Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 07:00

De l'Histoire à l'histoire

Daniel Cordier

Ce livre étonnant est le fruit de trois années de conversations entre un historien spécialiste de l'Antiquité et celui qui, devenu secrétaire de Jean Moulin "par hasard", fut ensuite "marchand d'art par passion et historien par accident".

Issu d'un milieu familial traditionnaliste marqué par le discours des anciens combattants de la Grande Guerre, Daniel Cordier (fondateur du club Jean Moulin, auteur de Alias Caracalla) est à Londres à l'été 1940 et devient agent de la France Libre, mais se fait la promesse de ne plus jamais parler de la guerre la paix revenue : "J'ai décidé de ne pas imiter ces anciens combattants ... La guerre était notre jeunesse, mais quand elle serait finie, nous pourrions commencer notre vie", et il précise un peu plus loin : "Si je n'ai jamais évoqué la guerre, c'est parce qu'elle est le trésor secret de ma vie" et il parle du "souvenir lumineux d'une période atroce", formule dans doute difficile à comprendre ou à admettre par ceux qui ne l'ont pas vécu. Trois solides et durables amitiés avec ses anciens camarades le marquent, dont Stéphane Hessel. A la fin des années 1970, jugeant que Jean Moulin, son ancien "patron" de la résistance, était calomnié dans une populaire émission de télévision, il décide de retrouver les traces et les preuves de l'engagement des années 1941-1943, plonge dans les livres et les archives (publiques et privées), retrouve d'anciens camarades et devient historien : "Au départ de mon travail, je voulais seulement répondre à la calomnie de Frenay : Jean Moulin était-il cryptocommuniste ?". La conclusion, pour ce fidèle, ne fait pas de doute, certes, mais, au fil des pages le lecteur croisera les grands noms de la Résistance et du gaullisme, dont Daniel Cordier dit très franchement ce qu'il pense (et ce qu'il pense de leurs évolutions) ; ou quelques paragraphes passionnants sur la méthodologie de l'historien, le croisement indispensable des sources et le caractère toujours ambigu des témoignages oraux et des récits des témoins. On lira attentivement ses descriptions des Français "de l'intérieur" de 1942-1943, qui ne laissent pas de place à la légende d'un peuple dressé contre l'occupant, ou celles des sentiments des premiers résistants au lendemain de la guerre : "Lorsque Edouard Herriot, qui incarnait à mes yeux ce que la classe politique des années 1930 avait produit de pire, retrouva la présidence de la Chambre en 1947, j'eus le sentiment que l'engagement de mes camarades d'Angleterre n'avait servi à rien". Le propos a au moins l'avantage de la clarté !

Un livre à bien des égards unique sur le fond comme dans le ton, qui doit être lu, au-delà des seuls amateurs de la Seconde guerre mondiale, par tous ceux qui s'intéressent au(x) parcours et au(x) méthode(s) de l'historien.

Gallimard, Paris, 152 pages, 15 euros.

ISBN : 978-2-07-014184-5.

Mémoire et mémoires
Partager cet article
Repost0
12 juin 2013 3 12 /06 /juin /2013 07:00

Chine, Iran, Russie :

Un nouvel empire mongol ?

Thomas Flichy (Dir.)

Chine, Iran, Russie... Trois noms qui inquiètent et dont l'entente ressuscite le fantasme du « péril asiatique » prêt à déferler sur l'Occident pour précipiter sa chute. Le défi lancé aux États-Unis sur le thème de l'hégémonie mondiale aussi bien que les orientations politiques de ces trois états y participent. Mais ce nouveau "bloc de l'Est" est-il vraiment aussi solide et impérialiste que ne le montre parfois les médias internationaux ? C'est la problématique du petit ouvrage collectif publié par Jean-Marie Holtzinger (spécialiste des relations sino-russes), Jérôme Pâris (officier à la Légion étrangère) et Antoine-Louis de Prémonville sous la direction de Thomas Flichy (professeur à l'ESM Saint-Cyr), aux éditions Lavauzelle.

Après un court avant-propos constitué par une fiction futuriste "à la Tom Clancy", dont il n'est pas certain qu'elle soit indispensable (l'officier de la cellule élyséenne rentrant de Coëtquidan à Paris en vélo ? ...), les rédacteurs introduisent leur sujet à proprement parler avec un bref aperçu des relations entre la Chine, l'Iran et la Russie de ces dix dernières années, et notamment de la création de l'Organisation de Coopération de Shanghaï dont ils sont les principaux membres avec les états turcs d'Asie centrale. Présentée comme une alliance politique et économique entre ces trois pôles, celle-ci regroupe 1,5 milliards de personnes, s'étend sur 26 millions de kilomètres carrés et possède une réserve de matières premières tout à fait formidable. Il faut ajouter à cela la coopération militaire soutenue qui s'est développée depuis 2005. Avec ces chiffres, il n'y a qu'un pas à franchir pour faire le parallèle avec l'ancien Empire mongol édifié sous Gengis Khan et ses éventuels actuels "successeurs".

