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5 avril 2020 7 05 /04 /avril /2020 00:05

C'est la guerre

Petits sujets sur la violence du fait guerrier

Stéphane Audoin-Rouzeau

On ne présente plus Stéphane Audoin-Rouzeau, directeur d'études à l'EHESS et président du centre de recherche de l'Historial de Péronne. Dans ce nouveau livre, il s'intéresse à nouveau à la "violence guerrière" à partir de cas concrets ou de simples objets, parfois de tous petits sujets : "Je dois confesser que c'est le maniement des échelles 'micro' qui m'a apporté mes plus grandes satisfactions d'historien. Le temps court (le plus court possible parfois), l'incident (souvent minuscule), la lettre isolée, l'objet ou l'image unique, et finalement l'acteur social dans sa singularité irréductible : voilà ce que j'ai le plus aimé, voilà ce qui m'a le plus appris".

Le livre est organisé en trois grandes parties : "La violence", "L'après-coup", "Traces". Chacune est divisée en six à dix chapitres distincts, qui correspondent chacun à un article ou à une communication orale (entre 1993 et 2017) et présentent une situation, un objet, une histoire particulière sur une période courant de la guerre de 1870 à 1968. Les textes qui concernent la Grande Guerre en constituent néanmoins la majorité. Nous sommes ici au cœur de "l'histoire des représentations" chère à l'auteur et dont il explique les ressorts dans l'article "Stabat Mater" au sujet de la douleur (tout en donnant en parallèle quelques coups de pied aux historiens "classiques" qui auraient fait preuve "de paresse -de lâcheté peut-être-"). On atteint là les limites de l'exercice, car extrapoler et philosopher à partir d'une micro-situation peut certes être intellectuellement satisfaisant, mais cela ne rend compte en rien de la réalité d'un conflit. Cela ne précise qu'une situation particulière (valeur de témoignage d'une seule lettre ?), sous réserve de ne pas aller trop loin dans les commentaires (l'analyse de mai 1968 en "bataille rangée" à partir des commentaires de Cohn-Bendit et la comparaison "frappante" avec "la phalange antique" pour l'usage du casque et du bouclier…).

En résumé, un volume intéressant par la diversité des cas concrets précis qu'il propose, et dont il faut tenir compte des données objectives, mais dont il faut savoir s'extraire avant de se laisser entraîner par des considérations qui ne repose que sur les présupposés intellectuels de l'auteur. On notera au passage l'intérêt de l'article "Les réserves de l'Historial", qui présente la grande diversité des objets et matériels conservés et appelle à de nouvelles recherches.

Edition du Félin, Paris, 2020, 269 pages, 22,- euros.

ISBN : 978-2-86645-897-3.

Parcours personnel
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24 janvier 2020 5 24 /01 /janvier /2020 00:05

Le soldat et la mort

Actes du colloque de 2019

Grâce à la rigoureuse organisation de ce colloque (mis sur pied par l'ANOPEX), au respect des consignes par les contributeurs et à l'utilisation du numérique, il est possible de disposer dans des délais extrêmement brefs des actes de ce colloque. Bravo.

Les interventions sont structurées en trois parties : "Commander au risque de la mort", "Perdre un camarade", et "Quand le deuil frappe les familles au cœur". Dans les deux premières, la grande majorité des intervenants sont des militaires (de maréchal-de-logis chef à général en 2e section), y compris médecin et aumônier, ayant connu au feu la perte de subordonnés et de compagnons d'armes, tandis que dans la troisième partie la parole est donnée aux familles (épouses, enfants, parents de soldats tombés en OPEX). Les textes ne sont pas très longs (généralement 5 à 6 pages), mais il s'agit de vrais témoignages, criants de spontanéité et souvent poignants. Cela donne de très belles pages aussi bien sur la fraternité d'armes que sur les responsabilités du chef ou sur la douleur des proches des disparus. Enfin, la conclusion a été confiée au chef d'état-major des armées. Avec, à la fois, beaucoup de hauteur de vue dans la réflexion et de simplicité dans l'expression, le général Lecointre revient sur cette singularité militaire, sur les dimensions politiques de la mort du soldat et sur l'obligation morale que créent ces disparitions en opération.

Un petit livre riche, qui pousse à réfléchir et qui mériterait d'être distribué dans les écoles de formation initiale car, "en faisant le choix du métier des armes, nous ne prenons pas la mesure de cette gravité. Nous la découvrons au gré de notre expérience". Recommandé sans hésitation.

