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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 07:00

Vive les Soviets !

Un siècle d'affiches communistes

Romain Ducoulombier

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Superbe album ! Au catalogue depuis quelques jours de la maison d'édition créée par l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, ce beau volume est signé par un vrai spécialiste de l'histoire politique de la gauche en France, auteur en particulier de De Lénine à Castro. Idées reçues sur un siècle de communisme (Le Cavalier bleu, 2011). L'ouvrage s'articule chronologiquement autour des grandes périodes qui scandent l'existence du parti communiste, des "Années 20. Naissance d'un style" au "Piège Mitterrand" et s'intéresse à ce symbole de la communication de masse et du militantisme que fut l'affiche politique (dont on apprend que la première date de 1908).

On peut aborder les centaines d'affiches reproduites dans ce volume (il y en aurait quelques 8.000 conservées aux seules archives départementales du Val de Marne) sous plusieurs angles : celui de l'histoire des idées, bien sûr, puisqu'à travers leurs slogans elles témoignent des évolutions successives du parti ; celui de l'esthéique et de l'art également, puisque des signatures prestigieuses ont mis leur talent au service du parti ; celui de l'analyse comparative aussi puisque l'on sait bien qu'un thème hier à droite ou à gauche peut souvent se retrouver aujourd'hui, repris et reformulé, à l'autre bout de l'échiquier politique. A cet égard, l'affiche "Les paysans de France / Pour que le bonheur règne dans nos campagnes" de 1937 est, de manière étonnante, en quelque sorte annonciatrice par l'image véhiculée et le graphisme des campagnes ultérieures de Vichy en faveur du monde rural. De même, celle que nous reproduisons en bas d'article ("Pour que la famille soit heureuse") aux trois couleurs nationales, fait bien peu "révolutionnaire".

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On ne résiste pas au plaisir de présenter quelques exemples pour le moins originaux, comme ce "retournement" de l'image du "bolchevique au couteau entre les dents" (ci-dessus), qui devient un couteau libérateur ; ou cette tentative comique (il n'est pas du tout sûr que les auteurs aient été au deuxième degré) de détourner la mode des productions américaines de sciences fiction à la grande époque d'Enterprise (ci-dessous).

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Enfin, on en vient à se demander, au fur et à mesure des années, si la qualité esthétique des affiches ne diminue pas en proportion de la baisse d'influence électorale du parti. Avec la fin de "l'ère Marchais", le talent graphique, pour le moins, semble avoir abandonné les militants.

Ce magnifique volume comblera sans aucun doute tous ceux qui se passionnent pour l'histoire des idées politiques et leur traduction dans la vie nationale. Les éditeurs annoncent par ailleurs qu'il sera complété dans quelques semaines par un ouvrage parallèle sur un siècle d'affiches anticommunistes et que l'ensemble constituera "le portrait d'une époque violente et passionnée où la République s'est frayée un chemin plus étroit qu'on ne le pense".

Editions Les Echappés, Paris, 2012, 144 pages, 34 euros.

ISBN : 978-2-35766-053-3

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Romain Ducoulombier a bien voulu répondre à quelques questions :

Question : Pouvez-vous nous présenter les différents fonds d’archives que vous avez explorés ?

Réponse : Le livre est fondé sur les collections exceptionnelles d’affiches de Michel Dixmier et Jean-Jacques Allévi. À l’exception de quelques documents, ce sont elles qui sont mises en avant d’une façon très attractive. Vive les Soviets, c’est d’abord un livre à feuilleter ! Mais l’ensemble –soit près de 150 affiches et documents – s’accompagne d’une histoire du graphisme communiste au XXe siècle que j’ai nourrie, quand c’était nécessaire, d’archives diverses. Une affiche, c’est un langage et si le message qu’elle délivre doit être intuitif pour être efficace, il faut aider le lecteur à le décrypter. Outre les archives de la police française, où j’ai déniché un ou deux documents-choc, j’ai surtout utilisé les archives intérieures du PCF disponibles aux Archives départementales de Bobigny (qui possède une magnifique collection d’affiches, dont le catalogue m’a été très utile) et dans les fonds russes du RGASPI. Ces documents offrent un éclairage inédit sur les tirages, la diffusion des symboles d’origine soviétique ou les rapports de certains dessinateurs avec Moscou.