La première partie de l'ouvrage, « Iran-Chine, le noeud de l'alliance et sa périphérie russe », analyse les relations entre les trois pays et la vision qu'ils ont l'un des autres. Thomas Flichy nous montre l'amitié millénaire entre la Perse et la Chine qui se sont mutuellement influencées dans de nombreux domaines, en particulier culturels. Malgré quelques périodes troubles, comme lors de la partition de l'Empire mongol ou de l'établissement de la république islamique en Iran, les contacts entre les deux nations ont toujours été étroits. La Russie et l'Iran ont (auraient ?), eux aussi de leur côté, connu des relations bilatérales basées sur la coopération et la bonne entente même si l'impérialisme russe a souvent compromis cette bonne entente comme lors du Grand Jeu avec l'Empire britannique. Le problème de l'alliance se trouve principalement dans les relations Russie-Chine qui oscillent entre la méfiance ou la méfiance réciproque, faisant de l'Iran l'interlocuteur obligé de la coopération sino-russe à l'intérieur de l'alliance. L'auteur dresse ensuite un portrait comparé des pays quant à leurs pensées politiques et diplomatiques, opposant par exemple la Russie conquérante à un Iran et une Chine pacifique. Ces aspirations et attitudes diverses mettent en évidence une certaine fragilité diplomatique de l'alliance.

Antoine-Louis de Prémonville se penche quant à lui sur l'histoire de « l'Empire mongol et ses soubresauts à travers l'histoire ». Il dresse un bref tableau de cet empire et de ses successeurs ilkhanides ou yuan, en voulant démontrer, à juste titre, que les pôles russes, iraniens et chinois ont subit une influence commune avec la domination mongole dont les pratiques et usages politiques trouvent un écho lointain dans ceux utilisés aujourd'hui par ces trois pays. Il finit enfin par aborder le célèbre Roman von Ungern-Sternberg et son épopée étonnante en Sibérie et en Mongolie lors de la guerre civile russe. Même si cela peut sembler assez superflu aux yeux du lecteur au regard du sujet du livre, l'aventure est assez extraordinaire pour être plaisante à lire.

Les deux derniers chapitres de l'étude, intitulés « Iran, Chine et Russie : le pragmatisme plus que le rêve impérial » et « Une cyber-communauté de l'information ? » sont consacrés aux mécanismes de l'alliance, à ses terrains d'actions ainsi qu'à son image, en son sein comme à l'extérieur. La question énergétique fait l'objet d'une brillante analyse par Jean-Marie Holtzinger qui montre l'importance du pétrole à la fois comme outil de puissance et d'influence des pays de l'O.C.S., mais aussi comme indicateur des relations entre les trois pays. La dernière partie consacrée à l'information est tout aussi intéressante. En effet, Jérôme Pâris et Thomas Flichy s'attachent à montrer au lecteur non pas "la" mais "les" visions véhiculées par les médias occidentaux, musulmans ou ceux de l'O.C.S sur différents sujets comme la question du nucléaire iranien, la guerre civile syrienne ou encore l'action des trois pays dans le domaine du renseignement. Tout ceci est traité de façon relativement convaincante et donne au lecteur de vrais outils pour comprendre et apprécier l'attitude de ces états, dont les motivations peuvent parfois nous échapper.

Toutefois, le livre laisse une impression mitigée au lecteur. Il parait tout-à-fait pertinent sur certains points de son argumentation, mais certaines parties paraissent relèvent du hors-sujet, ou avoir été rédigées trop rapidement, ce qui est dommage pour un ouvrage sur un thème d'une grande actualité, bien abordé en général mais d'à peine plus de 80 pages. La question du cyber-conflit officieux entre l'O.C.S. et les Etats-Unis n'est pas traitée, alors même que le thème est annoncé. De plus, on a du mal à comprendre pourquoi l'histoire de l'empire mongol fait l'objet d'une partie entière en tant que telle, alors qu'elle se serait fondue parfaitement avec celle des relations du trio. De même, autre exemple, la partie sur la place du monde turc dans (et par rapport à) l'O.C.S., qui est présentée comme importante, est à peine abordée. On regrette aussi l'absence d'une bibliographie finale, qui listerait les ouvrages présentés en note de bas de page et permettrait d'aller plus loin sur certaines questions. Pour finir sur une note positive, l'ouvrage soulève des questions essentielles de géopolitique à court et moyen terme, qui inciteront le lecteur à pousser plus en avant l'étude de ces sujets. De vraies problématiques, de vraies réflexions, sur une zone dont la plupart de nos concitoyens ignorent à peu près tout et qui méritent  largement  d'être prises en compte. Un beau sujet.

