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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 08:00

Le dictionnaire du Titanic

François Codet

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La mer est cruelle et les naufrages célèbres ne se comptent plus. Certains, toutefois, ont durablement marqué les esprits et suscité un intérêt soutenu au fil des années.

D’Irlande aux Etats-Unis et dans les quelques ports où le grand transatlantique avait fait escale, le centenaire du Titanic a donné lieu ce mois-ci à de multiples manifestations. Au-delà même, toutes les grandes télévisions ont consacré des émissions à cet événement et le film fameux de James Cameron retrouve en 3D une diffusion mondiale. Il existe donc bien à la fois un « mystère » du Titanic, au moins dans l’attirance que la dramatique aventure du paquebot continue d’exercer, et un engouement du public.

En proposant chez Marines Editions ce dictionnaire spécialisé de quelques 500 entrées, François Codet répond à de nombreuses questions et nous apprend bien des choses, grandes et petites, anecdotiques ou plus fondamentales, amusantes ou cruelles. La biographie sommaire de très nombreux passagers et membres de l’équipage est rappelée, et au hasard des noms il apparaît par exemple que la plupart des musiciens du bord (on se souvient des images de cet orchestre jouant, imperturbable, jusqu’à ce que le navire s’enfonce dans les eaux) étaient Français et n’avaient pas à proprement parler de contrat de travail : ils étaient considérés comme des passagers de 2e classe. On retrouve également la liste et les caractéristiques de très nombreux navires, dont les grands transatlantiques de l’époque et les bâtiments qui se trouvaient peu ou prou dans les environs de la zone où le Titanic a coulé, ainsi que plusieurs entrées relatives aux fusées lancées après que l’iceberg ait été heurté et au mystérieux navire non identifié qui se serait trouvé à proximité et n’aurait pas répondu aux appels de détresse. On suit, bien sûr, tous les détails de la construction, du lancement et de la navigation à travers l’Atlantique et l’on a le détail à la fois des objets et matériels embarqués, de la liste des menus, des définitions des postes et métiers de chaque matelot ou officier, sans oublier la liste des paquebots détenteurs du Ruban bleu de vitesse de traversée, la chronologie précise de la mise à l’eau des canots de sauvetage -construits en orme et en pin jaune- ou les tours de quart des officiers de bord lors du naufrage, le détail des commissions d’enquête qui suivirent, etc.

En bref, un dictionnaire qui fait à la fois le point des avancées sérieuses les plus récentes dans l’étude de la catastrophe et qui multiplie et explique les anecdotes ou les incidents peu connus sur le navire et sa traversée. Un volume qui devrait faire longtemps référence dans la bibliographie française et qui passionnera tous ceux (ils sont nombreux) qui se posent des questions sur cet événement.

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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 08:20

Journal Officiel

du 15 avril 2012

JO

Suite de l'annonce faite le 12 avril dernier sur la constitution offciielle du Groupement d'intérêt public (GIE) "1914-2014", l'arrêté du 12 avril "portant nomination à l'assemblée générale et au conseil d'administration" du GIE "Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale, 1914-2014" a été publié le 15 / 04 (texte n° 26).

Le général d'armée (2S) Elrick Irastorza (ancien CEMAT) en assumera la présidence. On sait qu'il a toujours été sensible à l'importance de la culture générale et de l'histoire dans le processus de formation. On relève parmi les membres désignés les noms de quatre parlementaires : Claude Léonard, sénateur de la Meuse (remplaçant de Gérard Longuet depuis que ce dernier est entré au gouvernement) ; Joseph Bosse, député de Maine-et-Loire (membre UMP de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire) ; Patricia ADAM, députée du Finistère (vice-présidente PS de la commission de la Défense de l'Assemblée) et Catherine Génisson, sénatrice du Pas-de-Calais (vice-présidente PS de la commission des affaires sociales du Sénat).

La structure semble donc se mettre en place assez rapidement. Il reste à suivre si les prochains impétrants auront les qualifications d'historiens nécessaires ou s'il s'agira de "commémorer dans l'air du temps".

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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 08:15

Le soutien humain du soldat blessé en service

Journée d'études CREC / Fondation Saint-Cyr

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Organisée en particulier par le pôle "Action globale et forces terrestres" du Centre de recherche des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan au Cercle de la Monnaie (26 rue de la Monnaie, 35000 Rennes) le jeudi 10 mars de 9h00 à 16h00, cette journée d'étudesabordera trois grands thèmes : "Problématique et aspects psycho-sociologiques", "Le soutien institutionnel apporté au soldat blessé" et "Le soutien associatif du blessé".

