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17 décembre 2019 2 17 /12 /décembre /2019 00:05

1870

Entre mémoires régionales et oubli national

P. Allorant, W. Badier et J. Garrigues (Dir.)

Alors qu'un nombre croissant de publications traite de la guerre de 1870-1871 (tout en commençant par dire qu'elle est oubliée, ce qui est de moins en moins vrai), ce volume mérite absolument d'être connu.

La vingtaine de contributions (rassemblées en quatre grandes parties : "Empreintes régionales", "Le Souvenir Français", "Mémoire d'en bas, mémoires d'en haut : traces privées et témoignages politiques", et "Regards mémoriels croisés et rejeux du souvenir") permet de réaliser un tour d'horizon extrêmement large du sujet, avec un certain nombre de thèmes inattendus. Dans cet ensemble, nous relèverons par exemple dans la première partie "La mémoire normande de la guerre de 1870-1871" (par Jean-Pierre Chaline), ou la surprenante "La mémoire réunionnaise de la guerre de 1870" (par Pierre-Eric Fageol) ; pour la seconde "Entre les victoires de l'Empire et le choc des deux guerres mondiales : quelles représentations pour la guerre de 1870-1871 au musée de l'Armée ?" (par Mathilde Boisnestel et Christophe Pommier). Dans la troisième partie, Thimothée Muller revient sur le bien oublié siège de Strasbourg, tandis que Jérôme Grévy traite de "Loigny, lieu de mémoire légitimiste de la guerre franco-prusienne", et qu'Eric Anceau s'attache à "Histoire et mémoire de la guerre de 1870 chez Emile Ollivier". Enfin, dans la dernière partie, notons les originales "Une guerre (pas) si lointaine. La guerre franco-prussienne en Amérique latine" (par Daniel Emilio Rojas) et "1870-1871, l'oubli national danois ? Tendances et dynamiques de la mémoire de la guerre franco-allemande au Danemark" (par Gilles Vogt).

L'ouvrage se termine sur un texte posthume du regretté François Roth, grand spécialiste de ce conflit, qui évoque les commémorations de ce conflit vingt-cinq ans plus tard, aussi bien en Allemagne qu'en France. Un excellent volume collectif qui doit être connu des amateurs à la veille des commémorations du 150e anniversaire.

Presses universitaires de Rennes, 2019, 297 pages, 25,- euros.

ISBN : 978-2-7535-7768-8.

1870
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19 novembre 2019 2 19 /11 /novembre /2019 00:05

L'Algérie sous le Second empire

Fathia Aïssiou

L'affaire est connue des amateurs depuis longtemps, mais ce volume grand public explique avec brio en quoi la politique algérienne de Napoléon III fut (à remettre dans le contexte de l'époque) marquée par le respect des population et le sens de la justice.

Le volume, sur beau papier et richement illustré, est organisé en trois grandes parties : "Administrer l'Algérie", "Témoins et acteurs", et "Napoléon III en Algérie". La première décrit le contexte politique général, insiste sur l'enracinement des bureaux arabes auxquels est prescrit de conduire une politique d'accession à la propriété pour les indigènes, et revient sur le rôle essentiel de l'armée d'Afrique, profondément réorganisée. La seconde présente plusieurs catégories de témoins, européens et musulmans : les peintres, les voyageurs photographes, les militaires, les religieux, etc. Sans oublier, bien sûr, la figure emblématique d'Abd el-Kader, libéré par le prince-président. Enfin, la troisième partie s'attarde sur les deux voyages entrepris par Napoléon III en Algérie, Le premier pendant quelques jours en 1860 est surtout marqué par de très nettes orientations politiques ; le second en 1865, beaucoup plus long et au cours duquel il a la possibilité de visiter l'ensemble du territoire. Parmi les illustrations originales, on notera les plans du "futur" palais impérial d'Alger, qui ne verra jamais le jour.

Une politique humaniste qui méritait d'être portée à la connaissance de tous et mise en valeur. Une très intéressante publication. 

SOTECA, Saint-Cloud, 2019, 98 pages. 14,90 euros.