Thierry Barroca.

Editions Lavauzelle, Panazol, 2013, 89 pages. 14,80 euros.

ISBN : 978-2-7025-1575-4.

NB 1 : On complétera avec la lecture de l'analyse sur le même sujet et par le même auteur, mise en ligne sur le site du CREC : ici.

NB 2 : On lira également sur le même thème le billet hebdomadaire de François Chauvancy sur Défense et Sécurité, mis en ligne le 8 juin : ici.

Héritiers du baron von Ungern-Sternberg ?
Partager cet article
Repost0
11 juin 2013 2 11 /06 /juin /2013 06:55

La mémoire spoliée

Les archives des Français, butin de guerre nazi puis soviétique

Sophie Coeuré

Nouvelle édition remise à jour d'un livre publié pour la première fois en 2007, cet ouvrage est absolument passionnant. Sur un sujet qui pourrait paraître ennuyeux (des montagnes de cartons d'archives...), nous avons un récit vivant qui ouvre largement sur de multiples pistes et pose de très nombreuses questions.

Sophie Coeuré reprend au fil des chapitres toute la chronologie de l'histoire mouvementée de ces archives de la IIIe République, saisies par les Allemands au printemps 1940 et pour certaines transférées au coeur du Reich pour y être systématiquement exploitées (Qui sont les partisans de l'autonomie en Rhénanie ? Qui sont les agents français en Allemagne avant-guerre ? Comment la France a-t-elle négocié avec telle ou telle personnalité étrangère ?, etc.). Selon Karl Epting, adjoint de l'ambassadeur Abetz, "les archives pouvaient être des armes aussi terribles que les obus"... Mais, en 1944, le travail est encore loin d'être terminé et du fait de la progression des alliés occidentaux comme de l'Armée rouge, des stocks d'archives saisies nomadisent à travers le Reich, de Bohème en Bavière. Or, différents organismes civils et militaires soviétiques organisent dans les territoires conquis par l'Armée rouge la collecte systématique des archives "ennemies" et leur transfert en Union soviétique. La chose fut connue, ... mais un silence presque complet est rapidement fait sur ce dossier. Les archives sont oubliées et pratiquement considérées comme perdues, tandis que les services de renseignement de Moscou s'efforcent, à leur tour, de les "faire parler" ("Archives spéciales centrales d'Etat" du NKVD). Leur restitution (très) progressive est largement fonction du "dégel" entre les blocs à partir de 1966, mais c'est surtout après l'implosion de l'Union soviétique que les choses se dénouent : "L'historienne et archiviste américaine Patricia Grimsted, l'un des meilleurs spécialistes occidentaux du réseau complexe des administrations d'archives soviétiques, créait la sensation dans une interview à l'hebdomadaire Literatournaïa Gazeta en mentionnant pour la première fois la présence de dossiers français, ceux de la Sûreté nationale et du 2e bureau". Les principaux retours de Russie commencent en 1994 pour se terminer six ans plus tard (plus d'un million de dossiers restitués), et chaque grand organisme français (Archives nationales, archives diplomatiques, archives militaires, etc.) adopte sa propre politique pour reclasser, inventorier, et (pour les plus performants) remettre ces documents à la disposition du public. De changements de méthodes en changements d'hommes, les archives de l'ancien ministère de la Guerre sont encore les moins accessibles. Mais le livre ne s'étend pudiquement pas sur ces difficultés. De même, il reste relativement discret sur ces conservateurs des années 1940 (dont on apprend qu'ils ne furent pratiquement pas sanctionnés à la Libération) qui, en "bons fonctionnaires", facilitèrent la première saisie par les Allemands. C'est passionnant et les efforts faits par la Reich comme par l'URSS pour se les approprier et les exploiter témoigne bien de toute l'importance de cette ressource.

Nous avons centré notre recension sur les archives (militaires), mais le livre s'intéresse aussi aux spoliations culturelles et artistiques, dont il est question à de nombreuses reprises. Vous saurez ainsi tout (ou presque, j'ai une ou deux anecdotes supplémentaires en réserve) sur l'histoire de ces "fonds de Moscou" et vous en apprendrez beaucoup sur l'importance politique et stratégique des archives, si injustement décriées ou ignorées. A lire. Absolument.

Petite Bibliothèque Payot / Histoire, Paris, 2013, 375 pages. 10,65 euros.

ISBN : 978-2-228-90904-4.

Archives "de Moscou"
Partager cet article
Repost0
6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 06:47

La dernière catastrophe

L'histoire, le présent, le contemporain

Henry Rousso

Un livre d'un abord peu facile (surtout la première partie), mais d'une très grande richesse. Historien spécialiste de la Seconde guerre mondiale et de sa mémoire, Henry Rousso nous propose en effet ici une longue réflexion sur "l'histoire du temps présent" et ses problématiques, son rapport à l'histoire "classique", son intérêt, son importance et ses limites ou ses pièges.

