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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 06:25

Les guerres et la mémoire

Rémi Dalisson

Pas de longues théories intellectualisées par plaisir dans ce volume (vous savez, quand il faut un dictionnaire pour comprendre ce que veut dire l'auteur), mais le récit de l'évolution des commémorations mémorielles en France depuis 1871.

Rémi Dalisson, professeur des universités à Rouen et spécialiste des politiques symboliques aux XIXe et XXe siècles, nous propose sur un sujet généralement objet de débats, un vrai "bilan" des politiques mémorielles (et de leur utilisation) en France depuis 150 ans, en suivant un fil chronologique. Son livre est divisé en trois grandes parties : "Inventions : les fêtes de la revanche (1871-1914)", "Evolutions : fêtes de guerre, 11 novembre et nation (1914-1944)", et "Mutations : enjeux mémoriels, guerres oubliées et identités (de 1945 à nos jours)". Au fil des pages, il fait l'aller-retour entre le niveau local, avec ses manifestations spontanées, et Paris où se décide la politique. Il évoque bien sûr le rapport au nationalisme, aussi bien avant 1914 que durant la Seconde guerre mondiale avec laprobblématique des "fêtes de guerre entre vichysme et résistance". Il s'intéresse également aux évolutions plus ou moins médiatisées du souvenir des guerres d'indochine et d'Algérie, avec le rôle des associations d'anciens combattants et la réalité de pressions politiques plus ou moins réelles. Il termine par une question que l'on ne peut pas évacuer, du fait de l'agitation qui a entouré plusieurs épisodes de la présidence Sarkozy avec le débat sur l'identité nationale et l'adoption de lois mémorielles : "Rénovtion ou relecture identitaire". Les dernières pages traitent d'ailleurs du "Nouveau 11 novembre, élargissement et incertitudes", car peu nombreux sont ceux qui savent que depuis la loi du 28 février 2012 : "Le 11 novembre, jour anniversaire de l'armistice de 1918 et de commémoration annuelle de la victoire et de la paix, il est rendu hommage à tous les morts pour la France" (art. 1). Un volume très intéressant, donc, car il présente très concrètement les formes prises dans le temps long par ces manifestations. Il montre aussi que la question des "mémoires des guerres" reste un formidable enjeu collectif et intellectuel (et de pouvoir ?).

CNRS Editions, Paris, 2013, 332 pages, 25 euros.

ISBN : 978-2-271-07236-8.

Identité(s), souvenir(s) et mémoire(s)
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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 06:25

Combat, 1941-1974

Une utopie de la Résistance, une aventure de presse

Yves-Marc Ajchenbaum

Nouvelle édition, revue et augmentée, d'un livre paru pour la première fois en 1994. Le journal Combat, né pendant la Seconde guerre mondiale et sous l'occupation, a tenu une place tellement particulière dans la presse française qu'il méritait bien ce volume.

Pouvez-vous lister les journalistes et grandes plumes qui ont signé dans Combat ? de Camus à Bernanos, de Frenay à Aron, de Gide à Soustelle, de Sartre à Tesson et Pauwels... Quel panel ! L'auteur nous conduit chronologiquement des premiers temps de l'occupation allemande à la naissance d'une modeste "feuille de chou" clandestine, de Jean Moulin et d'Albert Camus à l'émergence à l'air libre durant l'été 1944, avec ses espoirs et ses contradictions. Très vite, les grands débats (l'épuration, la qualité du personnel politique, la guerre d'Indochine, la question algérienne, les problématiques sociales et culturelles des 'Trente Glorieuses', etc.)  tiennent le haut de la Une, entre Gaullistes et Progressistes. Mais la (sur)vie dans un contexte concurrentiel est difficile et les idéaux bientôt ne suffisent plus. Très vite, les comptes de l'entreprise se dégradent, il faut passer à d'autres propriétaires, et au terme d'un lent et long déclin, bien que les journalistes en soient arrivés à travailler presque sans être payés certains mois, accepter de disparaître sous Pompidou. Au fil des pages, des portraits de personnalités rares, comme Philippe Tesson qui se lance en 1968 dans les élections législatives avec le parrainage de Jacques Isorni, de Maurice Clavel et de Pierre Marcilhacy : "la droite pétainiste, la gauche gaulliste et un modérateur discrètement libéral". Et qui se souvient qu'un 14 juillet son dernier directeur, Henri Smadja, écrasé sous le poids des dettes, "enfermé dans sa salle de bain, la bouche du canon double placée dans la région précordiale, appuie sur la gâchette"...

