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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 06:20

La puissance des nations

André Yché

Dans cet essai, André Yché nous invite à retrouver les fondamentaux, les déterminants et les limites de la notion de puissance pour un Etat. Il utilise pour cela des exemples historiques qu'il n'hésite pas à aller chercher dans un vaste spectre spatial et temporel.

L'ouvrage est divisé en quatre grands chapitres ("Les voies de la puissance", "Les limites de la puissance", "les ferments de la puissance" et "Aux confins de la puissance") qui survolent à grands traits l'histoire de l'humanité, de Gengis Khan et de l'empire des steppes à la "Pax Americana", en passant par la thalassocratie britannique et la maîtrise des mers, la géographie politique avec la capitale orientale sur les Détroits, de Byzance à Istanbul, l'influence des structures politiques internes, de l'empire multinational de Charles Quint à l'idée française de "Grande Nation", ou la question des petits Etats qui ont pu disposer (ou parfois disposent encore) d'une influence hors de proportion avec leur puissance propre, des pays Baltes au Vatican. Notons toutefois que, pour de très nombreux exemples utilisés, la notion de "nation" est bien différente de celle "d'empire" et que la conception de "l'autre" (le "barbare") et de l'ouverture au monde est un facteur essentiel : "Toutes les nations qui ont su construire une puissance durable l'ont assise sur le développement des échanges, notamment avec l'espace 'barbare' extérieur au 'limes', sur la maîtrise des routes commerciales , et presque toujours sur l'établissement de leur suprématie maritime", au risque de rester un Etat continental, présenté comme menacé de retard dans son développement. Les différents enseignements qu'il en tire pour la France semblent pertinents dans leurs principes, mais il y a parfois loin du discours à la réalité, et c'est peut-être ici que le livre peut être le plus contesté : au-delà de la réflexion théorique, quelles traductions concrètes pourrait justifier un certain optimisme ?

Un livre à lire, à méditer et à compléter par d'autres analyses.

Economica, Paris, 2013, 240 pages, 23 euros.

ISBN : 978-2-7178-6655-1

Facteurs et limites de la puissance
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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 06:25

Archives militaires, mode d'emploi

Guide du lecteur des fonds du Service Historique de la Défense

Sandrine Heiser et Nicolas Texier

Voici un petit ouvrage absolument indispensable pour quiconque veut commencer à rechercher et travailler aux archives de Vincennes.

En trois grandes parties thématiques ("Consulter les fonds et collections conservés par le SHD", "Découvrir les fonds et collections du SHD", et "Entreprendre des recherches au SHD : quelques pistes à suivre"), les auteurs reviennent dans une série de brefs chapitres très didactiques sur tout ce qu'il faut savoir, de la présentation du service lui-même aux modalités de la recherche et de la consultation. Ils présentent également les fonds conservés, aussi bien à Vincennes que dans les nombreux centres de province (ce que le grand public ignore souvent) et détaillent également un certain nombre de règles de méthodologie. Quelques annexes utiles complètent ce volume. C'est clair, illustré, pédagogique, en résumé utile.

Un seul regret (qui n'enlève rien à l'intérêt de l'ouvrage) : la présentation d'un "monde idéal", car la réalité des moyens humains et financiers disponibles se traduit (pour l'instant) pour une réalité plus contrastée, au moins pour les chercheurs. Espérons que les évolutions en cours permettront de "redresser le navire".

Archives & Culture, 2013, 79 pages, 12 euros.

ISBN : 978-2-35077-231-8.

S'initier à la recherche
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22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 06:30

Milindex

Plus de 80.000 références !

Lancé il y a pratiquement trois ans, le projet Milindex peut désormais être mis à la disposition des étudiants, des chercheurs, des amateurs, du grand public. A titre d'exemple; interroger la base de données avec le mot-clef "Afghanistan" permet de trouver plus de 180 références qui permettent de faire le point sur le situation militaire dans ce pays entre 1878 et 2011 ! Une véritable mine de références qui va continuer à vivre, à évoluer, à être toujours plus performante. Laissons Julie d'Andurain vous la présenter : 

 

Une collaboration CDEF, CDEM, Université

Fruit d’une collaboration de trois années entre le bureau Recherche du Centre de Doctrine d’Emploi des Forces (CDEF), le Centre de Documentation de l’Ecole militaire (CDEM) et l’Université, la base de données MILINDEX permet d’accéder aux sommaires de périodiques militaires des IIIe, IVe et Ve Républiques ainsi que certains périodiques en langue anglaise.