Ouvrage un peu ardu disions-nous, en particulier dans son chapitre 1, "La contemporanéité du passé", qu'il est toutefois difficile de passer rapidement puisque l'auteur précise en particulier dans ces lignes ce qu'a été "l'histoire de l'histoire" immédiate, depuis les auteurs grecs antiques jusqu'au XIXe siècle et pose les termes du débat. Les chapitres qui suivent (2 : "La guerre et le temps d'après", 3 : "La contemporanéité au coeur de l'historicité", et 4 : "Notre temps") sont plus facilement digeste pour qui n'a pas une solide connaissance théorique préalable du sujet et des débats (querelles ?) internes qui lui sont propres. N'allez pas pour autant penser qu'il n'y a là qu'une discussion plus ou moins fumeuse entre quelques spécialistes très pointus. Ces sujets posent de nombreuses questions extrêmement concrètes pour tous les historiens sur le statut des témoignages des acteurs des événements ("Il n'y a pas d'homothétie entre l'histoire orale et l'histoire du temps présent, même s'il y a des liens évidents") et leur critique constructive, sur le rôle et la place des journalistes et de leurs travaux dans l'écriture de cette histoire immédiate, mais aussi sur les discours mémoriels (reconstruits et instrumentalisés), sur les "exigences" morales et/ou politiques de repentance, etc. Henry Rousso insiste toutefois à plusieurs reprises : en dépit de toutes ces questions et difficultés, l'histoire du temps présent "relève bien du domaine disciplinaire de l'histoire et elle n'a aucune intention de fuguer hors de sa famille d'origine. Même si elle prétend à quelques spécificités et même à des singularités, elle ne cherche ni à s'imposer comme discipline autonome, ni à se fondre à la sociologie ou même à une anthropologie du présent". Dans un héritage académique qui divise traditionnellement l'histoire en quatre grandes périodes, se pose enfin la question des limites chronologiques de cette histoire : s'arrête-t-elle "aujourd'hui", avec l'événement en cours (mais c'est délicat) ? Quand commence-t-elle ? En 1914 (mais alors il n'y a plus de témoins) ? En 1940 ou 1945 ? 1968 ? 1989 ? 2001 ("Quant aux terroristes du 11 septembre, ils ont eu le bon goût de lancer leurs attaques au tout début du nouveau siècle, offrant ainsi aux historiens une borne inaugurale toute trouvée") ? Plus la date retenue est proche, quel doit être le poids ou la part des archives officielles dans les études ? Existe-t-il une sorte de "devoir de réserve" ? Autant de questions, on le voit bien, dont les réponses conditionnent la capacité à analyser avec méthode des phénomènes toujours extrêmement sensibles.

Haut les coeurs ! Un peu de courage et de volonté pour aborder la première partie du livre, et il vous sera ensuite aisé de suivre le raisonnement de l'auteur dans la plus grande partie de l'ouvrage. Vous ne serez (nous ne sommes) sans doute pas toujours d'accord avec lui ? Tant mieux ! Et souhaitons que cette longue réflexion vienne nourrir utilement les débats publics comme les réflexions de chacun.

NRF Essais, Gallimard, Paris, 2013, 338 pages, 21 euros.

ISBN : 978-2-07-075972-9.

Histoire du temps présent
Partager cet article
Repost0
14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 06:55

Guerre et politique

colloque des 17-19 janvier 2013

ACADEMIE.JPG

Canal Académie, radio-web des académies françaises, a mis en ligne quelques unes des interventions prononcées à l'occasion du récent colloque "Guerre et Politique". Vous pouvez écouter les communications de trois académiciens : Jean Baechler, "Définition politique de la guerre" :http://www.canalacademie.com/ida10166-Definition-politique-de-la-guerre.html ; Gilbert Guillaume, "La guerre et le droit" : http://www.canalacademie.com/ida10167-La-guerre-et-le-droit-par-Gilbert-Guillaume.html et Jean Guilaine, "La genèse de la guerre" : http://www.canalacademie.com/ida10168-La-genese-de-la-guerre.html

Vous pouvez accéder directement au site de Canal Académie et vous abonner à sa lettre d'infrmation hebdomadaire.

Partager cet article
Repost0
12 avril 2013 5 12 /04 /avril /2013 06:55

G. Lenotre

Le grand historien de la petite histoire

(Collectif)

G Lenotre929

Qui se souvient aujourd'hui de Théodore Gosselin Lenotre ? Pourtant, au tournant des XIXe et XXe siècle, cet "historien-conteur" a connu un véritable succès populaire, mais son style est aujourd'hui tombé en désuétude (pas assez "scientifique" sans doute ? : en son temps déjà, "Théodore n'était pas assez académique pour devenir académicien !") et il faut remercier les onze contributeurs de ce volume collectif pour avoir remis sous les feux de l'actualité éditoriale quelques textes originaux.

