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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 07:05

Little Big Horn

Autopsie d'une bataille légendaire

David Cornut

Revenons sur notre présentation de ce beau livre (le 4 janvier dernier, ici), la "somme" de David Cornut sur la quasi-mythique bataille de Little Big Horn. Du fait de l'intérêt suscité parmi nos lecteurs et des débats qui entourent ce sujet, l'auteur a bien voulu répondre à quelques questions.

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Question : Comment en êtes-vous arrivé à étudier cette bataille finalement peu connue en France?

Réponse : Titulaire d’une maîtrise en histoire, je suis « tombé » sur Little Bighorn par accident. Lors d’une visite du champ de bataille de Gettysburg, j’ai été intrigué par un portrait du général Custer que j’ai acheté pour sa flamboyance vestimentaire. J’ai ensuite commencé à « prospecter » sur Internet, où j’ai découvert la controverse et commandé mes premiers livres. Il y a ensuite eu les voyages, les entretiens avec les spécialistes et les consultations de documents, qui m’ont définitivement poussé à écrire sur le sujet. Little Bighorn est en même temps un conflit armé, un casse-tête policier où il faut vérifier les "dépositions" de chacun, une scène de crime fouillée en 1984 seulement, un mythe identitaire américain malléable, un conflit entre des immigrants et des tribus autochtones, une sombre histoire politique et une image célébrée par l’art. Tous ces facteurs rendent la bataille absolument fascinante. Aux Etats-Unis, on la compare parfois à une maladie virale, tant elle captive les chercheurs.

Question : Vous décrivez un Custer finalement très différent de l'image généralement admise. Y a-t-il débat aujourd'hui parmi les historiens américains sur ce sujet et comment le vaincu de Little Big Horn est-il présenté ?

Réponse : Oui. Custer était un prodige de la cavalerie, parfois immature et maladroit, devenu un héros populaire de l’ampleur d’un Davy Crockett. Après des études mouvementées à l’académie de West Point, il a démontré une telle maîtrise au combat qu’il est devenu général de cavalerie à 25 ans, un record jamais égalé dans l’histoire américaine. Après la guerre de Sécession, il a été affecté à l’Ouest où il n’a pas eu l’occasion de beaucoup se battre contre les Indiens et a subi des revers importants, jusqu’à la cour martiale de 1867. Il a cependant formé un régiment d’élite et soigné son image avec des articles dans la presse. Pour donner une idée de sa célébrité, on peut noter qu’en 1876, on distribuait des daguerréotypes à son effigie dans des commerces pour fidéliser les clients ! Little Bighorn a bouleversé la perception du public à son encontre. Les officiels de l’armée ont rapidement compris que la véritable histoire de la bataille serait très embarrassante. Ils ont donc sabordé tous les efforts faits pour ouvrir une enquête officielle sur la défaite, cachant des archives jusqu’en 1951. Faute d'explication, la culture populaire s’est emparée du drame et en a fait ce qu’elle voulait, selon les humeurs, les époques et les envies. On a multiplié le nombre des guerriers, agrandi le village indien, déformé les mouvements et les faits.

De même pour Custer, qui est devenu un triste fourre-tout, un nom sans histoire, entre fantasmes, condamnation du colonialisme, patriotisme naïf et anti-américanisme virulent. Dans l’historiographie, par contre, j’ai noté des avancées très encourageantes. Depuis les années 1970, la carrière de Custer pendant la guerre de Sécession a été mieux étudiée et mise en avant. Depuis 1997, il y a aussi un nouveau regard sur Little Bighorn, avec une lecture plus critique des témoignages. En janvier 2013, par exemple, la revue d’histoire militaire MHQ titrait : « Custer : son plan audacieux à Little Bighorn lui a pratiquement fait gagner la bataille». L’article était signé Paul Hutton, spécialiste reconnu du sujet. Ce sont des signes encourageants, même si la frilosité est palpable à l’heure de la conclusion. Les historiens recensent les faits, mais le malaise reste visible quant vient le temps de les analyser selon le règlement militaire. En effet, des officiers autour de Custer ont commis des parjures et des actes de haute trahison qui n'ont jamais été punis.

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Question : On a le sentiment en lisant votre ouvrage que la coalition indienne n'est pas réellement commandée et que chaque chef, chaque guerrier ayant un peu d'ascendant sur les autres, mène "sa propre guerre". Qu'en était-il exactement et peut-on parler d'une "conduite de la guerre" par les chefs des tribus indiennes ?

