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27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 08:20

Solférino, 24 juin 1859

Pierre Pellissier

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Voilà un petit livre extrêmement intéressant. En à peine plus de 200 pages, l'auteur parvient à reconstituer le contexte européen préalable à l'engagement français aux côtés du roi de Piémont-Sardaigne, avec son lot de non-dits (en particulier entre Napoléon III et Cavour) ; à présenter très correctement les armées du Second empire engagées dans la campagne de 1859, en mettant en avant le rôle, pour la première fois avec cette importance sur un théâtre de guerre européen, de la Légion étrangère et des troupes d'Afrique du Nord (zouaves et tirailleurs) ; à décrire avec précision le déroulement des opérations sur le terrain, en détaillant le rôle de chacun et en soulignant à juste titre les "approximations" (pour le moins) dans le commandement du corps expéditionnaire français.

Les batailles de Magenta ("Etrange bataille que ces combats confus, improvisés, longuement indécis") et de Solférino (les hésitations de Canrobert, le rôle de l'artillerie et des réserves, les incertitudes qui suivent la longue journée de combat) sont, bien sûr, traitées dans le détail. On note quelques citations qui anticipent sur des analyses bien postérieures, relatives à la puissance de feu pour les armes individuelles comme pour les batteries d'artillerie et qui font déjà de cette campagne une "guerre moderne" : "Les canons rayés diminuent la dépense des boulets et augmentent la dépense des hommes", écrira Victor Hugo. On retrouve d'ailleurs cette "modernité" annonciatrice des hécatombres ultérieures dans la création par le Suisse Henri Dunant d'une Société de secours aux blessés sur le champ de bataille qui deviendra la Croix-Rouge.

Pierre Pellissier rappelle en conclusion que la France gagne dans cette campagne Nice et la Savoie et que les guerres de l'indépendance italienne vont se poursuivre jusqu'à la chute du Second empire, puisque les soldats français assurent aussi la protection au centre de la péninsule des Etats pontificaux. Enfin, on trouve dans les dernières pages du volume une annexe présentant le détail des grandes unités des trois armées (française, piémontaise et autrichienne) engagées dans cette guerre, une brève bibliographie et un index. D'une lecture aisée, ce livre constitue une excellente base pour aborder l'étude de cette guerre.

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25 février 2012 6 25 /02 /février /2012 08:45

Décès du professeur Hervé COUTAU - BEGARIE

Professeur Coutau-Begarie 

Hervé Coutau-Bégarie est décédé hier, en milieu de journée, dans la maison où il était hospitalisé. Ses nombreux élèves et amis le savaient malade depuis bien longtemps, mais, bien qu'opéré à plusieurs reprises, le coeur vaillant et l'esprit vif.

Directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études, président de l'Institut de stratégie comparée et titulaire de la chaire de stratégie à l'Ecole de guerre, parmi ses multiples responsabilités(il a présidé pendant plusieurs années la Commission française d'histoire militaire), travailleur acharné et auteur aussi prolifique que profond et fin, il nous lègue (outre le souvenir d'un homme charmant) ses ouvrages de référence et la volonté de poursuivre son oeuvre.

Nous préciseront dès que possible, si la famille le souhaite, les modalités de ses obsèques et/ou de l'hommage public qui lui sera très certainement rendu.

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25 février 2012 6 25 /02 /février /2012 08:30

Evacuation de la tête de pont de Dunkerque

mai - juin 1940

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Cet article reprend, en français, le texte d'une conférence prononcée au Saint-John College de Cambridge en septembre dernier, dans le cadre d'un colloque consacré aux relations militaires franco-britanniques autour des deux guerres mondiales. Il ne vise pas à proposer un Xième récit des évènements, mais à s'interroger sur l'image qui a été donnée en France des combats dans la poche de Dunkerque et de son évacuation, ainsi que de tenter d'établir un point de situation de la bibliographie en la matière.

01_PortDunkerque.jpg 

Pour lire l'ensemble de l'article, cliquer ici

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24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 08:20

La nation et ses rapatriés.

Pieds-noirs et "Vertriebene" dans une perspective comparée

iha paris 

Colloque organisé du mercredi 7 au vendredi 9 mars 2012 par l'Institut Historique Allemand de Paris et le Centre d'histoire sociale du 20e siècle de Paris I - Sorbonnne au siège de l'IHA, 8 rue du Parc Royal, 75003 Paris (métro Chemin Vert ou Saint Paul).