L'ouvrage s'ouvre sur une contribution de Guy Stavridès qui nous présente avec verve Stanislas Maillard, héros oublié de la Révolution qui participe à la prise de la Bastille, accède à la célébrité en conduisant à Versailles, le 5 octobre 1789, un cortège de femme "excédées par la disette", dont le nom et les exploits seront retrouvés par Lenotre. Il se termine sur un texte de Bruno Fuligni, "L'enquêteur Lenotre dans les dossiers de la police", qui nous présente "ce Javert des lettres" reconstituant dans les fichiers et archives l'itinéraire de tel ou tel nom célèbre : "L'historien, comme tout enquêteur, doit apprendre à détecter mensonges, manipulations et jeux de miroir. Or, comme tout indicateur, le document ne joue pas franc-jeu : il a ses raisons, ses intérêts, ses silences et n'est jamais qu'un allié de hasard". Belle leçon pour les plus grands historiens. Au fil des pages, Clémentine Portier-Kaltenbach revient sur le texte "Le vertu démagogique" : "Tout révolutionnaire n'a quelque chance de garder sa popularité que tant qu'un révolutionnaire plus révolutionnaire que lui n'apparaît pas à l'horizon" ; Emmanuel de Waresquiel retrouve la trace du colonel Viriot, "héros de la vingt-cinquième heure", dépassé par l'obscure affaire (entre Talleyrand et Fouché) de l'enlèvement en 1800 d'un membre du Sénat conservateur ; tandis que Thierry Lentz, à propos du "Portrait d'un moine conservateur", nous parle "du génial coup d'oeil de Lenotre" à propos de son récit de la participation de l'abbé Joseph-Fernandez de Cajamano à la conspiration du général Malet. 

Philippe Charlier, Frédéric Lenormand, André Goetz, Michel de Grèce et Franck Ferrand nous offre des tableaux tout aussi savoureux en proposant à notre curiosité auatnt de textes aujourd'hui oubliés. A partir d'un personnage plus ou moins atypique, d'une anecdote, d'une situation originale, G.Lenotre a ainsi la capacité à présenter des problématiques plus larges et à nous entraîner de la "petite" histoire à la "grande". Un volume très agréable à lire, qui nous plonge par le (meilleur) "petit bout de la lorgnette" dans les soubresauts de la Révolution et de l'Empire.

Editions J.-C. Lattès, Paris, 2013, 281 pages, 18 euros.

ISBN : 978-2-7096-4377-1.

Partager cet article
Repost0
7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 07:05

Les drôles d'histoire de l'histoire de France

Didier Chirat

  Droles-d-histoires931.jpg

Voilà un petit ouvrage bien sympathique ! Rédigé par un professeur d'histoire-géographie qui s'appuie pendant ses cours sur les innombrables anecdotes de l'histoire de France pour susciter l'intérêt de ses élèves, le livre nous entraine dans un véritable maëlstrom "d'historiettes" savoureuses.

Savez-vous pourquoi les rois de france, au lendemain du sacre de Reims, se rendaient au prieuré de Corbeny, près de Laon, pour y recevoir officiellement les reliques de saint Marcoul ? Savez-vous que Philippe Ier (1060-1108) fut excommunié et l'interdit pontifical jeté sur le royaume de france ? Vous y apprendrez (peut-être) que trois ans avant ses célèbres Centuries, Nostradamus a publié un livre sur ... les recettes de confitures, qui faisaient alors "partie de la pharmacopée traditionnelle". Ou pourquoi le premier bourreau de la famille Sanson fit le choix de ce métier de paria. Vous y découvrirez égalemnt "Les calembours du marquis de Bièvre" à la cour de Louis XVI, "La triste histoire de la Vénus hottentote" dans la France de 1814-1815, les difficultés en orthographe de Napoléon, la mort du prince impérial Louis sous uniforme anglais contre les Zoulous en 1879, etc., jusqu'à la naissance du maillot de bain "deux pièces" en 1932 ou à l'affaire des "avions renifleurs" sous la présidence Giscard d'Estaing.

Toutes les anecdotes évoquées ne sont pas d'absolues nouveautés et chacun à, plus ou moins, déjà lu quelques lignes sur l'une ou sur l'autre. Mais ces brefs chapitres constituent un ensemble bien agréable à feuilleter. Pour sourire malgré la morosité ambiante et la grisaille de la météo. Et puis, comme le précise l'auteur sur la base de son expérience en classe : "L'anecdote a cette incroyable vertu d'allumer l'étincelle de la curiosité autant que de fixer la connaissance dans la mémoire".