MILINDEX a été constitué au sein du bureau Recherche du CDEF dans le but initial d’accompagner les étudiants du Bureau dans leur découverte du fait militaire. Il s’agissait de les familiariser avec la littérature des périodiques, d’accès plus facile et plus rapide que celui des ouvrages. Au fur et à mesure de la construction de l’outil bibliographique, celui-ci est apparu comme un instrument de recherche en soi, susceptible de générer de nouvelles problématiques et par-delà de nouvelles recherches.

La base de donnée MILINDEX

MILINDEX ne donne pas accès au document lui-même. Il donne simplement la référence d’un article c'est-à-dire le nom de son auteur, le titre exact de l’article et l’ensemble des éléments scientifiques (date, tomaison, pages) qui permettent de le repérer correctement en bibliothèque. L’outil regroupe à ce jour plus de 80 000 références scientifiques d’articles peu connus et dont beaucoup sont de grande qualité. Il est ainsi possible d’établir une solide bibliographie scientifique avant d’aller consulter les documents en bibliothèque : le Centre de Documentation de l’École militaire particulièrement, mais aussi à la bibliothèque du SHD (Service Historique de la Défense à Vincennes) et à la Bnf, certaines revues étant par ailleurs numérisées sur Gallica.

Les périodiques référencés

À ce jour, près de trente revues ont été référencées, d’autres suivront. Parmi les plus importantes, vous trouverez les grandes revues d’arme de la IIIe République : la Revue d’artillerie (1872-1939), la Revue de cavalerie, la Revue d’infanterie (1887-1939), la Revue du service de l’Intendance militaire (1888-1959), la Revue militaire du génie (1887-1959) ; la Revue militaire générale (1907-1973) ; le Journal des Sciences militaires (1825-1914) ; la Revue militaire de l’étranger (1872-1899) et sa suite la Revue militaire des armées étrangères (1899-1914) ; le Spectateur militaire (1826-1914) ; la Revue des Troupes coloniales (1902-1939).

Des périodiques plus proprement historiques tels que la Revue historique des armées, la fameuse RHA, figurent également sur ce site ainsi que la Revue d’histoire de la Guerre mondiale (1923-1939), les Cahiers du Centre d’Études d’Histoire de la Défense (1996-2008), 14-18, le magazine de la Grande Guerre (2011-2012), de même quelques grandes revues intellectuelles de la IIIe République, intégralement dépouillées : Revue des Sciences Politiques (1911-1936), La Revue Politique et Parlementaire (1894-1971).

Enfin, sur des questions plus contemporaines, des périodiques en langue anglaise, plus récents ont également été référencés : Comparative Strategy, European Security ; An International Journal ; Comtemporary Security Police ; Conflict, Security & Development ; International Security ; Mediterranean Quarterly, A Journal of Global Issues ; Strategic Studies, Quarterly Journal of the Institute of Strategic Studies Islamabad, etc.

L’intérêt pour l’historien ou le chercheur en sciences humaines ?

Ces revues abordent de près ou de loin le fait militaire que ce soit par des aspects stratégiques, opératifs ou tactiques ou par l’histoire militaire proprement dite, française ou étrangère. Le mode d’accès à la base de données (par titre, par périodique, par auteur ou par année) permet d’envisager des thématiques très variées touchant aux armées comme le commandement, le recrutement, l’étude des armées étrangères (avec une recherche par pays), les questions de contre-insurrection, le mercenariat, la santé aux armées (hygiène, maladie, prophylaxie, etc), le renseignement, etc., la liste n’étant bien évidemment pas exhaustive.

Grâce à cet outil, il est également possible d’envisager une réflexion élargie sur la pensée militaire française, de rechercher éventuellement les éléments constitutifs d’une anthologie, mais de pratiquer également des analyses prosopographiques à partir d’un recueil important de données.

Pour les lecteurs du blog du lieutenant-colonel Porte, j’ajoute que cet outil a été mis en place durant ces trois dernières années sous sa direction et avec l’aide précieuse, et au combien efficace, de Mlle Bénédicte Bretonnière.  Je remercie également tous les étudiants qui ont participé activement à ce projet et qui ont appris, ainsi, à construire et utiliser une base de données.