ISBN : 9782376630258

Royaume arabe
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21 juin 2016 2 21 /06 /juin /2016 06:00

Bazailles

La gloire, le sang et le feu

Guy Sallat

Rédigé par un ancien marsouin et préfacé par le père de l'arme ("Revisiter 1870, c'est plus regarder la vitrine de nos lendemains qu'observer celle des souvenirs passés"), le livre est d'abord un hommage aux troupes de marine, mais aussi un appel à se méfier des périodes d'unanimisme mou : "Il n'est point de liberté sans soldat pour la défendre".

L'ouvrage reprend en fait plus largement une évocation des troupes coloniales au cours du 19e siècle, la politique militaire du Second empire, la marche vers la guerre (avec cette observation : "Bien souvent, les décideurs politiques imposent des situations tactiques pour répondre à des exigences de politique interne, au risque de rendre périlleuses les mnoeuvres qui ne l'auraient pas été"), et décrit dans le détail les semaines et les jours qui précèdent la célèbre bataille. Le 31 août 1870, l'essentiel de l'armée de campagne française est divisé en deux pôles isolés (Metz et Sedan), et commence alors le récit très précis des combats de Bazeilles, modeste village au sud de Sedan sur un coude de la Meuse. Le récit épique (et assez hagiographique) détaillé des affrontements contre les Bavarois est raconté en s'appuyant sur de nombreux témoignages des acteurs, dont de très larges extraits sont cités. Des reproductions de cartes anciennes ponctuent la description de l'évolution de la stuation tactique au cours de la journée du 31, tandis que de nombreuses reproductions de gravures et dessins d'époque (souvent légèrement postérieurs et marqués par l'esprit de la revanche) illustrent ces pages. Guy Sallat décrit les divergences au sein du commandement français ("L'un veut briller, l'autre veut gagner") et se hasarde à un rapide commentaire sur la notion d'obéissance. Le lendemain, 1er septembre, "l'empereur Napoléon fait hisser le drapeau blanc sur une maison de la ville de Sedan" et la reddition (dont les modalités sont racontées avec précision) intervient le jour suivant. Les trois chapitres qui suivent font le bilan des violences et des victimes sur le champ de bataille, mais aussi de la poursuite de la guerre avec les armées de la Loire, du Nord, de l'Est jusqu'à la capitulation de Metz puis celle de Paris et enfin la Commune : "Il faut attendre le 25 mai pour que l'armée reprenne Paris, au prix de très sanglants combats, et sous le regard consterné de Prussiens dubitatifs qui campent aux portes de Paris. Cela se terminera par une semaine sanglante, des procès politiques, des exécutions innombrables, et des milliers de morts". Une ultime partie revient sur les principes tactiques développés et mis en oeuvre par les chefs militaires français et leurs priorités en terme d'organisation et de formation, presque exclusivement sur la base de longues citations. L'ouvrage se termine enfin sur une approche de "Bazeilles, symbole et exemple", parlant de la bataille comme une "victoire matérielle et morale" mais aussi évoquant ce dilemne : "Ce qui doit compter, ce n'est point de gagner des batailles, mais bien de gagner des guerres".

Bazeilles, "victoire de la détermination", "victoire des qualités militaires qui font que le métier des armes est celui de tous les engagements, que la tâche y est si rude, elle n'appartient pas aux brutes, mais aux âmes déterminées à lutter". Ce qui fait conclure à l'auteur qu'il faut "défendre ensemble cet héritage, sans y faire nullement le tri, même s'il comprend autant de fautes à réparer que d'exemples à suivre". On atteint là les limites de l'analyse historique, et l'on retiendra le livre autant pour son récit des combats que pour les conclusions (parfois très politiques) qu'il en tire pour les temps présents.

Observatoire des dynamiques contemporaines, Epinay-sur-Seine, 2016, 331 pages, 25,- euros.

ISBN : 978-2-9552314-2-5.

Dernières cartouches
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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 07:00

Dictionnaire

des généraux du Second empire

Alexandre Gourdon et Vincent Rolin

Un volume exceptionnel, qui devrait très rapidement devenir absolument indispensable à tous ceux qui s'intéressent aux carrières des officiers du XIXe siècle et à l'histoire du Second empire. Une fois de plus, une petite maison prend un vrai risque éditorial, qu'il faut souligner et saluer.