Partant du constat que les autorités allemandes (avec les personnes déplacées d'Europe de l'Est à la fin de la Seconde guerre mondiale) et françaises (avec les rapatriés d'Algérie) ont été contraintes d'accueillir et d'intégrer dans l'urgence des millions de leurs compatriotes chassés de leur sol natal et de leur lieu de résidence, les organisateurs souhaitent comparer ces deux expériences. Le programme complet de ces journées est consultable sur http://www.dhi-paris.fr/

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Il est à souhaiter que chaque situation soit contextualisée avec précision, car l'exercice nous semble pour le moins délicat étant donné les très importantes différences (environnement, causes, déroulement, conséquences) entre les deux exemples. La comparaison peut néanmoins être stimulante et l'on attend avec intérêt les différentes communications.

L'entrée est libre, mais il est préférable de s'inscrire auprès de : event@dhi-paris.fr 

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24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 08:15

           Armes en guerre, XIXe - XXIe s.

Mythes, symboles, réalités 

François Cochet

Cochet-Armes en guerre 

Professeur d'histoire contemporaine à l'université de Lorraine (Metz), François Cochet, déjà auteur de nombreux ouvrages dont plusieurs sur la Première Guerre mondiale, offre ici une étude exhaustive sur les liens qui unissent les soldats à leurs armes, au grès de près de deux siècles d'histoire militaire et d'évolutions technologiques depuis le milieu du XIXe siècle, qu'il relate et étudie avec autant de soin scientifique que de passions communicative.

Cette dimension d'analyse et d'introspection s'intègre pleinement dans les rouages de la culture de défense, en relevant directement de "l'expérience combattante" sur laquelle François Cochet travaille notamment depuis plusieurs années. Si les soldats entretiennent un lien presque charnel avec leurs armes, il n'en demeure pas moins que le nombre de militaires relevant des unités traditionnellement considérées comme strictement combattantes n'a cessé de diminuer régulièrement par rapport aux services de soutien et logistique et surtout aux appuis, dont la primauté stratégique fut de plus en plus évidente au cours des deux conflits mondiaux et par la suite. La distinction ancienne entre le combattant "de première ligne" et le soldat de l'immédiat arrière-front tend à s'estomper.

Ainsi, François Cochet met-il bien au coeur de son étude l'interrelation entre la technologie au service de la guerre et la perception que peut en avoir le soldat, de manière générique mais aussi particulière, au grè des époques et des phases conflictuelles considérées ; entre choix des armes, emploi et effets sur l'homme. Le tout est appuyé sur de nombreux exemples et des témoignages pertinents.

Un ouvrage tout en finesse, inscrit dans une démarche de chercheur authentique.

Pascal Le Pautremat

 

Pour compléter cette présentation, nous avons souhaité nous entretenir directement avec l'auteur :

Question : François Cochet, pouvez-vous nous expliquer votre démarche dans la préparation et la rédaction de ce livre ?

Réponse : Après aoir travaillé, depuis une vingtaine d'années, sur les prisonniers de guerre, je m'intéresse à ce que j'appelle "l'expérience combattante". Il s'agit d'appréhender le comportement des hommes au feu et d'analyser leurs capacités d'adaptation au combat. Pourtant, depuis quelques temps, un manque se faisait sentir dans ma réflexion : les armes, qui sont "l'outil" du combattant, n'étaient pas souvent prises en considération. Des ouvrages existent, soit strictement techniques ou descriptifs chez les amateurs de "militaria" ou, à l'extrême opposé, chez des auteurs qui prétendent suivre des approches anthropologiques manquant souvent de dimensions concrètes. En revanche, il n'existait pas, à proprement parler, d'ouvrage traitant du sujet avec les méthodes de la science historique, faite de références recoupées et de citations. C'est ce manque que j'ai voulu combler. J'ai souhaité appréhender les guerres de la deuxième moitié du XIXe siècle à nos jours, en essayant d'adopter le regard des combattants qui se trouvent confrontés à des conditions de combat toujours évolutives. Des arsenaux ou des bureaux d'étude en passant par les utilisations sur le terrain et jusqu'au moment où il faut éventuellement rendre l'arme ou la détruire parce que la défaite est là : c'est un peu ce cycle que j'ai voulu décrire pour la première fois.