Vous trouverez MILINDEX sur le site du CDEF :  www.cdef.terre.defense.gouv.fr. dans la partie droite de la page d’accueil. Pour accéder au contenu du site, retenir les mots de passe :

User name

=                                                    milindex

password

=                                                recherche

Une fois que vous vous trouverez sur la page de recherche, cliquez par exemple sur Milindex-titre et entrez un mot clé (guerre, armée, blessé, troupe, etc) puis cliquez sur login (ne pas utiliser la touche « Entrée » du clavier). 

Bonne navigation !

                        Julie d’Andurain

                        Responsable du projet MILINDEX au bureau Recherche du CDEF/DREX

 

Ajoutons simplement deux recommandations particulières pour les amateurs encore peu habitués aux bases de données : ne pas hésiter à multiplier les requêtes en changeant de mots-clefs (artillerie, canons, bombardement, etc.) et penser (puisqu'une partie des titres est en langue anglaise) à effectuer selon les sujets la recherche en deux langues (par exemple Liban, Lebanon, ou Chypre, Cyprus). 

A relayer au maximum !
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13 novembre 2013 3 13 /11 /novembre /2013 06:30

Les Européens et la guerre

Frédéric Dessberg, Christian Malis, Isabelle Davion (Dir.)

Sur la base des communications prononcées lors d'un colloque "Le Européens et la guerre" tenu aux Ecoles de Coëtquidan à l'automne 2010, cet ouvrage se caractérise par sa multidisciplinarité et son ouverture internationale.

Essentiellement centré sur le XXe siècle, le livre est organisé en quatre grandes parties comportant chacune 4 ou 5 communications. "Européens en guerre : le poids de l'histoire" aborde la Première Guerre mondiale à travers trois textes relatifs à la Serbie, à la perception des troupes américaines et au Bureau interallié des renseignements (Frédéric Le Moal, François Cochet et Olivier Lahaie), mais aussi deux articles originaux ; celui de Frédéric Dessberg sur "L'Union soviétique ou l'impossible alliée (1921-1941)" et celui de Laszlo J. Nagy "L'image de l'OTAN dans les démocraties populaires et ses conséquences sur la vision actuelle de la construction de la PESD". La seconde partie amplifie et élève la réflexion avec en particulier Thomas Lindemann ("Perception fausées de l'autre, darwinisme social et la crise de juillet 1914"), que l'on peut discuter mas bien charpenté et argumenté, et Isabelle Davion qui revient à ses thèmes de prédilection en Europe orientale avec "La dynamique de la marche arrière : en quoi consiste une alliance française entre les deux guerres mondiales". La troisième partie,, "L'Europe des coopérations : un bilan critique", est tout aussi riche et l'on remarque la communication de Claude Weber et Saïd Haddad sur "Les forces françaises au Liban : un mandat dans l'ombre du passé. Perceptions et coopérations dans le cadre d'un contexte multinational : le cas de la FINUL", et l'étude de Patrick Klaousen sur un paradoxe : "L'Europe de la défense en panne de volonté politique. Ou comment la force advint à l'Union sans que l'Europe devienne puissance". 

La diversité des thèmes abordés et les angles d'analyse parfois originaux donnent à cet ensemble un réel intérêt. Peut-être aurait-on aimé un texte "de synthèse" allant plus loin que la conclusion de Christian Malis, essayant de tirer la "substantifique moëlle" de l'ensemble, même si, bien évidemment, l'exercice était (serait ?) particulièrement ardu du simple fait de la diversité des sujets et de l'ampleur du thème. La communication de Martin Motte ("Les figures de l'ennemi dans la culture de guerre ouest-européenne"), qui brosse un large tableau de l'Antiquité à la guerre froide, aurait pu y aider. Enfin, il faut souligner la présence dans la troisième partie de l'un des derniers textes du regretté Hervé Coutau-Bégarie, "Unité et diversité des cultures stratégiques européennes", qui revient fort judicieusement en conclusion sur le "problème de volonté et de lucidité politique ... Les moyens en eux-mêmes n'acquièrent leur pleine signification que lorsqu'ils s'inscrivent dans une architecture doctrinale cohérente"...

Un ouvrage à connaître par tous ceux qui s'intéressent aux questions d'histoire militaire, de sécurité, de défense, de géopolitique ou de stratégie.

Publications de la Sorbonne, Paris, 2013, 399 pages, 27 euros.

ISBN : 978-2-85944-754-0.

Rapports complexes
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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 06:20

La construction du militaire

Vol. 1 : Savoirs et savoir-faire militaires à l'époque moderne

Benjamin Deruelle et Bernard Gainot (Dir.)

