conservateur (voire réactionnaire) et la religion catholique, alors que la révolution bolchevique triomphe en Russie, la question juive occupe une place importante dans les préoccupations des diplomates. Dans le cas particulier de la Belgique, les soubresauts et les évolutions de politique intérieure aussi bien que les pressions et les menaces internationales accentuent le phénomène.

Dans une première partie, l’auteur étudie les réactions du personnel diplomatique belge (en particulier ceux en poste en Europe orientale) face à la menace du « péril rouge », puis face à la montée des thèses nazies. Dans ce contexte, les représentants de Bruxelles manifestent très tôt un rejet, voire un dégoût, de l’antisémitisme allemand et de sa violence, mais l’intensité plus ou moins marquée de leur adhésion aux thèses catholiques traditionnelles d’une part et leur implication plus ou moins forte dans la vie des pays où ils sont affectés d’autre part conduisent à des comportements et des jugements différents. Or, les perspectives pour la petite Belgique sont d’autant plus menaçantes que le développement des thèses racistes s’accompagne en fait d’un accroissement parallèle du danger et des menaces de guerre, ce que tous ne perçoivent pas. La seconde partie de l’ouvrage s’intéresse plus particulièrement à la question des réfugiés durant la période 1933-1940. Les diplomates belges semblent partagés entre une attitude défensive et de repli, et le souhait d’apporter une aide aux plus malheureux. Bertrand Herremans accorde un intérêt particulier aux relations entre le gouvernement et les associations, à la conférence intergouvernementale de 1936 et à « La conférence internationale pour l’adoption d’une convention concernant le statut des réfugiés provenant d’Allemagne ». Durant cette phase, les interventions maladroites de la France sont peu appréciées et les conversations se terminent par « le refus de la majorité des Etats de libéraliser leur politique ».

En conclusion (titrée « Une quête obsessionnelle, désespérée et maladive d’un ordre perdu »), Bertrand Herremans relativise en partie son propos quant à l’antisémitisme des diplomates belges mais, pour l’essentiel nobles et catholiques, ils craignent « un possible renversement du système socio-politique ». Les diplomates belges « cherchent à se revendiquer de l’humanité par opposition à la barbarie qu’ils dénoncent et associent au nouveau régime allemand », mais le souci de préservation de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale du pays prend le pas sur toutes les valeurs : « si certains sont effectivement préoccupés par la détresse des réfugiés, les agents comme beaucoup d’autres observateurs et dirigeants belges ne basent pas, même partiellement, leur politique sur l’humanité, mais sur les peurs évoqués et l’égoïsme national ». Une conclusion nuancée, mais qui souligne les ambiguïtés de l'époque, et qui pointe le conservatisme et la faiblesse : « On ne peut reprocher à la diplomatie belge que sa relative répugnance à leur porter davantage secours ».

Une étude aussi originale qu’intéressante.

André Versaille éditeur, Bruxelles, 2012, 238 pages. 44,90 euros.

ISBN : 978-2-87495-196-1.

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 07:05

La civilisation du journal

Histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe s.

Dominique Kalifa, Philippe Régnier, Marie-Eve Thérenty ey Alain Vaillant (Dir.)

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Une parution de référence, datant d'il y a environ un an, mais que nous devions absolument chroniquer.

En effet, cette monumentale étude collective (61 contributeurs) de plus de 1.700 pages ( ! ) permet aux auteurs de "mesurer les effets du journal sur la marche de la société", durant cette période qui va jusqu'à la Grande Guerre et au cours de laquelle l'essor de la presse a été sans précédent. Histoire politique, culturelle, économique : c'est exceptionnel et tous les aspects, toutes les réalités, toutes les complexités de la société du temps défilent sous nos yeux.