Des plus âgés, nés autour de 1790, aux plus jeunes, qui décèdent au tout début du XXe siècle, de toutes les armes y compris de la gendarmerie et du service d'état-major, tous les généraux du Second empire (les amiraux et généraux des troupes de la Marine sont annoncés comme devant faire l'objet d'un volume ultérieur) sont présentés, des plus célèbres aux quasi-anonymes, pourvu qu'ils aient eu une période d'activité entre le 2 décembre 1851 et le 4 septembre 1870. De A comme "d'Abadie d'Aydrein" à Z comme "Zentz d'Alnois", la diversité des parcours est impressionnante, les derniers nommés l'ayant été en août 1870. Chaque fiche biographique reprend les éléments de l'état signalétique et des services et fait référence au dossier indviduel de l'intéressé par le biais de quelques citations, généralement extraites de ses notations. Eventuellement, une anecdote vient relever la "froideur" des documents administratifs et, autant que possible, une gravure ou une photographie représente certains d'entre eux.

A partir de la formidable documentation ici rassemblée, chacun complétera sa connaissance de telle ou telle campagne (Mexique, Italie, Crimée, Chine, Afrique du Nord, etc.) et parmi les pistes de recherche ouvertes figurent bien sûr les études statistiques et les synthèses prosopographiques.

Au beau format d'un album, imprimé avec soin, la qualité formelle et de fond justifient le prix. Un grand et gros volume qui est à la fois un formidable outil de travail et un vrai livre de référence et qui, en cette approche des fêtes de fin d'année, peut faire également un superbe cadeau très apprécié. 

Editions Anovi, 2015, 715 pages, 42,- euros.

ISBN : 978-2-914818-84-1.

Pour commander directement chez l'éditeur : ici.

Ex-cep-tion-nel
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30 avril 2015 4 30 /04 /avril /2015 06:15

1870. La guerre en Moselle

De l'escarmouche de Sarrebruck à la capitulation de Metz

Jean-Claude Jacoby

On sait que les maisons d'édition régionales peuvent produire des albums très réussi, ancrés dans leurs territoires. En voici, une nouvelle fois, un excellent exemple.

Dans ce beau volume de plus de 300 pages grand format, Jean-Claude Jacoby va bien au-delà des seuls combats d'Alsace et de Lorraine, même si ces derniers constituent l'essentiel de son étude. Parfaitement illustré de documents de nature très différente (gravures et caricatures, tableaux, cartes -d'époque ou redessinées-, photos, documents d'époque officiels et privés, papiers autographes, etc.), il nous entraîne des modalités et conditions de l'entrée en guerre à l'annexion à l'empire allemand. Pour une fois, les conditions de la montée en puissance des deux armées en juillet est précisée (chap. 2), avant que l'auteur ne s'intéresse chronologiquement aux engagements du mois d'août 1870, dans des chapitres successifs aussi denses que précis. Jean-Claude Jacoby cite très régulièrement des témoignages et des extraits de courriers privés d'acteurs des combats : Sarrebruck, Forbach, Borny,Rezonville, Saint-Privat, jusqu'à l'investissement de Metz et à la capitulation de Sedan. Un dixième chapitre traite, de façon novatrice, de la situation des prisonniers français en Allemagne, et là aussi les témoignages des prisonniers eux-mêmes sont essentiels. L'auteur ne cache ni les carences du commandement français, ni les difficultés de l'armée allemande, dont les pertes sont particulièrement importantes, parfois supérieures à celles des Français (Saint-Privat). 

On peut regretter le prix relativement élevé, qui peut être un obstacle. Mais ceux qui se désolent que la guerre de 1870-1871 ne soit pas davantage présente dans la bibliographie récente prendront sans nul doute beaucoup de plaisir à feuilleter et lire cet album. Une belle réussite qui bénéficie par ailleurs d'un solide appareil de notes et d'une belle bibliographie.

Editions des Paraiges, Metz, 2014, 336 pages, 45 euros.

ISBN : 979-10-90185-55-5.

