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24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 07:05

Les sociétés coloniales à l'âge des empires

des années 1850 aux années 1950

Dominique Barjot et Jacques Frémeaux (Dir.)

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Parmi les volumes qui paraissent en ce moment dans le cadre de la préparation aux concours de l'enseignement, celui-ci se distingue par son ambition et son ampleur.

Sous la double direction des professeurs Dominique Barjot et de Jacques Frémeaux, 35 auteurs, enseignants-chercheurs, apportent leurs contributions à un volume qui traite du Maghreb comme de l'Afrique noire (francophone ou anglophone), du Kenya comme de Madagascar, de l'empire colonial néerlandais comme des Caraïbes, des empires portugais ou japonais, mais aussi de thématiques particulières (grands travaux, milieux d'affaires, santé publique, armées coloniales, enseignement, missions religieuses, aménagement urbain, etc.). Chaque texte, de l'ordre d'une petite dizaine de pages, est rédigé de façon très pédagogique, accompagné de cartes et/ou tableaux récapitulatifs précis. Le volume est par ailleurs complété par une utile chronologie (pp. 354-362), une très complète et très riche bibliographie (pp. 363-385), classée par thèmes et grandes zones géographiques et qui permet d'approfondir tous les sujets précédemment évoqués, un "Index des personnes et sociétés" et d'un "Index des noms de lieux" (pp. 386-394).

Il en ressort la complexité des sociétés coloniales et la diversité des problématiques, que Jacques Frémeaux présente dans le texte introductif : "Qu'est-ce qu'une société coloniale ?", à la fois dans ses violences mais aussi dans ses transferts et dans ses apports.

A la fois ouvrage de synthèse et de référence. Indispensable.

Editions SEDES, Paris, 2012, 400 pages. 26,50 euros.

ISBN : 978-2-301-00150-4.

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 07:00

Hubert Lyautey

Jean-Paul Huet

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Après ses biographies des maréchaux Joffre, Foch et Juin, Jean-Paul Huet s’attache ici à un personnage sans doute encore plus difficile à cerner, à comprendre et à définir : le maréchal Lyautey.

Suivant un plan chronologique classique, ce petit volume présente rapidement toute la carrière de celui qui, après avoir découvert la vie militaire en Algérie dès 1880, quittera le Maroc (dans des conditions regrettables que l’auteur détaille peu) en 1925, après avoir servi, on le sait, au Tonkin et à Madagascar : « Un royaliste qui avait donné un empire à la République ». Le livre, facile à lire, est relativement complet en un nombre si limité de pages (exercice particulièrement difficile), mais l’on peut parfois s’étonner qu’il soit presque systématiquement élogieux. On cherche la plus petite critique. Lyautey serait-il « parfait » ? Fort heureusement, Jean-Paul Huet a l’esprit de synthèse et sait résumer en quelques lignes des situations complexes (comme la brève participation de Lyautey au gouvernement Briand entre décembre 1916 et mars 1917), et le volume se termine par une bibliographie qui permettra à tous ceux veulent approfondir le sujet de retrouver les écrits de Lyautey lui-même et différents ouvrages complémentaires.

Un volume introductif qui sera utile à tous ceux, lycéens, étudiants et curieux, qui souhaitent disposer d’une première approche de ce personnage hors norme.

Anovi, Fabrica Libri, 2012, 71 pages, 8 euros.

ISBN : 979-10-90447-16-5

Disponible sur commande auprès de : Editions ANOVI, La Maison Rouge, 37220 Avon-les-Roches, ou : contact@anovi.fr

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 07:01

L'Algérie des passions

1870-1939

Pierre Darmon

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Le terme de "passions", accolé dans le titre à Algérie, traduit bien l'idée générale exprimée par l'auteur dans ce livre, paru pour la première fois en 2009 et aujourd'hui réédité en format poche dans la collection 'Tempus'. Après plusieurs publications traitant de l'histoire de la médecine comme de grandes affaires criminelles, Pierre Darmon se concentre, le temps d'un ouvrage, sur son pays d'origine, l'Algérie. Riche de 936 pages, son livre met en scène les passions algériennes, dans tout ce qu'elles peuvent éveiller de mythes et de violence. N'hésitant pas à dévoiler le fond de sa pensée, l'auteur débute par un constat simple et pourtant délicat : « L'Algérie, dès 1848, c'est la France ». Sur la période néanmoins, la perception de la terre algérienne oscille constamment entre fantasme et « misère inconcevable ». A l'idéalisme ou à l'humanisme souvent mis en avant par les historiens, Pierre Darmon oppose que l'entreprise de colonisation française aurait eu pour seule motivation le rétablissement du prestige national. Une introduction tout "en secousses" qui annonce une étude en diptyque. L'auteur fait effectivement le choix d'une première partie, composée de treize chapitres, sur l'apogée de l'Algérie coloniale (1871-1914), quand la seconde développe, à travers neuf chapitres, le déclin de la période (1914-1940).