Vous suivrez ainsi "Les transformations technologiques de la presse", qui permettent en fin de période les tirages de masse ; vous comprendez mieux "L'économie de la presse", et ses contraintes fiscales ou de publicité par exemple ; les rapports des journaux parisiens aux partis politiques et aux régimes en place ; la question de la liberté d'expression et de la censure ; les distinctions entre les grands quotidiens généralistes et la presse périodique, partisane ou intellectuelle ; la presse de vulgarisation, la "grande" et la "petite" ; la place croissante prise par les illustrations puis les photographies ; la presse départementale et la presse coloniale métropolitaine (on regrette que ce chapitre soit l'un des moins développé) ; la presse féminime et la presse professionnelle (mais aucune référence ici à la vingtaine de titres, dont le quotidien La France Militaire, qui s'intéressent spécifiquement aux questions militaires). Le statut et le rôle du journaliste, l'organisation des rédaction, la mise en page des Unes, l'existence d'un "Editorial" (ou "article de tête") plus ou moins engagé et polémique, la présence des "feuilletons" sous la signature de romanciers prestigieux, la liberté de ton si caractéristique de la IIIe République, le développement des "reportages" et la naissance des "interviews", les différentes chroniques et rubriques régulières, les grandes plumes et les publicistes, la question du rapport entre l'actualité et l'histoire (importance relative d'un événement), le rapport à la vie privée des élites, la création de "l'opinion" et "La démocratie médiatique", le rôle de la presse dans la constitution des identités nationales et sociales, etc... Tout, vous saurez tout (ou presque) sur le sujet. Presque, car deux domaines en effet sont peu ou pas étudiés en dépit de la diversité et de la richesse des titres : le monde colonial et le monde militaire, qui n'est très rapidement évoqué que par quelques lignes au détour des pages 557-558.

Outre le classique "Index des noms de personnes" (pp. 1617-1646), on trouve à la fin de l'ouvrage un "Index des titres de journaux" (pp. 1647-1670) probablement presque exhaustif (sauf pour les titres traitant des questions militaires, 1 cité sur une vingtaine publiés) et une bibliographie véritablement impressionnante (pp. 1671-1755). En dehors de ces quelques réserves, une étude d'absolue référence, indispensable à quiconque souhaite s'intéresser, très largement, à l'histoire du XIXe siècle et au début du XXe.

LE livre dont il faut désormais disposer sur le sujet.

Nouveau Monde Editions, Paris, 2011, 1762 pages, 39 euros.

ISBN : 978-2-84736-543-6

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 07:00

Obéir et commander au feu

François Cochet (Dir.)

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Voici le deuxième volume d'actes du cycle de séminaires lancé par le professeur François Cochet sur le thème de l'expérience combattante des 19e au 21e siècles. Le volume publié l'an dernier était centré sur la question de la formation des combattants, celui de cette année, Obéïr et commander au feu, est donc parfaitement complémentaire.

Selon le principe adopté depuis le lancement de ce programme de recherche (voir l'entretien ci-dessous), cet ouvrage se distingue par son caractère pluridisciplinaire, tout en restant centré sur les questions militaires, ce qui lui done une grande cohérence. Il est divisé en trois parties principales : "Les éléments de transversalité : lectures des actes d'obéissance et de désobéissance au feu", "Commander et obéïr au combat" et "Adaptations aux ordres reçus et refus d'obéissance". Parmi les thèmes abordés et les intervenants, on remarque le sociologue Claude Weber ("Réflexions sur les formes d'autorité et l'obéissance à un ordre illégal"), le lieutenant-colonel juriste Philippe Frin ("L'environnement juridique du champ de bataille aujourd'hui"), le médecin-chef Yann Andruetan ("L'obéissance en milieu militaire et la psychiatrisation de la désobéissance"), etc. Les exemples historiques traités s'étendent de la conquête coloniale à la fin du XIXe siècle (Rémy Porte, "Les leçons de commandement du capitaine Prokos") à l'Italie des années de plomb (Nicola Labanca, "Le refus de combattre et d'obéïr des objecteurs de conscience italiens dans les années 1970", en passant bien sûr par la Grande Guerre (Michael Bourlet, "Les ordres d'attaque des corps d'armée français en 1915 : permanences et innovations" ; ou Julie d'Andurain, "Les généraux de la Grande Guerre, entre obéissance et désobéissance"), à la Seconde guerre mondiale (Julie Le Gac, "Surveiller et punir : le poids de la discipline dans l'exercice du commandement au feu. L'exemple du Corps expéditionnaire français en Italie (1943-1944)" ; ou Francis Balace, "Commander à quoi, obéir à qui ? Les problèmes franco-belges de subordination et de liaison en mai 1940"), mais aussi à la guerre d'Algérie (Frédéric Médard, "Soldats de métier et conscription : les chefs de section et le rétablissement de l'ordre en Algérie, 1954-1962") ; ou Jean-Charles Jauffret, "Guerre d'Algérie : typologie de la désobéissance"), pour ne prendre que quelques exemples.

