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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 07:00

Les revers de la guerre en Grèce ancienne

Pascal Payen

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A la fois un état des connaissances sur le sujet et une réflexion sur les enseignements les plus pertinents. Dans cet ouvrage de quelques 450 pages, Pascal Payen n'aborde pas uniquement la "tactique" (la technique du placement et de la manoeuvre des troupes sur le champ de bataille), mais la "stratégie" (l'art de la conduite supérieure de la guerre, de son contrôle et pourquoi pas de son évitement).

En quatre parties d'une très grande richesse et aux innombrables références et citations ("Sociétés guerrières ou sociétés en guerre ?", "Violences en guerre. Autopsie, morphologie, récit", "Cités sur la défensive" et "La guerre à l'âge historiographique"), l'auteur s'interroge sur "la représentation de la guerre" pour les Anciens : "Il ne s'agira donc pas d'un exposé en soi sur les méfaits de la guerre. Différemment, par 'revers de la guerre', on entend deux registres complémentaires ... mettre à jour la face occultée de la guerre, révéler son autre versant, ... analyser la manière dont les sociétés du monde grec n'ont jamais cessé de mettre en débat leur rapport à la guerre [...] La guerre est analysée par les Grecs comme un échec qu'il faut conjurer dans des registres complémentaires, par le choix de certaines armes, protectrices ou défensives, par des institutions, par des modalités de discours, par des comportements collectifs, des formes de sensibilité, des projets ou des réflexions politiques venus des philosophes".

C'est donc toute la problématique de la guerre dans la cité qui est abordée, et pour dresser un tableau aussi complet que possible de son sujet Pascal Payen nous entraine des "Lois de la guerre" (mais oui, déjà !) à "L'univers clos de l'hoplite, tueur et victime", avec les questions subséquentes des morts, des blessés et des prisonniers, mais aussi "La guerre des non-combattants" avec son cortège "ordinaire" de "Pillages, Massacres, Viols et tortures". Des pages (pp. 132-183) qui seraient à rapprocher de discours très actuels sur la "brutalisation" particulière supposée de la Première Guerre mondiale par exemple. Les aspects tactiques et techniques ne sont pas oubliés pour autant, avec un chapitre VI (3e partie) consacré à "La guerre hoplitique" et, par exemple, un intéressant développement sur "Le bouclier, arme offensive". Pour l'auteur, la "poussée" de la phalange "exprime la dimension collective de la tactique hoplitique, comme si l'ennemi recevait le choc de la cité égalitaire. Une telle disposition, pensée et ordonnée autour du bouclier, instrument de chacun et de tous, explique l'unique raison d'être des boucliers tels qu'ils sont : ni trop grands, en définitive, car chaque bouclier a pour fonction de protéger deux fantassins ; ni trop lourds non plus, car, au sein de la phalange, l'hoplite n'a pas à faire face seul à un ennemi". Pascal Payen traite ensuite de l'acceptation par les cités grecques de la guerre, dans les institutions et le fonctionnement de l'Etat ; puis s'interroge sur les récits de guerre et établit une véritable historiographie des représentations et de l'image du phénomène guerrier dans la littérature antique. 

On peut certes, et c'est même vivifiant, ne pas être d'accord avec toutes les analyses de l'auteur, mais celui-ci appuie sa démonstration de très nombreuses citations et un retour systématique à l'éthymologie de chaque mot. Il souligne en conclusion que "la cité confie aux citoyens la charge d'une guerre défensive, qui ne supprime certes pas la violence, mais qui peut en limiter la fréquence sinon l'intensité. La guerre de conquête n'est pas inscrite au programme politique de la cité grecque ... Par leurs usages sociaux et leurs institutions politiques, par leurs modes de discours et leurs pratiques culturelles, les Grecs ont peu à peu inventé et élaboré des modes de connaissance de la guerre quui soient aussi des ressources pour en assurer le contrôle"

Un beau livre d'analyse et de réflexion complété par plus de 80 pages de notes et références, une très riche bibliographie et un index complet. Un vrai ouvrage de synthèse qui ouvre d'intéressantes pistes, que l'on se doit de lire et de méditer.