Réponse : Les guerriers menaient effectivement souvent leur « propre guerre ». Il était admis, chez les Amérindiens, que l’on suivait un leader selon sa force de persuasion, mais que l’on était libre de le quitter à tout moment. Ce manque de discipline, qui explique certaines défaites, vient du modèle standard des « guerres indiennes », fait de raids-surprise sur des possessions ennemies. Cette guérilla demandait des hommes bien entraînés individuellement et bons cavaliers, ce qui était le cas, mais de discipline globale. Cela dit, les sociétés guerrières avaient leurs propres formations, et beaucoup se sont battues à Little Bighorn dans la coalition, provoquant souvent des offensives décisives. Ainsi, Lame White Man et ses jeunes Cheyennes, réunis et formés bien avant la bataille, ont conduit la charge qui a brisé la ligne fédérale. Les hommes de Crazy Horse ont également suivi leur chef, tout comme les 130 hommes du chef de guerre Runs The Enemy. Cependant, il est vrai que la notion de « conduite de la guerre », avec un "général" pour toute la coalition, n’est pas applicable chez les tribus, en tous les cas dans le sens que nous lui donnons. Sitting Bull pouvait inspirer des guerriers, comme à Kildeer Mountain en 1864, mais il ne pouvait garantir leurs mouvements. A Little Bighorn, la surprise de l’attaque de Custer a rendu toute coordination des mouvements impossible, comme l’ont confirmé les témoins indiens. Des dizaines de groupes de guerriers ont cherché à attaquer les lignes fédérales de la manière la plus efficace et moins coûteuse en vies possible.

 Question : En quoi Little Big Horn a pu représenter (et représente peut-être toujours ?) un évènement majeur dans l'histoire américaine ultérieure ?

Réponse : C’est très étrange que Little Bighorn soit si peu connue en France -au-delà de l’image d’Epinal du cinéma-, car aux Etats-Unis, aucune bataille nationale n’est aussi étudiée que ce «last stand». Pour comprendre cette importance, je compare souvent, toutes proportions gardées, Little Bighorn au 11 septembre ou au Titanic. En 1876, une semaine avant la célébration du centenaire des Etats-Unis, 268 soldats sont tués par des tribus autochtones. Pour la grande puissance en gestation, sûre de sa « Destinée Manifeste », inaugurant le téléphone et la moissonneuse-batteuse, le choc est immense. Il ne faut pas oublier que la guerre de Sécession ne s’est terminée que onze ans auparavant. On pense alors que les bains de sang ne sont plus possibles, que la survie de la nation est assurée et que l’Amérique tient son avenir entre ses mains. 

Il y a également ces millions d’immigrants, Français, Allemands, Irlandais, Suisses, qui n’ont aucune mémoire collective commune. Pour ces pionniers de 1876, Little Bighorn est leur premier traumatisme partagé d’Américains, leur première expérience commune que l’on discute dans les saloons. C’est aussi une occasion de réunir le Nord et le Sud dans un même deuil, d’oublier la Sécession, de se sentir Américain et de se trouver un ennemi commun et facile, les Amérindiens. Signe de l’histoire, six mois après Little Bighorn, les Démocrates du Sud reprendront le pouvoir à Washington par l’élection serrée de Rutherford Hayes.

Enfin, Little Bighorn, c’est aussi la mémoire amérindienne, le symbole de la « dernière résistance » de Sitting Bull face à la colonisation. Cette victoire sera résumée par Mary Crow Dog avec cette belle formule : « Les anciens se rappelaient l’époque où leurs pères et leurs grands-pères avaient combattu Custer l’arme au poing ».

Little Bighorn est toujours un mythe identitaire aujourd'hui. Les thématiques qu’elle renferme -immigrants, colonialisme, destinée manifeste, minorité amérindiennes, douleur de la défaite, désastre, résistance, Frontière, doute, tactique de cavalerie- sont systématiquement utilisées dans les médias et rappelées en permanence à travers la caricatures et les discussions. Au cinéma, aussi : en 1940, Errol Flynn en Custer représente la résistance des Américains face au nazisme. En 1970, Richard Mulligan est le désarroi du Vietnam. En 1990, Gary Cole sonne le retour de l’armée américaine dans le Golfe. Les tactiques de Little Bighorn sont aussi actuellement débattues à l’école de commandement de Fort Leavenworth. Le sujet survit en se métamorphosant selon les époques. Ce n’est pas un hasard si, en 2009, le président Obama a honoré un vétéran indien crow de la Seconde Guerre Mondiale, dont le site de la Maison-Blanche a rappelé qu’il était un descendant d’un éclaireur de l’armée à Little Bighorn.

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Question : Au-delà du symbole, pourquoi selon vous un chercheur d'histoire militaire doit s'intéresser à Little Big Horn?

Réponse : Dans mon livre, je veux combattre notre vision enfantine des guerres indiennes, héritée de Buffalo Bill, en inscrivant chaque fait, chaque personnage dans son époque. Les guerres indiennes n’étaient pas de simplistes combats, mais des guerres coloniales complexes, avec un débat sur la question presque moderne dans la société américaine. Il y avait des mouvements politiques pour les Indiens, des officiers héroïques, des officiers racistes, des groupes religieux, des humanistes, des chefs belliqueux, des chefs héroïques, etc. Il reflète souvent les débats et les enjeux qu'ont eu les Français, les Hollandais ou les Anglais dans leurs propres "aventures" coloniales.

