Son Tay

1970

Parution dans les prochains jours d'un petit volume chez Osprey, racontant l'histoire d'un raid héliporté des forces spéciales américaines pour libérer des prisonniers :

https://www.ospreypublishing.com/uk/son-tay-1970-9781472863010/

Les Marines

Histoire d'un mythe américain

Nicolas Aubin

Auteur bien connu des amateurs, notamment pour ses contributions à Guerres & Histoire, Nicolas Aubin nous offre ici une véritable somme sur l'un des corps les plus célèbres au monde (avec la Légion étrangère), considéré comme l'unité d'élite par excellence de l'armée américaine.

Cette synthèse, aussi complète que magistrale, fait défiler toute l'histoire de l'US Marines Corps, de la guerre d'indépendance américaine à la campagne d'Afghanistan, en passant par tous les conflits et toutes les interventions extérieures des Etats-Unis au cours de ces deux siècles et demi. Il n'en oublie aucun aspect, dans ses sacrifices et ses heures de gloire, comme dans ses échecs et malgré tout la construction de sa propre légende. De la guerre de Sécession à la guerre contre l'Espagne, de l'imposition de "l'ordre étatsunien" dans les Caraïbes et l'étranger proche, jusqu'à la participation à partir de 1917 à l'American Expeditionary Forces sur le front de France, les début des Marines sont souvent difficiles et le corps fait l'objet de nombreuses critiques. Le mythe de Bois Belleau aurait même pu être davantage égratigné que ne le fait l'auteur, les procédés tactiques des Marines étant en contradiction avec pratiquement tous les enseignements de la guerre depuis quatre ans (progression face aux mitrailleuses par exemple). Mais le commandement saura mettre en valeur ce succès local et faire de bois Belleau un premier symbole. Vient l'entre-deux-guerres, et une dizaine de pages très intéressantes sont consacrées à l'assaut amphibie et aux principes de débarquement, avant l'épopée de la campagne du Pacifique pendant la Seconde guerre mondiale, avec des noms gravés à jamais dans la mémoire populaire américaine comme Guadalcanal. Nicolas Aubin aborde ici tous les aspects de ces engagements particulièrement meurtriers mais aussi la maîtrise par le commandement du corps de sa communication ("le rouleau compresseur médiatique"). La troisième partie ("De la légende au mythe, 1945-2021") est ponctuée par les opérations en Corée, au Vietnam, au Moyen-Orient et en Afghanistan, mais aussi par la poursuite d'une active politique de communication pour valoriser le corps et par des efforts en interne pour s'adapter et adapter la doctrine d'emploi. Enfin, une dernière partie ("Démystifier") revient longuement sur "l'idéologie" des Marines et les aspects culturels développés par le corps, sur les valeurs portées au pinacle (ou présentées ainsi), mais apporte aussi un éclairage sur l'encrage politique de la plus grande partie de ses membres (même s'il n'y a que très peu d'engagements politiques publics). Le livre se termine sur une forme de commentaire de cette définition : "Les Marines ont commencé par dire à tout le monde à quel point ils étaient géniaux. Très vite, ils ont fini par le croire eux-mêmes. Et depuis, ils n'ont cessé de prouver qu'ils avaient raison" et une intéressante comparaison avec la Légion étrangère ("La Légion ne forme pas des guerriers, elle forme des soldats ... Un légionnaire est par tradition un bâtisseur ... Il y a dans le mythe des Marines une centralité du combat que l'on ne retrouve pas dans le mythe des légionnaires").

Le volume se termine notamment sur d'utiles annexes factuelles et une riche bibliographie qui permettra aux amateurs qui le souhaitent de creuser tel ou tel aspect de cette riche et multiforme histoire. Un livre au carrefour de l'histoire militaire stricto sensu, de l'histoire culturelle et de l'histoire des représentations et un tableau extrêmement précis d'un corps qui reste exceptionnel. Vivement conseillé.

Perrin, Paris, 2024, 538 pages, 26,- euros.

ISBN : 978-2-262-08015-0.

Pour commander directement le livre : https://www.lisez.com/livre-grand-format/les-marines/9782262080150

Un officier français

dans la guerre de Sécession

Régis de Trobriand

Spécialiste reconnu de la guerre de Sécession, à laquelle il a déjà consacré plusieurs ouvrages (ici et ici par exemple), Vincent Bernard nous propose aujourd'hui les souvenirs tout-à-fait originaux et passionnants d'un noble français issu d'une vieille famille légitimiste de l'Ouest et devenu colonel puis général dans l'armée des Etats-Unis (Nord) lors de la guerre de Sécession.