Le paysage algérien est remodelé sous l'impulsion des civils : là s'achève l'état de droit pour laisser s'opérer la « boulimie d'espace ». Entre dépossessions des terres (Loi Warnier de 1873) et expropriations, l'usurier prospère. Les divers autres maux qui touchent les fellahs les conduisent à l'abîme. L'auteur ne remet alors pas directement en question la responsabilité du colon : l'administration proprement dite serait au premier chef responsable de la misère physique et morale des autochtones. Il appuie son propos sur un large panel d’exemples et d'illustrations, mettant en évidence la pluralité des villes algériennes. L'économie du territoire survit aux crises de ces années de la fin du XIXe siècle et la véritable « explosion » de la viticulture orchestre le processus de production. Ce sont toutefois d'autres problèmes qui viennent ébranler le socle de l'Algérie : suite aux psychodrames enfiévrés et au décret Crémieux, la crise antisémite explose dès 1897 puis, la guerre s'impose.

Pierre Darmon confirme un fait important, désormais bien acquis : si l'Algérie est mise « à l'épreuve du feu », elle n'en demeure pas moins fidèlement rattachée à la France, et ce jusqu'à la fin du conflit. Une série de drames, qui favorise l'insécurité, mène à la réforme de 1919. Les villes algériennes offrent alors un spectacle très contrasté de misère et de richesse et les inégalités atteignent leur apogée durant l'entre deux guerres. Par conséquent, l'émigration croît, tout comme les mouvements nationalistes (sous l'égide notamment de Messali El Hadj). La grande dépression et l'arrivée d'Hitler au pouvoir favorisent l'expression d'un antisémitisme arabe d'une rare virulence, qui semblait s’être très largement atténué au cours des années précédentes. Si le projet « Blum-Violette » et le succès du Front populaire calment ce mouvement, un vent d'extrême droite se met à souffler. Avec la nomination du surprenant Abbé Lambert à la mairie d'Oran, l'antisémitisme de certains discours n'a rien à envier à ce qui prévaut outre-Rhin.

Un ouvrage a certains égards audacieux, qui n'emporte pas l'adhésion de tous, mais fruit d'une véritable plongée dans les archives, et qui aide à comprendre ce morceau d'histoire de France, parfois difficile à accepter. Les passions, les plus nobles comme les plus noires, s’entremêlent durant toute cette IIIe République triomphante. Si l'auteur assure que l'Empire a permis à la France d'accéder au rang des vainqueurs de 1945, il dresse aussi un parallèle intéressant entre passé et présent. Alors qu'il tente un rééquilibrage entre injustices et réussites, il n'oublie pas de rappeler toute l'actualité de ce sujet, car un passé toujours en souffrance peut en effet être une source d'alimentation pour des oppositions actuelles.

Barbara Felice

Editions Perrin, Paris, 2012, 936 pages, 12 euros

ISBN : 978-2-262-03732-1

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24 septembre 2012 1 24 /09 /septembre /2012 07:00

Les empires coloniaux

Jacques Frémeaux

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Cet ouvrage du professeur Jacques Frémeaux, de l'université Paris IV Sorbonne, lui-même primé en 2010 pour son De quoi fut fait l'empire. Les guerres coloniales au XIXe siècle, était paru pour la première fois en 2002. Devenu quasiment introuvable, il méritait d'être réédité alors que les thèmes des concours pour les années à venir porte justement sur les sociétés coloniales. Au-delà de la seule "question coloniale", Jacques Frémeaux précise utilement à la fin de son introduction : "Il convient toujours de regarder l'histoire en face. Elle est souvent décevante, et parfois, désespérante ; elle est toujours difficile à comprendre ; elle est même, parfois, carrément incompréhensible ; elle ne donne qu'une seule certitude : c'est que, toujours, ceux qui ont refusé des évolutions inévitables ont été responsables de bouleversements et de déchirements bien plus graves que ne l'auraient probablement été les conséquences des changements qu'ils prétendaient éviter. Encore faut-il ne pas se tromper sur le sens de ces évolutions, dont rien ne prouve véritablement qu'elles se confondent avec un progrès autre que technique".

Dans une perspective résolument comparatiste, il aborde ce vaste sujet en onze chapitres thématiques : "Signification et origine des empires coloniaux" avec un essai de définition formelle et sans oublier, au final, les causes et conséquences dans le domaine des flottes militaires et marchandes ou des télécommunications ; "Grandes et petites provinces impériales", ce qui lui permet de distinguer entre les différentes régions du globe et les différents statuts administratifs ; "Organisation et structures politiques : complexité, diversité et ressemblances", entre les différentes législations et propagandes ; "Structures de l'économie", avec les questions liées à l'alimentation, à l'eau, à l'exploitation et l'exportation des ressources, aux moyens de transport ; "Les populations : les indigènes", dans ses structures démographiques et sociales, où les "paysans" pèsent d'un poids relatif essentiel ; "Les Européens et les autres", dans les différentes formes de colonisation, les modes de vie, les mentalités ; le "Fonctionnement social : dualisme et pluralisme" qui souligne la réalité de situations très différentes, de la ségrégation au métissage ; "Phénomènes d'acculturation", thème aujourd'hui fort étudié ; "Le gouvernement indigène" et la place des autochtones dans les grandes administrations régaliennes, dont l'armée ; "Nationalismes et réformes" au début du XXe siècle et dans une comparaison franco-britannique en particulier (mais sans exclusive) ; "La montée des périls" enfin, qui correspond globalement à la période de l'entre-deux-guerres.