Année terrible
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28 janvier 2015 3 28 /01 /janvier /2015 05:15

La grande défaite

1870-1871

Alain Gouttman

Spécialiste du Second empire, aux campagnes duquel il a déjà consacré deux volumes, Alain Gouttman nous livre aujourd'hui une étude d'ensemble de la guerre de 1870-1871, ou plutôt un ouvrage qui replace la guerre dans le contexte de son temps.

Le livre s'ouvre sur le récit de la bataille de Sadowa qui, en 1866, voit triompher le royaume de Prusse sur l'empire d'Autriche-Hongrie, et cette approche donne le ton de l'ensemble de l'étude qui aborde davantage les aspects politiques, diplomatiques, voire culturels, que militaires. Dans une longue première partie (trois chapitres), Alain Gouttman brosse le tableau des années qui précèdent la guerre, avec ses tensions internationales, le rôle de Bismarck et la montée en puissance de la Prusse, les évolutions et hésitations d'un Second empire vieillissant dirigé par un Napoléon III malade. Le début du quatrième chapitre met particulièrement bien en relief l'aveuglement des élites françaises qui s'illusionnent (naïvement ?) sur les capacités militaires de la France, et au sein desquelles les mots prennent plus d'importance que les actes, et qui se traduit finalement par la stupide présomption des dirigeants civils et militaires lors de la crise de l'été 1870. Suivent, bien sûr, les tragiques événements d'août, ponctués de défaites aux frontières, où le courage du fantassin français, la bravoure des cavaliers et la maîtrise technique des artilleurs ne peuvent pas grand chose contre le nombre, la détermination et la science militaire de la coalition allemande autour de la Prusse, qui connaît pourtant nombre de difficultés. Les carences d'un haut commandement "frappé par la foudre", la nomination de Bazaine parce qu'il est "populaire", la désorganisation de l'administration militaire, l'absence de réflexion en amont (sans même parler de planification), l'insuffisance des états-majors, mais aussi la crainte, très tôt, de la guerre civile sont autant de points abordés. L'auteur s'attarde au chapitre 5 sur le rôle ambigu du général Trochu à Paris et "l'imposture" du 4 septembre, qui voit la république proclamée par 12 hommes... Ce sont alors les temps difficiles du siège de Paris, du gouvernement provisoire et des armées levées dans l'urgence en province, pauvres soldats transis de froid et mal équipés, que le sacrifice de leurs officiers ne parvient pas à conduire à la victoire. Voici aussi le temps de la Commune de Paris et de la 'Semaine sanglante', dont Alain Gouttman tente de donner une explication qui s'éloigne du romantisme révolutionnaire comme de l'analyse marxiste : l'impéritie des chefs de la Commune, "l'apothéose des rêveurs et des idéologues", mais aussi la grande peur du pays devant la guerre civile : "La première réaction a l'événement a naturellement conduit la société 'sauvée' par l'armée française à ne voir dans l'embrsement de la capitale que l'effet d'un cocktail de vice, d'ambition et de violence".

Une vaste fresque, qui sort parfois du discours habituel et qui insiste sur les conditions politiques et diplomatiques, éventuellement culturelles et sociales, plus que sur les aspects militaires. 

Perrin, Paris, 2015, 414 pages. 24,90 euros.

ISBN : 978-2-262-03245-6.

L'année terrible
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3 janvier 2015 6 03 /01 /janvier /2015 06:50

La France pouvait-elle gagner en 1870 ?

Antoine Reverchon

Dans ce livre original, l'auteur s'efforce de raconter comment l'histoire de la guerre de 1870-1871 aurait pu s'écrire autrement.