Historien Conseil, Paris, 2019, 135 pages, 28,- euros.

ISBN : 9791095680147

Fondamentaux
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13 décembre 2019 5 13 /12 /décembre /2019 00:05

Prisonniers de guerre

Vivre la captivité de 1940 à nos jours

Evelyne Gayme

Le sujet est resté longtemps tabou, mais depuis les travaux fondateurs de François Cochet plusieurs études, sous des angles variés, sont venues compléter notre connaissance du parcours et de la vie des prisonniers de guerre (ici, ici et ici par exemple). Ce nouveau volume apporte une nouvelle pierre importante à cet édifice.

Ils ont été près de deux millions (pour les Français) en 1940, et leur sort est resté très mal connu en dépit des quelques témoignages ultérieurement publiés. Dans cette étude, Evelyne Gayme s'intéresse à tous les aspects de la question, de "l'entrée en captivité" à l'installation dans la morne routine des camps de prisonniers, mais au-delà elle revient également sur les conséquences pour les familles et sur leur l'instrumentalisation par le régime de Vichy. Elle s'attache ensuite à décrypter les conditions de leur retour dans l'hexagone et présente la diversité des situations des ex-prisonniers, qui doivent se réinsérer dans tous les domaines en dépit de séquelles diverses : familialement, professionnellement, socialement. Il en résulte la création d'associations spécialisées aux revendications particulières. Se pose enfin la question de la mémoire ultérieurement conservée et/ou entretenue et de la transmission aux jeunes générations de cette expérience particulière.

Un ouvrage indispensable, aussi bien pour ceux qui s'intéressent à l'histoire de la France dans la Seconde guerre mondiale qu'à ceux dont les thématiques tiennent davantage de l'histoire culturelle.

Imago, Paris, 2019, 357 pages, 25,- euros.

ISBN : 978-2-84952-988-1.

Soldats désarmés
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22 avril 2019 1 22 /04 /avril /2019 06:00

Le sabordage de la noblesse

Mythe et réalité d'une décadence

Fadi El Hage

Bien connu pour ses travaux sur les maréchaux et la guerre de Succession d'Autriche (ici) et contributeur régulier à Guerres & Histoire, Fadi El Hage étudie à la loupe l'évolution de la noblesse au XVIIIe s.

De Louis XIV à la Révolution, la réputation de la haute noblesse connaît une baisse significative dans l'esprit public. Accusée à partir de la Régence de manquer de moralité et de n'être intéressée que par le maintien de ses avantages, elle perd les appuis dont elle disposait au sein du corps social et voit s'effriter les bases intellectuelles de l'acceptation de ses privilèges. De même, alors que la petite noblesse et la bourgeoisie revendiquent désormais de nouveaux droits au nom des Lumières, le sentiment d'un abandon du métier des armes lui enlève une ultime justification. C'est pour la liberté que La Fayette et ses compagnons partent combattre aux côtés des Insurgents américains. Fadi El Hage fait d'alleurs très souvent référence à l'engagement militaire de la noblesse, puisqu'il s'agit d'un domaine qui lui est presque réservé, au moins dans les postes de haut commandement. Avec une rare érudition (la bibliographie en fin de volume est impressionnante), l'auteur s'interroge ainsi sur les causes et les conditions de cette évolution (mais aussi de la représentation qui en existe à l'époque), pour se demander en conclusion si, finalement, la Révolution (pacifiée après les premières années de tumulte) n'a pas finalement remis à l'honneur des valeurs oubliées par la haute noblesse.

Un livre très intéressant, où les questions militaires sont très souvent présentes, qui remet en cause les approches traditionnellement admises et offre de passionnantes pistes de réflexion.

Passés Composés, Paris, 2019, 250 pages, 22,- euros.

ISBN : 978-2-3793-3021-6.

Rôle, place et image sociale
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27 mars 2019 3 27 /03 /mars /2019 06:00

Nos petites patries

Identités régionales et Etat central en France,

des origines à nos jours

Olivier Grenouilleau

Dans ce volume, l'auteur s'attache à identifier comment les identités régionales se sont structurées au fil des siècles et quels ont été les rapports de celles-ci avec le sentiment d'appartenance à la nation française.