De même, Little Bighorn se veut un fait militaire complexe, avec treize cartes dans le livre situant précisément l’action. Beaucoup d'ouvrages sur le sujet divisent le terrain en plusieurs plans distincts, rendant la vision d’ensemble impossible et donnant l'impression d'une agonie inéluctable des hommes de Custer. Avec une carte globale du champ de bataille, Little Big Horn, autopsie d’une bataille légendaire donne l’occasion au lecteur de juger les décisions des cadres, américains ou amérindiens. Non, la bataille n’était pas simple, ni suicidaire. Non, tous les hommes du 7e de cavalerie ne sont pas morts. Non, les Amérindiens n’étaient pas des milliers et leur victoire a été acquise par la sueur, le sang et des facteurs particuliers côté fédéral. Oui, Little Bighorn est aussi une affaire d’Etat, qui éclaire une certaine corruption de l'armée américaine. J’ai lu récemment, dans un ouvrage anglais consacré au désastre colonial d’Isandhlwadna, où les Anglais ont été massacrés par les Zoulous, que l’engagement avait été étouffé par l’armée anglaise, qui a diffamé le commandant décédé et modifié le déroulement des évènements… Little Bighorn peut donc également servir, pour les chercheurs en histoire militaire, à traiter à l'avenir avec une prudence particulière certains désastres militaires émotionnels, sur lesquels on présente des explications faciles.

Merci pour la précision de ces réponses, très complètes, et encore bravo pour ce beau livre.

 

 Nota : Pour ceux de nos lecteurs qui souhaitent élargir leurs connaissances sur les campagnes de Custer, nous renvoyons à la recension publiée ce jour par Stéphane Mantoux, sur Historicoblog, de l'ouvrage 'Custer and His Wolverines' (Edward G. Longacre), qui traite des opérations la brigade de cavalerie du Michigan pendant la guerre de Sécession (ici).


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4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 07:00

Little Big Horn

Autopsie d'une bataille légendaire

David Cornut

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Nouvelle édition, revue et augmentée (en particulier sur le plan de l'iconographie, absolument magnifique) de ce vrai succès populaire pour une "petite" maison d'édition. Et l'initiative est d'autant plus heureuse qu'il s'agit de l'étude de référence en français sur un personnage et une bataille presque mythiques de "la conquête de l'Ouest". Loin des clichés cinématographiques, David Cornut nous propose à la fois, en un seul volume, une quasi-biographie de Custer, mais aussi des chefs indiens qui lui sont opposés, un récit particulièrement détaillé des combats eux-mêmes, entre le 25 et le 27 juin 1876, et enfin une analyse des conséquences de la défaite de la cavalerie US jusqu'à la fin du XIXe s. (et parfois jusqu'à une période plus récente récente).

La sulfureuse réputation de Custer sort nettement améliorée de cette étude. La première partie lui est globalement consacrée ("Custer, le 7e de cavalerie et les tribus des plaines") : "Présenté par ses partisans comme le soldat le plus expérimenté de la Frontière et par ses détracteurs comme le promoteur de massacres d'Indiens, il n'est en fait ni l'un ni l'autre" et on le suit, comme officier subalterne, de West Point (où il est régulièrement puni) à la guerre de Sécession, à la fin de laquelle il connait un avancement (à titre temporaire) extrêmement rapide et une grande popularité ("Le général Custer est sans doute l'un des meilleurs généraux de cavalerie que ce pays ou un autre n'ait jamais produit", dit de lui son adversaire, le général sudiste Kershaw). Redevenu capitaine à la fin de la guerre, il sert en Louisiane, puis au Texas et enfin comme lieutenant-colonel au Kansas en 1866. Face à lui, les grands noms de la résistance indienne dans les vastes plaines de l'Ouest : Sitting Bull, Crazy Horse, Touch The Clouds, Knife Chief, Red Horse, Left Hand, Bull Bear et bien d'autres. Des noms qui résonnent en écho de nos lectures d'enfance et dont David Cornut nous brosse un portrait détaillé dans la deuxième partie, qui s'intéresse plus particulièrement à la campagne de 1876 des troupes américaines contre les tribus. Le récit des trois jours de la bataille elle-même s'étend sur 120 pages (pp. 139-259), ce qui donne une idée de la précision que l'auteur apporte à son récit. Il semble que le moindre témoignage (même de détail) ait été retrouvé ! Ajoutons que l'iconographie d'époque est complétée par de nombreuses photos prises par David Cornut  sur le terrain et par onze cartes détaillées qui permettent de suivre tous les mouvements et toutes les phases de la bataille (en mettant bien en valeur la planimétrie). La quatrième et dernière partie, on l'a dit, traite des suites des combats, des accusations des uns et des arguments de défense des autres, de la question des réserves indiennes et du massacre de Wounded Knee (dont le récit n'a cependant presque rien à voir avec l'image qui en est habituellement donnée), enfin du long combat mémoriel mené par la veuve de Custer, "Libbie", pour défendre l'honneur de son défunt mari.