Question : Les affiches présentées scandent et rythment les évolutions du discours du PCF au long de son histoire. Quelle époque vous paraît la plus florissante, ou la plus riche aux différents points de vue ?

Réponse : À l’évidence, le début de la Guerre froide, pour diverses raisons. D’abord parce que l’art de l’affiche politique est mûr, qu’elle n’est pas encore envahie par le photomontage, et qu’elle n’est pas recouverte par le triomphe (finalement assez tardif) de l’image télévisée. La puissance du PCF – il capte un quart de l’électorat à la fin des années 1940 – contribue à en faire un media qui atteint alors son utilité maximale : nourrir une vision manichéenne du monde, et servir de marquage identitaire à des « territoires » communistes soustraits (du moins symboliquement) à l’emprise de la « bourgeoisie ». La logique même de guerre « psychologique » caractéristique des débuts de la Guerre froide explique qu’elle serve comme une arme, avec une violence indéniable, mais aussi parfois avec humour. Des masses de militants étaient disponibles pour coller… Quant aux symboles, ils sont tous réunis au début des années 1950 : les drapeaux (rouge et tricolore), la faucille et le marteau, la « jeunesse du monde », les portraits réalistes-socialistes de Staline et, bien entendu, la célèbre colombe de la paix de Picasso.

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Question : Dans le cadre général de vos travaux, après cette publication, dans quelle(s) direction(s) s'oriente(nt) vos recherches ?

Réponses : J’ai le goût des archives, comme on dit parmi les historiens, et je continue de les arpenter avec le peu de temps que me laissent mes charges d’enseignement dans le secondaire. Je crois pour ma part que le moment est venu de renouveler le questionnaire que le XXe siècle nous a légué pour étudier le phénomène communiste. Dans mes livres, j’ai décidé de l’attaquer comme un massif, par des versants inattendus, que ce soit par ses « origines » alléguées, ou ici par son graphisme. Les archives sont là, mais leur abondance ou leur caractère longtemps secret ne doivent pas nous intimider. Ce qu’elles attendent, c’est un regard neuf : allons-y ! Il faut du temps pour que de nouvelles directions se dessinent, et qu’elles gagnent un public qui y cherchera, non pas une nostalgie, mais un jugement sur le siècle qui s’éloigne résolument de nous. Je crois que le mythe de Spartacus sera ma prochaine victime, même si je me passionne aussi pour Aragon. Tout bien réfléchi, on doit au couple qu’il formait avec Elsa Triolet certaines des plus fortes images du folklore communiste français, à commencer par le « Parti des fusillés », une formule d’Elsa…

Question : Pourtant, tout le monde dit que le PC est mort, malgré le sursaut du Front de gauche. Cherchez-vous à l’expliquer ?

Réponse : Le succès du Front de gauche devrait susciter l’étonnement de tout historien ! On ne peut certainement pas dire qu’il était prévisible, même s’il ne durera peut-être pas. Il tient en partie au rapport d’autopsie, finalement assez juste, qu’en ont dressé Mélenchon, mais aussi François Furet (aussi surprenant que ce rapprochement puisse paraître…) : ce qui faisait tourner le PCF, c’était le jacobinisme et l’obsession de l’égalité, qui est le ressort de la guerre sociale à la française. La patrie, le drapeau, et l’idée de sacrifice. Ils emplissent littéralement l’affiche communiste. La dépendance politique, financière et idéologique à Moscou n’a jamais disparu. Mais ce qui fut une rencontre circonstancielle avec la nation, à la faveur du Front populaire, est devenu une dimension identitaire majeure du communisme français, parfois jusqu’à l’excès. Le livre le montre amplement. Le PCF n’est jamais parvenu à la claire conscience que sa survie était incompatible avec son attachement à la réalité desséchée de l’Union soviétique : il n’a pas survécu, en fait, à la disparition des générations staliniennes et c’est la peur de perdre son identité et de se banaliser dans l’offre politique de la gauche renouvelée par Mitterrand qui l’a paralysé.

Question : Finalement, où en est l'affiche politique aujourd'hui ? A-t-elle été rangée par les médias modernes dans le grenier des objets oubliés ?