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 07:15

Photographier la Grande Guerre :

les soldats de la mémoire, 1915-1919

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Hélène Guyot soutiendra sa thèse de doctorat en histoire contemporaine

préparée sous la direction du professeur Myriam Tsikounas (université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

le samedi 7 juillet 2012, à partir de 13h00,

au Centre-Panthéon, salle 1 (entrée par la place du Panthéon ou par la rue Cujas), 75005 Paris.

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 07:10

Histoire et droit parlementaire

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L'Assemblée nationale souhaite développer les recherches universitaires sur l'histoire et le droit parlementaire français depuis la Révolution. Dans ce but, elle attribuera en novembre 2012 une allocation de recherche (montant mensuel brut de 1.684,93 euros). Les dossier sont à déposer impérativement avant le 5 octobre.

Contact et renseignements complémentaires :

Monsieur le chef de la division des archives

Service de la bibliothèque et des archives

Assemblée nationale

126 rue de l'Université

75007 Paris

Courriel : archives@assemblee-nationale.fr

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 07:01

Guerre froide et espionnage naval

Peter A. Huchthausen et Alexandre Sheldon-Duplaix

  Lettre777.jpg

Entrez dans le monde feutré mais sans faiblesse de la grande époque de l'espionnage Est-Ouest.

Dans sa préface, l’amiral Lacoste, ce qui reste une vraie référence, met en relief la qualité des recherches effectuées par les deux auteurs et précise que l’on « trouve dans ce livre beaucoup d’informations inédites », dont il a pu vivre certains épisodes pendant qu’il servait dans la Marine nationale ou à la direction de la DGSE. C’est donc une véritable somme qui nous est ici proposée en version française, corrigée et augmentée (la première édition en 2009 ayant été publiée sous le titre Hide and Seek : the untold story of cold war naval espionage).

Toute la période 1941-1992 est littéralement passée au crible, à travers dix-sept chapitres chrono-thématiques généralement articulés autour d’un « incident » particulier (chap. 5 : « Requiem pour un cuirassé (1955) ») ou d’un événement majeur de la guerre dite froide (chap. 9 : « Vietnam ou les conséquences d’une erreur de traduction »). A travers les témoignages utilisés, on croise au fil des « affaires » des personnalités aussi sulfureuses que le prince Borghese, recruté par la CIA après 1945 ; on comprend le rôle de l’Office of Naval Intelligence dans l’affrontement entre les Etats-Unis et Castro ; on peut revivre la chronologie du dossier de l’USS Pueblo ou le drame de la destruction en vol en septembre 1983 d’un Boing des Korean Airlines. La chasse aux sous-marins soviétiques dans les eaux suédoises est également largement traitée (chap. 14 : « Le syndrome du périscope (1980-1992) ») et les auteurs exploitent également ici, pour la première fois dans la bibliographie en français, les archives suédoises. Les dernières lignes soulignent le regain d’activité des services depuis l’arrivée au pouvoir de Poutine : « Tout indiquait que les anciens adversaires avaient retrouvé leur vieux réflexes », écrivent les deux auteurs après avoir détaillé l’affaire Pope en 1999.

Tout au long du texte, les détails les plus précis sont fournis sur les hommes impliqués, les bâtiments concernés, les installations visées. On est loin d’Octobre rouge (plus de 50 pages de notes, références et index complètent ce volume), mais on ne peut s’empêcher à la lecture de certaines pages « d’apercevoir » au détour d’un paragraphe l’image de Sean Connery au commandement de son bâtiment …

Une véritable somme, indispensable à tout amateur des questions navales, aussi bien qu’à tous ceux que le renseignement intéresse. Un livre indispensable pour aider à comprendre le monde de l’après-deuxième guerre mondiale.

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 07:00

Le Tour de France 1914

De la fleur au guidon à la baïonnette au canon

Jean-Paul Bourgier

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Voilà, alors que commence le Tour de France 2012, un livre d'histoire croisée et de passion, aussi, en ce week-end de départ du Tour de France 2012, sacrifions à notre façon à l’actualité avec ce livre original qui met en parallèle la « grande boucle » et les événements du mois de juillet 1914.