C'est dire toute la richesse de ce volume, qui nous parle aussi bien du 1er Corps canadien en 1944 (Yves Tremblay) que de la Légion garibaldienne en 1914 (Hubert Heyriès). Dans la conclusion qu'il m'a été demandé de rédiger, je souligne en particulier "qu'il s'agit ici de verbes d'action, à la fois co-substantiels du métier militaire, et indissolublement liés entre eux puisque, tout au long de sa carrière, un officier, fut-il officier général, ne cesse de commander ET d'obéir, c'est à dire de traduire en ordres pour ses subordonés ceux que lui-même reçoit de son autorité supérieure ... Chacun, à son niveau de responsabilité, est donc quotidiennement en situation de commander et d'obéir".

Notons que les prochaines livraisons aborderons Les environnements du combattant (parution en 2013) et Les blessures des combattants (parution en 2014).

Collection 'Actes académiques', Riveneuve éditions, Paris, 2012, 413 pages, 26 euros.

ISBN : 978-2-36013-112-9

COMBATTANTS 2 

François Cochet nous présente un point de situation sur ce programme de recherche.

Question : Pouvez-vous nous présenter le programme de recherche EXPECOM dans son ensemble ? Quels sont les objectifs poursuivis ?

Réponse : Travaillant depuis une quinzaine d'années sur les comportements des soldats au combat (notamment ceux de la Grande Guerre), j'ai voulu opérer une démarche comparative. EXPECOM 19-21 s'appuie sur une interrogation que j'ai voulu finaliser dans un programme de recherche, labélisé pour les quatre années par la Maison des sciences de l'homme (MSH) - Lorraine. Le constat de départ était simple. Peut-on mesurer des évolutions transversales de l'expérience des soldats au feu depuis le milieu du XIXe siècle ? Certains historiens avancent les thématiques de la "brutalisation" du champ de bataille durant la Grande Guerre, et j'ai voulu suivre sur le long terme les comportements des soldats à l'aune de certaines évolutions techniques. Par-delà les différences technologiques, chronologiques, et les différentes cultures nationales des militaires, les grandes peurs, hantises, fiertés, héroïsmes du champ de bataille évoluent-ils fondamentalement ? En d'autres termes, c'est l'éternelle question des mutations -tant mentales que technologiques- et des permanences, leur équilibre et partage sur les champs de bataille successifs du XIXe siècle à aujourd'hui, qui représentent les enjeux essentiels de ce programme commencé en 2010 et qui s'achèvera en 2014. Il s'agit d'un programme pluridisciplinaire où les historiens -tant civils que militaires- travaillent conjointement avec des juristes, des linguistes, des sociologues ou des médecins.

Question : Que retirez-vous de ce volume 2, consacré à "Obéïr et commander au feu" ? Quelles sont les principales pistes explorées ?

Réponse : Le premier volume avait concerné la formation des soldats, tant d'une point de vue théorique que par "RETEX". Le second volume essaie de suivre les comportement d'obéissance et de commandement, vécus sur le terrain. En aval de la formation initiale des combattants, les réflexes d'obéissance sont intériorisés plus ou moins parfaitement, en fonction de la qualité de la troupe, des circonstances du conflits concerné, de la personnalité du chef. Comment commander au feu quand on est sous-lieutenant ou général ? Ni les modalités, ni les formes du commandement ne sont les mêmes dans cet exemple. De ce point de vue, la communication d'André Martel, consacrée au général Compagnon et à ses différents types de comandement au feu depuis le grade de lieutenant, s'avère tout-à-fait dans la ligne de la démarche.

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Question : A ce jour, vous êtes à mi-parcours : pouvez-vous établir un bilan intermédiaire ?