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Question : Pour vous, que s'agissait-il de mesurer ou d'évaluer ?

Réponse : En plongeant dans les ouvrages de la fin du XIXe siècle, on s'aperçoit aisément que les militaires ont été, bien entendu, les premiers à mesurer les effets dévastateurs d'une vraie révolution des armements. La question se pose alors de mesurer les effets de ce qui a été souvent décrit comme un "mur de feu" sur les soldats soumis au stress du champ de bataille. Pour juger les réactions sur le terrain, il m'a fallu accumuler les témoignages des acteurs, afin de donner un sens à ces évolutions. Mesurer des nouveautés et des invariants des comportements sur le champ de bataille a constitué ma principale préoccupation scientifique. Pour cela, il faut suivre tout d'abord les grandes évolutions des armements terrestres : puissance de feu de l'infanterie et de l'artillerie ou évolution des blindés par exemple, en ne perdant pas de vue la dimension essentielle de la recherche qui demeure le regard du combattant.

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Question : Quelles nouveautés essentielles pensez-vous apporter à travers ce livre ?

Réponse : Il s'agit de rester modeste. L'historien universitaire ne devrait pas être systématiquement dans la culture du "scoop" empruntée aux médias. Mais un ouvrage scientifique apporte aussi son lot de nouveautés ou de réinterprétations. Dans ce registre, je revendique deux principaux acquis de cette recherche. D'abord, le fait d'avoir accumulé des témoignages nombreux et référencés de ce qui peut (aux yeux des soldats, et selon des chronologies guerrières variées) passer pour une "bonne" ou une "mauvaise" arme. Ces jugements de valeur, les perceptions de la qualité ou des défauts de ses propres armes ou de celles de l'adversaire, n'avaient jamais été exprimées de manière synthétique jusqu'ici. Ensuite, j'ai essayé de consacrer un chapitre à la manière dont les armes sont photographiées, depuis que le procédé existe. Je propose une typologie de la photo des armes qui n'avait jamais été dressée. Tous ces systèmes de représentations des armes participent aussi d'une histoire militaire renouvelée.

 

François Cochet, merci et à très bientôt pour de nouveaux travaux.

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23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 08:30

Centre de recherche des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan

(CREC)

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On peut sembler "perdu" dans la lande bretonne, et développer un programme scientifique dense et varié. Le CREC annonce ainsi pour le premier semestre 2012 une longue série de journées d'études et de colloques, qui se tiendront presque alternativement à Paris et à Rennes.

Journee-d-etudes-Robotique-securitaire-et-de-surveillance-E

La prochaine se déroulera le 5 mars 2912 en amphithéâtre Bourcet de l'école militaire (1 place Joffre, 75007 Paris, métro Ecole militaire) sur le thème des Enjeux juridiques de la robotique sécuritaire et de surveillance.

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La suivante (deuxième édition sur ce thème après une première manifestation organisée en début d'année 2011) se tiendra au cercle de la Monnaie à Rennes. Organisée par le pôle "Sciences et technologie de défense", elle complètera les travaux déjà entamé sur Codes et sténographie.

Pas moins de cinq autres manifestations sont programmées entre avril et juin prochain sur des thèmes aussi variés que Le soutien humain du soldat blessé en service, Journée franco-allemande, Le raisonnement stratégique ou Frontières et technologies, sur lesquelles nous aurons l'occasion de revenir au fur et à mesure.

Renseignements complémentaires sur : http://www.st-cyr.terre.defense.gouv.fr/index.php/crec

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23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 08:30

Pierre Schoendoerffer

de Bénédicte Chéron

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Il est des personnages vivants qui véhiculent une aura d'exception et de mystère. Pierre Schoendoerffer est de ceux-là. Sur la base de sa thèse remarquée, soutenue en 2010 (Le cinéma de Pierre Schoendoerffer, entre fiction et réalité), Bénédicte Chéron nous propose ici un portrait exceptionnel et attachant de cet "homme de voyage, d'aventure et de guerre".