Réponse : Je n’en suis pas sûr, même si la présence généralisée d’écrans dans les cafés ou les couloirs du métro parisien peut le laisser penser. L’affiche politique contemporaine se situe au bout d’une logique qui s’est enclenchée, pour différentes raisons, à la fin des années 1960, et que la présidentialisation de la Ve République a accélérée : le marketing a imposé sa simplification progressive, et le livre permet de bien suivre cet appauvrissement. Mais comme toujours en matière de propagande de masse, l’impact de cette nouvelle publicité politique est difficilement mesurable, ce qui ne signifie pas qu’il soit nul, au contraire. Une mauvaise affiche est toujours catastrophique ! Il suffit de se souvenir de l’affiche « Présider autrement » de Jospin en 2002… Je crois que l’affichage communiste a opposé une forme de résistance à cette évolution inéluctable, que renforcent aujourd’hui la privatisation progressive de certains espaces publics et l’invasion de la publicité. Et pourtant, dans le déferlement actuel d’images, la fixité de l’affiche peut devenir un atout, alors même que tout l’art du graphisme avait consisté à la conjurer par la simulation parfois géniale du mouvement. Il lui reste à mes yeux un avantage : celui d’imposer son message instantanément, de façon tout à fait intuitive, sans recourir à l’attention et à l’écoute prolongées du passant. Dans un monde qui se dépolitise tendanciellement, ce n’est pas négligeable.

Merci Romain pour toutes ces précisions, et plein succès pour ce beau livre.

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11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 07:01

L'homme contre l'argent

Souvenirs de dix ans, 1918-1928

Georges Valois

Edition présentée par Olivier Dard

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La personnalité et la vie publique de Georges Valois ont fait l'objet de nombreuses interprétations et il faut remercier Olivier Dard, aujourd'hui l'un des meilleurs spécialistes français de l'histoire des droites au XXe siècle, d'avoir voulu une réédition (avec le soutien de la MSH Lorraine) de ce livre paru en 1928 et devenu totalement introuvable. Il marque une évoluion importante dans la pensée et le positionnement politique de celui qui se définit alors comme "un intellectuel prolétarien", mais refuse "le vieil ordre des choses, vieux radicaux, vieux catholiques, et même vieux socialistes, incrustés, avec une doctrine figée, dans le vieux parlementarisme", celui qui fut l'une des personnalités politiques les plus plus originales du début du XXe siècle. Dans son "Introduction à la nouvelle édition", Olivier Dard rappelle le parcours antérieur de Valois, de l'anarchisme à l'Action Française et au Faisceau jusqu'à sa rupture avec le fascisme en 1927 et précise : "c'est bien comme une charge contre la 'ploutocratie' qu'il faut lire L'Homme contre l'argent".

L'ouvrage lui-même s'ouvre sur une dédicace de l'auteur "à la mémoire des membres du Cercle Proudhon", ce qui a un vrai sens symbolique, et par une introduction dans laquelle il reconnait : "Nous apportions une conception nouvelle de l'ordre économique et de l'ordre européen. Les droites la repoussent. Le 30 avril 1927, nos alliances étaient à droite. Au 2 mai, avec les mêmes idées, nos alliances sont à gauche". Le livre est ensuite structuré en trois grandes parties : "Avec les féodaux de l'industrie", "Recherche des alliances et préparation du combat", "Le Faisceau". Ces quelques 300 pages du texte original sont d'une exceptionnelle richesse pour (re)découvrir la politique française des années 1920, en prenant bien sûr soin de remettre les appréciations portées par Valois, sur l'Action Française ou sur Coty par exemple, dans le contexte des débats de l'époque. On y trouve de très nombreux détails, une foule de précisions et un portrait (parfois cruel) de quelques hommes politiques du temps.

Un livre indispensable pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire des idées politiques et souhaitent comprendre les évolutions et les fractures de l'entre-deux-guerres, puis les prises de position de la fin des années 30 et des débuts de la Seconde guerre mondiale (Valois fait alors le choix de la Résistance et meurt en déportation).

Editions Septentrion - Presses universitaires, Villeneuve d'Ascq, 2012, 373 pages, 30 euros.

ISBN : 978-2-7574-0391-4

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Nous remercions Olivier Dard d'avoir bien voulu répondre à quelques questions.

Question : Les propos parfois extrêmement durs que l'on retrouve sous la plume de Valois à propos de l'Action française, mouvement au sein duquel il a milité pendant de longues années, portent-ils la marque d'une "espérance déçue", ou s'était-il simplement trompé en soutenant le mouvement de Maurras ?