Quelques utiles annexes (chronologie, principaux débats historiographiques ultérieurs, précis de terminologie des termes militaires, un complément d'enquête couvrant la période 2006-2008, un index et les indispensables -et nombreuses- sources et références) complètent ce bel ouvrage. Traiter de façon aussi complète et avec un tel brio d'opérations militaires totalement méconnues en France, tout en gardant généralement un ton posé et un discours équilibré (même si on n'échappe pas aux "Indiens rebelles" et si objectivement Custer est "défendu" par l'auteur), en s'appuyant sur de très nombreuses sources américaines et en y ajoutant de superbes illustrations parfois inédites : chapeau ! Voilà un livre qui, tout en vous faisant voyager au pays des indiens et des cow-boys sur fond de musique d'Ennio Morricone vous entrainera également dans les détails parfaitement référencés d'une des batailles fondatrices de "l'esprit américain". Un plaisir pour tous les amateurs.

ANOVI / L'àpart éditions, Turquant, 2012 (rééd.), 360 pages, 27 euros.

ISBN : 978-2-36035-134-3.

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 07:05

L'autre 1812

La seconde guerre d'indépendance américaine

Sylvain Roussillon

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Nous regrettions presque il y a quelques semaines (voir notre chronique du 5 novembre) qu'il n'existe aucun ouvrage de synthèse dans la bibliographie française sur la guerre de 1812 entre les jeunes Etats-Unis et l'Angleterre. Voilà qui est désormais réparé avec ce livre très complet en 190 pages.

Une guerre pour rien presque, puisqu'après deux années de difficiles combats les deux belligérants reviennent pratiquement sur leurs frontières initiales. Mais une guerre fondamentale, car le traité de paix signé en 1814 sanctionne l'acceptation définitive par Londres de l'indépendance de ses anciennes "13 colonies" et permet à la jeune fédération américaine d'envisager désormais son développement continental. De façon très pégadogique, Sylvain Roussillon commence par présenter le contexte général de ce conflit, les provocations britanniques, les objectifs de Washington et le rôle non négligeable des tribus indiennes. Au long des deuxième, troisième et quatrième parties, il détaille l'évolution des événements et des combats sur les différents théâtres ou "fronts" (les Grands Lacs, le Nord-ouest, le Sud, l'Ouest, les opérations navales de blocus, la guerre dans le Pacifique et le rôle des corsaires). On voit Washington en flammes et les Anglais débarquer en Floride et en Louisiane. On suit la révolte des tribus Creek et leurs tentatives pour se joindre à l'armée anglaise contre l'occupant américain. Au final cependant, les troupes américaines s'adaptent, résistent, apprennent de la guerre (la question "Milices/Armée professionnelle" est un vrai fil rouge du récit), alors que les généraux anglais commettent de graves erreurs. On croise même quelques francophones perdus dans ce conflit, qu'il s'agisse des frères Pierre et Jean Lafitte (venus de Saint-Domingue et originaires de Franche-Comté ou du Sud-ouest selon les sources), qualifiés de "flibustiers", ou des différentes formations de volontaires créoles qui rallient le général Jackson et la cause américaine. 

Lorsque le traité de paix est finalement appliqué sur le terrain, les deux pays totalisent un peu moins de 4.000 morts et 27.000 blessés et disparus., ce qui peu sembler relativement peu par rapport à la durée du conflit et au nombre de batailles conduites. Mais c'est surtout dans ses conséquences politiques et économiques que l'auteur analyse l'importance de cet affrontement, qui annonce l'accession à la présidence des Etats-Unis de James Monroë, qui formalisera la doctrine isolationniste. Un seul regret (presue marginal) : les cartes en noir, blanc et dégradés de gris sont parfois peu "parlantes" en première lecture.

Une importante bibliographie spécialisée (bien sûr en anglais) termine ce volume particulièrement bien venu. Si "L'autre 1812" a été eclipsé par la campagne de Russie et les guerres napoléoniennes qui se déroulent au même moment en Europe, l'événement n'en demeure pas moins véritablement fondateur d'une puissance nouvelle. A lire.

Bernard Giovanangeli éditeur, Paris, 2012, 191 pages, 18 euros.

ISBN : 978-2-7587-0102-6.