Ouvrage collectif qui traduit le dynamisme et la diversité des travaux menés depuis plusieurs années dans le cadre du séminaire « Guerre, sociétés, conflits » de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ce premier volume regroupe une dizaine de contributions dont le champ chronologique s’étend du XVIe au XIXe siècle.

Les différents textes sont organisés en trois grandes parties : « La formation du gentilhomme », « La discipline » et « L’institutionnalisation ». Tous les articles traitent de sujets originaux mais on peut regretter que la contribution d’Adolfo Carrasco Martinez ne soit pas traduite en français (pas même un résumé). Les non-hispanisants ne bénéficieront donc pas de ce travail sur l’éducation militaire de la noblesse espagnole.  Parmi les sujets qui ont particulièrement retenu notre attention : « Entre cavalerie et chevalerie : la formation des nobles dans l’écurie du roi au XVIe siècle » (Benjamin Deruelle), où il apparait que les enfants de la noblesse y sont accueillis entre 5 et 9 ans pour une formation physique, morale et intellectuelle, théorique et pratique, qui comprend l’apprentissage de la peur, naturelle mais qu’il faut savoir maîtriser. On lit également avec intérêt l’article d’Arnaud Guinier, « Les enjeux de la formation du soldat. A propos de la métaphore mécanique de la seconde moitié du XVIIIe siècle », qui s’intéresse à la comparaison, selon lui récurrente dans les textes du temps, entre « soldat » et « automate » et à la notion d’une « armée-machine ». C’est la formation répétitive poussée jusque dans le dernier détail du moindre geste pour obtenir la meilleure exécution possible sur le champ de bataille. Ce sera le « dressage » des XIXe et XXe siècles, le « drill » ensuite. A contrario, certains auteurs condamnent cet « asservissement » car ce type de formation est indissociable des notions de discipline stricte et de sanctions (« Que la peine soit aussi prompte que la faute, que le soldat soit presque sûr qu’à l’instant qu’il manque il va être puni »). En retour, la conviction, la motivation, le sens de l’honneur semblent des leviers particulièrement efficaces et ils réapparaitront, nous semble-t-il, à la fin du siècle suivant sous la forme des « forces morales ». Michaël Bourlet enfin s’intéresse à une période très peu connue de l’Ecole spéciale militaire, celle des quelques années de son installation à Fontainebleau, et à ses quarante premiers élèves-officiers, dont il détaille (au moins statistiquement) les carrières.

Un très bon volume de culture générale, très centré cependant sur l’Ancien régime et la période moderne.

Publications de la Sorbonne, Paris, 2013, 228 pages, 27 euros.

ISBN : 978-2-85944-753-3.

Aux origines
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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 06:25

Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France

Pascal Ory (Dir.)

Une excellente idée, une réelle utilité, et pourtant un résultat un peu décevant.

Parmi les milliers de personnages qui se succèdent sur plus de 900 pages de texte courant, de A comme le photographe Abbas à Z comme le cinéaste Zulawski, on retrouve bien sûr des noms très connus, mais également beaucoup d'autres plus ou moins tombés dans l'oubli mais dont le rôle ou l'influence, à un moment, fut important. On apprécie également qu'au-delà des individus certaines communautés soient particulièrement étudiées (l'entrée sur les Alsaciens-Mosellans peut être discutée, le terme de "pogrom" à propos de la répression de la manifestation du 17 octobre 1961 est particulièrement connoté,, d'autres plus originales comme les Néerlandais ou les Sri Lankais auxquels spontanément on ne pense pas). On en ressort toutefois avec le sentiment très net qu'ont été privilégiés des personnalités de l'époque récente, voire "people" (Rika Zaraï a sans doute été une chanteuse populaire, mais en quoi a-t-elle contribué à "faire la France" ?). Les professions artistiques au sens large donnent donc l'impression d'être largement surévaluées (même si leur influence est particulièrement importante) au détriment d'autres figures dont le rôle a pourtant été fondamental : on a ainsi une entrée "Naguy", mais "Mazarin" n'existe pas. Lequel a le plus contribué à modeler la France et a influencé son histoire ? La présence d'Ettore Bugatti, le grand industriel et motoriste de l'automobile, n'étonne pas, par contre celle de l'Américaine Géraldine Chaplin est plus surprenante, même si elle a figuré souvent au générique de films français. A des titres différents Raymond Kopa et Henri Krasucki, mais pourquoi la chanteuse Lio ou même le peintre Miro, bien qu'il ait vécu en France mais dont l'oeuvre est essentiellement espagnole (ou hispanique). ? S'agit-il, finalement, d'un Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France, ou d'une liste des étrangers aujourd'hui célèbres en France ? 