Chacun connaît le nom du célèbre réalisateur. Mais que sait-on des conditions de tournage de ses principaux films, du réseau amical et familial qui l'entoure, des idées que Pierre Schoendoerffer veut réellement faire passer et de la façon dont elles ont été, et sont, reçues ? La première partie de l'ouvrage est naturellement articulée autour de ses films : La 317e section, Objectif 500 millions, La section Anderson, Le Crabe-Tambour, L'honneur d'un capitaine, Dien Bien Phu et Là-Haut, et Bénédicte Chéron "décortique" littéralement les difficultés rencontrées par le réalisateur. L'auteur s'attache ensuite à rechercher les continuités dans l'oeuvre de Pierre Schoendoerffer, ses rapports avec les anciens combattants d'Indochine et d'Algérie, mais aussi avec son public. Elle trouve, "au fil des films", entre histoire militaire, mémoire personnelle ou collective et récits romancés, la marque de "destins héroïques ancrés dans la tradition européenne" : "Du récit que dresse Pierre Schoendoerffer demeure donc l'image de lieutenants et de capitaines héroïques, à jamais tourmentés par les guerres qu'ils ont traversées, par les morts qu'ils ont vu tomber, par la captivité qu'ils ont connue, mais dont toute la vie s'inscrit dans la quête de la rédemption". En dépit de nombreux passages dans les émissions de télévision et de radio, Pierre Schoendoerffer n'a que rarement livré ses motivations profondes, mais il lui est arrivé de s'exprimer sur le fond : "Aucune société ne peut être construite sur le déshonneur, sur la lâcheté, sur le mensonge. Une société se construit sur un certain nombre de valeurs".

Au bilan, un livre original, au long duquel le lecteur circule d'Indochine en Bretagne, d'Afrique du Nord en Savoie ou à Paris, des montagnes à la mer, à l'époque des événements comme lors des tournages, au sein des unités comme avec le réalisateur, avec ses proches comme avec les critiques du cinéma français. Splendid !, dirait un Anglais. Un livre que l'on ne pose qu'après l'avoir terminé.

 

Entretien avec Bénédicte Chéron

 

Question : Vous évoquez à plusieurs reprises dans votre livre une approche différente par Pierre Schoendoerffer des guerres d'Indochine et d'Algérie. Comment l'expliquez-vous et comment cela se manifeste-t-il à l'écran ?

Réponse : Pierre Scoendoerffer n'a pas la même connaissance des guerres d'Indochine et d'Algérie. Il a de la première une expérience personnelle et sensible, au moment où il passe de l'adolescence à l'âge d'homme. Il y devient adulte, y crée des liens indéfectibles avec d'autres, souvent plus âgés que lui, dans le contexte d'une guerre éprouvante, dure, dans un environnement lointain. Il y croise les corps blessés et les corps morts, il y connait la captivité. Il y forge son otuil et son métier en apprenant, comme caméraman des armées, à filmer, à cadrer, à réaliser une image utilisable et construite. Tout cela contribue à faire de ces quelques années une expérience fondatrice. Au moment de la guerre d'Algérie, il est déjà ailleurs. Il n'est plus militaire, mais journaliste. Il ne connait du terrain algérien que ce qu'il tourne pour un documentaire, pour Cinq colonnes à la une, sur le commando Georges. De ces expériences différentes ressortent des films différents. Ses oeuvres qui montrent la guerre d'Indochine sont particulièrement sensibles, voire sensuelles (au sens propre du terme), comme pour la 317e section : tous les sens du spectateur y sont mis en éveil par sa manière de filmer (en suivant la section dans l'ordre du scénario), par la combinaison des sons, des images, des musiques et des dialogues. Le spectateur ne sait que ce que savent les hommes de la section, c'est-à-dire peu de choses. Il ne peut que ressentir au travers des personnages ce qu'est cette guerre, avec d'autant plus d'intensité que l'équipe de tournage a vécu les conditions de vie de la section jusque dans les moindres détails. Lorsque l'Indochine ressurgit dans Le Crabe-Tambour, elle ne revêt pas la même dimension tragique, mais elle demeure ce lieu d'une expérience sensible, avant d'être rationnelle et réfléchie. L'Algérie apparaît différemment dans l'oeuvre de Pierre Schoendoerffer : dans les scènes de cette guerre, en particulier dans L'honneur d'un capitaine, on retrouve bien la "patte" du réalisateur, mais le propos est davantage didactique, ce qui lui fut d'ailleurs reproché.