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27 novembre 2012 2 27 /11 /novembre /2012 07:05

Franklin D. Roosevelt

Yves-Marie Péréon

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Evoquer la vie et la carrière du président Roosevelt (le second) revient à étudier près d'un demi siècle d'histoire américaine avec, en point d'orgue, le New Deal et la Seconde guerre mondiale. C'est dire toute l'importance de ce livre.

Dans cette très belle biographie, Yves-Marie Péréon embrasse l'ensemble de la vie et de la carrière de celui qui a été le plus longtemps en fonction comme président des Etats-Unis, pour en saisir l'importance et la subtilité : "Sur la scène intérieure, artisan de réformes durables, [il] modifie radicalement l'exercice du pouvoir exécutif  ... Son rayonnement dépasse les frontières de l'espace et du temps : la crise économique que nous vivons depuis 2008 nous laisse dans un désarroi comparable à celui de la génération de l'entre-deux-guerres". Patricien, homme de communication (qui innove avec ses interventions directes à la radio), pourtant surnommé "le Sphinx de la Maison Blanche", le personnage, complexe, méritait bien ce livre.

Il est difficile de rendre compte dans le détail de la richesse et de la diversité d'un ouvrage de plus de 500 pages, mais nous avons en particulier apprécié les chapitres centraux, consacrés aux mandats présidentiels successifs -chap 8, "Redressement ou réforme ? (1934-1936)" au chap. 12, "L'effondrement de bien des illusions et le troisième mandat, mars 1939-novembre 1940"-, qu'il s'agisse de l'action publique et officielle, ou de l'homme privé, de ses pensées et de ses rencontres. Avec quelques précisions utiles : la loi Cash & Carry ne marque pas à proprement parler une volonté de soutenir les démocraties occidentales (même si "elle avantage les puissances maritimes"), mais "doit permettre à l'industrie américaine de participer aux profits générés par les besoins des pays belligérants, sans exposer les Etats-Unis au risque d'être entrainés dans un conflit". On y trouve aussi le détail des relations faites par son ambassadeur, resté à Paris, et par le chargé d'affaires américain, qui rejoint Bordeaux, pendant la campagne de France. Il y est également, bien sûr, question des relations avec Vichy, Pétain et Darlan, alors que Rossevelt est critiqué à la fois par les isolationnistes et par les interventionnistes. Le récit de "La guerre américaine" (pp. 423-467), puis de la marche "Vers la victoire" (pp. 469-510) est intéressant -en particulier par les nombreuses références données et les citations reproduites-, mais on quitte ces parties avec le sentiment que l'auteur est parfois trop favorable à son sujet, ou à son "héros". C'est bientôt la fin et, le 12 avril 1945 à 15h35, le docteur Bruenn constate le décès.

Le livre est accompagné d'un riche apareil de notes (pp. 517-551), de 13 pages de "Sources et bibliographie" et d'un index complet des noms de personnes.

Tallandier, Paris, 2012, 575 pages, 27 euros.

ISBN : 978-2-84734-734-0.

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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 07:10

Comment Kennedy évita la troisième guerre mondiale

Octobre 1962 : journal de la crise des missiles

Vincent Touze

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Nous voici entrainés au coeur du pouvoir, dans les coulisses de la guerre froide.

Le titre de cet ouvrage interpelle le lecteur potentiel et l'attire. En effet, Comment Kennedy évita la troisième guerre mondiale suscite le questionnement et attise la curiosité. Le monde a-t-il réellement failli plonger dans une guerre nucléaire mondiale ? Mais surtout comment Kennedy est-il parvenu à résoudre cette crise, après un bras de fer d'une semaine avec Krouchtchev ? Tout l'intérêt de cet ouvrage réside dans la mise en lumière d'un processus décisionnel complexe, à un moment de tension extrême. Vincent Touze se concentre uniquement sur la crise de Cuba du point de vue américain. Dès lors, il utilise les archives personnelles de Kennedy, lesquelles contiennent des enregistrements de conversations secrètes, dans le Bureau de la Maison Blanche, entre le président et ses conseillers. Cette source extraordinaire offre au lecteur l'étrange impression de pénétrer dans les coulisses du pouvoir et de percevoir la complexité engendrée par la nécessité d'une prise de décision à la fois prompte mais néanmoins réfléchie. Tout au long de la retranscription brute des archives orales, l'auteur insère des commentaires efficaces qui contextualisent le propos, l'éclaire, le précise et le synthétise.

Cet ouvrage soulève plusieurs questions essentielles. En effet, comment une décision est-elle prise ? Quelles sont les influences, les « forces profondes » qui s'exercent sur Kennedy ? Les avis contraires sont-ils pris en compte ou au contraire ignorés? Les discussions souvent tendues, l'évolution des réflexions et des stratégies imaginables pour résoudre cette crise livrent quelques réponses. De plus, un autre enjeu fondamental est posé par la question de l'information et sa (re)transmission. Enfin, le chemin parcouru par Kennedy durant cette semaine mouvementée qui aurait pu conduire à la troisième Guerre mondiale constitue une leçon de leadership. Conscient de la gravité du moment et de sa responsabilité devant son peuple et devant l'histoire, Kennedy tranche avec constance et pondération.