Pour se faire, le livre est construit de façon aussi didactique et méthodique que possible. Une première grande partie fait en quelque sorte l'inventaire des deux armées en présence dans leurs effectifs, leurs armements, leur organisation, leur doctrine d'emploi et l'organisation de leur commandement, puis rappelle ce que fut effectivement le déroulement de la guerre (août-septembre) avant de tirer les premières conclusions : que serait-il passé si les autorités et généraux français avaient dès la  mi-août compris les leçons du début de la campagne ? Dans un ultime chapitre de cette première partie, il en conclue sur les conséquences ultérieures : en dépit des résultats obtenus par la défensive tactique, l'offensive est de plus en plus privilégiée et la guerre sur deux fronts (France à l'ouest, Russie à l'est) menace l'Allemagne. La seconde partie s'attache à la réaction du gouvernement provisoire à partir de septembre et analyse les éléments constitutifs des armées de Gambetta levées dans l'urgence, puis traite des choix stratégiques des deux belligérants et enfin des différents secteurs d'opérations. Comme pour la première partie, il s'intéresse alors à ce qui aurait pu se passer si... (questions en particulier de l'emploi coordonné des armées de la Loire et de Paris ou de la marche conjointe des différentes armées vers Paris). Poursuivant ces hypothèses, Antoine Reverchon imagine que le siège de Paris est levé, que les Prusso-Allemands incapables de faire face à la fois aux contre-offensives des armées régulières et à l'insurrection des populations rurales (un peu exagérée et traité rapidement) se replient et que l'agresseur, menacé sur ses voies de communication et soumis aux aléas d'un ravitaillement de plus en plus difficile, fait le choix de négocier : "L'empire allemand est proclamé à Francfort le 1er février, en présence de Thiers qui congratule le nouvel empereur. Non sans lui souhaiter narquoisement que le titre d'empereur lui porte plus de chance qu'à celui des Français, désormais en exil à Londres". On apprécie en particulier l'excellente connaissance des armées en présence et leur présentation très complète au début de chaque partie. On est parfois moins convaincu par le "what if ?", d'autant que le texte est constitué de phrases assez courtes dont l'enchaînement rapide interdit d'insérer des réserves ou du conditionnel.

Affirmer que les choses auraient pu se passer autrement, certes, pourquoi pas ? Même si l'on est pas totalement convaincu par les conclusions de l'auteur, les questions qu'il pose interpellent et il dresse un tableau réaliste des insuffisances et des défauts des deux armées en présence.

Economica, Paris, 2014, 183 pages, 19 euros.
ISBN : 978-2-7178-6759-6.

What if ?
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25 avril 2014 5 25 /04 /avril /2014 06:30

Napoléon III

Visionnaire de son temps

Jean Etévenaux

A partir de trois communications prononcées lors de colloques, Jean Etévenaux nous propose un portrait flatteur de Napoléon III, "modernisateur de la France", "réveilleur de la diplomatie européenne" et, plus étonnant pour nous, "Suisse au-dessus de tout soupçon".

Considérant que "la période courant du 2 décembre 1851 au 4 septembre 1870 constitue un véritable cas d'école en ce qui concerne la déformation, pour ne pas dire la désinformation, historique", l'auteur (tout en affirmant refuser l'approche hagiographique) revient sur les réalisations (ou les projets) positifs de l'empereur, dont les premiers "Restos du coeur" ouverts à paris en 1856, une législative sociale qui s'améliore, des progrès industriels et économiques avérés, le développement de la marine, des chemins de fer et du télégraphe, etc. Dans la deuxième partie, son rôle international est bien vu, mais les effets de sa politique sans doute trop valorisés. La troisième partie est pour nous la plus intéressante (et à certains égards étonnante), car très largement méconnue en France. On sait que le futur empereur a passé une partie de sa jeunesse en exil en Suisse, mais on ignore généralement qu'il a été capitaine dans l'artillerie de l'armée bernoise et qu'il fait appel au vieux Jomini au moment de la campagne d'Italie, ou qu'il entretient des relations étroites avec la Confédération en particulier au moment de la réunion de la Savoie.

En résumé, un petit livre qui présente les aspects positifs du Second empire et qui apprend de nombreux détails sur la vie de Napoléon III.

Editions Cabédita, Divonne-les-Bains, 2014, 94 pages.

ISBN : 978-2-88295-683-5.

Pour commander directement : ici.

Un autre Napoléon III
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6 décembre 2013 5 06 /12 /décembre /2013 06:25

La monarchie impériale

L'imaginaire politique sous Napoléon III

Juliette Glikman

Depuis quelques années, les études sur le Second empire ont profondément renouvelé notre connaissance de cette période longtemps marquée, par les fondateurs de la IIIe République, du sceau de l’incompétence, voire de l’indignité et de la honte. Dans cet ouvrage, qui tient parfois tour à tour de l’histoire politique, culturelle ou sociale, de l’analyse sémantique et de l’étude des symboles, l’auteure apporte une nouvelle et utile contribution à l’ensemble de ces travaux.