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Question : Comment situez-vous Pierre Schoendoerffer dans le monde cinématographique français ? Les relations qu'il a entretenu entretenir avec certains acteurs "fétiches" font-elles de lui un membre d'une "école" particulière ?

Réponse : Il est difficile de rattacher Pierre Schoendoerffer àune "école" particulière, d'abord parce qu'il est un des rares cinéastes français à occuper durablement ce champ thématique de la décolonisation, de la guerre et de l'aventure. Au moment de la sortie de la 317e section, certains ont voulu voir dans ce film une forme de "cinéma-vérité", très en vogue à l'époque. Les liens qui unissent Pierre Schoendoerffer et Raoul Coutard, son chef-opérateur, très présent dans les mêmes années auprès des réalisateurs de la Nouvelle Vague, pourrait aussi induire le spectateur en erreur. Car Pierre Schoendoerffer ne fait pas du "cinéma-vérité" au sens où on l'entend en général : il ne laisse que peu de place à la spontanéité lors du tournage, il dirige ses acteurs en fonction d'un scénario scrupuleusement écrit et travaillé, qu'il ne fait qu'adapter à des conditions de tournage parfois hors du commun. Il utilise, comme Raoul Coutard, les mots de l'artisan pour décrire sa manière de travailler. On découvre au fil du temps de affinités particulières entre le duo "Schoendoerffer / Coutard" et Jacques Perrin, Bruno Crémer, Jacques Dufilho ou Claude Rich. Non pas des affinités idéologiques, mais des attachements communs à certains repères et certains principes dans la manière de travailler, une fidélité sans flagornerie qui n'est pas si courante dans le petit monde du cinéma, un même effacement des ego devant l'histoire à raconter à un public.

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Question : Pensez-vous qu'il y a, au sein de l'institution militaire par rapport au reste de la société, une compréhension ou une approche différente des films de Pierre Schoendoerffer ?

Réponse : Le livre ne prend pas directement en compte cette approche : les seuls militaires rencontrés ont été des anciens combattants d'Indochine, pour lesquels la 317e section demeure un film-choc, même quand leurs souvenirs précis sont estompés. Les images de la 317e section se sont parfois substituées dans leur mémoire à leurs propres souvenirs. Certains ont vécu une guerre d'Indochine très différente, mais ils commencent généralement toujours par évoquer un sentiment d'identification très fort au lieutenant Torrens et à l'adjudant Willsdorff. Pour ce qui est des militaires d'active, ma réponse ne peut être fondée que sur des impressions au fil de conversations informelles,en général avec des officiers et quelques sous-officiers. Tous connaissent Pierre Schoendoerffer et au moins un ou deux de ses films. Tous font l'éloge de cette oeuvre. Je pense qu'ils y trouvent une reconnaissance de leur engagement, qu'ils estiment (à tort ou à raison) insuffisamment valorisé. Enfin, le goût des militaires pour cette oeuvre ne doit pas faire oublier que Pierre Schoendoerffer a su trouver de nombreux spectateurs au-delà de leurs rangs. Lorsqu'ils sont projetés, ses films suscitent à chaque fois l'émergence de publics variés et de tous horizons, comme en a témoigné par exemple la rétrospective qui lui a été consacrée à la Cinémathèque française en 2007.

 

Bénédicte Chéron, merci beaucoup pour nous avoir consacré un peu de temps, et bonne chance pour ce beau livre.

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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 12:30

L'Autriche-Hongrie dans la Première Guerre mondiale

Max Schiavon

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A l'occasion de la présentation officielle de L'Autriche-Hongrie dans la Première Guerre mondiale. La fin d'un empire, une sympathique réunion s'est tenue dans les locaux de l'ambassade d'Autriche à Paris, en présence non seulement l'ambassadrice d'Autriche, mais également des ambassadeurs de Hongrie, de Croatie et de Slovénie, ce qui donnait de cette manifestation une image très particulière et très attachante.

