Vers la "ralbolution" ?

Français,

prêts pour votre prochaine révolution ?

La France doit-elle toujours s'effondrer avant de se réformer ?

Serge Federbusch

Pamphlet politique plus qu'ouvrage de prospective, le livre de Serge Federbusch n'utilise en fait l'histoire que comme prétexte initial à un développement sur l'actualité et des propositions à court terme.

Fondateur du micro-mouvement politique Parti des Libertés, qui se positionne quelque part entre le centre gauche et le centre, Serge Federbusch signe ici un nouvel essai politique qui affirme s'inspirer des enseignements des ruptures passées (1789,1815, 1830, 1870, 1940, 1958) pour mieux comprendre la situation actuelle et proposer des solutions pour demain : "Le prochain épisode révolutionnaire pourrait arriver désormais plus rapidement qu'on l'imagine en raison même de la résespérance qui frappe aujourd'hui les Français". Le livre s'organise en trois parties. La première, "Le feu aux poudres", envisage deux formes principales d'effondrement de l'organisation politique, par implosion intérieure comme lors de la révolution de 1789, ou par intervention extérieure comme en 1870 ou en 1940. Les parallèles sont parfois approximatifs, mais l'on peut utilement se plonger dans le rappel historique de ces périodes de crise en les contextualisant. La seconde, "Stade terminal", commence sans fausse modestie par deux citations : l'une de Nietzsche, l'autre de Federbusch lui-même... Elle est essentiellement constitué par une véritable charge contre les lourdeurs françaises des trente ou quarante dernières années et comporte beaucoup de chiffres intéressants ou de descriptions éclairantes. Mais, pour l'auteur, il s'agit toujours de faire porter les responsabilités à la puissance publique, qu'il s'agisse de la représentativité des élus ou de la carte hospitalière : "En témoigne l'énergie qu'ils mettent à s'opposer à la fermeture d'hôpitaux inutiles dans leurs circonscriptions". Hôpitaux inutiles ? Monsieur est parisien sans doute ? La troisème partie enfin, "François XVI, de Gaulle bis ou Napoléon IV" (lire François Hollande, Nicolas Sarkozy, et un personnage non identifié), propose un certain nombre de réformes. Tout le panel constitutionnel, législatif, social, etc. y passe, en prônant à la fois des mesures ultra-libérales et une "poigne de fer" politique. Un mélange parfois étonnant des dernières séances d'actualité : "Si révolution il devait y avoir, elle serait forcément une combinaison nouvelle, l'expression de l'étrange alchimie du désordre. Un savant et inattendu mélange de troubles estudiantins, d'émeutes dans les banlieues, de matchs de football dégénérant, de résurgence de la Manif pour tous, d'interventions de dieudonnistes furieux, de grèves des transports publics, d'actions d'intermittents du spectacle et de rassemblements gauchistes et frontistes contre une troïka de financiers venus nous tirer l'oreille pour mettre les Français dans la rue et l'euro dans le caniveau". Il manque les infirmières, non ?

En résumé, un texte rapide pour des parallèles qui le sont tout autant. Des constat avérés, des précisions ponctuelles utiles, mais un discours tendu vers une démonstration partisane qui évacue bien des paramètres. Difficile d'allier propositions politiques pour aujourd'hui et prétentions prospectives, surtout quand le sens des mots semble avoir disparu. Révolution... Révolution... Rappelons à monsieur Federbusch que dans toute révolution il y a un nombre certain de cadavres qui se balancent aux lampadaires en séchant... Pas sûr que nous en prenions la route aujourd'hui quand les "leaders charismatiques" des pseudos-révoltes des dernières décennies prennent tour-à-tour leurs places dans les ministères entre deux "traversées du désert" chez Lipp ou au café de Flore... Mais ce n'est là que l'expression des doutes d'un historien...  

Ixelles éditions, Paris, 2014, 271 pages. 17,90 euros.

ISBN : 978-2-87515-224-4.