Une superbe histoire de presse, d'écriture et de liberté à petit prix : pourquoi s'en priver ?

Folio Histoire, Paris, 2013, 596 pages; 9,30 euros.

ISBN : 978-2-07-045306-1.

Une aventure et une utopie
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22 septembre 2013 7 22 /09 /septembre /2013 06:25

Le XXIe siècle est religieux !

(à moins qu'il ne le soit pas)

Nouvelle Revue de Géopolitique - juillet/septembre 2013

Ce numéro ne comporte pas moins de seize articles traitant d'un aspect ou d'un autre de la question du poids relatif des religions dans le monde et de leur rôle ou influence dans les crises et les conflits. Au-delà des sujets désormais classiques, on apprécie la présentation initiale en chiffres et des thèmes plus originaux comme celui de "Chypre, les enjeux géopolitiques de l'axe orthodoxe", Il s'ouvre par ailleurs sur un intéressant "Et si Louis XIV n'avait pas révoqué l'Edit de Nantes" qui retrace l'histoire d'une famille protestante gardoise jusqu'aux années 1960. 

Place des religions dans les crises
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15 septembre 2013 7 15 /09 /septembre /2013 06:35

Eglise et politique

Changer de paradigme

Bernard Dumont, Miguel Ayuso et Danilo Castellano (Dir.)

Une douzaine de philosophes, juristes et spécialistes en théologie ont été réunis autour des directeurs de l'ouvrage pour réfléchir aux aspects politiques du concile Vatican II (1962-1965), à ses conséquences et à leur éventuelle pertinence dans le monde d'aujourd'hui.

Le volume s'organise en quatre grandes parties : "Principes et effets dérivés", "Arrière-plans", "Voies sans issues", "Ouvertures". Les auteurs s'interrogent successivement sur les notions de démocratie, de dignité humaine, de modernité et de bien commun. Toujours très scrupuleusement référencés, il sont parfois d'un accès assez difficile pour le "lecteur moyen", et l'on regrette que certaines positions ne soient plus nettement exprimées. Au bilan, un appel plus ou moins affirmé à revenir aux anciens dogmes ? C'est le sentiment que l'on en retire, sans réelle certitude tant les propos sont parfois obscurs ou détournés. En conclusion les auteurs proposent des pistes d'action et de réflexion plus nettes, qui confirment un renouveau intellectuel, mais dans un sens très militant : "redéfinir le politique", "penser hors des contraintes de la culture dominante", "retour à Saint-Thomas d'Aquin et à ses disciples", "procéder à une véritable purification des concepts" (?), "s'il est un obstacle à la liberté d'analyse et de décision, c'est bien le modérantisme" (re ?), etc.

Un ouvrage qu'il faut lire à tête reposée, des textes qu'il faut peser et réfléchir. Une thématique qui passionnera sans doute les amateurs éclairés en histoire religieuse et les chercheurs en sciences politiques, mais qui laisse un sentiment ambivalent au lecteur curieux. 

Editions Artège, Paris, 2013, 382 pages. 19,50 euros.

ISBN : 978-2-36040-214-4.

Retour aux sources ?
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5 septembre 2013 4 05 /09 /septembre /2013 06:35

Richard Wagner,

ou le salut corrompu

Alain Galliari

Entre musique, philosophie, histoire des idées et histoire religieuse.

On sait que la musique et les opéras de Wagner, bien au-delà de l’admiration que leur portait Louis II de Bavière, ont profondément marqué les intellectuels allemands (et une partie non négligeable de élites européennes) dès la fin du XIXe siècle. Dans cet essai, l’auteur, musicologue et écrivain qui reconnait en introduction n’avoir « guère de goût pour Wagner », s’intéresse tout particulièrement aux interactions entre la religion et la musique telles qu’elles se manifestent d’une part, et ont été comprises d’autre part.