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Son Excellence l'ambassadrice d'Autriche à Paris

pendant la présentation du livre

Après quelques mots d'accueil du colonel attaché de défense près l'ambassade d'Autriche, les principales autorités présentes ont brièvement pris la parole, pour souligner à la fois le caractère très particulier de la Double-monarchie dans l'ensemble européen, le poids de l'histoire (entre-deux-guerres, Deuxième guerre mondiale et ses conséquences) dans la mémoire des populations concernées et les évolutions les plus récentes, liées en particulier à la situation (et à l'avenir ?) des Etats balkaniques.

A l'issue, Max Schiavon a brièvement présenté son livre, sur lequel nous aurons l'occasion de revenir très prochainement. Signalons dès à présent qu'il s'inscrit dans une collection, "Les nations dans la guerre", dont les volumes La Serbie et La Roumanie sont déjà parus, qui ambitionne de présenter aux lecteurs français un panorama exhaustif des différents belligérants. Les titres consacrés à La Belgique et à L'Angleterre sont d'ailleurs annoncés pour les prochaines semaines. 

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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 08:50

La guerre des Malouines, 30 ans après.

Conflits, sorties de conflit, mutations politiques et représentations

TIMBRE MALVINAS 

Alors que les rumeurs d'actualité font état d'un regain de tension entre Argentins et Britanniques dans l'émisphère sud, l'Institut des Amériques, l'université de Pau et des pays de l'Adour et le CNRS annoncent l'organisation pour l'automne prochain d'un grand colloque international.

Parmi les principaux axes qui seront étudiés :

- Les faits et leurs interprétations, les querelles symboliques et juridiques ;

- Les représentations de la guerre et les objets mémoriels ;

- La diplomatie à l'épreuve : négociations, médiations, impasses ;

- Les enjeux économiques, stratégiques et géopolitiques ;

- Les batailles sémantiques et conceptuelles : Falkland / Malvinas, souveraineté / autodétermination, colonisation / décolonisation.

Le colloque se tiendra les 15 et 16 octobre prochain àl'Institut des Amériques, 175 rue Chevaleret, 75013 Paris. Nous y reviendrons lorsque des informations complémentaires seront communiquées. 

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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 08:40

Hartmannswillerkopf,1915-1916

Journal d'un poilu du 15-2

Auguste Chapatte

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La publication de "carnets" et autres "témoignages" de soldats de la Grande Guerre ne cesse pas et tous les éditeurs, peu ou prou, présentent quelques titres à leur catalogue. Celui-ci se distingue du lot en ce qu'il constitue à la fois un hommage à son ancien régiment d'appartenance, le célèbre 15-2, 152e d'infanterie ("J'ai vécu au 152e Régiment d'Infanterie les heures les plus dures, les plus tragiques de mon existence, mais aussi de très belles heures, très réconfortantes, dont le souvenir m'enchante le coeur. Elles ont laissé sur mon âme une empreinte ineffaçable. Au Quinze-Deux, on respirait un air pur, vivifiant, un air d'héroïsme") et parce que ces souvenirs ont été mis sur le papier tardivement et sont donc, visiblement, marqués par l'esprit "ancien combattant" des années 1930.

Le livre est centré sur les combats du Vieil Armand, l'Hartmannswillerkopf, position dominante sur la plaine d'Alsace, objet de luttes acharnées entre Français et Allemands tout au long de l'année 1915, et dont la nécropole nationale fait l'objet depuis quelques années de travaux de rénovation dans la perspective de la commémoration du centenaire des combats. Il décrit les engagements au niveau du simple combattant, de la première attaque à laquelle assiste (plus que participe) Auguste Chapatte le 23 mars 1915, à la dernière le 22 décembre suivant, au cours de laquelle il est très grièvement blessé et évacué.

Les commentaires de l'auteur (rappelons qu'il s'agit de souvenirs rédigés plus de 15 ans après les faits) portent sur le quotidien des combats en moyenne montagne, sur les Allemands faits prisonniers, sur sa promotion au grade de caporal, sur la remise de la Croix de guerre au régiment, ou la dégradation publique d'un camarade parti sans autorisation en permissions.

la dureté des assauts menés de part et d'autre pour s'assurer la maîtrise de cet éperon rocheux fut en leur temps absolument exceptionnelle (et les "Diables bleus" y gagnent en partie leur réputation et leur surnom). Sans apporter de réelle révélation, et avec les limites que nous avons souligné, ce livre constitue donc un témoignage très utile.

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Qui Suis-Je ?

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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