Ainsi, ce texte unique, aux sources inédites, éclaire une facette du pouvoir rarement étudiée, celle du processus de prise de décision au plus haut niveau du pouvoir. À cela s'ajoute, et pour notre plus grand plaisir, des photographies qui plongent le lecteur dans cette atmosphère pesante, dans l'intimité de ces moments historiques décisifs durant lesquels les acteurs ont les nerfs à vif.

Kathleen Simon

André Versailles éditeur, Paris, 2012, 223 pages. 19,90 euros.

ISBN : 978-2-87495-157-2

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12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 07:00

Kennedy  -  Nixon

Les meilleurs ennemis

Georges Ayache

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John Fitzgerald Kennedy et Richard Milhouse Nixon sont généralement assimilés à des personnalités profondément antagonistes, emblématiques de "deux Amériques". Georges Ayache, qui connaît bien la politique pour avoir lui-même été diplomate, dénonce la réduction trop systématique des deux hommes à une série de clichés. D’un côté le charmeur au grand cœur, « JFK » – et, au-delà du seul John Kennedy, c’est l’ensemble des Kennedy qui « ont cessé d’être une famille ou un clan pour devenir une légende ». De l’autre le tricheur invétéré, « Tricky Dick ». Si le manichéisme de ces deux images plaît au cinéma hollywoodien et au grand public, avides de mythes et de formules simples, il ne sied guère à l’historien pour qui les fictions trahissent la réalité et la masquent. Spécialiste des relations internationales, Georges Ayache bat en brèche les idées reçues et s’attache à dévoiler qui ont vraiment été Kennedy et Nixon.

En suivant le fil du temps, l’auteur se propose de décrire l’histoire de ces deux personnalités, une histoire qui se joue en six actes et dont l’action principale est la conquête du pouvoir, à tout prix. Dans un va-et-vient incessant entre ces deux figures politiques, Georges Ayache peint deux portraits sans concession, ni pour l’un, ni pour l’autre. Il montre bien comment la légende de John Kennedy a progressivement été construite à des fins politiques. Poussé par le clan, la presse a fait de lui un héros de guerre et a passé sous silence ses frasques répétées. On découvre ainsi ce que cette légende arrangée cache : l’état de santé déplorable de Kennedy, ses aventures charnelles, ses relations avec la Mafia, les fraudes électorales dont il a pu bénéficier mais aussi le rôle de marionnettiste que jouait son père. L’auteur montre que Nixon n’est pas que le « sale type », que la presse et ses adversaires se sont acharnés à présenter. Si ses manœuvres sont exposées clairement (le livre s’achève sur le scandale du Watergate), l’historien lui reconnaît aussi des qualités de travailleur acharné et de debater.

Le livre ne fait pas que comparer ces deux hommes politiques, dont finalement les similitudes frappent parfois plus que les différences qui les séparent. L’objet de l’ouvrage n’est pas seulement de nous aider à comprendre Nixon et Kennedy, il s’agit aussi d’éclairer ce que chacun doit véritablement à l’autre. L’auteur peint avec brio les instants où leurs destins se croisent. On découvre par exemple, non sans amusement, que les Kennedy ont soutenu financièrement la campagne sénatoriale de Nixon en 1950. Georges Ayache entre dans le détail et dévoile les dessous de ces campagnes électorales sans pitié, faites de phrases assassines et de coups tordus, dont ni l’un ni l’autre n’étaient avares. On comprend aussi comment Nixon a pu se sentir « persécuté » par les Kennedy au point d’en arriver à « se battre contre des fantômes ».  Enfin, cette biographie croisée offre non seulement un regard nouveau sur Kennedy et Nixon mais elle permet aussi de (re)découvrir les États-Unis de la Guerre froide.

Pierre Garzon

Editions Perrin, Paris, 2012, 562 pages, 25 euros.

ISBN : 978-2-262-03622-5

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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 07:10

Franklin D. Roosevelt

André Kaspi

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La collection Tempus accueille une nouvelle édition de cet ouvrage de référence paru pour la première fois en 1988 chez Arthème Fayard. Grand spécialiste de la vie politique américaine et de l'histoire des Etats-Unis, auxquelles il a consacré l'essentiel de ses travaux, André Kaspi livre ici en format poche (12 euros) une nouvelle version de cette grande étude.