RéponseSi Valois clame dans L’homme contre l’argent non seulement qu’il a été trompé mais qu’il s’est lui-même fourvoyé (au point de renier plus de vingt ans d’écrits) il faut d’abord y voir la marque d’une espérance déçue vis-à-vis d’un homme, Maurras. Valois le déconsidère dans L’homme contre l’argent. Il l’a cependant admiré et célébré tout en ayant beaucoup attendu. Il écrivait ainsi dans son premier ouvrage autobiographique, D’un siècle à l’autre, paru en 1921 : « On acquérait près de Maurras la certitude absolue du succès ». Pendant ses vingt ans à l’Action française Valois, qui en était « l’économiste », a pensé qu’il réussirait à mettre en œuvre dans ce cadre son projet de réconciliation de la monarchie et de la classe ouvrière et d’ « économie nouvelle ». Il s’est même employé à gagner l’appui de milieux patronaux et ouvriers au lendemain du premier conflit mondial à travers l’expérience des « semaines économiques», de la Confédération de l’Intelligence et de la Production française et des Etats généraux. Ce fut finalement un échec et Valois l’imputa au conservatisme de l’Action française. Il provoqua la rupture et Valois  pensa qu’il réussirait beaucoup mieux à côté puis hors de l’Action française. Ce ne fut pas le cas non plus.

Question : En fonction de l'état d'avancement de la recherche, que sait-on aujourd'hui de la réalité et de l'importance du soutien financier accordé par Mussolini à Valois pour le développement de ses activités politiques ?

RéponseJ’ai dirigé un volume intitulé Georges Valois, itinéraire et réceptions, paru chez Peter Lang en 2011 et dans lequel Didier Musiedlak, biographe de Mussolini, fait un point précis des relations entre Valois et le Duce. Il faut sortir de certains mythes, en particulier sur le plan financier : les entreprises de Valois ne furent pas aidées par l’Italie comme le furent celles de Doriot dans les années 1930. Dans L’homme contre l’argent, Valois raconte sa rencontre avec le Duce au début de 1924 et dresse un portait suggestif de sa « toute puissante personnalité ». Les sources italiennes, peu nombreuses d’ailleurs,  complètent le récit de Valois. Il est introduit auprès de Mussolini par Malaparte mais il connaît aussi Edmondo Rossoni, c’est-à-dire les fascistes de « gauche ». Tous ont en commun une connaissance de Georges Sorel et une empathie pour le syndicalisme révolutionnaire. Mussolini sent bien que Valois s’interroge alors sur son avenir et les possibilités d’une adaptation du fascisme en France. Le Duce voit en Valois un expert du syndicalisme révolutionnaire mais il a par la suite évoqué auprès du journaliste fasciste Yvon de Begnac une absence de réalisme et de sagacité politique pour expliquer l’échec du Faisceau. Le rejet par Valois du fascisme italien fut donc présenté comme logique par Mussolini qui a expliqué que Valois n’aurait pas compris le rôle nouveau que devait jouer l’Etat.

 Question : Comment résumeriez-vous l'histoire, relativement agitée, de son journal Nouveau Siècle ? Comment ont évolué ses tirages et qu'elle a été son influence ?

RéponseLancé en février 1925 sous une forme hebdomadaire, le Nouveau Sièclerepose sur une ambiguïté fondamentale. Valois, qui est encore dans le giron de l’Action française, prétend vouloir toucher une autre clientèle que celle du quotidien éponyme. Le point de vue peut encore se défendre mais lorsque le Nouveau Siècle devient quotidien (11 octobre) 1925 la concurrence avec l’Action française est évidente d’autant que la ligue d’Action française est concurrencée par le Faisceau qui est fondé le 11 novembre 1925. Il n’y a cependant pas vraiment de place pour les deux quotidiens. L’Action française est lue et commentée, bien au-delà des sympathisants du « nationalisme intégral » et un adversaire comme le critique littéraire de la Nouvelle Revue française Albert Thibaudet à parlé à son sujet d’un « journal à gros tirage admirablement fait ». Le Nouveau Sièclepeine à rivaliser avec elle et ses tirages se montent, au début à 40 000 exemplaires diffusés pour 20 000 vendus. Les difficultés du Faisceau compliquent la vie du Nouveau Sièclequi s’éteint le 1er avril 1928 tandis que le Faisceau agonise.

