Syriens et Libanais

des Forces Françaises Libres au Levant

Liliane R. Nasser

Une belle découverte ! Voici l'histoire des centaines de Syriens et de Libanais qui, dès après juillet 1941 et la prise de contrôle du Levant français par les Gaullistes rejoignent les FFL.

Le livre de Liliane Nasser est organisé en huit grandes parties chronologiques. Les deux premières permettent de rappeler le cadre historique ("La Première Guerre mondiale et le bouleversement du Proche-Orient", et "Le mandat français en Syrie et au Liban de 1919 à 1941"). La troisième décrit la situation au premier semestre 1941 avec la situation particulière des Troupes Spéciales du Levant (TSL), le statut ambigu des deux territoires (proclamés indépendants dès juin 1941 bien que "dans les faits les prérogatives françaises sont maintenues au prétexte de la guerre"), et la naissance des "avenantaires", soldats des TSL signant un avenant à leur contrat d'engagement pour pouvoir servir au sein des FFL, en dehors de leur pays, pour la durée de la guerre. La quatrième partie nous entraîne de 1942 à 1945 avec les indépendances effectives à la fin de la guerre, mais aussi le bombardement de Damas en mai 1945 au prix d'une quasi-confrontation avec le Royaume-Uni, et une nouvelle vague "d'avenantaires" qui font le choix de suivre les armées françaises (ils seront classés par confession : musulmans, chrétiens, alaouites). L'auteure s'intéresse alors aux parcours individuels et familiaux de ces hommes (et leurs familles) qui quittent alors Beyrouth pour Marseille avant d'être installés soit en métropole soit pour la majorité à travers l'empire colonial. La sixième partie nous permet de les suivre dans les conflits de la décolonisation, à Madagascar, en Indochine, en Afrique du Nord. La septième revient sur la métropole, le choix de la nationalité française et l'intégration de ces familles dans l'hexagone. La dernière enfin insiste sur l'identité particulière de cette communauté qui a su, par la force des liens familiaux et le dynamisme de ses associations, conserver des liens forts avec les territoires d'origine.

Un livre passionnant, qui nous raconte l'intégration à la France d'hommes qui firent le choix de se battre pour le drapeau tricolore et qui ainsi, va bien au-delà de la seule période 1941-1945.   

Editions Gaussen, Marseille, 2022, 175 pages, 17,- euros.

ISBN : 9782356982322

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De la campagne de Pologne de 1939 

à celle d'Italie en 1944

Ligne de Front  -  n° 98

Différents types d'articles dans ce numéro, pour la plupart originaux. Relevons en particulier une solide présentation des combats à l'extrême sud de la poche de Stalingrad à l'automne 1942, la "bataille du silo à grains", bien moins connus que ceux des célèbres usines Dzerjinski ou Barricades. Pour les combats, notons également l'article sur la dernière victoire tactique des Allemands et des troupes de Mussolini sur la ligne Gothique en Italie en décembre 1944. Pour les unités, un article évoque les piteux résultats des unités SS en Pologne en 1939 et en France en 1940 ; et un autre s'intéresse aux troupes de montagne, troupe d'élite des Gebirgstruppen. Enfin, un bel article met en relief le missile antichar soviétique AT-3 Sagger lors de son emploi par les armées arabes contre les blindés israéliens lors de la guerre du Kippour en 1973.

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Combattre en dictature

1944. La Wehrmacht face au Débarquement

Jean-Luc Leleu

Bien connu pour ses publications antérieures, Jean-Luc Leleu nous propose ici une monumentale et originale étude de l'armée régulière allemande en 1944 face au débarquement allié de Normandie. Mais plus qu'une Nième présentation des opérations de l'été 1944, il s'agit ici "d'un travail d'histoire sociale appliqué à la guerre", une étude du "fonctionnement social de la Wehrmacht national-socialiste afin de préciser les attitudes des membres qui la composaient".

