Gettysburg
1er - 3 juillet 1863
Farid Ameur
Excellent connaisseur des Etats-Unis et de la guerre de Sécession à laquelle il a déjà consacré plusieurs ouvrages, Farid Ameur nous offre aujourd'hui une belle synthèse sur cette bataille emblématique.
Le premier chapitre rappelle le contexte dans lequel, deux ans après le début de la guerre civile et peu après sa victoire de Chancellorsville, le général Lee est conduit à reprendre l'initiative pour rechercher une victoire stratégique contre les troupes de l'Union. On sait peu en France qu'au cours de cette première guerre moderne "environ 3 millions d'Américains revêtiront l'uniforme, dont les deux tiers du côté nordiste" et que pour les soldats, déjà, la pelle est une arme aussi utile que le fusil. Pour protéger définitivement la capitale du Sud et la Virginie, la campagne est lancée le 30 mai et les Confédérés progressent pendant près d'un mois jusqu'à entrer en Pennsylvanie. Mais les combats sont restés indécis et les Nordistes n'ont pas été écrasés. Le 15 juin, le président Lincoln décrète l'état d'urgence, appelle à la mobilisation générale et modifie le commandement. Farid Ameur présente les différents chefs militaires sur le terrain, leurs conceptions de manoeuvre, leurs ordre (reçus ou donnés), les réussités ou les échecs des différentes grandes unités. La grande bataille commence le 1er juillet au lever du jour, l'armée confédérée attaquant par le nord et l'ouest tandis que les Nordistes commencent par se replier vers le sud. Mais déjà les pertes sont lourdes pour les Confédérés qui, en dépit de leur courage, sont surclassés par le moderne armement de leur adversaire ("On aurait dit une vague grise dans une mer dorée"). Les mouvements des divisions, brigades et régiments sont décrits avec précision, qu'il s'agisse des combats eux-mêmes ou des mouvements des renforts. Le lendemain 2 juillet, les combats s'intensifient au nord-est et à l'ouest de la vile. Les Confédérés gagnent encore un peu de terrain, mais la résistance nordiste devient plus rude. L'auteur souligne une nouvelle fois les approximations des ordres de Lee et le manque de coordination entre les généraux sudistes voisins. Sur l'aile gauche de l'Union, les positions sont perdues et reprises à cinq reprises. Au soir, l'armée fédérale, mieux tenue en main par ses chefs est parvenue non seulement à consolider ses positions, mais même à reprendre l'initiative. Les combats vont se poursuivre jusqu'au milieu de la nuit, et le commandant en chef nordiste affirme au général Gibbon lors d'un conseil de guerre nocturne : "Si Lee attaque demain, ce sera sur votre front, au centre. Tenez-vous prêt !". Les opérations reprennent effectivement dès 4h00 du matin, à l'initiative cette fois des soldats de l'Union. Les Confédérés ne parviennent pas à rompre la ligne de Cemetery Ridge, puisamment défendue, au sud de la ville (les artilleurs sudistes tirent pourtant 20.000 obus sur leurs ennemis). C'est l'heure de la célèbre charge du général Pickett avec sa division de Virginie : "la masse grise s'avance dans un ordre magnifique", mais se heurte à la résistance farouche des Nordistes et à la précision de leurs pièces d'artillerie et va perdre sans résultat les deux tiers de ses hommes. L'Union ne sait pas profiter de l'état de quasi-effondrement de l'armée sudiste, "saignée à blanc", dont les survivants parviennent à se replier. A la mi-juillet, les positions se rétablissent sur le Potomac, mais c'est déjà "le début de la fin" pour la Confédération.
Agrémentée de 5 cartes qui permettent en particulier de suivre le déroulement de la bataille jour par jour, et complétée par une dizaine de pages de références bibliographiques, l'ouvrage constitue une véritable 'première' à l'attention du grand public en français : "C'est un mythe fondateur de la nation américaine. Aucune bataille s'étant déroulée sur son sol n'a donné lieu à une telle foison de légendes et d'images d'Epinal".
Tallandier, Paris, 2014, 220 pages. 19,90 euros.
ISBN : 979-10-210-0433-7.