Vuibert, Paris, 2013, 172 pages. 14,90 euros.

ISBN : 978-2-311-01021-3.

Partager cet article
Repost0
29 mars 2013 5 29 /03 /mars /2013 07:00

La force de la Liberté

Nouvelle philosophie du décideur

Henri Hude

Force-de-la-liberte856.jpg

Henri Hude est un ancien élève de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, agrégé et docteur HDR en philosophie (Paris IV Sorbonne), directeur et fondateur du Centre d’éthique et de déontologie aux Ecoles militaires de St-Cyr Coëtquidan.  Il précise son projet dès les premières lignes de l’introduction : « Ce livre a pour objet la société libre. A l’usage des citoyens, en particulier des responsables, qui ont besoin d’une vision d’ensemble, il présente la structure synthétiquement et analytiquement, avec les éléments essentiels qui la composent ». Loin des mouvements de l’opinion, l’auteur offre un travail de redéfinition des concepts nécessaires à la compréhension et à l’exercice de la liberté. Selon lui, seul un socle philosophique solide redonne un cap au décideur dans un contexte de crise, inhérent et produit par l’idéologie libérale.

La pensée fait l’objet d’une exposition claire et rigoureuse. On peut ainsi distinguer deux grandes parties.

La première (chapitres I à V) considère de l’extérieur la communauté politique libre. L’auteur distingue ainsi un concept statique de « société libre » d’un concept dynamique, « le peuple libre ». La société libre possède quatre organes politiques nécessaires : le Pouvoir, l’Etat, la République et la Démocratie. La culture d’une société libre apparaît comme une interprétation d’une loi naturelle basée sur la philia, définie p. 42 comme « l’amitié sociale ». Elle est fonctionnelle dans le sens où elle permet la liberté pratique. Le peuple libre est un concept dynamique. Seul un pacte social basé sur la confiance favorise les trois libertés fondamentales populaires : droits de l’homme, indépendance et démocratie. La représentation stricte des volontés citoyennes est le seul garant d’une démocratie effective. Elle se corrompt en une république sans démocratie où une oligarchie s’éloigne du bien commun. Cet état de fait est -pour l’auteur- caractéristique de notre époque.  

La seconde partie (chapitres VI à X) dépeint de l’intérieur la communauté libre et analyse ses fondamentaux. Pour Henri Hude, il est nécessaire de distinguer liberté « pratique » et liberté « pathologique » : une société libre est corrompue lorsque la majorité des citoyens prennent LA liberté pour la seule liberté pathologique. C’est la fin de la croyance en « LA » liberté mais aussi la prise de conscience de son existence en tant que concept antinomique : à chaque liberté correspond une antiliberté (et l’auteur prend alors pour exemple la « liberté » de fumer dans un espace public). La liberté pathologique continue à reconnaître une seule liberté et donne lieu à débats finalement stériles, car ne prenant pas en compte la moitié de la question. En ce sens la liberté pratique suppose la justice car elle est issue de débats sur ce que sont liberté et antiliberté. Le peuple est mu par une culture de liberté juste et la loi naturelle, qui explicite le principe de justice, est basée sur la confiance. Le christianisme apparaît pour l’auteur comme la vision la plus aboutie de l’amitié comme fondement social (on peut ici faire le parallèle avec René Girard, La violence et le sacré, 1973). La loi de paix se concrétise alors dans la structure de la justice et de ses trois dimensions : autorité, liberté et solidarité. Pour l’auteur, l’injustice est consubstantielle de l’idéologie libérale pour une raison simple, la neutralité de la justice exclu l’idée de bien et de « bien commun ». La crise des valeurs de l’homme moderne est pour l’auteur due à une disparition politique de cette dernière notion, au profit d’un seul bien individuel.

Cet ouvrage témoigne d’une grande rigueur dans le raisonnement et constitue un véritable effort de redéfinition de termes fondamentaux. Il montre surtout que la démocratie n’est jamais parachevée, jamais acquise, mais au contraire toujours en construction. Cette redéfinition se propose de redonner aux décideurs des «valeurs » et constitue un nouvel horizon, dans un contexte où les valeurs morales « refuges » semblent désormais absentes. Henri Hude donne de la consistance à l’idée de liberté, grâce à la définition en positif de ses pré-requis. La place de l’auteur par rapport à son sujet est néanmoins paradoxale. Il analyse la crise actuelle et lui donne un horizon, laissant à ceux qu’il critique le devoir de l’atteindre. Il donne donc pour mission aux « aveuglés de la liberté pathologique » de se diriger eux-mêmes  vers la liberté pratique. On peut supposer que ce retrait est inhérent à la position du philosophe. Par ailleurs, si le message du Christ est universel, construire une philosophie de la liberté en y faisant essentiellement référence la rend paradoxalement moins universaliste, du fait de son aspect culturel fortement marqué. Enfin, on ne peut oublier le grand clacissisme (voire traditionalisme) du propos. Avec ce livre, le lecteur bénéfice d’un retour sur des fondamentaux et d’une plus grande profondeur d’analyse, mais se voit aussi proposer une philosophie relativement exigeante. La critique des réalités immédiates fait de la poursuite de l’idéal démocratique un véritable objectif, pour lequel tout un chacun doit travailler, en particulier les décideurs, véritables cibles de ce livre, qui ont le devoir de montrer l’exemple et de prendre leurs décisions par « la force de la liberté ».