L’ouvrage s’ouvre sur une première partie qui présente les principaux coureurs des différentes nationalités, dans l’atmosphère de plus en plus lourde de la fin du printemps et Jean-Paul Bourgier insiste par exemple sur la « forte rivalité franco-belge » (en cyclisme), les ambitions des Italiens, la place des Suisses et les derniers entrainements des futurs compétiteurs.

La deuxième partie, centrale (pp. 39-102) nous fait vivre le Tour au jour le jour du 28 juin (« Paris-Le Havre : le hasard est plus à Sarajevo qu’en Normandie ») au 26 juillet (« Dunkerque-Paris : Philippe Thys réalise le doublé, fête à Paris en pensant au Tour 1915 »), en passant par le 6 (« La Rochelle-Bayonne : monotonie landaise, engagement du Kaiser Guillaume II auprès de l’Autriche-Hongrie ») ou le 18 juillet (« Grenoble-Genève : trois G, Galibier, Garrigou, Gino ; un ultimatum se prépare »). On le voit, cette mise en contexte « chrono-politico-diplomatique » de la grande compétition cycliste permet de suivre les événements sportifs sous un angle tout-à-fait original : le parcours et le déroulement de chaque journée sont scrupuleusement reconstitués (essentiellement à partir des comptes rendus quotidiens de la presse généraliste et surtout spécialisée), et le texte est ponctué de références à l’actualité (« Notre attention fut distraite par un bataillon de chasseurs alpins qui franchit le col au-dessus du tunnel », 18 juillet, franchissement du Galibier ; « La fière et invaincue cité patriotique se prépare à faire une réception grandiose aux vaillants rescapés de la formidable randonnée qui tient en émoi la France entière », 20 juillet, arrivée à Belfort). A la fin du récit de chaque  étape, un paragraphe résume l’évolution de la situation internationale dans la journée (« Alors que dans la soirée du 22 juillet la fête bat son plein à Longwy, Raymond Poincaré achève son voyage officiel à Saint-Petersbourg. Le président de la République prononce le traditionnel discours d’adieu où il évoque l’indissoluble alliance entre la Russie et la France »).

La troisième partie enfin, « La baïonnette au canon », raconte l’arrivée au vélodrome de Paris, mais aussi les conditions de retour dans l’hexagone de certains sportifs surpris par les événements alors qu’ils participent à des compétitions à l’étranger, et en particulier en Allemagne. Elle se termine sur un ultime chapitre qui évoque les parcours de quelques champions « Morts au champ d’honneur », tandis que l’épilogue dresse un point de situation de l’état du cyclisme en 1919 (« Le Circuit des champs de bataille : un hommage aux cyclistes disparus » et « Le Tour de France dans les régions reconquises »). On apprécie enfin, dans les annexes, le récapitulatif complet des participants, des vainqueurs des étapes et le classement général, mais aussi la longue liste des « Coureurs ayant participé au Tour de France de 1903 à 1914 et morts au combat ».

Un livre original disions-nous, qui permet de suivre le peloton dans des efforts quasi-surhumains (il faut se souvenir de ce que sont les vélos mais aussi les routes à cette époque), et de revivre dans le même temps la détérioration de la situation européenne. A lire au jour le jour, à savourer et à méditer, pourquoi pas au rythme quotidien des étapes de ce Tour 2012 ?

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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 07:10

En quoi le cinéma participe-t-il à la caractérisation des conflits ?

Bénédicte Chéron

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Docteur en histoire et auteur d'une récente biographie remarquée de Pierre Schoendoerffer, Bénédicte Chéron interviendra le mardi 3 juillet (16h00-18h00) en amphithéâtre DICoD (Ecole militaire) pour la séance de clôture du séminaire Histoire "Dire la guerre".