Pour un Provençal, l'expression "petites patries" renvoie aisément au raisonnement de Maurras et de nombreux membres du félibrige sur l'attachement aux patries concentriques, de la commune à la nation. Mais le propos de l'auteur n'est pas celui-là, plus scientifique mais aussi moins favorable aux provinces traditionnelles (à force de tout relativiser, on a parfois le sentiment qu'il nie à ces identités une culture propre). La première partie s'interroge sur "La querelle des origines", en remontant bien au-delà de la Révolution, avec une "invention" progressive du fait régional depuis l'époque médiévale et une "mise en forme" par la monarchie. La deuxième partie couvre un peu plus que le XIXe s. (1789-1918) avec l'éclatement de la structure provinciale, la première place donnée aux départements, la naissance des grands mouvements régionalistes et finalement un apaisement des relations entre l'idéal républicain et le sentiment provincial. La troisième partie enfin, des années 20 à aujourd'hui, met en relief la persistance de rapports conflictuels et la division entre un régionalisme plus politique, parfois radical, et un régionalisme "raisonné", plus axé sur l'économique et le développement. La dernière période est marquée par la régionalisation administrative, "technocratique et politique".

Un ouvrage riche et dense (nombreuses citations, notes de bas de page, etc.), même si à titre personnel je regrette que la composante "culturelle" (j'ai été élevé dans une région identifiée et je me reconnais dans sa culture et son histoire) semble souvent minorée. Treize pages de bibliographie et un utile index terminent ce volume qui sera utile à beaucoup.

NRF / Gallimard, Paris, 2019, 281 pages, 22,- euros.

ISBN : 978-2-07-276378-6.

Des petites patries à la grande
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21 juillet 2013 7 21 /07 /juillet /2013 06:45

Guide des ordres nationaux et ministériels

à l'usage des services en charge des distinctions honorifiques

Rédigé par un excellent spécialiste de ces questions, ce petit guide pratique doit être le manuel d'usage courant de tous les chanceliers.

En moins de 100 pages, ce véritable document de travail donnera à tous les responsables administratifs (mais aussi aux "inquiets" qui veulent suivre le parcours de "leurs" propositions !) tous les éléments pour retenir les bons candidats, établir au meilleur moment les mémoires de proposition, le circuit du dossier, les conditions d'attribution et le protocole de remise des insignes. L'ouvrage traite des ordres nationaux (LH et ONM) et des ordres ministériels (Palmes académiques, ordre du mérite agricole, ordre des arts et lettres, ordre du mérite maritime).

Lavauzelle, Panazol, 2013, 93 pages.

978-2-7025-1566-2.

Hochets
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13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 06:40

Militaires (I et II)

Des objets qui racontent l'Histoire

(collectif)

Bien que publiés il y a quelques années, ces deux volumes peuvent devenir de véritables "guides spécialisés" de voyage, pour vos visites de cet été. Ils ont en effet pour objet de vous présenter les principaux musées militaires français et leurs richesses.

Dans sa préface au tome 1, le professeur Peschot souligne toute l'importance des collections de ces musées, témoins des évolutions politiques, techniques, sociales et culturelles du pays, tandis que Denis Tardy et Gilles Aubagnac insistent sur l'ampleur du projet et son importance culturelle. A partir des collections des musées de la région Terre Sud-est (un vaste triangle entre Fréjus, Montpellier et Lyon), les auteurs racontent l'histoire militaire de la France. Mieux, l'histoire de France. Vous y trouverez de tout : des uniformes, des armes et des médailles, bien sûr, mais aussi des affiches, des pièces d'équipements, des véhicules, des instruments de musique, des tableaux, des monuments, des fanions, des livres, de la statuaire, etc. Certes, le musée de l'infanterie de Montpellier n'existe plus (pour l'instant ?). Mais ceux des Troupes de marine (Fréjus), de la Légion étrangère (Aubagne), de la Marine (Toulon), de l'Artillerie (Draguignan), des Troupes de montagne (Grenoble), de l'industrie (Saint-Etienne) ou du Service de santé (Lyon) attendent toujours votre visite. Profitez de cette saison estivale pour ne pas "bronzer idiot" et entrainez votre famille et vos amis en ces lieux chargés d'histoire : vous ne le regretterez pas.