Réponse : Malgré les difficultés matérielles (le sciences humaines sont le parent pauvre de la recherche en France) et intellectuelles (dès que l'on touche à la culture militaire, l'université française dans sa grande majorité à tendance à se cabrer), le programme se déroule conformément à mes attentes. Pour les raisons budgétaires évoquées, j'ai été obligé de réduire la voilure en n'invitant pas autant de collègues étrangers que je l'aurais souhaité. Il n'en demeure pas moins que les acquis scientifiques sont très réels et ont déjà permis de faire émerger des invariants comportementaux, mais aussi les différentes cultures nationales des milieux militaires. Les 38 communications des deux premiers volumes de la collection "Expérience combattante 19e-21e siècles" (Riveneuve éditions) commencent à constituer une base-ressource documentaire intéressante, qui va être complétée par la publication du volume du colloque tenu il y a quelques semaines à Metz (consacré aux "Environnements du combattant", tant matériels qu'intellectuels) qui paraitra en 2013, tandis que la dernière session du programme se tiendra fin 2013 et sera consacrée aux "Traumatismes des combattants", physiques, phychiques et mémoriels.

Question : En tant que professeur des universités, comment voyez-vous l'avenir de l'enseignement de l'histoire des conflits ?

Réponse : Nous ne sommes plus très nombreux à travailler sur les conflits en nous intéressant aux combattants et aux dimensions militaires. Les évolutions, en France, ont amené à faire du soldat une "victime", ou un "fusillé pour l'exemple", au mépris de la compréhension des comportements des époques passées. Ces amalgames anachroniques sont le reflet d'une dérive vers le mémoriel et ses fonctionnements propres d'empathie, au détriment de la démarche réellement historienne, construite sur la tentative de compréhension par imprégnation et d'explication du passé. Nous sommes là, vraiment, dans une régression conceptuelle induite aussi, en partie, par la victoire de "l'histoire culturelle", pour laquelle il n'existe plus des faits mais seulement des représentations mentales des faits. La demande de l'institution militaire est plutôt centrée sur la géostratégie, dont les historiens sont de plus en plus évacués par les politologues, ou sur un "RETEX" utilitaire, largement ignorant des expériences historiques. Or, il n'y a souvent de nouveauté qu'ignorance du passé.

Tout cela n'est guère encourageant pour voir se développer une histoire des conflits qui prenne en compte les innovations méthodologiques  d'une histoire des représentations, sans pour autant faire fi de la précision nécessaire à toute histoire du champ de bataille. Entre une "histoire militaire" dépassée consistant à compter le nombre de canons présents dans une bataille et à en rester à un simple procédé descriptif, et une pseudo-anthropologie historique ne maniant que des concepts, il y a de la place pour une histoire des conflits et des hommes sereine et moderne. Fort immodestement, c'est cette histoire que j'essaie de faire avec quelques autres.

Merci François Cochet pour cet état des lieux, à la fois un peu sombre, mais aussi riche de perspectives.

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2 octobre 2012 2 02 /10 /octobre /2012 07:00

Gaule et France

Alexandre Dumas

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Ce petit volume est une pure merveille d'écriture : ou, quand un géant de la littérature ne connaissant rien à la science historique se pique de diffuser une certaine vision de l'histoire.

Le débat récurrent sur les moyens à utiliser pour intéresser le grand public et la jeunesse à l'histoire trouve ici matière à de profondes réflexions. En effet, en 1833, le jeune auteur Alexandre Dumas, dont la notoriété naissante repose sur quelques succès au théâtre, tente (dans le cadre plus large d'un phénomène de mode) de populariser une histoire de la France, des origines au Moyen-Age. Sans la moindre formation (et sans doute fort peu de connaissances solides) en histoire, et avant de se lancer dans les romans (Les Trois Mousquetaires, etc.) qui le rendront célèbre, il se dit impressionné par les succès de Walter Scott ("Après avoir lu Ivanhoe, Le château de Kenilworth, Richard en Palestine, nous fûmes forcés de reconnaître la supériorité de ces romans sur les nôtres" ) et précise en introduction : "Nous substituerons la forme de la chronique à celle de l'annale, et nous abandonnerons la concision pour le développement pittoresque" ! Tout est dit.