Le programme complet est téléchargeable sur :  http://www.st-cyr.terre.defense.gouv.fr/index.php/crec/Les-ecoles-de-Saint-Cyr-Coetquidan/Actualites/Journee-d-etude-Le-soutien-humain-du-soldat-blesse-en-service

Contact et réservation : 02 90 40 40 40 ou augusta.reconnaissance@gmail.com

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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 08:10

Avec le SHD sur le Chemin des Dames

CHRISTOPHE.jpg

Le lieutenant-colonel Christophe Gué présentant sur le terrain le déroulement des opérations


Pourquoi le Chemin des dames a-t-il été l'objet d'une lutte acharnée en 1917, alors que depuis 1914 il avait connu un "calme" relatif et qu'en 1918 il fut le théâtre d'une seule journée de combats intenses à l'occasion de l'offensive allemande du 27 mai ? Pour tenter de répondre à cette question, le SHD a organisé il y a quelques jours, à l'attention des journalistes, une étude tactique historique (ETH, plus familièrement connue sous le nom de "staff ride") sur les lieux mêmes des opérations, à la demande et en présence du général Paulus, chef du Service.

Conduite par le lieutenant-colonel Gué et son équipe, avec la participation de monsieur Genteur, maire de Craonne, cette ETH s'est déroulée les 4 et 5 avril derniers en présence de représentants d'organes de presse et d'information aussi différents que RTL, Télérama, 14/18 ou La Charte par exemple, avec l'appui de la Caverne du Dragon et de l'office du tourisme de Laon.

L'expérience, concluante, devrait être prochainement renouvelée au bénéfice des futurs officiers brevetés d'état-major de l'armée de terre.

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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 08:00

De Vichy à la Communauté européenne

Antonin Cohen

De-Vichy-a-la-Communaute-Europeenne.jpg

Avec cet ouvrage, qui pour être extrêmement sérieux n’en est pas moins décapant (car il va à contresens d’une idée -l’idéal démocratique et citoyen de la construction européenne- présentée aujourd’hui comme un quasi-axiome), Antonin Cohen fait œuvre utile. En quelques 420 pages très solidement référencées, ponctuées de nombreuses citations et parfois même de reproductions in extenso des documents essentiels, il développe la thèse selon laquelle, pour les "techniciens" fondateurs de la Communauté européenne au milieu des années 1950, il n’était pas question, bien au contraire, de démocratie directe et de parlementarisme. L’auteur s’efforce de reconstituer « l’arbre généalogique » des premières institutions européennes à travers une série de chapitres chronologiques et thématiques (« Le roman des origines », « Aux sources de la communauté européenne », « La troisième voie personnaliste et communautaire », « Révolution nationale communautaire », « De la Révolution nationale à l’Europe fédérale » et « Vers une Europe communautaire »).

 

Il retrouve la marque des réflexions de l’entre-deux-guerres dans la recherche d’une « troisième voie entre libéralisme et socialisme vers la collaboration du capital et du travail par la conciliation du national et du social ». Dans ce contexte, émerge la personnalité de François Perroux, éminent professeur de droit mais aussi philosophe et économiste, auteur particulièrement prolifique durant les premières années de la Révolution nationale ; et autour de lui (« A l’intersection de tous les réseaux ») un certain nombre de « spécialistes » (industriels, scientifiques, financiers, statisticiens, etc.), d’hommes d’origines (culturelle, religieuse et/ou politique) différentes mais tous à la recherche d’une sorte de synthèse économique et politique entre le capitalisme et le socialisme. En détaillant avec un rare soin les nombreuses publications (livres, périodiques et brochures) des années d’avant-guerre à 1943 et les journées d’études dites « du Mont-Dore » de cette même année, Antonin Cohen met en relief que les préoccupations concrètes à caractère social (logement, éducation, santé, etc.) ont été abondamment étudiées.