On le voit, cet ouvrage de plus de 560 pages couvre un très large spectre, aborde un vaste champ chronologique et traite de très nombreuses questions diférentes. Il est complété par près de soixante-dix pages de notes, références et bibliographie. Incontournable sur le sujet, parfaitement complémentaire des livres ultérieurs de Jacques Frémeaux, il doit impérativement être lu par tout étudiant et doit figurer dans toute bonne bibliothèque.

Collection 'Biblis', CNRS Editions, 2012, 654 pages, 12 euros.

ISBN : 978-2-271-07494-2

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13 septembre 2012 4 13 /09 /septembre /2012 07:05

Gallieni et Lyautey

Penseurs pour le XXIe siècle

Claude Franc

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Voici un petit livre (120 pages) qui constitue sur ce thème souvent abordé une bonne synthèse.

Les conflits « asymétriques » récents ont en effet favorisé la « redécouverte » de l’action des grands coloniaux de la IIIe République. On sait qu’une approche trop rapide, voire caricaturale (les uns disent « journalistique », d’autres osent « anglo-saxonne »), des opérations conduites durant la période de colonisation, entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, a parfois conduit a des interprétations pour le moins erronées. D’où l’intérêt de ce petit volume de synthèse.

Dans l’introduction qu’il m’a été demandé de rédiger, j’insiste sur trois points particuliers. D’une part, la réception ultérieure des deux hommes a été totalement différente, ce qui ne tient pas à des différences notables de compétences strictement militaires mais bien plutôt à la nature et à l’influence de leurs réseaux métropolitains et parisiens. D’autre part, l’origine du concept de « tache d’huile » doit être recherchée quelques années plus tôt, pendant la pacification du haut-Tonkin, où servent Gallieni et Lyautey et où la personnalité trop méconnue du général Pennequin bénéficie d’une réelle antériorité. Enfin, ils ne témoignent ni l’un ni l’autre "d’aveuglement angélique" pour remplir leurs missions : ils ouvrent certes immédiatement des écoles, des infirmeries, des marchés, etc. dans les zones pacifiées, mais n’ont pas hésité auparavant à brûler les récoltes, à décimer les troupeaux ou à prendre des otages pour contraindre les tribus à la soumission. Les décisions dans les deux domaines sont pratiquement parallèles dans le temps, mais l’usage violent de la force armée n’est jamais rejeté a priori.

Le texte de Claude Franc est organisé en deux grandes parties équilibrées qui se font écho : « L’action de Gallieni à Madagascar » et « L’action de Lyautey au Maroc ». Il est solidement appuyé sur de très nombreuses citations et références aux documents, officiels et privés, rédigés par les deux futurs maréchaux de France. Pour Gallieni, l’auteur insiste sur « La conquête », « La pacification » et « Les enseignements » ; pour Lyautey, il traite de « La notion de protectorat », « La méthode » et « La poursuite de la pacification après la Grande Guerre ». Un ultime chapitre (chap. 7) s’interroge sur les enseignements, la modernité et les limites de l’œuvre de Lyautey, avant qu’une conclusion mesurée et prudente (Claude Franc évoque « les limites qui s’imposent » dans le recours à ces « leçons », d’autant plus qu’il s’agit à l’époque de conflits relativement périphériques) ne reconnaisse l’intérêt « de rallier les populations en les incitant à se rallier d’elles-mêmes », un jeu en deux temps par les bandes en quelque sorte. Il rappelle la définition par Lyautey d’une « conquête centripète plutôt que centrifuge » et précise : « C’est dans ce cadre général que s’inscrit le principe de l’emploi minimum de la force, ce qui a le grand mérite d’éviter les pertes collatérales ». Alors : "Penseurs pour le XXIe siècle", ou non ? Oui, sans hésitation, mais sans jamais oublier de replacer chaque événement dans son contexte particulier et sans y chercher de "recettes" directement applicables.

Quelques cartes bien choisies, un index raisonné et une bibliographie de référence complètent ce volume qui permet d’accéder directement à l’essentiel de l’action politico-militaire (réussie) du gouverneur général de Madagascar et du Résident général de France au Maroc. Un ouvrage bien écrit, clair et synthétique.

 

Ed. Economica, Paris, 2012, 123 pages, 22 euros.

ISBN : 978-2-7178-6473-1

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5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 07:00

L’aviation française en Indochine

des origines à 1945

Christophe Cony, Michel Ledet et Lucien Morareau

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Seuls de vrais passionnés peuvent réussir de tels ouvrages ! Pourtant, modestement, les auteurs expliquent en introduction qu’il s’agit « d’un panorama relativement détaillé mais forcément incomplet » : selon nous, la masse des informations fournies est telle que seuls quelques rarissimes grands spécialistes pourront y trouver à redire.