Marié en 1843 à l'héritière d'un riche industriel américain, il s'installe aux USA au milieu du XIXe siècle où il devient en autres journaliste. En 1861, lorsque débute la guerre de Sécession, il se porte volontaire pour prendre le commandement d'une unité du Nord. Il est successivement à la tête du 55e régiment de milice volontaire de New-York, puis du 38e régiment de New-York et est nommé brigadier général en 1864 au sein de l'armée du Potomac avant de terminer la guerre en 1865 comme major général ("seul Français à atteindre ce grade depuis Lafayette") au commandement de la 3e division. Ces souvenirs sont divisés en trois grandes parties chronologiques : "L'entrée en guerre, 1861-1862", période durant laquelle il participe au siège de Yorktown et à la bataille de Williamsburg ; "L'année terrible, 1862-1863", avec notamment (parmi d'autres) les célèbres et meurtriers combats de Frederikksburg, de Chancellorsville et de Gettysburg ; et "Le long siège de Petersburg, 1864-1865", où il connaît à la fois la rigueurs de la guerre de tranchées et celles des campagnes actives jusqu'aux dernières batailles d'avril 1865. Présentés et judicieusement annotés par Vincent Bernard, les mémoires de cet officier général américain d'origine bretonne nous donnent une excellente perception, presque concrète, des engagements de la guerre de Sécession et apportent une indiscutable plus-value à notre connaissance de ce conflit.

Le livre, qui se termine sur une bibliographie de référence tout à fait adaptée, intéressera sans nul doute tous les amateurs d'histoire américaine, mais aussi ceux que passionnent les parcours originaux et les vies atypiques et aventureuses. 

Passés/Composés, Paris, 2024, 415 pages, 24,- euros.

ISBN : 979-1-0404-0365-4.

Pour commander directement le livre : ici.

La quasi-guerre

On a oublié qu'entre 1796 et 1800, la France et les Etats-Unis ont été à deux doigts d'entrer en guerre l'une contre l'autre ;

La quasi-guerre - Éditions Tallandier

Gettysburg, 1863

Vincent Bernard

Cinquième volume dans la belle collection "Champs de bataille", toujours solide sur le fond mais aussi facilement accessible pour les non spécialistes, Historien reconnu et spécialiste de la guerre civile américaine (on lui doit en particulier les biographies des généraux Grant et Lee, ici par exemple), Vincent Bernard s'intéresse aujourd'hui à un tournant, une bataille-clef de ce conflit.

A l'été 1863, un peu plus de deux après le début de la guerre, la très meurtrière bataille de Gettysburg voit s'opposer 160.000 hommes et 600 canons. A ces titres, elle est effectivement emblématique de la guerre civile américaine et marque d'ailleurs profondément les deux belligérants. Vincent Bernard organise son propos en trois grandes parties chronologiques : "La route de Gettysburg", "La bataille" et "Un écho toujours puissant". La première partie présente bien sûr le contexte et reviens sur les deux années de guerre, mais elle présente surtout dans le détail les deux armées qui vont s'opposer, l'armée du Potomac pour l'Union et l'armée de Virginie du Nord pour la Confédération. La seconde détaille heure par heure, et parfois minute par minute, les journées du 1er, du 2 et du 3 juillet 1863, au niveau général comme pour les différentes unités, avec une précision qui impressionne. La troisième enfin revient sur les espoirs, puis les déceptions, suscités par la victoire du Nord, sauvé de l'invasion. L'auteur peut conclure : "Sur le plan de l'histoire militaire mondiale, Gettysburg restera, à l'instar de Solférino, de Sadowa ou de Sedan, comme l'un des jalons majeurs d'un  XIXe siècle en pleine transition entre l'ère des grandes batailles rangées et celle des gigantesques guerres de matériel de l'âge industriel". On apprécie également les nombreuses annexes, dont les ordres de bataille et l'évaluation des pertes. Enfin, avec une dizaine de pages de sources et bibliographie, ceux qui voudraient aller plus loin sur tel ou tel point auront tout le loisir de le faire.

Une lecture aisée, une précision rigoureuse : tous les paramètres sont réunis pour faire de ce volume un livre de référence en français sur le sujet. Vivement recommandé.

Perrin, Paris, 2023, 309 pages, 25,- euros.

ISBN : 978-2-262-09579-6.

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