Discréditées dans le cadre général de leur contexte politique par la Libération du territoire à partir de 1944, ces idées n’en retrouve pas moins rapidement, par « domaine spécialisé », une nouvelle actualité dès la fin des années 1940 avec le développement de la Guerre froide : « Cette interpénétration entre les réseaux et les idées de la Révolution nationale et de la Résistance intérieure, en France, et plus généralement entre les élites et les programmes des gouvernements en exil et des groupements de collaboration en Europe, est en effet la clef de la coalition transnationale qui prend corps au lendemain de la Seconde guerre mondiale, dans une commune défense de la ‘civilisation européenne’ contre le communisme ». L’auteur accorde une place importante dans cette évolution à la revue La Fédération (« extrêmement dangereux avec autant d’influence qu’une sorte de franc-maçonnerie. Idéologiquement, c’est un mélange confus de socialisme proudhonien et de maurrassisme »), dont le « Manifeste fédéraliste » de 1947 est reproduit. Diffusées par « capillarité » et transmissions successives (on croise entre autres des journalistes du Figaro), ces idées sont en particulier débattues lors du Congrès de l’Europe, qui se déroule à La Haye en mai 1948 avec la participation de 800 délégués représentants 28 pays. Antonin Cohen procède d’ailleurs à une fine analyse comparative de la constitution de ces délégations nationales et étudie de près les travaux des commissions mises en place lors de ce congrès comme leurs conclusions.

En dénouant et en suivant les fils (parfois ténus mais toujours réels) qui relient les influents réseaux américains (avec Dulles et Donovan), la genèse et la brève existence du Conseil européen de vigilance, la composition et le rôle du nouveau Commissariat général au plan (« à l’intersection du champ académique et du champ économique, mais aussi du champ administratif et du champ politique »), le passage « De Perroux à Monnet » et la notion d’économie appliquée, la place prise par les représentants de ce courant dans l’enseignement de haut niveau à l’IEP et à l’ENA, l’auteur met à jour dans sa dernière partie le passage « Du corporatisme à la planification », « à travers ces stratégies de reformulation des différentes thématiques de la troisième voie, mais aussi de reclassement de ceux-là mêmes qui ont été en mesure d’en assurer le transport ». Le Commissariat général au plan tient dans ce contexte une place essentielle : « Nous étions trois : Monnet, Hirsch et moi, raconte Pierre Uri, le reste c’était les commissions, c’était les experts, mais nous étions toujours tous les trois ensemble à tout faire, une espèce de commando. On a fait la reconstruction, le plan d’industrialisation, la stabilisation, la politique sociale ; on a fait la politique étrangère et on a terminé en faisant la politique militaire, puisque c’est nous qui avons préparé la conférence de Lisbonne qui a réorganisé le NATO … C’était très efficace comme méthode ; trois types clandestins qui faisaient tout ! Et les gouvernements faisaient ce qu’on leur disait ». Les mêmes, d’ailleurs, prépareront « entre début 1946 et début 1958 … plus de dix déclarations d’investitures » de chefs du gouvernement différents.

Au final toutefois, le Plan Schuman de 1950 (si souvent revendiqué) « n’a jamais eu de réalité », car les Chancelleries et les parlements se sont chargés  de l’amender immédiatement et de multiplier les initiatives (Plan Pflimlin, Plan Pleven, etc.) : ils vont « largement réussir à structurer ce nouvel espace transnational européen au centre duquel ils vont désormais être en mesure de ‘circuler’ librement, d’une assemblée à l’autre ». Inspirées par des hauts fonctionnaires, popularisées par des enseignants, tenues en main par des politiques professionnels (bref, fruit des réflexions et des travaux des « experts »), la construction européenne échappe aux citoyens qui « n’ont pratiquement plus aucune chance d’exercer la moindre influence sur le processus au niveau d’intégration planétaire ».

Pour conclure, si le titre de l’ouvrage, De Vichy à la Communauté européenne, a pu paraître plus « vendeur », il n’en est pas moins réducteur sur le fond car, avant et après « Vichy », sont abordés tous les grands débats du siècle dernier sur le rôle et la place relative des « techniciens » et des « politiques » dans la direction des affaires publiques et finalement (presque accessoirement, ce qui n’est pas réjouissant) sur la liberté de choix effective dont les peuples disposent ... éventuellement ! A ces titres, une contribution importante à la réflexion politique sur le XXe siècle.

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23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 12:30

Delanoë veut contrôler les historiens de la colonisation

et de la guerre d'Algérie

Alain-Gérard Slama

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On lira sur le site ETUDES COLONIALES l'article mis en ligne le mercredi 18 avril par Alain-Gérard Slama.  Ce dernier raconte comment les professeurs Jacques Frémeaux et Daniel Lefeuvre, dont le nombre, la qualité et la nature des travaux ne sont plus à présenter, en charge de la préparation scientifique d'une exposition "Paris et les Parisiens dans la guerre d'Algérie", ont reçu un courrier du cabinet de la mairie de Paris pour les informer que deux de ses représentants les "assisteraient" désormais. L'objectif affiché ? : Rechercher "une solution scientifiquement rigoureuse et politiquement consensuelle"...