Inscription préalable sur : inscription.irsem@defense.gouv.fr

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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 07:05

Hemingway et les U-Boote

De la littérature à l'héroïsme

Terry Mort

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Qui n'a jamais entendu parlé de L'adieu aux armes, de Pour qui sonne le glas ou du Vieil homme et la mer ?  Prix Nobel de littérature, Ernest Hemingway est également connu pour son oeuvre de journaliste, les affirmations parfois douteuses relatives à son rôle durant la période de la libération de Paris en août 1944 ou ses séjours à Cuba, la "belle endormie" des années d'avant Castro.

Par contre, seuls les spécialistes de l'auteur des Îles à la dérive savaient, plus ou moins vaguement, que pendant près de dix-huit mois, entre 1942 et 1943, Hemingway avait volontairement, et personnellement, mené de longues patrouilles anti sous-marines entre le Sud-est des Etats-Unis et Cuba avec son propre navire. Celui, le Pilar, bien modeste vedette de pêche armée d'un équipage de quatre hommes, fut intégré dans le dispositif général de défense ASM de l'US Navy. Ils ne disposaient à son bord que de quelques armes de poing et grenades, les autorités fédérales payant quelques compléments de matériel (radio) et le carburant, "mais les dépenses de fonctionnement étaient à sa charge, son équipage nécessitant d'être nourri et équipé". Finalement, aucun héroïque combat au cours de ces patrouilles, mais une immense source d'inspiration pour la suite de son oeuvre : "Pour Ernest, les U-Boote ont dû être à la fois réels et symboliques. De façon métaphorique, ils étaient les proches cousins des requins du Vieil homme et la mer : de sinistres figures apparaissant soudainement pour transformer une mer calme en une étendue de carnage sanglant".

Très régulièrement ponctué de citations extraites des ouvrages ou de la correspondance d'Hemingway, ce livre a bien sûr une résonnance plus littéraire que militaire. Il permet néanmoins d'ouvrir une porte sur la façon dont un des grands écrivains du XXe siècle aborde la question de la guerre et de son engagement individuel. Dans un cadre et un univers original, auxquels on ne pense pas lorsque l'on évoque la lutte contre les sous-marins allemands, un parcours artistique et humain à lire durant les vacances qui approchent.

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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 07:00

La marine ottomane

De l'apogée à la chute de l'empire

Daniel Panzac

La marine Ottomane

Avec cette réédition (première parution en 2009), un grand spécialiste de l'empire ottoman est de nouveau accessible. Il nous entraîne ici, en plus de 500 pages, dans une vaste fresque historique allant des lendemains de la bataille de Lépante à la fin de la Première Guerre mondiale. La couverture chatoyante donne le ton d'un ouvrage passionnant, que l'on soit (ou non) plus ou moins intéressé par les questions navales. Le texte est dense, précis, complet, est accompagné de tableaux et graphiques, le style est clair, agréable : l'ensemble constitue une indiscutable référence.

Tout en suivant chronologiquement les principales étapes de l'histoire de la Sublime Porte (reconquête de Tunis, guerre de Crète, guerres russo-turques, indépendances balkaniques et sécession égyptienne, modernisation sous influence occidentale et Grande Guerre), Daniel Panzac détaille l'organisation de cette marine ottomane mais précise aussi son emploi et sa situation en temps de paix comme en temps de guerre. Il expose longuement les questions liées au recrutement et à la formation (le rôle de la population d'origine grecque), aux constructions navales, aux changements techniques (passage de la galère au vaisseau de ligne, puis du vaisseau au cuirassé) et prend chaque fois que nécessaire en compte la présence (le rôle et la place) des ingénieurs et marins des principales puissances européennes, agissant d'abord souvent à titre individuel, puis à partir de la deuxième partie du XIXe siècle au sein de "missions navales".

A travers l'exemple précis de l'histoire de cette marine, c'est en fait toute l'histoire de l'empire ottoman durant plus de trois siècles qui défile devant nos yeux. Avec elle, ce sont les priorités stratégiques des Sultans qui transparaissent : ravitaillement des garnisons isolées sur lesquelles l'autorité centrale ne s'exerce que difficilement, défense des Détroits et protection de la capitale, etc. L'ensemble de l'ouvrage est complété par près de 50 pages de sources, bibliographie, index et cartes qui apportent une nouvelle plus-value à un livre en lui-même déjà essentiel.