Après avoir affirmé en introduction « [qu’] astre solaire des Bourbons et aigles impériales se conjuguent pour célébrer un régime qui réunit l’héritage monarchique et la révolution de 1789 … Corps impérial et corps populaire sont à l’unisson … La dynastie, comblant les vœux de la France, s’apparente au phénix, renaissant des cendres du passé afin de féconder l’ère nouvelle », Juliette Gilkman divise son travail en trois grandes parties de trois chapitres chacune. La première, « Les titres de légitimité de la monarchie impériale » s’intéresse au lien particulier qui existe (au moins durant un temps) entre la population et le souverain (« Voter, acclamer, louer, la trinité démocratique ») et à l’héritage monarchique le plus lointain, en partie repris dans l’histoire (mythifiée) du pays. La seconde, « La société napoléonienne et la sauvegarde sociale », rappelle la volonté d’incarner (ou une certaine incarnation) tout à la fois la volonté populaire et un régiment transcendant, de garantir l’ordre et la grandeur sans oublier les intérêts populaires (« L’Empereur ! C’est-à-dire l’homme qui résume la France, non pas avec l’égoïsme absorbant et superbe d’un Louis XIV, mais avec la grandeur de la souveraineté populaire, une main sur le drapeau qui représente l’honneur du pays, l’autre sur l’urne qui représente des millions de voix »). Hiérarchies traditionnelles, familiales, politiques, se conjuguent avec la volonté (au moins exprimée) de prendre en compte les demandes du peuple travailleur. La troisième enfin, « Inscription providentielle et symbolique impériale », rappelle les références semi-officielles à « l’élection » des premiers rois francs par les guerriers, « référence aux plaids généraux de l’époque franque, présentés abusivement comme des amorces d’assemblées constituantes ou législatives » et ce retour à des pratiques supposées plus naturellement « démocratiques » se traduit par l’abandon des notions de sacrilège ou de régicide lors d’attentat contre la personne de l’empereur : on parle désormais plus simplement d’entreprise criminelle. Cette ambigüité, dans les discours comme dans les faits, est voulue et entretenue par Napoléon III lui-même, qui se présente comme le nouveau modèle du souverain, à la fois élu de Dieu et des hommes : « Appelé au trône par la Providence et par la volonté nationale du peuple français, mais élevé à l’école de l’adversité, il m’est peut-être moins permis qu’à un autre d’ignorer et les droits des souverains et les légitimes aspirations des peuples ». Une ambigüité voulue, entretenue, qui nous dit Juliette Gilkman, donne finalement naissance à un régime et à un concept politique qui n’est plus exactement le bonapartisme pour devenir le « napoléonisme ». Un système original, atypique, et peut-être tout simplement transitoire en ce milieu du XIXe siècle qui connait, dans tous les domaines de l’activité et de la pensée humaine, tant de bouillonnements et de changements. Peut-être aurait-on pu distinguer davantage entre une présentation voulue et organisée d'une part et la perception, plus évolutive dans le temps, des citoyens.

Un ouvrage qui passionnera sans doute tous les amateurs d’histoire du XIXe siècle, mais aussi tous ceux qui s’intéressent à l’évolution des idées politiques, tout en fournissant sur différents points l’occasion de nombreuses controverses et de multiples débats.

Nouveau Monde éditions, Paris, 2013, 540 pages, 26 euros.
ISBN : 978-2-36583-854-2.

Césarisme républicain ?
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10 mai 2013 5 10 /05 /mai /2013 06:55

Napoléon III, Ismaïl Urbain et le Royaume arabe

Michel Levallois

NAPOLEON-III-ALGERIE.jpg

Conférence (organisée par le Souvenir napoléonien d'Île de France) sur ce thème encore peu connu du projet (un peu fou sans doute à l'époque et auquel il devra renoncer) de Napoléon III, visant à lier les territoires algériens à la métropole tout en facilitant leur développement par la création d'un "royaume arabe".

Mardi 14 mai à 18h00, mairie du VIIIe arrondissement, 3 rue de Lisbonne.

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Qui Suis-Je ?

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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