Au fil des chapitres, il analyse ainsi, successivement, les héros des grands opéras que sont Tannhäuser, Le vaisseau fantôme, Lohengrin ou Parsifal (chap. 2 à 5) : « Parti de la contrition et du désir sincère de Tannhaüser de trouver son Salut, … le héros wagnérien aboutit donc à l’autosacralisation de Parsifal, qui lui donne l’illusion de se sauver lui-même et de sauver les autres ». L’ouvrage ne séduira pas directement les amateurs d’histoire militaire et n’a effectivement qu’un lien marginal avec notre discipline. Maniant des concepts philosophiques et d'histoire religieuse, il n'est pas toujours d'un abord facile.Toutefois, quand on connait l’influence supposée, ou tout au moins revendiquée par des « héritiers » parfois bien suspects, des idéaux wagnériens ou présentés comme tels, ce livre très dense mérite que l’on fasse l’effort de s’y intéresser. Outre qu’il constitue également une ouverture peu courante sur des thématiques que nous ne traitons presque jamais, et même s’il nécessite parfois un effort d’investissement intellectuel pour en saisir toutes les subtilités, ce volume traite indirectement d’histoire des idées politiques par les analyses qui sont faites sur la lutte du bien et du mal dans le cœur et l’esprit des hommes.

Le Passeur Editeur, 2013, 155 pages. 16,90 euros.

ISBN : 978-2-36890-040-6.

Quête des héros wagnériens
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1 août 2013 4 01 /08 /août /2013 06:55

Les secrets de la Mafia

Philippe Di Folco

"La" ou "les" mafia(s) ? Telle est en fait la question de fond à laquelle tente de répondre ce livre à travers 15 histoires peu connues.

Tout en restant sur son sujet, celui de l'organisation traditionnelle (traditionnaliste ?) d'originaire d'Italie méridionale (on parle aujourd'hui aussi de mafias albanaise, chinoise, ukrainienne, etc.), l'auteur (romancier, journaliste et essayiste) commence par définir le mot en lui-même, que les mafieux pour leur part ne reconnaissent pas : "Moi, un mafieux ? Allons, soyons sérieux ! On n'est pas dans un film". On y apprend également que ce n'est qu'en 1982 que l'Italie a introduit dans son code pénal le terme de mafia, défini comme "une association à but criminel", et l'on a confirmation qu'il "existe des mafias en proie à des luttes internes et externes". L'ouvrage raconte ensuite toute une série d'histoire (essentiellement aux Etats-Unis), au long desquelles on croise bien sûr de nombreux Américano-Italiens, mais aussi quelques Américano-Irlandais et même "le premier parrain noir". Entre les "familles" et les clans, de Chicago à Miami et New York, certaines anecdotes sont pour le moins surprenantes. Au passage, l'auteur égratigne le Vatican, dont les liens bancaires et financiers avec certains individus interlopes (même si de haut vol) ont fait la Une de l'actualité dans les années 1970-1980, et ne sont plus aujourd'hui sérieusement niés.

Bref, un volume d'été, plaisant et facile à lire, pour frissonner sur la plage.

Vuibert, Paris, 2013, 272 pages. 19,90 euros.

ISBN : 978-2-311-00749-7.

Histoire(s) du crime organisé
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25 juillet 2013 4 25 /07 /juillet /2013 06:15

Les Chrétiens modérés

en France et en Europe, 1870-1960

Jacques Prévotat et Jean Vavasseur-Desperriers (Dir.)

Au carrefour de l'histoire politique et religieuse, ce volume collectif permet d'établir une quasi-cartographie de ce courant si important depuis deux siècles dans différents pays.

La plupart des grands travaux sur ce thème sont relativement anciens, et les près de trente contributions rassemblées permettent indiscutablement de faire un vrai point de situation. L'ouvrage est divisé en trois grandes parties ("Essai de définition", "L'évolution en France sous la Troisième République (1870-1940)", et "Personnalités et figures"), au sein desquelles, même si la France reste le pays dominant, sont étudiés des cas concrets dans d'autres pays (Italie, Allemagne, etc.). Le rapport de ces "chrétiens modérés" à l'armée et à la chose militaire n'est qu'incidemment et marginalement abordé, et l'essentiel des textes se concentre, bien sûr, sur les relations entre "foi" et "engagement politique". De ce point de vue, la deuxième partie relative à la période de la IIIe Républque nous semble tout à fait bien traitée, d'autant que quelques cas personnels évoqués dans la troisième partie permettent aussi de croiser les enseignements.

Un très beau travail qui passionnera les amateurs d'histoire politique et d'histoire religieuse.

Editions Septentrion, Villeneuve d'Ascq, 2013, 485 pages, 34 euros.

ISBN : 978-2-7574-0445-4.

Un vrai rôle politique
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23 juillet 2013 2 23 /07 /juillet /2013 06:35

Les secrets des abbayes et des monastères

Odon Hurel

Ayant fait le constat que "l'apparent décalage entre la vie organisée, rythmée par la prière collective et individuelle dans laquelle toute action devient prière, ... et la vie du monde, difficile, stressante, instable et parfois précaire, nourrit l'imaginaire", l'auteur évoque pour nous seize histoires ou anecdotes peu connues qui, à partir d'une situation originale, permettent de souligner la complexité des lieux et de la nature humaine.

