Dagobert Ier

Retour sur le roi parodié par une chanson enfantine, et son règne :

18 octobre 629 : Dagobert Ier, roi des Francs - La Revue d'Histoire Militaire (larevuedhistoiremilitaire.fr)

Les cavaliers de l'Apocalypse

La guérilla anglaise en Languedoc,

Auvergne et Limousin

Nicolas Savy

Historien reconnu de la guerre de Cent Ans dans le sud-ouest et bien connu pour ses publications antérieures (ici et ici par exemple), Nicolas Savy nous propose ici une volumineuse étude sur les opérations des "grandes compagnies" qui, de 1369 à 1393, mène la guérilla pour le roi d'Angleterre dans le sud-ouest de la France.

En sept solides chapitres chrono-thématiques, l'auteur nous entraîne du premier semestre 1369 et des conditions qui pousse le roi anglais à faire le choix de la guérilla, à la fin de cette guérilla en 1393 avec le retrait du soutien anglais et l'affermissement du pouvoir royal français. Dans un premier temps (1369-1374), il semble qu'il s'agisse d'un "choix stratégique pertinent" (chap. 2) et à partir du Quercy le mouvement prend de l'ampleur, tandis que l'armée du duc de Lancastre s'épuise dans sa longue chevauchée de Calais à Bordeaux. Au-delà des premiers succès, l'action de guérilla montre aussi ses limites et ses insuffisances (chap. 3). Les positions françaises sont fragilisées, affaiblies, éventuellement occupées, mais il s'agit globalement d'un "impact stratégique trop limité malgré tout". Le chapitre 4 s'intéresse aux années 1377-1379, avec "la campagne victorieuse du duc d'Anjou", l'entrée de la Navarre dans le conflit, et l'auteur étudie parallèlement les opérations en Bretagne et en Languedoc, témoignant ainsi de sa compréhension globale du confit. Ce sentiment est confirmé dans le chapitre suivant, "L'oeuvre de déstabilisation à son maximum, 1380-1384", avec la tentative de porter la guérilla en Gévaudan, les difficultés du comte d'Armagnac contraint de traiter avec les compagnies irrégulières, et l'on voit apparaître Gaston Phébus, comte de Foix. Une découverte dans ce chapitre : les "Tuchins", paysans et artisans révoltés contre les impôts et les pillages, qui de Toulouse à la vallée du Rhône "mènent une déroutante guerre d'embuscades et de rapines", y compris au détriment des grandes compagnies. Bien qu'utilisés par le comte d'Armagnac, ils furent à leur tour poursuivis et réprimés par le roi de France.  Au milieu des années 1380, la situation militaire semble dans l'impasse : "faiblesses anglaises", "irréguliers contraints à l'inaction", "échec global de l'offensive française". On découvre ici des personnalités pour le moins exceptionnelles, comme Geoffroy Tête-Noire, qui se proclame "duc de Ventadour, comte du Limousin, souverain de tous les capitaines d'Auvergne, Rouergue et Limousin" et qui "ne se réclamait d'aucune allégeance, ni française, ni anglaise". Enfin, les années 1388-1393 marquent "la longue agonie de la guérilla" avec les progrès progressivement réalisés par les troupes françaises, "la fin du soutien anglais" aux grandes compagnies signant aussi leur arrêt de mort.

Incapables de porter le fer au-delà d'une zone relativement limitée, les compagnies de routiers ne pouvaient avoir une influence stratégique déterminante sur la guerre dans son ensemble. Mais durant près de 25 ans, elles menacèrent les intérêts français tout en causant d'importants dégâts dans les régions où elles sévissaient. Un récit mené de main de maître et un très bel exemple d'histoire régionale parfaitement intégrée dans la "grande" histoire. Vivement recommandé.

Autoédition, 2022, 434 pages. 24,99 euros.