Qui sait que la première montgolfière, venue de France, s’éleva dans le ciel de Saigon en janvier 1791, à l’occasion de la fête du Têt ? Qui se souvient qu’une section d’aérostiers fut rattachée en 1883 à la division du général Millot, commandant en chef du corps expéditionnaire du Tonkin ? Ce furent pourtant les premières apparitions de la « troisième dimension » en Indochine. Il faut ensuite attendre 1909 pour voir créée, à l’initiative du général de Beylié, une section locale de la Ligue nationale aérienne et 1910 pour assister à l’arrivée du premier avion, un monoplan Blériot XI.

Tous les précurseurs, ces « merveilleux fous volants » de la Belle Epoque, sont présentés ; tous les types d’appareils sont décrits. On y trouve en particulier une brève biographie du célèbre capitaine Do-Huu-Vi, premier pilote vietnamien, saint-cyrien tombé en juillet 1916 sur la Somme. Les chapitres qui suivent sont organisés chronologiquement, mais aussi sur un plan géographique et thématique : la Première Guerre mondiale, les années 1919-1925, la période 1926-1930 puis celles qui s’étendent de 1931-1934 et enfin de 1935 à 1945 (dont plusieurs pages très intéressantes consacrées à la composante aérienne de la guerre franco-siamoise de 1940-1941). L’aéronautique navale (à partir de 1927), l’aviation civile (dès les premiers projets au lendemain de la Grande Guerre), de tourisme (autour de l’Aéro-club de Cochinchine puis de celui de Nord-Indochine) et les raids aériens (en direction de Paris, de Tokyo ou des Etats-Unis en particulier) font l’objet de chapitres 8 à 10 et l’ouvrage se termine sur une série d’annexes comportant jusqu’à la « Liste des aéronefs présents en Indochine », militaires et civils, classés par marques et types.

La riche iconographie est extrêmement variée. Elle est constituée par la reproduction de documents en tous genres, innombrables photos bien sûr (dont de superbes vues aériennes), mais aussi profils des appareils, insignes des unités, plans, affiches, documents officiels, enveloppes de correspondance, etc. On remarque également, pour chaque changement dans l’organisation administrative, un tableau donnant le détail de la « Composition de l’aéronautique d’Indochine » à la date concernée.

On peut regretter que le prix (75 euros !) soit à la hauteur de ce très volumineux album (il y aurait d’ailleurs, mais ceci est une autre histoire, un vrai débat à avoir sur le prix du livre et la politique des maisons d’édition en la matière). Mais, par sa taille, sa pagination, le nombre et la qualité des illustrations, la précision des détails fournis, il s’agit d’une référence dès à présent absolument indispensable à tous les amateurs. Peut-être un beau cadeau à faire ?

 

Collection ‘Histoire de l’aviation’ n° 21, Editions Lela Presse, Outreau, 2012, 637 pages, 75 euros.

ISBN : 978-2-914017-63-3

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1 septembre 2012 6 01 /09 /septembre /2012 07:00

La capture de Samory (1898).

L'achèvement de la conquête de l'Afrique de l'Ouest

Julie d'Andurain

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Avec ce volume d'un peu plus de 200 pages, Julie d'Andurain (qui avait soutenu en 2009 une thèse remarquée sur le général Gouraud pendant la Grande Guerre) poursuit et élargit le champ de ses recherches à la fois sur Gouraud lui-même, mais aussi sur la constitution de l'empire colonial dans toutes ses dimensions. L'ouvrage s'ouvre sur un avant-propos du général d'armée (2S) Thorette, "colo" et ancien CEMAT, qui précise très justement : "Le récit de la capture de Samory devient alors un prétexte à la narration de la longue conquête de l'Afrique de l'Ouest par la France". Par ailleurs, le professeur Frémeaux, dans sa préface, confirme que cette opération audacieuse ne saurait être isolée "d'un environnement complexe, à la fois militaire et politique". Dans son introduction, l'auteur met en garde : "Il appartient en effet à l'historien de ne pas écrire l'histoire à rebours, de manière téléologique, mais au contraire de montrer comment, dans le déroulé des événements, la part de l'incertain, de l'empirisme et de l'adaptation l'a emporté le plus souvent sur celle du prévisible et du planifié".  Elle ajoute : "On ne saurait comprendre l'occupation de l'Afrique par les Occidentaux sans revenir sur les conditions politiques locales et générales expliquant leur implantation".

Il résulte de ces considérations liminaires que La capture de Samory va bien au-delà du seul récit de l'événement. Julie d'Andurain a divisé son livre en trois chapitres et elle fait le choix (à première vue un peu étonnant, peut-être, mais en réalité judicieux) de "commencer par la fin". La chapitre 1 décrit donc par le menu la capture finale de Samory et de ses fidèles par Gouraud, puis son exil au Gabon. Mais il se poursuit, dans le chapitre 2 par un rappel de l'ensemble des opérations depuis Borgnis-Desbordes dans la logique de la liaison Sénégal-Soudan, par une explication des à-coups politiques (parisiens) de la politique de conquête coloniale et par une approche de ce fameux "parti colonial", groupe de pression multiforme encore mal connu. Le chapitre 3 élargit encore le spectre de l'analyse en s'intéressant aux "Heurts des impérialismes" dans ce vaste espace ouest-africain autour de la boucle du Niger et à ce que l'on a appelé "la course au clocher". Pour boucler son étude, elle revient au final sur l'encerclement ultime de Samory replacé dans le contexte de la rivalité coloniale franco-britannique, sans oublier les polémiques qui entourent la "reconnaissance" du succès. Le lecteur a ainsi pu suivre, avec précision, le développement de la campagne militaire, et celle-ci a toujours été re-contextualisée.