 

 

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29 juin 2012 5 29 /06 /juin /2012 07:10

La Grande Armée

à travers les collections du Service Historique de la Défense

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Bel exploit ! En 71 pages très richement iconographiées (de l'ordre de 3 à 4 illustrations originales par double page), le SHD propose aux amateurs de l'histoire impériale un bel échantillonnage de ses collections. Ce petit volume aborde successivement l'organisation et l'administration de la Grande Armée, présente les hommes et la vie militaire du temps et offre un tableau des engagements et campagnes. Un texte courant de synthèse assure la continuité du discours au long du volume et (bien sûr) chaque image est scrupuleusement légendée.

Bref une belle réussite pour un prix modique (10 euros).

Pour renseignements et commandes : Service Historique de la Défense, DPV, Château de Vincennes, avenue de Paris, 94306 Vincennes cedex.

Insigne SHD

Par ailleurs, toujours en terme de publications de référence, savez-vous que le SHD "solde" (oui, oui), à 50 % et parfois davantage, des ouvrages plus ou moins anciens et pour certains aujourd'hui presque introuvables ? Une bonne opportunité pour acquérir à petits prix des publications de référence. Pour la liste des titres concernés : http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/IMG/jpg/Solde_livres_SHD_11-04-2012.pdf

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29 juin 2012 5 29 /06 /juin /2012 07:05

L'espionnage en droit international

Fabien Lafouasse

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Voilà un sujet bien délicat ! Or l'auteur, Fabien Lafouasse, réussit la prouesse de nous donner ici un ouvrage d’une très grande clarté, permettant de comprendre les arcanes du droit régissant les activités d’espionnage sous leurs diverses formes.

Toute sa réflexion s’ordonne autour d’un constat : le recueil clandestin du renseignement s’avère fondamentalement ambigu. Il constitue en effet une activité illicite, mais conduite à l’instigation des différents gouvernements qui la pratiquent tout en cherchant à s’en défendre. Or, au sein du droit international (coutumier et pas normatif), où le phénomène de mondialisation remet partiellement en cause le concept de souveraineté nationale, le droit de l’espionnage se révèle avant tout extrêmement pragmatique.

S’appuyant sur l’analyse poussée de nombreux cas concrets, étayée par de solides connaissances historiques, Fabien Lafouasse examine tour à tour les divers aspects de la question d’un point de vue juridique. Il s’intéresse d’abord à « l’espionnage réglé » en période de conflit armé, c’est-à-dire au cas des agents en temps de guerre. Il réfléchit ensuite aux différentes formes d’espionnage en temps de paix. Vient en premier l’espionnage depuis les espaces internationaux (haute mer, espace aérien international ou espace extra-atmosphérique) marqués par l’absence d’une quelconque appropriation étatique. Puis il aborde les atteintes à la souveraineté nationale à l’intérieur des frontières. Les actes d’espionnage aérien et maritime, avec notamment « l’intrusivité consentie » propre aux contrôles des accords de désarmement, constituent un troisième volet. Cet éventail de pratiques s’achève par l’analyse des activités de renseignement menées par des diplomates ou des membres d’organismes internationaux, qui bénéficient d’immunités plus ou moins larges.

L’auteur fournit à son lecteur, amateur éclairé ou juriste soucieux de se perfectionner dans un domaine très particulier, un instrument commode et complet permettant d’appréhender un sujet peu commun, qui touche à la fois au jus ad intelligentiam (le droit à pratiquer l’espionnage), au jus in intelligentia (les limitations à observer) et à la conduite des Etats envers leurs espions ou ceux de l’adversaire, essentiellement caractérisée par le principe de réciprocité. L’ouvrage, intelligemment construit, rédigé avec une grande clarté, comble ainsi une lacune qui existait en terme d’analyse juridique dans le domaine très particulier du renseignement.

Jean-François BRUN

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Qui Suis-Je ?

  • : Guerres-et-conflits
  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

Sur la toile