Le tome 2 s'intéresse aux musées et salles d'honneur des trois armées et de la gendarmerie dans l'Ouest, le Nord et le Centre, et propose en fin d'ouvrage un double index, géographique et patronymique, pour les deux volumes. La diversité est au rendez-vous : du musée des Transmissions à Cesson-Sévigné et ses "voisins" bretons du musée du Souvenir de Coëtquidan et du musée de la Marine de Brest, du musée du génie à Angers, superbement rénové il y a peu, à l'impressionnant musée des blindés de Fontevraud, du musée du sous-officier de Saint-Maixent, avec sa magnifique salle des parrains de promotion, aux musées de l'hélicoptère et de l'ALAT de Dax et des parachutistes de Pau, sans compter bien d'autres structures (fusiliers-marins, aéronautique, médecine navale, etc.), il y a nécessairement un beau musée militaire près de votre lieu de vacances. Et puis, certains présentent des sujets militaires sans l'être au plan administratif : la maison Foch et le musée des Hussards à Tarbes, ou l'extraordinaire musée de l'Empéri à Salon-de-Provence. Et pour ceux qui iraient vers la côte vendéenne, la maison de Clemenceau et le musée des deux victoires méritent également le détour.

Bref, présentés au long d'un texte thématique de grande qualité tout au long de ces deux ouvrages, les musées militaires vous attendent. Soyez nombreux à les visiter.

EMCC, Lyon, 2 volumes, 2006 et 2009, 288 et 335 pages, 15 euros l'un.

ISBN : 2-908291-71-1 et 978-2-35740-040-5.

Les objets ont une âmeLes objets ont une âme
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30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 06:40

Histoire des nombres

La Recherche

Histoire des nombres est la réunion, sous forme d’ouvrage, de 18 articles précédemment parus dans la revue La Recherche. Il ne s’agit toutefois pas d’un assemblage factice de contributions diverses. Une logique d’ensemble régit ce livre et l’ordre des articles, permettant ainsi au lecteur curieux d’explorer les différentes facettes de ce domaine des mathématiques. Ces dernières, en tant que science logico-formelle, constituent un langage s’efforçant de traduire la réalité. En leur sein, les nombres se définissent comme une notion fondamentale, née du besoin de comptabiliser, de classer ou de mesurer les grandeurs. Mais ils ne peuvent faire l’objet d’une définition stricte. C’est là la conclusion, un peu déstabilisante, du chapitre introductif. Mais le concept de nombre permet également des applications pratiques et continue à faire l’objet de recherches dans des champs très divers, comme le révèle la lecture des autres analyses.

Chaque chapitre aborde une facette particulière. L’un d’eux présente un objet de curiosité mathématique : les nombres P-adiques. De leur côté, la naissance du nombre en Mésopotamie ou la définition du mètre révèlent, à partir d’exemples concrets, les pratiques des mathématiciens des époques antérieures. Une question se pose néanmoins : le hasard est-il l’antithèse de la règle scientifique ? La loi des grands nombres, qui mesure la probabilité et l’imprévisibilité, s’avère une façon d’approcher l’aléatoire et la variabilité. On débouche sur une réflexion abordant l’emprise du nombre sur notre société. Le chiffre est en effet devenu un élément de décision, perçu comme rigoureusement objectif et utilisé comme tel. Cela se traduit par l’indice des prix, la détermination du PIB ou encore la culture du sondage (l’Ifop est créé en 1938, un an avant le CNRS). Mais les auteurs révèlent clairement les bornes et les lacunes de cette « objectivité ». Les analyses ouvrent également des perspectives inattendues. La détermination du mètre est l’occasion de développer l’approche probabiliste, qui intervient elle-même dans la pratique des sondages, en permettant notamment de corriger les sous-évaluations d’un recensement (avec les implications politiques, voire juridiques, susceptibles d’en découler dans divers champs décisionnels concrets).

L’ouvrage s’achève sur un réflexion d’ensemble de Bernard d’Espagnat où, en physicien et philosophe, il pose la question fondamentale du statut du nombre. Ce faisant, il fournit une clé (parmi d’autres) permettant de lier intellectuellement les différentes approches du concept « nombre ». Au bout du compte, ce livre s’avère passionnant, tant par la qualité des contributions que par les éclairages très différents et les aperçus scientifiques qu’il suscite. Toutefois, sa lecture, en dépit d’exposés particulièrement clairs et des efforts des contributeurs en ce domaine, suppose une bonne culture mathématique de base, afin de suivre le raisonnement, d’en percevoir les implications et de saisir parfaitement les exemples illustrant la question abordée. Bref, on est confronté là à une vulgarisation scientifique de très bon niveau, qui ravira tous les lecteurs intéressés par le champ mathématique.

Jean-François Brun

'Texto', Tallandier, 2013, 247 pages, 9 euros.

ISBN : 979-10-210-0109-1.