En conclusion enfin, après avoir analysé les faits en détail, Julie d'Andurain s'intéresse à la mémoire (aux mémoires) de Samory, instrumentalisée après les indépendances africaines et présentée ("non sans arrières-pensées politiques") par Sékou Touré comme un précurseur, "farouche combattant contre la colonisation française". Elle revient également sur la question du "parti colonial", dont l'étude reste à entreprendre, "au croisement du fait militaire, des relations diplomatiques et internationales, de la construction d'un discours républicain très largement sentencieux". On apprécie les cartes en noir et blanc, parfaitement claires et lisibles, l'index complet et la riche bibliographie finale à laquelle il ne semble manquer aucun ouvrage sérieux sur ces sujets.

Facile à lire et complet, voilà une étude qui mérite de figurer dans toute bibliothèque bien tenue.

 

Colection Outre-mer, Ed. SOTECA (diffusion Belin), Saint-Cloud, 2012, 208 pages. 25,0 euros.

ISBN : 978-2-9163-8545-7

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27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 07:00

Un Marsouin au Congo

Lieutenant Clément

présentation par Bertrand Goy

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L’éditeur précise dans une note liminaire les conditions exceptionnelles de redécouverte du manuscrit du lieutenant Clément : à l’occasion d’un vide-grenier sous la pluie… Il s’en est fallu de peu que ce témoignage exceptionnel ne soit perdu à jamais. Exceptionnel en effet car, en 1902, lorsque le sous-lieutenant Fernand Clément prend le commandement d’une province (équivalent à 3 ou 4 départements métropolitains) encore mal pacifiée du Congo, dans la région de la Sangha, au sud-est du Kamerun allemand, la région est encore loin d'être stabilisée et la présence française toujours contestée. Au-delà de ces responsabilités importantes, le contexte joue contre le jeune officier, mais lui donne aussi l’opportunité de faire la preuve de son esprit d’initiative. Dans cette région, l’obligation de l’impôt indigène suscite des révoltes tribales, l’âpreté au gain des compagnies concessionnaires suscite de perpétuelles difficultés, l’administration civile coloniale est soit incapable, soit corrompue, le voisin allemand ne cesse de tenter de s'implanter dans la zone.

Le sous-lieutenant Clément n’était initialement pas volontaire pour servir au Congo (« J’étais surpris et inquiet. Je n’avais pas cité cette colonie dans la liste des pays que je désirais … Personne n’avait encore entendu parler de ce diable de pays sauf le capitaine G. et encore n’avait-il fait comme Marchand et avec lui que le traverser »). Après un séjour de trois mois à Brazzaville, dont il décrit l’organisation urbaine, les populations et la vie, le rédacteur raconte son trajet par voie fluviale vers sa nouvelle affectation, avec un sentiment mitigé : « Je vous plains, me dit un vieil administrateur, c’est à coup sûr le poste le plus mauvais du Congo ; j’y ai passé quelques semaines et j’en sais quelque chose ». L’officier qu’il relève doit faire face à une dénonciation calomnieuse et lui laisse pour consigne « ces quelques paroles tant de fois vérifiées : ‘Les Blancs sont ici nos pires ennemis’ ». Clément observe immédiatement qu’il ne pourra pas faire confiance à l’administrateur colonial : « Il agirait sans moi, se débarrasserait d’un témoin gênant en l’envoyant aux extrémités du cercle chasser le nègre … Peu m’importaient ses actions pourvu que je n’en sois pas témoin ni complice ».

C’est dans ce cadre aussi exotique que trouble que le récit se développe. Réservons aux lecteurs de ce témoignage le plaisir de la découverte. Les tournées en forêt, les visites aux factories, les patrouilles parfois accompagnées d’accrochages sur la frontière, les relations avec ses gradés et soldats indigènes, les contacts de plus en plus délicats avec l’administration civile, sont autant de sujets abordés dans le livre. Les détails notés par le lieutenant Clément, sur le vif, "dans leur jus", seront pour l’essentiel extrêmement utiles pour tous ceux qui s’intéressent aux premiers temps de l’implantation administrative en A.O.F., et il faut savoir gré aux éditions Pierre de Taillac d’avoir retrouvé et publié ce document. Quelques belles cartes et une iconographie originale adaptée complètent ce joli volume qui doit figurer dans toute bonne bibliothèque.