 Pour ce faire, l'ouvrage est organisé en dix parties qui analysent le dossier thème après thème. L'auteur commence par présenter le contexte, la situation de la Wehrmacht au printemps 1944 et sur l'absence de stratégie cohérente du fait de l'omnipotence d'Hitler. La deuxième partie s'intéresse au renseignement (et à ses faiblesses) et la troisième revient sur l'organisation du commandement ("l'art de créer une usine à gaz") et sur le fameux mur de l'Atlantique, dont il souligne l'ampleur mais aussi les carences. La quatrième enfin présente les soldats allemands (effectifs, sociologie, la place de la Wehrmacht et ses rapports à l'idéologie nazie (notamment leur passé opérationnel les années précédentes, en particulier à l'est). Après la cinquième partie qui s'intéresse au débarquement stricto sensu, les suivantes nous entraînent à travers les pertes ("le combat a été porté par les individus les plus jeunes nés entre 1920 et 1926, massivement appelés sous les drapeaux en 1943 et au début de 1944"), en fonction des unités notamment, puis dans un essai de détermination et d'analyse du moral de ces hommes (rôle de la cohésion des unité et importance de l'esprit de corps), ensuite dans les "outils" à la disposition du commandement pour susciter motivation et adhésion, sanctions et récompenses, et enfin la prise en compte de la réalité du rapport des forces (beaucoup de chiffres du côté allié comme du côté allemand pour l'artillerie, l'aviation ("la tactique d'attrition alliée épuisait les troupes : les assauts terrestres succédaient aux attaques aériennes et aux préparations d'artillerie, ne laissant au final guère de répit aux rescapés"). La dernière partie s'attache à la problématique finale de l'adhésion du corps constitué au régime et à ses décisions, aux omissions et mensonges aux différents niveaux de la hiérarchie et en particulier aux divergences tactiques au sein du commandement : "D'un côté, le haut commandement berçait d'illusions ses troupes pour les conduire à appliquer une stratégie inepte. En retour, la désobéissance des exécutants impliqua la dissimulation ou le mensonge. Fables et manipulations allèrent donc dans les deux sens, au fil d'une comédie dramatique qui conduisit ses acteurs vers l'abîme".

L'ensemble est complété par plus de 200 pages de notes de référence, annexes, sources et bibliographie, etc., constituant ainsi un ensemble exceptionnel sur le sujet, alliant aisance de lecture et sérieux de la documentation. Un volume indiscutablement important pour tout amateur de la Seconde guerre mondiale.

Perrin, Paris, 2022, 776 pages, 28,- euros.

ISBN : 978-2-262-09700-4.

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Les forces aériennes de l'Axe en Extrême-Orient

Aéro-Journal  -  n° 89

Deuxième partie de la passionnante étude consacrée par Yann Mahé aux "petits" alliés extrême-orientaux du Japon pendant la Seconde guerre mondiale, avec la Royal Thai Air Force, seul Etat indépendant qui se lance dans la conquête de la Malaisie et de la Birmanie aux côtés du Japon. Autre sujet très mal connu, le bref affrontement en 1953 entre Mig-15 tchécoslovaque et un F-84E américain ayant violé l'espace aérien de la Tchécoslovaquie, une occasion pour évoquer l'armée de l'air tchèque et sa défense anti-aérienne au début de la guerre froide. Original également, les portraits de deux "anciens" de la Luftwaffe pendant la Seconde guerre mondiale, les Kommodore Grabmann et Schumacher qui terminent "au mérite" une brillante carrière comme officiers généraux.

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Les matériels russes et ukrainiens au combat

TNT  -  hors-série n° 41

Quand l'actualité rejoint l'histoire (et vice versa), le magazine TNT nous propose un hors-série qui fait le point (autant que possible) des matériels blindés utilisés par les deux belligérants et de leurs pertes réciproques. Les véhicules sont classés en sept grandes catégories : les chars de combat, les véhicules de combat d'infanterie à chenilles, les canons automoteurs d'artillerie, les lance-roquettes multiples, les véhicules de défense antiaérienne, les véhicules de combat à roues et l'artillerie tractée. Une dernière page regroupe quelques engins atypiques (Quad Polaris Ranger) ou livrés à l'Ukraine depuis le début du conflit (Alvis Stormer HVM). Outre l'état des pertes (789 engins côté russe contre 198 côté ukrainien à la fin juin), cela nous permet de retrouver pour les chars de vénérables T-62, les différentes générations de T-64, de T-72, de T-80 (et son dérivé ukrainien T-84) et même de T-90. Les deux armées étant issues de l'ancienne Arme rouge, et les usines de fabrication étant sur le territoire des deux pays, on retrouve pratiquement toujours les mêmes engins dans les deux cas. Pour l'infanterie, outre ce bon vieux BMP-1, nous retrouvons toutes les variantes est-européennes (ayant souvent transité par d'autres Etats comme la Grèce ou la Suède) du BMP, des BMO, MT et autres BMD et BTR, etc. Même diversité pour les autres catégories d'armement. On reste d'ailleurs rêveur lorsque l'on songe aux problèmes de soutien et de logistique que cette extrême diversité implique.

Un numéro à conserver précieusement.

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