Thibault Laurin

Economica, Paris, 2013, 161 pages, 18 euros.

ISBN : 978-2-7178-6554-7.

Partager cet article
Repost0
28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 06:59

Croire en l'Histoire

François Hartog

  Croire-en-lhistoire819.jpg

Croit-on encore en l’Histoire ? Telle est la question posée dans son dernier ouvrage par François Hartog, directeur d’études à l’EHESS, dans la prolongation de ses travaux antérieurs sur le temps (Le Miroir d’Hérodote, Régimes d’historicité). Si le questionnement de départ porte sur l’histoire, la réponse se situe plutôt dans le registre de la philosophie. Celle qui fut ce que la théologie était à l’Antiquité et au Moyen Age ou, selon le mot de pierre Larousse, « la religion universelle » du XIXe siècle, semble connaître depuis les années 1980 une sérieuse atteinte à son autorité, ce qui amène l’auteur à se demander si le temps de l’Histoire n’est pas en train de sombrer dans l’abîme du « présentisme » (p. 30), dont il sera difficile de sortir.

François Hartog pose en réalité un débat tout à fait d’actualité qui voit depuis une vingtaine d’année l’Histoire (Clio) être concurrencée de plus en plus par la Mémoire (Mnêmosunê), à la fois dans le champ médiatique et politique, mais de façon plus étrange, et plus inquiétante sans doute, dans le champ universitaire, où l’histoire contemporaine s’est fondue pour certains en une histoire de l’immédiateté. Pour François Hartog, les causes de ces évolutions remontent au procès de Nuremberg (1946), c'est-à-dire à la remise en cause de la croyance en l’Histoire et à la judiciarisation de nos sociétés qui ont valorisé l’émergence d’un « quatuor formé par la mémoire, la commémoration, le patrimoine et l’identité » (p. 49), en lieu et place de l’Histoire. Ainsi, le journaliste et le juge ont suppléé voire remplacé l’historien, sommé dans bien des cas de se contenter du statut de témoin ou, dans le meilleur des cas, de celui d’expert judiciaire face à la demande de reconnaissance croissante d’un droit d’individus ou de groupes soucieux de faire valoir leur(s) traumatisme(s) et d’obtenir ainsi le statut de victime reconnue. Les « lois mémorielles » du 13 juillet 1990 (loi Gayssot sur la répression des actes racistes, antisémites ou xénophobe), de mai 2001 sur la « reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité », en enfin la loi de 2005 qui voulait instaurer une reconnaissance dans les programmes scolaires du « rôle positif » de la colonisation ont considérablement déstabilisé les milieux historiens. Si ceux-ci – sous la direction éminente de René Rémond – ont jugé nécessaire de promouvoir un devoir d’histoire au lieu de faire valoir un droit à la mémoire, il faut bien admettre que leur message a été en grande partie inaudible. Sans doute fusse là le prix à payer d’une Histoire qui, dans certains cas, n’était devenue que la « représentation » d’elle-même et qui faute d’assumer sa mission première de dépouillement des sources et de contextualisation des phénomènes a laissé au public l’image d’une « inquiétante étrangeté » (p. 111), c'est-à-dire d’un discours qui soit s’était mis au service du pouvoir, soit était devenu inaccessible au grand public en raison d’une trop grande conceptualisation.

François Hartog expose le débat plus qu’il n’apporte de solutions. Pas une fois, nous le regrettons, il ne pose la question de la responsabilité des historiens eux-mêmes face à ce désastre, c'est-à-dire à leur capacité voire leur volonté parfois très empressée de souscrire à la demande de « présentisme » des médias, alors même que leur rôle consiste à prendre du champ et du temps, à dépouiller des archives pour exposer, patiemment, calmement et de façon dédramatisée, ce que fut l’Histoire. A vouloir souscrire à la culture de l’Entertainement qui gagne les sociétés occidentales, à vouloir utiliser les médias comme des tribunes pour s’assurer des postes universitaires quand ce ne sont pas des positions politiques, nombre d’historiens ont largement contribué à discréditer l’Histoire. Nous ne partageons par conséquent pas le point de vue de François Hartog sur les concepts « de modernité, de postmoderne, de globalisation ou de crise » (p. 290), qui seraient eux-mêmes à l’origine de la crise de l’Histoire. L’Histoire est en crise parce que de nombreux historiens ont accepté que Mnêmosunê prenne le pas sur Clio. Au fond, il existe une confusion sur le sens profond de l’Histoire et sur le rôle des historiens. Pour ma part, je ne retiendrai qu’un seul message, celui de Pierre Nora : là où la mémoire divise, l’histoire a une fonction de rassemblement et d’apaisement.