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13 juin 2012 3 13 /06 /juin /2012 07:01

1945. L'empire rompu

Syrie, Algérie, Indochine

Henri de Wailly

Couverture-de-l-ouvrage--1945--l-empire-rompu-.jpg

L'auteur, historien bien connu dont plusieurs des récents ouvrages ont été primés, nous livre ici une étude originale. Il s'intéresse en effet à une année présentée comme "charnière" : 1945. Il s'en explique dès la première phrase : "Au moment où l'on bombarde Damas, une grave insurrection éclate en Algérie et des émeutes ont lieu au Maroc. Madagascar s'agite, Bouguiba, en Tunisie, réclame l'indépendance, et Hô Chi Minh, en Indochine, la proclame déjà. En l'espace de quelques semaines l'Empire français est secoué de mouvements autonomistes puissants". Une date antérieure aurait tout aussi bien pu être choisie, mais ce choix de l'auteur se justifie pleinement.

Les six chapitres qui constituent le volume sont organisés en trois parties de tailles bien différentes. En amont et autour du 27 mai en Syrie, les quatre premiers détaillent le processus qui selon Henri de Wailly conduit à une politique qui "fut de bout en bout un échec", processus auquel les Britanniques ne sont pas étrangers et dans lequel la figure du général de Gaulle ne sort pas grandie. Un seul (chap. 5 : "Le sang") s'attache aux antécédents et au déroulement de l'insurrection d'Algérie : "le 8 mai, à Sétif, Bône et Guelma, c'est l'explosion" et Henri de Wailly analyse également l'évolution de la situation dans les jours qui suivent. Le dernier enfin (chap. 6 : "L'indépendance") traite, sous la même forme, du coup de force japonais à la proclamation de l'indépendance par "un comité de patriotes" instrumentalisé par Hô Chi Minh et Giap, de la situation en Indochine..

En conclusion, l'auteur constate qu'approximativement un an et demi après le discours de Brazzaville, la France du général de Gaulle et de ses successeur emploie le canon face aux aspirations nationales dans l'Empire : "Cette politique de violence va, en moins de vingt ans, mener l'empire colonial au désastre" et il tente d'analyser la part de responsabilité du général de Gaulle lui-même dans ces événements : "Le chef du gouvernement provisoire imposa une politique qu'il était seul à concevoir et que certains contestaient, mais il était l'objet de la vénération populaire et il était muni de tous les pouvoirs de l'Etat. Nul ne pouvait donc intervenir"

Des analyses que l'on peut parfois contester, des conclusions que l'on peut critiquer, mais à n'en pas douter un livre parfaitement construit et argumenté et qui mérite d'être lu attentivement.

 

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Henri de Wailly a bien voulu nous apporter quelques précisions complémentaires.

Question : Pourquoi avoir choisi 1945 comme année-repère, alors que la situation au Levant, en Indochine ou en Afrique du Nord n'est pas foncièrement meilleure dans les années qui précèdent et alors que les partis nationalistes locaux ont été créés pour l'essentiel durant l'entre-deux-guerres ?  

Réponse : Parce que c’est en 1945 qu’explosent brusquement et simultanément les crises qui se préparaient en effet dès avant-guerre. C’est en travaillant sur le Levant que j’ai soudain pris conscience que les deux autres conflits, l’Indochine et l’Algérie, s’étaient déclarées en même temps, en l’espace de quelques semaines. Cette coïncidence entre des évènements à la fois identiques et éloignés m’a amené à m’intéresser à leur racine commune. Ayant eu lieu lors de la Libération, la crise du Levant était inconnue des Français, la crise d’Indochine avait lieu trop loin pour les inquiéter, et l’affaire de Sétif était demeurée si secrète que personne, même à Alger, n’en avait entendu parler. Quel lien les réunissait ? C’est l’origine de cet ouvrage.

Question : Vous consacrez plus de 160 pages sur 310 à la situation au Levant. Faut-il y voir simplement une suite de vos travaux antérieurs ou ces événements sont-ils à vos yeux plus particulièrement représentatifs ?

Réponse : Les évènements du Levant s’étendent de septembre 1941 à mars 1946. Cinq ans. Ils impliquent en permanence le chef du Gouvernement Provisoire. Il importait donc de les détailler en adossant attentivement le texte aux documents et aux témoignages, toute implication du général de Gaulle soulevant des soupçons d’intention polémique. Il s’agissait donc d’être précis et de s’en tenir strictement aux faits. Les évènements d’Indochine, de la capitulation japonaise à l’échec de la conférence de Fontainebleau, s’étendent d’août 1945 à septembre 1946, soit un an. La crise de Sétif, très courte, occupe deux semaines du 8 au 22 mai 1945, date de la reddition des rebelles. Le nombre de pages consacré à chaque crise reflète donc assez bien leur durée respective.

Question : A propos des événements de Guelma, citant Jean-Charles Jauffret, vous relativisez la responsabilité du général Duval dans la répression, par rapport à celle des autorités civiles. Pouvez-vous développer ?

Réponse : Le général Duval est un militaire. Il obéit, comprend la gravité de la menace et frappe aussi fort qu’il le peut, avec tous les moyens dont il dispose, parce qu’il en a très peu (L’armée est tout entière en Allemagne) et qu’il faut circonscrire immédiatement l’incendie qui risque de se propager. Il est brutal, mais il reste dans son rôle. La population d’origine européenne étant au bord de la panique devant la violence des manifestants, des fonctionnaires civils, à Sétif comme à Guelma, sortent, eux, de leur rôle et certains d’entre eux participent à la répression. Je ne m’étends pas trop sur leurs interventions demeurées secrètes, mais je cite un témoignage que j’ai recueilli moi-même d’un fonctionnaire civil qui avait lui-même servi la mitrailleuse d’un half-track de la Légion.