ISBN : 9782953495263

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La guerre de Cent Ans

Apprendre à vaincre

Amable Sablon du Corail

Déjà auteur de plusieurs livres remarqués sur la fin du Moyen-Âge et la Renaissance (ici par exemple), l'auteur nous propose une véritable somme sur cette guerre de (plus de) Cent Ans, 1337-1453.

Avec brio, l'auteur nous entraîne en 22 chapitres (regroupés en six grandes parties) de la situation de la France et de l'Angleterre au début du XIVe s. aux tentatives d'explications de la victoire française finale (communication politique, impôt permanent, alliance du trône et du peuple, etc.). En plus de 450 pages, nous suivons dans le détail les évolutions de ce conflit très particulier, qui se complique d'une guerre civile intérieure. Au fil des pages, on croise tous les grands noms de la période, dont Bertrand Du Guesclin bien sûr ("Sa noblesse était ancienne et sa mère issue d'un lignage très honorable. La légende, savamment construite par le trouvère, auteur d'une chanson à sa gloire qui connut une diffusion extraordinaire, en a fait une sorte de Breton de caricature, laid, mal dégrossi, petit et râblé, querelleur ... Figure ambigüe, Bertrand Du Guesclin appartenait à l'internationale des gens de guerre, au sein de laquelle les nobles de bonne tenue voisinaient avec les gens de compagnie"). Après l'oeuvre inachevée de Charles V, le règne de Charles VI, qui sombre dans la folie, se termine sur un  véritable effondrement français et sur le conflit interne entre Armagnacs et Bourguignons. En dépit de l'épopée de Jeanne d'Arc, le modeste "royaume de Bourges" manque de disparaître et la reconquête est aussi longue que difficile pour Charles VII, qui impose l'armée permanente et donne une place essentielle à "un parc d'artillerie parmi les plus modernes d'Europe". Fort heureusement pour la France, l'Angleterre des Lancastre connaît à son tour à la même époque une grave crise intérieure, aussi bien politique que financière. De la Normandie à la Guyenne, la plus grande partie de l'ouest revient progressivement sous l'autorité royale en cinq ans, jusqu'à la bataille de Castillon, puis deux mois plus tard la capitulation de Bordeaux.

Un livre qui s'appuie sur un ensemble impressionnant de notes et références, et sur une bibliographie qui pourra satisfaire sans aucun doute les plus exigeants. Un beau retour sur un épisode essentiel de notre histoire nationale.

Passés / Composés, Paris, 2022, 461 pages, 25,- euros.

ISBN : 978-2-3793-3216-6.

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Harald à la dent bleue

Viking, roi, chrétien

Lucie Malbos

Partons, en suivant Lucie Malbos, pour les contrées septentrionales de l'Europe au tournant de l'an mil à la recherche d'un personnage essentiel pour l'histoire de ces régions, Harald, "conquérant du Danemark tout entier et de la Norvège",  qui convertit les fiers Vikings au christianisme et intégra son pays au concert des puissances européennes de l'époque.