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Question : Il est généralement admis, depuis les travaux de Zeev Sternhell, que le Faisceau constitue à la fois l'une des origines de l'idéologie fasciste et la représentation la plus "fidèle" d'un certain fascisme français, or cette période ne constitue qu'une étape (moins importante que d'autres) dans l'itinéraire global de Valois. Comment l'intégrez-vous dans son parcours général ?

RéponseIl faut sortir de cette idée des origines françaises du fascisme qui, avant d’être développée par le politiste Zeev Sternhell l’a été dès les années vingt par André Lichtenberger et même par Valois lui-même auprès du Duce et que ce dernier, racontant l’épisode à Yvon de Begnac aurait balayée d’une boutade : « c’est moi qui ait mis le bébé dans le berceau ». Déjà avant la Première Guerre mondiale, l’écho majeur qu’il avait rencontré dans le milieu nationaliste italien provenait de Mario Viana, monarchiste séduit par son projet économique et social mais qui n’avait pu imposer ses vues aux ténors du nationalisme d’alors, notamment Corradini, qui de toutes façon voulaient construire un nationalisme exempt d’influences étrangères, notamment maurrassiennes. C’est la même chose pour le fascisme italien. Mussolini dénie ainsi à Valois toute prétention à se prévaloir d’une originalité quelconque en matière corporative : il aurait tout simplement adapté Alceste de Ambris, ce qui est une vision bien sommaire. En fait, Valois a poursuivi sa propre évolution qui passe par le fascisme parce qu’il croit y voir une expérience politique et syndicale compatible avec ses analyses et les prolongeant. Il mesure rapidement que ce n’est pas le cas (à cause en particulier de la place de l’Etat dans le fascisme) et s’oriente donc vers la construction d’une « République syndicale ».

QuestionSi Valois parle beaucoup des « combattants » dans les années 1920, la question militaire semble très peu présente dans sa réflexion. Sait-on ce qu’il pensait de l’armée française de son temps, de ses évolutions, de ses difficultés ?

RéponseGeorges Valois n’évoque pas la question militaire dans L’homme contre l’argent. Cela ne signifie nullement qu’elle ne l’intéresse pas même si le cœur de ses préoccupations est l’économie et le social. On ne saurait d’abord oublier que Valois fut un combattant de la Grande Guerre et qu’il en a livré un récit dans D’un Siècle à l’autre. Je renverrai aussi à un autre de Valois où les questions militaires sont directement évoquées, Le Cheval de Troie. Réflexions sur la philosophie et sur la conduite de la guerre. L’ouvrage est paru en 1918 et Valois y livre nombre de réflexions sur le combat des tranchées et la mécanisation. Il imagine même depuis Vaux en décembre 1915 et sur un mode futuriste ce qu’il appelle « le cheval de Troie » : « un engin mobile, protégé, porteur d’hommes, armé de mitrailleuses, des engins du combat individuel, porteur de gaz […] et qui sera pourvu extérieurement cisailles, de crampons, etc. […] qui briseront les abris légers, qui aveugleront les créneaux de mitrailleuses, qui briseront les engins de tranchées… ». Des années plus tard, Valois devenu violemment antifasciste et chantre d’un « nouvel âge » de l’humanité oppose à la guerre le blocus économique dans un livre publié en 1939 et intitulé : Guerre ou Blocus économique ?

 QuestionLa rupture de Valois avec l’Action française peut-elle s’analyser comme la marque d’un itinéraire individuel ou a-t-elle une valeur emblématique ?

RéponseLes propos de Valois sur Maurras et l’Action française dans L’homme contre l’argent sont très durs et comptent sans doute parmi les plus violents publiés par des « dissidents de l’Action française ». Si on compare la prose de Valois à celle d’un Louis Dimier, dans Vingt ans d’Action française, la différence de ton est saisissante. Sur le fond, les choses sont peut être moins nettes car Dimier reproche aussi Maurras de l’avoir trompé et surtout de ne pas avoir agi. Cette question de l’action que Lucien Rebatet dans son célèbre pamphlet de 1942 Les Décombres a résumée d’une formule choc, « Au sein de l’inaction française », est déjà présente au moment de la rupture de Valois qui, comme après lui l’équipe de Je suis partout, choisit le fascisme contre l’Action française parce qu’elle lui paraît incarner l’avenir et non des chimères surannées. Evidemment, le basculement à gauche de Valois dans les années trente rendait impossible toute discussion et tout échange sur ce sujet. On rappellera cependant que certains, au sein de la Jeune Droite, s’intéressaient alors au cercle Proudhon qui, avant 1914 et sous l’égide de Valois avait tenté de faire se rapprocher monarchistes et syndicalistes révolutionnaires sous l’égide de l’Action française et avec l’aval de Maurras. On retrouve ici le débat sur le « préfascisme ».