Ils sont présents partout
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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 06:40

Berezinae

Trente (et quelques) défaites qui ont fait la France

Denis Tardy, Gille Aubagnac, Antoine Champeaux et Marie Signoret

Dans son introduction à ce petit volume, paru il y a quelques années mais trop peu connu, Gilles Aubagnac souligne avec humour la place très particulière qu'occupent les défaites dans la mémoire nationale, et observe que "la défaite peut être pédagogique, inspiratrice ; elle permet de forger un esprit de corps et une cohésion communautaire".

Le livre s'ouvre sur un article de présentation, titré "Défaites à la Roland", "comme d'aucuns évoquent des victoires à la Pyrrhus" : "Tout se passe dans notre pays, pour notre société française, comme si la défaite, autant sinon plus que la victoire, participait de la constitution du corpus culturel national". La deuxième partie, qui constitue l'essentiel de l'ouvrage (pp. 43-123) présente donc quelques trente batailles, d'Alésia à Dien Bien Phu, en passant par Fréteval, Honnecourt, Vitoria, etc., sans oublier les incontournables Camerone, Bazailles et Sidi-Brahim. Présentées sur une double page (en vis-à-vis) les différnetes batailles sont traitées de façon très rigoureuse (récit rapide des événements) sur la droite, et de façon plus humoristique sur la gauche : "On image le preux Louis IX, futur saint, prisonnier, réduit à faire des mots croisés ... Quant à sa femme, Marguerite de Provence, qui pouponne à Damiette, on se la figure en train de broder au point de croix la layette du petit Jean-Tristan" (bataille de Mansourah, 1250, pp. 54-55). C'est parfois déroutant, souvent drôle et cela oblige à s'intéresser à ce différentiel parfois énorme entre la réalité d'un événement et son souvenir entretenu par les mémoires collectives reconstruites.

A savourer tranquillement pendant les vacances et à méditer.

EMCC, Lyon, 2008, 160 pages, 12 euros.

ISBN : 978-2-3-15740-012-2.

Culture de la défaite ?
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22 juin 2013 6 22 /06 /juin /2013 06:50

La responsabilité des militaires

Réflexions sur la judiciarisation des théâtres d'opérations

Ronan Doaré et Philippe Frin (Dir.)

Le sujet est sérieux, et le livre n'a rien de "léger". Mais, sur un tel thème, peut-on se passer de rigueur, de précisions et de scrupuleuses démonstrations ?

Rassemblant une quinzaine de contributeurs venus d'horizons différents mais tous directement intéressés par le sujet (professeurs, officiers, juges), cet ouvrage collectif fait très largement le tour de la question, bien au-delà du désormais classique droit international. La première et la deuxième partie sont en effet respectivement consacrées aux "Différentes situations d'exposition au risque pénal" et à "La mise en oeuvre de la responsabilité des militaires". Parmi les communications les plus originales, relevons par exemple "Les entreprises militaires et de sécurité privées : le défi juridique" (Philippe Frin), "Externalisation : vers de nouvelles responsabilités du maître d'ouvrage militaire" (Philippe Chapleau) ou "La protection fonctionnelle du militaire" (colonel Gilles Castel). La deuxième partie traite de sujets sans doute mieux connus, mais sur lesquels il reste encore bien des idées reçues et l'on lira avec intérêt "La criminalisation de l'agression internationale" (Jean-Paul Pancracio) et "La loi portant adoption du droit pénal à l'institution de la Cour pénale internationale" (Francis Stoliaroff). De façon originale, trois conclusions se succèdent sur le thème général de l'éthique de la responsabilité (Henri Hude, Fabrice Leggeri et le général Ollivier) et la persistance d'une liberté d'analyse et de décisions personnelles : "Il appartient au responsable militaire de discerner, à travers l'intelligence de situation et ses références professionelles, la moment où l'on franchit la ligne rouge : du licite à l'illicite, de l'acceptable à l'inacceptable, du défendable et de l'indéfendable".

Quelques annexes juridiques (lois et articles du code) complètent cette dense étude. "C'est du lourd", pourrait-on dire de façon triviale. Mais, hélas ou pas, ce n'est pas ici la question, c'est une absolue nécessité dans un monde en permanente et rapide évolution. Un très bon point de situation sur des sujets particulièrement complexes.

Economica, Paris, 2013, 216 pages, 29 euros.

ISBN : 978-2-7178-6567-7.

Point de situation
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Qui Suis-Je ?

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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