Du Moyen-Âge à la période contemporaine, les lieux et les événements sont les plus diverses. Nous passons ainsi de Saint-Benoît-sur-Loire au VIIe siècle à la renaissance de Solesmes au XIXe. Nous visitons les ruines de l'abbaye de Marmoutier dont Odon Hurel nous rappelle la place qu'y tint saint Martin ; nous accompagnons Rabelais en l'abbaye saint-Martin de Ligugé ; nous assistons au vol d'un précieux manuscrit en l'abbaye de La Trinité de Vendôme, ordonné par l'abbesse de Fontevraud ; nous nous intéressons à Armand-Jean de Rancé et à l'abbaye de La Trappe, etc. Vols de reliques, manoeuvres d'influence pour obtenir une canonisation, tentative "d'évasion" du mont saint-Michel, chez les Chartreux, les Bénédictins et les autres, les passions les plus humaines ne sont jamais bien loin des élévations de la foi. C'est amusant et divertissant, parfois un rien scandaleux. Au fil de vos déplacements cet été, voilà un "guide" original des grands monastères et des plus célèbres abbayes de France.

Quand l'histoire cachée des lieux et l'histoire secrète des communautés permettent de donner du "piment" à vos visites. 

Vuibert, Paris, 2013, 268 pages. 19,90 euros.

ISBN : 978-2-311-00269-0.

Derrière les façades
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20 juillet 2013 6 20 /07 /juillet /2013 06:40

  Le 1er mai

Miguel Rodriguez

Réédition d’un ouvrage dont la première version est parue en 1990, ce volume fait désormais partie des classiques parmi les études d’histoire sociale.

L’ouvrage est divisé en trois parties bien distinctes qui permettent de suivre l’évolution des formes prises par le 1er mai, des revendications mises en avant et de la représentation de cette journée dans la population (en particulier ouvrière) depuis 1890. La première est strictement chronologique, « La journée dans le temps », et permet en quelque sorte de retrouver sous cet angle particulier une grande partie de l’histoire du mouvement ouvrier, d’autant qu’en 1919 la journée de huit heures étant acquise disparait la revendication essentielle. La seconde, « Le temps dans la journée », s’intéresse aux rapports curieux entre « la grève » et « la fête », les lieux sur lesquels sont organisées les manifestations et à cette ambiance qui fut longtemps de pique-nique, grillades et bals populaires en même temps que de revendications, ainsi qu’aux marques extérieures (drapeaux, affiches, insignes, chants, etc.) qui peuvent la caractériser aux différentes époques. La troisième enfin, « Ce que dit le 1er mai », revient sur l’expression des revendications ouvrières, leurs stéréotypes, les limites de l’internationalisme, « l’invention d’une tradition » et la « manifestation du souvenir », ce qui est finalement peut-être une marque d’échec. Au fil de quelques pages, il m’est revenu en mémoire ces discours de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, bien révolus, qui faisait de la grève générale « l’arme suprême » du prolétariat… En conclusion, l’auteur évoque les confusions récentes à la même date (grande manifestation publique annuelle du Front national sur le thème de l’union du peuple et de la nation, et l’on se souvient du meeting du candidat Sarkozy à la veille des dernières élections présidentielles, opposant en quelque sorte « journée des travailleurs » et « journée du vrai travail ») et souligne la dimension anthropologique de cette journée, à laquelle viendront se « greffer » les gays dans les années 1970, puis les altermondialistes dans les années 2000, ce qui expliquerait sa persistance et son succès. Il n’en reste pas moins que le brin de muguet est totalement entré dans les mœurs. Il a remplace « la rouge églantine »… Histoire paradoxale d’une journée célébrée sur toute la planète, souvent encadrée de très près même si l’influence des syndicats est déclinante, chômée dans une centaine de pays sans être pour autant devenue fête nationale de plein exercice.

Folio Histoire, Paris, 2013, 366 pages. 9,30 euros.

ISBN : 978-2-07-045260-6.

Le 1er mai

Miguel Rodriguez

Réédition d’un ouvrage dont la première version est parue en 1990, ce volume fait désormais partie des classiques parmi les études d’histoire sociale.