L'auteure présente modestement son livre comme "loin d'être un ambitieux ouvrage de recherche, ce livre se veut une modeste synthèse, accessible à un lectorat d'intéressés, de curieux, voire de rêveurs, malgré tout prêts à suivre une démarche rigoureuse". On ne peut que souhaiter voir publier, sur tous les sujets, de très nombreuses aussi modestes synthèses, tant le résultat est excellent. J'appartiens sans doute à la catégorie des rêveurs, car ni le Moyen-Âge, ni le Danemark n'appartiennent aux premiers cercles de mes centres d'intérêt habituels, mais une atmosphère particulière entoure l'histoire des Vikings... Sur la base des anciennes sagas, des récits ultérieurs plus ou mois enjolivés, de l'analyse des pierres runiques, des apports de l'archéologie, l'auteure s'efforce de reconstituer la vie et le règne de ce souverain si mal connu en France. Elle présente bien sûr le Danemark avant Harald, sous le règne de son père Gorm, et consacre de longs développements au "long et sinueux cheminement des Danois vers le christianisme" et au baptême d'Harald, "un évènement à l'échelle européenne", avec intégration progressive d'anciennes pratiques païennes. Elle accorde une importance particulière au site de Jelling, "capitale" (?) qui affiche dans le paysage le nouveau pouvoir royal et présente les importants travaux de fortification entrepris pour contrôler le pays et assurer la sécurité de sa frontière méridionale. Dans une deuxième partie, elle recherche quelle pouvait être la place d'Harald dans l'Europe de l'époque, au nord de l'empire romain germanique, et précise ce que furent les campagnes pour s'imposer sur les actuels territoires norvégien, suédois comme en Baltique. Il en résulte, dans les domaines économiques, financiers mais aussi culturels et cultuels une intégration progressive au monde occidental chrétien avec "l'émergence d'une culture scandinave originale". La dernière partie enfin est consacrée à la fin du règne, marqué par une profonde opposition avec son fils Sven, qui (avec l'aide des grands du royaume) contraint finalement son père à l'exil. "Mort en un lieu indéterminé, à une date incertaine, Harald est ensuite inhumé en un lieu tout aussi indéfini" : triste fin pour le souverain dont, rapidement, les principales réalisations sont abandonnées. L'ultime chapitre est consacré à la mémoire d'Harald et sa postérité, des récits médiévaux à sa redécouverte par les auteurs romantiques au XIXe s. et à sa place dans l'histoire officielle du Danemark d'aujourd'hui. Terminons par un clin d'oeil : "Toute personne possédant un smartphone ou une tablette croise quotidiennement le surnom de ce souverain en activant la fonction bluetooth. C'est à un ingénieur d'Intel, Jim Kardash, que reviendrait l'idée de ce nom ... La technologie bluetooth conecte plusieurs appareils au sein d'un même réseau, comme Harald a réuni le Danemark, une partie de la Norvège et jusqu'à un fragment de la Suède au sein d'un même royaume", tout en connectant son pays à l'Europe.

Une belle histoire, agréable à lire, où l'on en apprend beaucoup sur ces territoires qui pour le grand public semblent perdus dans les brumes glacées et où l'on imagine des Vikings aux casques cornus dressés à l'avant de leurs drakkars... Images d'Epinal héritées du XIXe s. auxquelles ce livre fait un sort. 

Passés/Composés, Paris, 2022, 286 pages, 22,- euros.

ISBN : 978-2-3793-3625-6.

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Richard Coeur de Lion

De Talmond à Fontevraud, une fabuleuse épopée

Miniac, Paillou et Moreau

Voici une jolie BD en l'honneur d'un grand seigneur du Moyen-Âge, roi d'Angleterre, seigneur d'Irlande, duc de Normandie, duc d'Aquitaine et comte de Poitou, le célébrissime Richard coeur de lion.

L'histoire de Richard est organisée en chapitres, séparés par une page de texte qui précise l'environnement et les circonstances des évènements évoqués ("Ce père honni", "Soumettre le duché d'Aquitaine", "Captif", etc.). Le dessin est puissant et les couleurs vives du récit chronologique tranchent visuellement avec les teintes plus ocre-brun des retour en arrière. On apprécie le récit personnel (c'est Richard qui raconte) des conflits permanents pour recouvrer ou conquérir des territoires, en particulier contre les rois de France, et à ses pérégrinations du comté de Poitou à celui de Clermont en passant par les duchés d'Aquitaine et de Gascogne, enfin par la place accordée au château de Talmont, la seigneurie et le château étant partagés entre le seigneur local et le duc d'Aquitaine.

Le volume se termine sur une dizaine de pages de précisions historiques sur les lieux et personnages de l'époque. Un beau cadeau pour un jeune adolescent, mais aussi une lecture de vacances agréable pour tous qui s'intéressent à l'histoire du sud-ouest dans le contexte difficile du XIIe siècle. 

OREP Editions, Bayeux, 2021, 72 pages. 15,50 euros.

ISBN : 978-2-8151-0531-6.

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