Merci Olivier Dard pour ces réponses très complètes et plein succès pour vos prochains travaux. 



 

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20 juillet 2012 5 20 /07 /juillet /2012 07:00

Les anarchistes espagnols, 1868-1981

Edouard Waintrop

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L'histoire des idées, surtout les plus radicales, croise souvent celle des guerres et conflits, tout en ouvrant sur des thématiques très diverses.

Dans cette étude particulièrement détaillée d'environ 570 pages, l'auteur retrace (non sans sympathie pour son sujet) tout l'histoire du mouvement anarchiste espagnol depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, dans sa diversité et sa complexité. La plupart des lecteurs n'en connaîtront au départ que les quelques images des attentats terroristes des années 1880 et du début du XXe siècle, ou les heurts avec les "orthodoxes" communistes pendant la guerre d'Espagne. Mais l'auteur sait nous entraîner dans le subtil processus de "combat culturel", avec un effort associatif (bien oublié aujourd'hui) en faveur de l'apprentissage de la lecture et de l'écriture (compris comme des facteurs de libération), la création de bibliothèques et d'associations théâtrales, etc. Resté particulièrement influent en Espagne par rapport aux autres pays européens après la Première Guerre mondiale, le mouvement anarchiste (devenu 'anarcho-syndicaliste') se divise dès 1919 sur la révolution russe, l'adhésion à la IIIe Internationale et la dictature du prolétariat : "Correspond-elle à notre conception libertaire, à notre conception fédéraliste, internationaliste ?". Les débats se poursuivent longuement, même après la proclamation de la IIe République espagnole en 1931 : "La crise et la chômage aidant, une compétition féroce se fit jour entre l'UGT socialiste et la CNT anarcho-syndicaliste". Après l'échec d'une tentative révolutionnaire en 1933, le mouvement est traversé par un double mouvement contradictoire : une volonté d'union des mouvements populaires face à la montée des fascismes en Europe, et une tendance tout aussi marquée à l'indépendance par rapport aux socialistes (plus ou moins) modérés et aux staliniens. 

Près de 200 pages détaillent avec une grande précision l'attitude et l'évolution du mouvement anarchiste au cours des mois qui précèdent le déclenchement de l'insurrection nationaliste et pendant les premières années de la guerre civile. Ces chapitres extrêmement bien référencés sont particulièrement intéressants et annoncent "la guerre civile dans la guerre civile" : "la police, sous croissante influence communiste, commençait à harceler les miliciens anarchistes" ; "sur les 3.700 antifascistes emprissonés dans les geôles républicaines en janvier 1939, plus de neuf sur dix étaient en effet des militants de la CNT-FAI". Qualifiés de "cinquième colonne" par les dirigeants communistes, les militants du POUM seront alors sytématiquement pourchassés et exécutés.

L'ouvrage se termine par un rapide survol de la période 1940-1980 et sur une trentaine de pages de biographies sommaires de dirigeants et théoriciens anarchistes. 

En résumé, une étude très fouillée, appuyée sur de très nombreux témoignages, d'innnombrables citations et références. C'est aussi le récit de l'échec d'une utopie, de l'incapacité (co-substantielle de sa nature même) du mouvement libertaire à traduire en réalité un idéal rêvé. Bref, un  ouvrage à lire à plusieurs niveaux et qui apporte beaucoup quant à la connaissance de la réalité d'un des mouvements les plus originaux de la pensée politique européenne.

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26 mai 2012 6 26 /05 /mai /2012 07:15

Les Mariannes de l'Yonne

Bernard Richard

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Dans l'esprit des articles précédemment publiés (dont "Les cloches de France pendant la Seconde guerre mondiale"), voici une étude extrêmement précise et référencée sur les débats qui accompagne localement le choix et la mise en place des Mariannes sous la IIIe République, à travers l'exemple du département de l'Yonne.