Quelqu'un peut-il nous expliquer à quoi peut bien correspondre en histoire une "vérité" "scientifiquement rigoureuse et politiquement consensuelle" ? Comme quoi il n'est pas nécessaire de s'appuyer sur une loi mémorielle pour tenter de faire pression sur des historiens, même parmi les plus réputés.

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23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 08:10

La plume et l'épée

Tours, 12 mai 2012

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Cette nouvelle édition du salon du livre / forum de la pensée militaire, organisée par la ville de Tours et le commandement des écoles de l'armée de terre, se tiendra le samedi 12 mai dans la salle des fêtes de l'Hôtel de ville. Au programme, outre les nombreux auteurs présents pour dédicacer leurs ouvrages :

10h00 : ouverture du salon

11h00 : Remise des prix

15h00 : conférence de Xavier Raufer sur "Les nouvelles menaces terroristes"

16h00 : conférence de Martine Gozlan sur "L'imposture turque"

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23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 08:00

Monuments aux morts

IRHiS - Lille

BandeauIRHiS.gif

L'institut de recherches historiques du Septentrion (IRHiS) de l'université de Lille III développe une base de données des monuments aux morts des départements du Nord (902 référencés et indexés), du Pas de Calais (545) et de l'Aisne (12 pour l'instant). La navigation sur le site (cliquer ici) est extrêmement aisée à partir d'une cartographie rigoureuse qui couvre globalement tout le Nord de la France entre Boulogne-sur-Mer et Hirson le long de la frontière belge. Chaque monument bénéficie d'une fiche descriptive précise accompagnée de photos.

MARLES

Une très belle réalisation qui est sans doute encore appelée à se développer.

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23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 07:55

Il est rare de pouvoir disposer, à peu de mois d’intervalle, de deux ouvrages différents traitant d’une même question controversée. Profitons de cette opportunité pour revenir sur « l’affaire » du 15e corps, accusé après le 21 août 1914 d’avoir lâché pied en Lorraine et entraîné de ce fait la retraite générale de la IIe Armée.

 

Désunion nationale

La légende noire des soldats du midi

Jean-Yves Le Naour

Couverture-de-l-ouvrage--Desunion-nationale---La-legende-.jpg

 

De façon générale, Maurice Mistre, dans La légende noire du 15e corps. L’honneur volé des Provençaux par le feu et l’insulte (C’est-à-dire Editions), consacre une pagination plus importante à la reconstitution des événements militaires eux-mêmes que Jean-Yves Le Naour dans Désunion nationale. La légende noire des soldats du Midi (Editions Vendémiaire). Ainsi, alors que le premier reconstitue durant les cinquante premières pages le parcours des régiments du 15e CA en août 1914, jour par jour, village lorrain par village lorrain, puis s’efforce de retrouver la réalité de défaillances éventuelles (dont on verra quelles sont en partie avérées) pendant les trente pages qui suivent, le second résume l’ensemble des faits en une petite vingtaine de pages pour en arriver dès la fin du premier chapitre au fameux article du sénateur Gervais publié dans Le Matin du 24 août, « La vérité sur l’affaire du 21 août. Le recul en Lorraine », par lequel toute la France « apprend » qu’un « incident déplorable s’est produit … La défaillance d’une partie du 15e corps a entraîné la retraite sur toute la ligne ».

Selon le sénateur de la Seine, « surprises sans doute par les effets terrifiants de la bataille, les troupes de l’aimable Provence ont été prises d’un subit affolement ». Dans le double environnement du moment d’Union sacrée politique et de revers militaires, l’article provoque un véritable tollé. Aussitôt, les parlementaires méridionaux pétitionnent, s’adressent au chef du gouvernement comme au chef de l’Etat : le ministre de la Guerre, Messimy, considéré comme l’instigateur de cet article, quitte le gouvernement le surlendemain.