L'ouvrage est absolument indispensable pour quiconque (amateur, curieux ou étudiant) souhaite s'intéresser à l'histoire américaine depuis la grande crise de 1929. Triomphalement élu à l'automne 1932, Roosevelt prend ses fonctions au printemps 1933. Il sera réélu quatre fois (cas unique) et seule la mort lui fait quitter ses responsabilités présidentielles en avril 1945. Après avoir rappelé dans les premiers chapitres le parcours qui conduit cet avocat du sénat de New York au poste de chef de l'exécutif fédéral, André Kaspi développe longuement (chap. VII à IX) toute la période du New Deal et la mise en place d'un "Etat providence" à l'américaine. Un chapitre de transition ("Le monde de l'avant-guerre vu de la Maison Blanche") permet de passer aux années 1939-1941, au choc que constitue la défaite de la France en juin 1940, aux relations ambigües avec Pétain et à l'appui de plus en plus ferme donné à l'Angleterre, de la "loi prêt-bail" à la Charte de l'Atlantique. La question de Pearl Harbour ("Roosevelt est-il coupable ?" : "Le scénario machiavélique manque de solidité") fait l'objet du chapitre XII, puis l'auteur s'intéresse au "Chef d'une nation en guerre". Il aborde, dans le cadre de la conduite générale de la guerre, des thèmes aussi variés que la question des nouvelles formes de la guerre (déjà !), de l'espionnage, de la bombe atomique, du génocide des Juifs, etc. Le chapitre XIV, "Roosevelt, la France et les Français", peut-être un peu trop compréhensif pour les prises de position du président américain, traite très largement des difficiles relations entre Washington, Vichy, Londres et Alger, jusqu'à la reconnaissance (du bout des lèvres) du GRPF et à la question de l'Indochine. Il s'agit désormais de "Préparer l'après-guerre", et nous suivons Rossevelt, de plus en plus malade, dans sa volonté de briser le militarisme japonais, en faveur de la création de l'ONU (conférence de San Francisco), dans ses relations avec la Chine et avec Staline jusqu'aux lendemains de Yalta. Soulignons également que les aspects personnels et privés de la vie du président Roosevelt ne sont pas oubliés.

Un ultime chapitre ("Tel qu'en lui-mêrme, enfin") s'intéresse aux héritages, immédiats et ultérieurs, de l'ère Roosevelt, jusqu'à sa présence ou son influence dans l'Amérique de la fin du XXe siècle, où le poids des partis traditionnels ne cesse de diminuer : "Malgré ses lacunes, ses ambiguïtés, ses défauts et ses échecs, Frankjin Roosevelt a sans aucun doute été le plus grand président des Etats-Unis du XXe siècle". Un récit dense de 665 pages, complété par plus de 60 pages de notes, une volumineuse bibliographie et un index très complet. Une référence à utiliser régulièrement comme outil de travail.

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2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 08:00

  Freedom by the Sword

  The US Colored Troops

  1862-1867

William A. Dobak

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Ce gros volume d'environ 550 pages retrace, à partir des modalités de recrutement, de formation et d'emploi, la place et le rôle des régiments noirs de l'armée fédérale pendant la guerre de Sécession américaine. Attention : il ne s'agit pas d'une réflexion générale sur l'émencipation des esclaves ou l'égalité des races, mais bien d'une étude opérationnelle sur les régiments eux-mêmes et leurs campagnes, le long de la côte Atlantique, en direction de la Louisiane et du golfe du Mexique, le long du Mississippi, vers le Kansas et les territoires indiens, en Alabama, Géorgie, Caroline, Virginie et Texas : "Ce livre parle de soldats américains combattant sous le drapeau de l'Union pour préserver l'Union". L'ouvrage est extrêmement détaillé, particulièrement riche (sans doute le seul, ou l'un des très rares à notre connaissance, à s'intéresser aux question de formation, d'instruction de commandement et d'organisation de ces régiments), et le texte accompagné de nombreuses notes infrapaginales. Fort heureusement, cette densité est "aérée" grâce à quelques cartes, organigrammes et une centaine de photos d'époque.

Ce livre est certes une publication officielle de l'administration militaire américaine (cliquer ici), mais le discours général n'est pas trop "lénifiant" et le caractère "tactico-tactique" de l'étude permet d'éviter la plupart des pièges du politiquement correct. On apprécie également l'index, très complet, ainsi que les 25 pages de références d'archives et de bibliographie.

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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 08:06

Anatomie d'un désastre.

Baie des Cochons, Cuba, avril 1961

Jacobo Machover

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Voilà un ouvrage qui présente le débarquement anticastriste de 1961 sous un angle peu étudié en France, où l'essentiel de la bibliographie s'intéresse aux attendus et aux conséquences politiques, voire au rôle de la CIA. Sans négliger ces aspects, Jacobo Machover (lui-même cubain et exilé en France en 1963) s'attache surtout aux exilés armés qui menèrent l'aventure et aux caractéristiques militaires de l'opération.