Pour lire l'article, cliquer ici

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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 08:00

De Vichy à la Communauté européenne

Antonin Cohen

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Avec cet ouvrage, qui pour être extrêmement sérieux n’en est pas moins décapant (car il va à contresens d’une idée -l’idéal démocratique et citoyen de la construction européenne- présentée aujourd’hui comme un quasi-axiome), Antonin Cohen fait œuvre utile. En quelques 420 pages très solidement référencées, ponctuées de nombreuses citations et parfois même de reproductions in extenso des documents essentiels, il développe la thèse selon laquelle, pour les "techniciens" fondateurs de la Communauté européenne au milieu des années 1950, il n’était pas question, bien au contraire, de démocratie directe et de parlementarisme. L’auteur s’efforce de reconstituer « l’arbre généalogique » des premières institutions européennes à travers une série de chapitres chronologiques et thématiques (« Le roman des origines », « Aux sources de la communauté européenne », « La troisième voie personnaliste et communautaire », « Révolution nationale communautaire », « De la Révolution nationale à l’Europe fédérale » et « Vers une Europe communautaire »).

 

Il retrouve la marque des réflexions de l’entre-deux-guerres dans la recherche d’une « troisième voie entre libéralisme et socialisme vers la collaboration du capital et du travail par la conciliation du national et du social ». Dans ce contexte, émerge la personnalité de François Perroux, éminent professeur de droit mais aussi philosophe et économiste, auteur particulièrement prolifique durant les premières années de la Révolution nationale ; et autour de lui (« A l’intersection de tous les réseaux ») un certain nombre de « spécialistes » (industriels, scientifiques, financiers, statisticiens, etc.), d’hommes d’origines (culturelle, religieuse et/ou politique) différentes mais tous à la recherche d’une sorte de synthèse économique et politique entre le capitalisme et le socialisme. En détaillant avec un rare soin les nombreuses publications (livres, périodiques et brochures) des années d’avant-guerre à 1943 et les journées d’études dites « du Mont-Dore » de cette même année, Antonin Cohen met en relief que les préoccupations concrètes à caractère social (logement, éducation, santé, etc.) ont été abondamment étudiées.

Discréditées dans le cadre général de leur contexte politique par la Libération du territoire à partir de 1944, ces idées n’en retrouve pas moins rapidement, par « domaine spécialisé », une nouvelle actualité dès la fin des années 1940 avec le développement de la Guerre froide : « Cette interpénétration entre les réseaux et les idées de la Révolution nationale et de la Résistance intérieure, en France, et plus généralement entre les élites et les programmes des gouvernements en exil et des groupements de collaboration en Europe, est en effet la clef de la coalition transnationale qui prend corps au lendemain de la Seconde guerre mondiale, dans une commune défense de la ‘civilisation européenne’ contre le communisme ». L’auteur accorde une place importante dans cette évolution à la revue La Fédération (« extrêmement dangereux avec autant d’influence qu’une sorte de franc-maçonnerie. Idéologiquement, c’est un mélange confus de socialisme proudhonien et de maurrassisme »), dont le « Manifeste fédéraliste » de 1947 est reproduit. Diffusées par « capillarité » et transmissions successives (on croise entre autres des journalistes du Figaro), ces idées sont en particulier débattues lors du Congrès de l’Europe, qui se déroule à La Haye en mai 1948 avec la participation de 800 délégués représentants 28 pays. Antonin Cohen procède d’ailleurs à une fine analyse comparative de la constitution de ces délégations nationales et étudie de près les travaux des commissions mises en place lors de ce congrès comme leurs conclusions.