En résumé, un volume qui apporte beaucoup d'informations, qui ouvre de nombreuses pistes et suscite d'innombrables réflexions, mais dont un certain tropisme "actualité des magazines de célébrités" (ajoutons "éphémères") nous semble nuire à la qualité d'ensemble.

'Bouquins', Robert Laffont, 2013, 953 pages, 30 euros.

ISBN : 978-2-221-11316-5.

Un message planétaire
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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 05:55

Dictionnaire chronologique des guerres du XXe siècle

Jean Hubac (Dir.)

Voici un ouvrage excellent pour les étudiants dans de très nombreuses disciplines, mais aussi pour ceux qui souhaitent faire un point en quelques pages de ce "siècle des guerres" qu'a été (comme les précédents) le XXe s. 

En 20 chapitres allant de la Première Guerre mondiale (par Michel Goya) à "La guerre en Afrique sub-saharienne depuis 1991" (par Stéphane Vautier), les auteurs abordent l'essentiel : la guerre civile russe, les conflits de l'entre-deux-guerres, la guerre d'Espagne, la Seconde guerre mondiale, la guerre "froide", la guerre de Corée et celle d'Indochine, la guerre d'Algérie, la guerre soviétique d'Afghanistan, les guerres israélo-arabes, les guerres révolutionnaires de la Chine à Cuba, la guerre du Golfe, la "guerre contre le terrorisme", les guerres yougoslaves, la question palestinienne, etc. Chaque chapitre comporte une chronologie, quelques cartes et une bibliographie sommaire, et les différentes contributions bénéficient de notes de bas de page judicieusement choisies et rédigées. Dans son introduction, Tristan Lecoq rappelle très justement que "l'histoire de la guerre est liée à l'histoire de l'Etat" et pose la question des changements intervenus depuis la fin du XXe siècle, "qui dessinent à la guerre un visage nouveau" (dont les titres moins précis de certains derniers chapitres rendent compte).

Un très bon volume de référence pour entamer des études et un outil de travail pour tous ceux qui veulent poursuivre. Un "usuel" bien fait et utile.

Hatier, Paris, 2013, 479 pages. 12,70 euros.

ISBN : 978-2-218-97142-6.

Outil de travail
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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 08:30

Histoire impertinente

Les grandes dates de l'humanité revues et corrigées

Des origines à l'an 1500

Jacques Braibant

Considérant que l'histoire n'est (trop) souvent qu'une (re)présentation adaptée aux besoins de la réalité passée, et s'intéressant par ailleurs beaucoup à "la splendeur de la civilisation musulmane au Moyen-Age", l'auteur affirme vouloir rétablir certaines vérités. Belle ambition. 

Il remonte pour cela à la plus haute antiquité avec les civilisations assyrienne et égyptienne et aborde successivement "la légende de Gilgamesh", (XVIIIe siècle av. J.-C.), "le code Hammourabi" (1750 av. J.-C.), "l'invention de la monnaie fiduciaire" (650 av. J.-C.), "Solon, père de la démocratie" (593 av. J.-C.), "la bataille de Marathon" (490 av. J.-C.), etc... Jusque là, je n'ai pas trouvé de "révélation" qui remettrait en cause les connaissances généralement partagée sur les événements en question. Tout au plus quelques adaptations de détail, dont rien ne nous prouve d'ailleurs qu'elles méritent plus que l'histoire généralement connue d'être considérée comme plus authentiques, puisqu'il n'y a aucune note ni référence.  D'autre part, à la fin de chaque chapitre, des commentaires particuliers de l'auteur nous entrainent bien loin du sujet, jusqu'aux attentats du 11 septembre ou à l'élection des candidats de Beppe Grillo lors des législatives italiennes de 2013 ? ? ? 

Continuons : le "24 décembre 00", il ne s'est rien passé. Quelque découverte ! En est-il encore à considérer que la fête de Noël correspond à la date anniversaire "historique" du Christ ? Et à propos du Nouveau Testament : "On aurait pu espérer un peu plus de précision dans la relation de la vie de Jésus" ! Puis nous avons droit à la conversion de Constantin, à la fin officielle de l'empire romain, au début de l'hégire, à la fin de l'expansionnisme arabe  avec la bataille de Poitiers qui ne s'est probablement pas déroulée dans cette ville, au partage de l'empire carolingien, au grand schisme d'Orient, à la première croisade, etc... jusqu'à la découverte de l'Amérique.