 

On constate donc que les deux auteurs ont une approche différente de l’événement. Maurice Mistre centre réellement son étude sur l’événement lui-même. Ses références aux lettres, carnets et témoignages des acteurs sont plus nombreuses et plus variées. Il analyse les réactions des uns et des autres, s’interroge longuement sur Joffre, Messimy, de Castelnau ou Foch en ne procédant qu’à de brèves incursions dans un passé récent pour souligner ce qui, aux yeux de notables parisiens, peut distinguer « le Midi » du « Nord », avec son lot de rumeurs, d’a priori et d’idées reçues : « C’était comme une satisfaction, longtemps retenue, de fulminer contre cette Côte d’Azur ensoleillée qui ne pouvait donner de solides soldats ». Jean-Yves Le Naour aborde la question sous un angle plus large et sur une plage de temps plus étendue. Une grande partie de son ouvrage, plus politique et sociologique (chapitres 3, 4 et 5, « L’invention du Midi », « La République des Méridionaux », « Le péril méridional »), s’intéresse aux relations complexes entre Paris et les provinces du Sud au long du XIXe siècle, entre un « Nord » industriel et travailleur et un « Midi » plus ou moins arriéré et rebelle. Toutes les références littéraires venant à l’appui de la démonstration sont évoquées, dont Alphonse Daudet qui « invente le bouffon national ». Pour être en partie exacte, l’explication n’est pas absolument satisfaisante : que n’a-t-on pas écrit, d’une part, sur les Bretons par exemple ; et peut-on objectivement confondre, d’autre part, l’arrière-pays niçois ou aixois avec le Tarn ou le Lot ?

La conclusion des deux ouvrages, d’ailleurs, diffère. Maurice Mistre traite en quinze pages du processus de réhabilitation d’après-guerre, avec mesure et en prenant soin de croiser les témoignages ce qui lui permet de dépasser les réactions passionnelles. Sa conclusion est nuancée : « Ces explications sont trop tardives. Elles démontrent néanmoins un besoin de justification mettant en évidence qu’il s’est passé quelque chose de nauséabond. On ne compte plus les régiments qui ont quitté Dieuze en dernier ! A lire les rescapés, ils étaient nombreux ! … Que chacun sauve sa peau ou son honneur dans cette affaire ou enjolive son rôle, quoi de plus naturel pour qui prétend passer à la postérité. A chacun sa vérité… ». En cohérence avec le reste de son étude, Jean-Yves Le Naour consacre ses trois derniers chapitres (« Désunion sacrée », « L’impossible réhabilitation », « Oublier ou se souvenir ? ») aux échos et conséquences à brève, moyenne et longue échéances de ces événements. S’inscrivant résolument dans le temps long, il propose une conclusion de deux pages, plus « militante », et considère que « les Méridionaux n’ont pas seulement porté la responsabilité de la retraite et des erreurs du haut commandement. Ils ont aussi payé pour leur climat trop clément, pour le fédéralisme des Girondins, pour les galéjades de Tartarin, l’arrivisme de Numa Roumestan, le républicanisme, le radicalisme, le socialisme et l’antimilitarisme. Enfin, ils ont été victimes des préjugés qui, aux yeux de la droite nationaliste, les avaient conduits au bord de la France ».

 

La légende noire du 15e corps

L'honneur volé des Provençaux par le feu et l'insulte

Maurice Mistre

La-legende-noire-du-15eme-corps-de-Maurice-Mistre.jpg

 

Deux livres très différents sur le même sujet donc. L’ouvrage de Maurice Mistre est sans aucun doute celui qui répond le plus directement au sujet et apporte les réponses les plus circonstanciées aux interrogations que l'on peut avoir sur les faits. Celui de Jean-Yves Le Naour va bien au-delà des quelques défaillances d’août 1914 et de la polémique qui suivit, pour s’intéresser aux complexes relations (« Je t’aime, moi non plus »), culturelles plus que politiques même, entre « deux » France. Mais deux livres tout aussi indispensables l’un que l’autre, car ils constituent chacun dans leur domaine un véritable point de situation de l’historiographie et totalisent, à partir d’un cas concret initial identique, une abondante bibliographie. On observe enfin que la publications des deux volumes a été aidée par des institutions régionales ou départementales du Midi, ce qui pose aussi la question de la persistance d'un "sentiment", ... ou de l'utilisation quel'on veut en faire.

 

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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 08:19

Une semaine de pause

la-faute-2.Jpeg

Amis lecteurs et visiteurs,

Guerres et conflits XIXe - XXIe s. va connaître une semaine de pause, du 15 au 22 avril. Au programme, verdure et iode, marche et écriture au calme, pour mieux préparer une rentrée qui s'annonce plus qu'active. Soyez nombreux à nous retrouver dès le lundi 23 avec une véritable floraison de nouveaux ouvrages, de multiples annonces d'activités à Paris ET en province, l'ouverture de nouvelles rubriques et le lancement d'une nouvelle initiative.

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Bonne semaine à tous.

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Qui Suis-Je ?

  • : Guerres-et-conflits
  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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