Question : La personnalité de l'amiral Thierry d'Argenlieu et les décisions qu'il prend en Indochine font l'objet de fréquentes critiques. Qu'en pensez-vous aujourd'hui et le choix d'un autre Haut-Commissaire pouvait-il être fait ?

Réponse : Oui, le rôle de l’Amiral Thierry d’Argenlieu est de toute évidence gravement négatif, les faits le démontrent. Vous me demandez mon avis ? En tant qu’historien je n’ai pas d’avis, je m’efface autant que je le puis derrière les textes et les témoignages que je livre au lecteur, le laissant libre de fonder son jugement. Maintenant, off record, la décision du général de Gaulle de chapeauter Leclerc par l’Amiral me paraît incompréhensible. C’est dans la psychologie du Général qu’il faudrait trouver l’explication. A la lumière du temps, Leclerc en Indochine, comme Catroux au Levant, était de toute évidence un politique beaucoup plus pénétrant et réaliste que le chef du GPRF. Suivre les conseils de Leclerc et Catroux aurait évité à la France et aux pays colonisés des années de chagrin et des flots de sang. Le Haut-Commissaire, aurait dû, je pense, être Leclerc seul, l’Amiral ayant rejoint son monastère.

Question : Au-delà de la proximité temporelle des événements, quels autres rapprochements pouvez-vous établir entre des territoires si différents ?

Réponse : Vous me demandez ici un avis personnel ? Merci de ne pas confondre l’avis du citoyen, qui est impliqué,et celui de l’historien, qui ne doit pas commenter. Voici donc mon avis: je connais assez bien ces trois territoires. S’ils étaient totalement différents par la géographie, la culture, l’histoire, les langues, les ressources, ils partageaient un facteur commun essentiel, le fait d’avoir été colonisés par la France. Malgré les violences de la conquête, les injustices de la mise en œuvre, les rigueurs de la surveillance, et même le racisme, l’apport de la métropole était néanmoins immense en termes de santé, d’équipement, d’éveil intellectuel et culturel. Malgré les défauts du système, les liens qui nous réunissaient étaient étroits, confiants, souvent presque fusionnels. L’amour réciproque n’était pas artificiel. La praxis terroriste marxiste, basée sur la haine, couplée avec l’aveuglement d’une politique française hésitante et impérialiste, ont totalement ruiné la chance inouïe que nous avions de manifester de la grandeur et de  conserver de l’influence.

Merci vivement Henri de Wailly, pour ces réponses aussi franches que directes. A très bientôt sans aucun doute.

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11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 07:10

Les sociétés coloniales à l'âge des empires

Afrique, Antilles, Asie (années 1850 - années 1950)

Jean-François Klein et Claire Laux (dir.)

  Societes coloniales027

La question d’histoire contemporaine prévue au programme du concours externe de l’agrégation du CAPES et du CAFEP d’histoire et de géographie pour les deux années à venir portant sur  « Les sociétés coloniales à l’âge des Empires, Afrique, Antilles, Asie, (1850-1950) », les premiers manuels et ouvrages de référence commencent à apparaître. Parmi ceux-ci, celui dirigé par Jean-François Klein et Claire Laux, tous deux maîtres de conférences en histoire contemporaine (respectivement à l’INALCO et à Bordeaux III) vient d’être publié par la maison Ellipses, spécialiste reconnu des livres de concours.

Collectif réunissant près de trente spécialistes, le manuel – avec des articles adossés à de très bonnes bibliographies mais aussi des dissertations et commentaires de textes corrigés – a pour ambition de répondre très étroitement à la problématique de la question du concours, à savoir l’analyse des sociétés coloniales elles-mêmes tout en respectant le jeu d’échelles entre les thématiques coloniales et celles plus proprement impériales. Par les textes qui reflètent le profond renouveau historiographique de ces dernières années, les auteurs invitent les étudiants préparant le concours à penser le fait colonial dans une dimension régionale ou locale, mais aussi dans une interaction constante avec les métropoles. En définitive, ces sociétés très hiérarchisées constituent des « laboratoires de bouillonnement social » où le « bricolage empirique » fait d’adaptation ou de réaction à la colonisation est la règle. Le champ géographique couvert par les auteurs est très vaste : aux aires culturelles étudiées (Afrique, Antilles, Asie), il faut ajouter une analyse des principaux empires coloniaux (britannique, français, allemand, mais aussi belge, néerlandais et japonais).