L’ouvrage est divisé en trois parties bien distinctes qui permettent de suivre l’évolution des formes prises par le 1er mai, des revendications mises en avant et de la représentation de cette journée dans la population (en particulier ouvrière) depuis 1890. La première est strictement chronologique, « La journée dans le temps », et permet en quelque sorte de retrouver sous cet angle particulier une grande partie de l’histoire du mouvement ouvrier, d’autant qu’en 1919 la journée de huit heures étant acquise disparait la revendication essentielle. La seconde, « Le temps dans la journée », s’intéresse aux rapports curieux entre « la grève » et « la fête », les lieux sur lesquels sont organisées les manifestations et à cette ambiance qui fut longtemps de pique-nique, grillades et bals populaires en même temps que de revendications, ainsi qu’aux marques extérieures (drapeaux, affiches, insignes, chants, etc.) qui peuvent la caractériser aux différentes époques. La troisième enfin, « Ce que dit le 1er mai », revient sur l’expression des revendications ouvrières, leurs stéréotypes, les limites de l’internationalisme, « l’invention d’une tradition » et la « manifestation du souvenir », ce qui est finalement peut-être une marque d’échec. Au fil de quelques pages, il m’est revenu en mémoire ces discours de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, bien révolus, qui faisait de la grève générale « l’arme suprême » du prolétariat… En conclusion, l’auteur évoque les confusions récentes (grande manifestation publique annuelle du Front national sur le thème de l’union du peuple et de la nation, et l’on se souvient du meeting du candidat Sarkozy à la veille des dernières élections présidentielles, opposant en quelque sorte « journée des travailleurs » et « journée du vrai travail ») et souligne la dimension anthropologique de cette journée, à laquelle viendront se « greffer » les gays dans les années 1970, puis les altermondialistes dans les années 2000, ce qui expliquerait sa persistance et son succès. Il n’en reste pas moins que le brin de muguet est totalement entré dans les mœurs. Il a remplace « la rouge églantine »… Histoire paradoxale d’une journée célébrée sur toute la planète, souvent encadrée de très près même si l’influence des syndicats est déclinante, chômée dans une centaine de pays sans être pour autant devenue fête nationale de plein exercice.

Folio Histoire, Paris, 2013, 366 pages. 9,30 euros.

ISBN : 978-2-07-045260-6.

Fête du travail
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11 juillet 2013 4 11 /07 /juillet /2013 06:36

Affirmatif !

La vie militaire

Xavier Thiébaut

Un soldat en brelages "purc porc" des années 1970 sur la couverture : le ton est donné. Voilà un petit livre qui rappellera de très nombreux souvenirs à ceux qui effectuèrent leur service national avant les profondes évolutions des années 1990.

Xavier Thiebaut a divisé son petit volume en trois grandes parties : "Le langage" et toutes les expressions spécifiques au monde de la troupe, "Je me souviens", souvenirs classés à partir des cinq sens, et "Le comportement", qui détaille certaines attitudes et les attitudes de certains. Le tout est présenté de façon humoristique et l'auteur précise le cadre général dès son avant-propos : "Vous avez donc en main un témoignage relativement honnête de ce que fut la vie de la troupe vers la fin du XXe siècle et le début du XXIe, dans la nouvelle armée professionnelle où le souvenir de la conscription était encore palpable". Quelques exemples parmi des centaines. A propos du Commissariat : "la meilleure arme antipersonnel de l'armée de terre", ou de la part des "anciens" : "T'avais encore la marque du pot sur le cul que j'avais déjà la marque du béret sur le front". Pour les souvenirs : je me souviens du "bruit du réchaud butagaz qu'on allume au fond de son trou de combat", ou du "bruit du Transall dans les oreilles trois heures après en être descendu", ou encore "Le goût d'une bière qui vient de passer trois-quatre jours dans un coffre latéral du VAB en été", et encore la description de "l'officier tradi" : "Barbour, pull marin avec les boutons sur l'épaule, coupe de cheveaux de Saint-cyrien avec une énorme mèche à la limite du réglementaire, pantalon légèrement trop court laissant apparaître des chaussettes d'une couleur improbable, paraboot l'hiver et Dockside l'été, chevalière" !

Bref, un petit volume qui rappellera, nous le disions, bien des souvenirs aux uns et aux autres. A savourer tranquillement en attendant l'apéritif ?

Chiflet & Cie., Paris, 2010, 121 pages, 12 euros.

ISBN : 9782351640982

Clin d'oeil et nostalgie ?
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Qui Suis-Je ?

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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