En dénouant et en suivant les fils (parfois ténus mais toujours réels) qui relient les influents réseaux américains (avec Dulles et Donovan), la genèse et la brève existence du Conseil européen de vigilance, la composition et le rôle du nouveau Commissariat général au plan (« à l’intersection du champ académique et du champ économique, mais aussi du champ administratif et du champ politique »), le passage « De Perroux à Monnet » et la notion d’économie appliquée, la place prise par les représentants de ce courant dans l’enseignement de haut niveau à l’IEP et à l’ENA, l’auteur met à jour dans sa dernière partie le passage « Du corporatisme à la planification », « à travers ces stratégies de reformulation des différentes thématiques de la troisième voie, mais aussi de reclassement de ceux-là mêmes qui ont été en mesure d’en assurer le transport ». Le Commissariat général au plan tient dans ce contexte une place essentielle : « Nous étions trois : Monnet, Hirsch et moi, raconte Pierre Uri, le reste c’était les commissions, c’était les experts, mais nous étions toujours tous les trois ensemble à tout faire, une espèce de commando. On a fait la reconstruction, le plan d’industrialisation, la stabilisation, la politique sociale ; on a fait la politique étrangère et on a terminé en faisant la politique militaire, puisque c’est nous qui avons préparé la conférence de Lisbonne qui a réorganisé le NATO … C’était très efficace comme méthode ; trois types clandestins qui faisaient tout ! Et les gouvernements faisaient ce qu’on leur disait ». Les mêmes, d’ailleurs, prépareront « entre début 1946 et début 1958 … plus de dix déclarations d’investitures » de chefs du gouvernement différents.

Au final toutefois, le Plan Schuman de 1950 (si souvent revendiqué) « n’a jamais eu de réalité », car les Chancelleries et les parlements se sont chargés  de l’amender immédiatement et de multiplier les initiatives (Plan Pflimlin, Plan Pleven, etc.) : ils vont « largement réussir à structurer ce nouvel espace transnational européen au centre duquel ils vont désormais être en mesure de ‘circuler’ librement, d’une assemblée à l’autre ». Inspirées par des hauts fonctionnaires, popularisées par des enseignants, tenues en main par des politiques professionnels (bref, fruit des réflexions et des travaux des « experts »), la construction européenne échappe aux citoyens qui « n’ont pratiquement plus aucune chance d’exercer la moindre influence sur le processus au niveau d’intégration planétaire ».

Pour conclure, si le titre de l’ouvrage, De Vichy à la Communauté européenne, a pu paraître plus « vendeur », il n’en est pas moins réducteur sur le fond car, avant et après « Vichy », sont abordés tous les grands débats du siècle dernier sur le rôle et la place relative des « techniciens » et des « politiques » dans la direction des affaires publiques et finalement (presque accessoirement, ce qui n’est pas réjouissant) sur la liberté de choix effective dont les peuples disposent ... éventuellement ! A ces titres, une contribution importante à la réflexion politique sur le XXe siècle.

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3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 00:30

 

 

La paix

Histoire politique et militaire

 

   

Jean-Pierre Bois

  paix-bois.jpg

Professeur émérite de l'université de Nantes, spécialiste reconnu en relations internationales et histoire de l'Europe à l'époque moderne, fin connaisseur des questions militaires, Jean-Pierre Bois nous livre ici une véritable somme (560 pages de texte courant, + 47 pages de notes, + 14 pages de bibliographie, + 15 pages d'index).

Avec une parfaite maîtrise de son sujet dans la profondeur historique, il nous emmène d'Arras en 1435 à Berlin en 1878 à travers toutes les grandes conférences internationales et "congrès européens" à la recherche des caractéristiques de ce qui fait suite à la guerre : les négociations et la conclusion d'une paix, ... toujours incertaine et provisoire.

Les pages sur "Les paix de la Renaissance" et l'analyse de "L'Europe de Westphalie, objet politique ou l'invention de l'équilibre" sont absolument passionnantes. Au fil de son discours, Jean-Pierre Bois n'omet pas d'intégrer les évolutions intellectuelles qui marquent chaque époque : la réflexion juridique de Grotius sur les règles de la paix ou de la guerre au début du XVIIe s., ou le Projet de paix perpétuelle de l'abbé de Saint-Pierre au XVIIIe.

Avec les campagnes de la Révolution et de l'Empire s'ouvre une époque nouvelle et paradoxale. La constitution du 14 septembre 1791 stipule que "La nation française renonce à entreprendre aucune guerre en vue de faire des conquêtes et n'emploiera jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple", tandis que commence une période de guerres presque ininterrompues pendant quatorze ans. Du congrès de Vienne à celui de Berlin enfin, la question de l'équilibre européen est absolument centrale et dans le même temps se développent les théories socialistes, fédéralistes, etc.

A la fois étude et réflexion sur la nature et les formes de la paix, ce phénomène qui tout à la fois fait suite à la guerre et la précède, l'ouvrage du professeur Bois doit figurer en bonne place dans votre bibliothèque.

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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