Outre le plaisir (parfois extrêmement savoureux) qu'il y a à lire un texte aussi connoté "XIXe s." (style, vocabulaire, idées, etc.), il est également extrêmement intéressant de s'attarder sur le but poursuivi et la (re)construction d'une identité mythifiée (et mythique) au lendemain de l'épopée révolutionnaire et impériale, en partant de "l'histoire" de la "monarchie franco-romaine" ! L'épilogue, dans lequel Alexandre Dumas tente de brosser en quelques pages un résumé (sic !) de l'histoire de France entre Louis XI et la monarchie de Juillet mérite également que l'on s'y attarde (à propos de la retraite de Russie : "Dieu retire donc sa main de Napoléon, et pour que l'intervention céleste soit bien visible cette fois dans les choses humaines, ce ne sont plus des hommes qui combattent des hommes, l'ordre des saisons est interverti, la neige et le froid arrivent à marches forcées : ce sont les éléments qui tuent une armée").

Un petit bijou de l'édition. Un livre qui séduira tous les amateurs d'histoire et de littérature.

Editions Vendémiaire, Paris, 2012, 280 pages, 16 euros.

ISBN : 978-2-36358-037-5

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 07:00

L'Armée, l'Eglise et la République

(1879-1914)

Xavier Boniface

L-ARMEE--L-EGLISE-ET-LA-REPUBLIQUE--1879-1914-.jpg

Professeur à l'université de la Côte d'Opale et spécialiste reconnu des questions "politico-militaro-religieuses" en particulier sous la IIIe République, Xavier Boniface nous livre ici une version imprimée de son mémoire d'habilitation à diriger des recherches, soutenu en décembre 2008, dans lequel il se fixe en particulier comme objectif "de revenir sur la laïcisation de l'armée, ainsi que sur sa perception dans la société française avant 1914", dont il distingue deux périodes bien différentes : avant et après l'affaire Dreyfus.

Ce volumineux ouvrage, parfaitement bien référencé et dont le texte courant est accompagné de notes de bas de page judicieuses, est structuré en deux grandes parties : "L'apprentissage de la laïcité dans l'armée de conscription au temps de la république modérée (1879-1898)", et "Un mise au pas laïque et républicaine de l'armée au temps de la république radicale (1898-1914)". La question de l'aumônerie (statuts, missions, présence et rôle, etc.) sert en quelque sorte de fil rouge et l'on s'intéresse aussi bien aux officiers de l'armée d'active qu'aux conscrits. Plusieurs chapitres présentent un intérêt tout particulier, comme "La délation, une affaire de la morale et de la politique" (chap. 6), qui traite de l'affaire des Fiches et du général André, et "Honneur et conscience" (chap 7), qui étudie l'engagement de l'armée dans des opérations intérieures de maintien de l'ordre à une époque où les formations spécialisées de la police et de la gendarmerie n'existent pas encore. Constatant en conclusion que (contrairement à certains poncifs mille fois répétés : "Il est toutefois exagéré d'affirmer, comme le fait William Serman, que ces événements [affaire Dreyfus, affaire des Fiches, etc.] consolident l'alliance du sabre et du goupillon, sous le signe du nationalisme. Au contraire, c'est au moment où le cléricalisme militaire décroît, sous les effets convergents de la politique radicale et de l'acculturation républicaine des officiers, qu'il est le plus stigmatisé") "l'Armée, l'Eglise et la République étaient, dans les années 1879-1914, malgré leurs profondes divergences, sur la voie des accommodements", il nous offre un panorama subtil, précis, mesuré de cette période.

On apprécie à la fin de l'ouvrage les 25 pages de sources, archives, et bibliographie, toutes références parfaitement précisées pour que chacun puisse éventuellement s'y reporter. Un ouvrage qui, à n'en pas douter, fera date et que toute personne intéressée par, ou chaque étudiant travaillant sur, la première partie de la IIIe république doit connaître.

Nouveau Monde Editions, Paris, 2012, 523 pages, 24 euros.

ISBN : 978-2-36583-324-0

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Qui Suis-Je ?

  • : Guerres-et-conflits
  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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