J. A.

Flammarion, Paris, 2013, 310 pages, 21 euros.

ISBN : 978-2-0812-8675-7.

Partager cet article
Repost0
18 février 2013 1 18 /02 /février /2013 07:05

Désenclaver l'histoire

Nouveaux regards sur le XXe siècle français

Jean-François Sirinelli

  Desenclaver-lhistoire818.jpg

Le dernier livre du directeur du centre d’Histoire de Sciences Po.(le H est très volontairement souligné) est à la fois vivifiant et inquiétant. Constitué sur la base d’articles antérieurs (un peu selon la méthode en vogue sous la IIIe République et tombée depuis en désuétude), précisés en fin d’ouvrage, il prolonge et complète les réflexions présentées dans ses publications précédentes (en particulier, Les Vingt Décisives. Le passé proche de notre avenir, 1965-1985, Fayard, 2007).

Vivifiant disions-nous, car Jean-François Sirinelli propose de redécouper et d’aborder différemment les grandes périodes du XXe siècle, jusqu’à présent souvent associées aux guerres mondiales. Pour lui, un certain monde « s’éteint » en fait avec les « Vingt Décisives », ces années 1965-1985 qui constituent à ses yeux une rupture, progressive mais radicale, par rapport aux années antérieures. Spécialiste d’histoire politique et d’histoire culturelle de la seconde moitié du XXe siècle, il aborde les effets conjugués des notions de « culture-monde », de crise économique et de développement des moyens d’information (une « démocratie du public » ?) pour en venir à la présentation d’une société post-1980, celle des baby-boomers, « plus nerveuse ». L’analyse des évolutions récentes de la société française est donc intéressante à bien des égards et, si elle s’appuie parfois sur un vocabulaire (trop) scientifique, un peu obscur pour le grand public, on ne peut s’empêcher de sourire (tout en méditant) avec le chapitre V analysant l’évolution et la trace du célèbre chanteur : « Johnny, un lieu de mémoire ? ». Hallyday, « un docteur Faust de l’âge médiatique »… Il n’empêche : une forme d’expression compréhensible par tous est généralement caractéristique d’une idée clairement formalisée, alors qu’un excès de complexité finit par laisser un sentiment de trouble.

Mais au-delà, le livre est aussi inquiétant pour les historiens. En effet, dès les premières pages, l’auteur parle à propos de la recherche historique et de l’histoire du temps présent de « la mise en œuvre d’une pratique à géométrie variable ». En réalité, l’ensemble du raisonnement présenté semble s’appuyer sur des observations et des analyses à chaud, proches de l’intuition personnelle ou dans le meilleur des cas du sondage. Si l’auteur multiplie les prudences de langage, on ne trouve pas la trace d’une référence, d’une note en bas de page autre que les renvois à ses propres publications antérieures, pas de bibliographie et, bien sûr (pardon, of course !, puisque l'influence anglo-saxonne est si forte) pas de sources. Nous atteignons là, semble-t-il, les limites de « l’histoire culturelle » et de « l’histoire du temps présent » pour aborder les rives de l’interprétation personnelle de l’actualité récente.

Un livre à prendre donc, selon nous, à deux niveaux. A retenir et à étudier sans hésitation pour tout ce qu’il apporte à l’analyse jusqu’aux années 1980. A lire et à connaître tout en y exerçant son esprit critique pour la période la plus récente. Le "désenclavement" n'est-il pas normal et naturel, surtout pour les événements les plus récents ? Quand les sciences politiques, entre deux observations subjectives, tentent de phagocyter l’histoire, je deviens très prudent. Le « café du commerce » nous attend peut-être après le prochain commentaire... Une question : est-ce la « méthodologie » enseignée à Sciences Po. ? A lire également, donc, pour évaluer l’une des tendances intellectuelles actuelles.

R. Porte

CNRS Editions, Paris, 2013, 190 pages, 19 euros.

ISBN : 978-2-271-07623-6.

Partager cet article
Repost0

Qui Suis-Je ?

  • : Guerres-et-conflits
  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
  • Contact

  • guerres-et-conflits
  • L'actualité de la presse, de l'édition et de la recherche en histoire

Partenariat

CHOUETTE

Communauté TB (1)

Recherche

Pour nous joindre

guerres-et-conflits@orange.fr

Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

Sur la toile