En préface, Stéphane Courtois rappelle le contexte de l'arrivée au pouvoir et de l'établissement d'un régime personnel par Fidel Castro, après la chute du dictateur corrompu Batista. L'auteur nous propose alors un récit détaillé de la situation dans la grande île voisine des Etats-Unis en 1959-1960. Le rapprochement avec l'URSS et la dérive socialisante, puis communiste, de Castro s'accompagnent de livraisons d'armes venues des pays du bloc socialiste, de l'embargo commercial prononcé par les Etats-Unis et de la radicalisation d'une communauté cubaine exilée en Floride de plus en plus nombreuse.

Jacobo Machover raconte ensuite par le menu la préparation de l'expédition, la constitution et l'entraînement de la "Brigade 2506", la proximité qui se noue entre quelques instructeurs américains et les Cubains anticastristes (pp. 33-63) : "Ils s'apprêtaient à affronter des forces régulières près de vingt fois supérieures, ainsi que des milices dont le seul nombre aurait été dissuasif pour une quelconque force 'd'invasion" sans la volonté, la témérité, l'inconscience presque de ces hommes-là". Les chapitres suivants ("Ultimes préparatifs de débarquement", "L'enfer sur les plages", "La gloire des vaincus") semblent n'être que l'inexorable récit d'un tragique échec annoncé, par manque de matériels, d'hommes et d'encadrement ("Quelques centaines de recrues, tout au plus, ils n'atteindraient le chiffre de 1.500 que quelques semaines avant l'attaque") ; d'une quasi-trahison des officiels américains qui hésitent jusqu'au dernier moment et refusent d'engager des moyens importants ("L'intérêt politique avait prévalu sur la logique militaire, ce que Kennedy semblait regretter à la lumière des évènements postérieurs") ; et d'un discours convenu de castro qui met en scène leur interrogatoire public par ses propres soins. Tirant profit de l'échec de l'entreprise au plan politique et diplomatique aussi bien qu'économique et financier, le régime de Castro touchera au cours des années suivantes plusieurs dizaines de millions de dollars, souvent collectés dans les familles des prisonniers : une vraie rançon.

"La défaite des Cubains anticastristes apparaissait aux yeux de l'opinion publique comme une défaite américaine. Le mythe de la baie des Cochons traversait le temps et les frontières". La crise des missiles, qui suivra, relève davantage du "poker menteur" diplomatique et, à ce jeu-là, Kennedy sera gagnant.

Un livre atypique donc, qui présente ce "dossier chaud de la guerre froide" sous un angle original. Les opinions (négatives) de l'auteur à l'égard de Castro et des siens sont bien connues : son approche par l'angle des Cubains exilés n'en est que plus intéressante.

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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 13:04

Les guerres d'Obama

Bob Woodward

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Journaliste célèbre pour avoir en particulier enquêté sur l'affaire du Watergate ayant entrainé la démission du président Nixon, Bob Woodward s'intéresse ici aux guerres (Irak et Afghanistan) du prix Nobel de la paix 2009. L'homme est donc engagé et connu pour ses positions aux Etats-Unis, mais il est aussi un journaliste d'investigation hors pair et précise d'ailleurs dans un"Avertissement" en début d'ouvrage : "Les informations contenues dans ce livre ont été fournies par plus de cent personnes impliquées dans la guerre en Afghanistan et travaillant dans le domaine de la sécurité nationale ... Pour plusieurs sources, la transcription intégrale de nos entretiens dépassait les trois cents pages". Parmi ces très nombreux témoins, d'ailleurs, le président Obama lui-même avec un interview d'une heure et quart. La liste complète des responsables cités qui figure également au début de l'ouvrage, de la Maison-Blanche au Conseil national de Sécurité, du Département d'Etat au Département de la Défense, dela Direction nationale du renseignement au thêatre afghan, est impressionnante. Ces guerres sont vues au niveau "politico-médiatico-stratégique" et l'on se trouve plus souvent dans les bureaux ou les salons de Washington et des grandes agences gouvernementales que sur le terrain.

C'est assez dire la l'originalité et la qualité de la recherche effectuée, et donc l'intérêt de ce livre. Il s'ouvre sur le premier entretien que le (encore) sénateur Barack Obama a avec le directeur national du renseignement, deux jours après son élection, le 6 novembre 2008. Il se termine sur un entretien avec le président et le bilan plus ou moins mitigé efffectué après dix ans d'opérations et la décision de retirer les troupes... On lira avec parfois étonnement le compte-rendu de certaines réunions au plus au sommet, américano-américaines ou avec les alliés, les réactions aux propos du général MacChrystal, les débats entre "militaires" et "diplomates", les doutes et les hésitations de certains chefs du renseignement, les idées et le rôle de Petraeus, etc.

Absolument indispensable pour une compréhension (aussi claire que possible) d'une situation politique et stratégique particulièrement complexe.

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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