 La première partie aborde les politiques et l’encadrement des sociétés en contexte colonial à travers une analyse des empires espagnols et portugais avec l’article d’Alexandre Fernandez sur "Empire espagnol, empire portugais à l’époque contemporaine : destins divergents des outre-mer ibériques" adossé à une dissertation ("Regard sur la construction de la nation cubaine à la fin du XIXe siècle") de Dominique Goncalvès. Ils sont suivis par les articles de William Guéraiche sur "La société philippine à l’épreuve de trois colonisations (1863-1956)", d’Olivier Sevin sur "La politique coloniale des Pays-Bas face à la surpopulation de Java", de M’hamed Oualdi  sur "Les Ottomans dans les sociétés maghrébines de 1850 aux années 1910 : tentatives de réformes et héritages impériaux", de Pierre Vermeren sur "Les transformations sociales induites par la colonisation dans les pays du nord de l’Afrique" ; avant un déportement vers l’Orient asiatique avec un "Panorama du fait colonial moderne au Japon" de Laurent Nespoulos, une contribution commune de Dominique Barjot et Rang-Ri Park-Barjot sur "La société coréenne face à l’impérialisme japonais (1875-1945) : entre exploitation économique, modernisation forcée et assimilation". Jean-Luc Martineau nous fait revenir en Afrique avec son article sur la "Société et espace Yorùbá de 1851 à 1948 : entre singularité et banalité de l’Indirect Rule". Eric Jennings propose quant à lui une analyse sur "Le régime de Vichy sur cinq continents", la dernière partie étant ensuite close par deux dissertations et un dossier documentaire : "Ordre et maintien de l’ordre en situation coloniale" par Jean-Pierre Bat, "Loi portant création des troupes coloniales (5 juillet 1900)" par Julie d’Andurain et "Tamatave, les grands travaux et la société coloniale sur la Côte Est de Madagascar" par Frédéric Garan.

La deuxième partie du manuel s’intéresse davantage aux acteurs et aux groupes sociaux de façon à mettre en exergue les résistances ou les accommodements à la colonisation dans les sociétés coloniales. Pierre Guillaume inaugure cette partie avec une analyse nuancée de "Portraits de colonisateurs". Son texte est suivi de la dissertation d’Isabelle Tracol-Huynh traitant du "Genre et sociétés coloniales (Afrique, Asie, Antilles ; 1850-1950)". Ces deux textes précèdent un ensemble portant sur le monde du travail et ses modalités d’adaptationen situation coloniale avec le long article de Jean-François Klein sur "Esclavages, engagismes et coolies, histoire des sociétés coloniales au travail, 1850-1950", l’analyse comparée entre "Races et cultures d’entreprises" à travers l’étude des modes de promotion sociale chez Denis frères dans la Cochinchine des années 1930 par Delphine Boissarie. Ils sont suivis de l’article de Myriam Cottias sur  "La République dans les Antilles françaises et la Guyane (1850-1950)" qui donne une définition circonstanciée du mot Antilles, par celui de Julie d’Andurain sur "Les militaires en situation coloniale (1850-1950)" où sont revisitées les circonstances de la naissance du concept de « force noire » par le général Mangin et enfin celui de Jacques Pouchepadass et Anne Viguier sur "L’Inde des campagnes au dernier siècle de la colonisation britannique (1860-1950)". Chantal Verdeil clôt cet ensemble avec une dissertation sur les "Transformations économiques et sociales au Proche-Orient dans l’Entre-deux-guerres".

La troisième partie du manuel, enfin, étudie les pratiques culturelles dans les sociétés coloniales. Claude Prudhomme propose un très bel article sur les "Religions et stabilité politique dans les sociétés coloniale", suivi par celui, très dense, de Pascale Barthélémy sur "L’enseignement dans les sociétés coloniales (Afrique, Antilles, Asie). Fabrique du consentement, genèse des contestations (années 1850-années 1950)". On retrouve ensuite un texte de Frédéric Garan sur "La promotion sociale des indigènes au sein de la société coloniale à Madagascar. Itinéraire du premier évêque malgache, Mgr Ignace Ramarosandratana", suivi de celui de Laurence Monnais sur la "Médecine et santé en situation coloniale". Par la suite, le manuel propose une série d’articles et de dissertations portant sur la question urbaine, avec Marie Gibert et "La ville coloniale : laboratoire de modernité en Asie du Sud-Est ? Un modèle indochinois", suivie des dissertations de Marie Viguier sur "Les sociétés urbaines dans l’Inde coloniale (1857-1947)", celle de Caroline Herbelin sur "Bâtir des sociétés coloniales : architectures en situation" et celle d’Aline Demay sur "Les enjeux des pratiques touristiques dans les sociétés coloniales". Eric Jennings propose encore un texte sur "Eaux chaudes et Olympes coloniaux : thermalisme et climatisme à échelle impériale", tandis que les sociétés coloniales sont analysées au miroir de la littérature dans un texte d’Henri Copin ("Sociétés coloniales au miroir de la littérature. L’exemple impérial français"). En guise de conclusion, et afin de servir de guide aux étudiants, l’ouvrage s’achève par la communication de Pierre-Éric Fageol et Frédéric Garan sur "Cinéma et société coloniale".

 

Par le nombre et la diversité des sujets traités, par leur qualité, ce manuel deviendra rapidement, à l’évidence, un ouvrage de référence. Nous ne saurions que trop le conseiller aux étudiants.

J.A.

 

                                                                            

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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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