Au final, un titre qui n'a rien à voir avec le contenu, les analyses personnelles de l'auteur, qui n'engagent que lui, et son interprétation d'événements lointains, à partir desquels il tire des "enseignements" pour aujourd'hui. La conclusion est éclairante : "Nous avons survolé, très superficiellement, ce que nous considéront, à tort ou à raison, comme les grandes dates de l'humanité" : tout est dit. La bibliographie squelettique ne couvre quà peine les thèmes traités et l'on a la surprise d'y découvrir ... Marcel Pagnol, et "le merveilleux moteur de recherche qu'est Wikipédia". Bref, du solide ! Il parait qu'en évitant de publier des livres, on préserve la forêt amazonienne... Je vais devenir écolo. 

Editions Jourdan, Paris, 2013, 260 pages. 17,90 euros.

ISBN : 978-2-87466-299-7.

Amusant
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16 septembre 2013 1 16 /09 /septembre /2013 06:35

Histoire de France

de la Gaule à nos jours

E. Lavisse

Edition augmentée par Dimitri Casali

Dès la publication de ce livre, la polémique a été lancée. Ceux qui considèrent que l'histoire "à l'ancienne" n'a plus droit de cité se sont élevés dans la presse contre cette réédition (par exemple ici et ici), tandis que Dimitri Casali enfourchait à nouveau son cheval de bataille sur l'importance du "roman national". C'est Le Monde contre Le Figaro (et vice versa). Bref, tout sauf de l'histoire, avec des arguments au ras des chausettes.

Objectivement, le combat politique de Dimitri Casali nous indifère, mais en-dehors des oeillières idéologiques force est de constater que ce "Lavisse" est en lui-même un objet d'histoire, ne serait-ce que par le nombre de générations d'écoliers qui, entre 1913 et la Seconde guerre mondiale, ont révisé et récité leurs leçons à partir de ses textes. De ce seul point de vue, la réédition est une bonne chose. Bien sûr, le lecteur de 2013 peut sourire à certaines formulations ("Autrefois, notre pays s'appelait la Gaule, et ses habitants s'appelaient les Gaulois. Notre pays a bien changé depuis lors, et nous ne ressemblons plus guère à nos pères les Gaulois"), mais après tout n'est-il pas dans les responsabilités civiques et sociales d'un Etat quel qu'il soit d'entretenir la cohésion autour d'une certaine idée de son passé et de son avenir ? Que les travaux scientifiques remettent en cause les opinions communes et les idées reçues, fort bien, c'est leur rôle. Mais que chaque citoyen ait conscience d'appartenir à un ensemble plus large est-il pour autant contradictoire ? Alors oui, certains propos sont simplistes, certaines affirmations frisent aujourd'hui le ridicule, mais les gravures sont souvent superbes et, sur le fond, le discours volontariste a été l'un des éléments qui a contribué à la forte cohésion nationale et dont les (dernières) manifestations sont encore aujourd'hui sensibles. Ne mélangeons pas les genres et que chacun retrouve sa place, les instituteurs dans leur rôle essentiel de formateurs de citoyens, qui doivent a minima connaître la chronologie de leur passé, comme on apprend à lire et à compter, et les intellectuels dans celui de critiques et d'analyse. On n'enseigne pas de la même façon ni les mêmes choses à des enfants d'une dizaine ou d'une douzaine d'années et à de jeunes adultes.

Dimitri Casali se livre, dans les dernières parties à un essai "à la manière de ", et on est là plus dubitatif. Peut-^tre parce que nous l'avons véçu, en tout ou partie, les affirmations sur les présidents successifs de la Ve République sont peu satisfaisantes. Mais, sur le fond, que peut-on reprocher à : "C'est la raison pour laquelle nous devons rester fiers de notre histoire" ? Qu'y a-t-il de condamnable sur le principe dans l'affirmation qu'une "histoire fédératrice animée par le sentiment d'une destinée commune" est souhaitable dans les temps turbulents que nous vivons ?

Prenez ce "Lavisse" comme un objet historique en lui-même, et interrogez-vous sur la place de l'histoire dans la formation du citoyen. Il est fort probable que les avantages seront bien plus importants que les inconvénients. Et au diable les égos hypertrophiés des penseurs à la mode. 

Armand Colin, Paris, 2013, 237 pages. 9,95 euros.

ISBN : 978-2-200-27770-3.

Retour vers le passé
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Qui Suis-Je ?

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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