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14 mars 2016 1 14 /03 /mars /2016 06:00

Isabelle et Ferdinand

Rois catholiques d'Espagne

Joseph Pérez

Réédition d'un ouvrage paru pour la première fois en 1988 et devenu un classique, qui nous brosse un tableau complet à la fois de la vie et de l'oeuvre d'Isabelle et de Ferdinand, mais aussi de la création d'un royaume d'Espagne unifié sur la base de la Castille et de l'Aragon.

Durant ce "double règne" exceptionnel, la reconquête s'achève, les grandes expéditions cinglent vers l'Amérique, l'Afrique et l'Orient. Dans le même temps, les Juifs sont expulsés, et l'Inquisition est mise en place tandis que la question des Musulmans se pose avec acuité. Joseph Pérez consacre un chapitre complet à certains aspects des relations sociales dans le royaume, entre les monarques et la noblesse, le clergé et les commerçants. Le livre se termine sur les difficultés dynastiques de succession après la mort du prince héritier, puis celle des souverains et un bilan du règne, aussi bien dans les affaires intérieures (y compris culturelles) qu'à l'international. On apprécie la diversité et la précision des différentes annexes, la présence en fin de volume d'une chronologie, d'un glossaire et d'une riche bibliographie.

Un format poche à petit prix d'une lecture aisée, dont le texte est ponctuellement accompagné de quelques tableaux de synthèse, qui offre de précieuses données sur un pays majeur et une époque importante dans l'histoire européenne.   

'Texto', Tallandier, Paris, 540 pages, 12,- euros.

ISBN : 979-10-210-1743-6.

Naissance de l'Espagne moderne
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18 décembre 2015 5 18 /12 /décembre /2015 06:00

Il était une fois l'Italie de Mussolini

Petites et grandes histoires d'un pays disparu

Julien Sapori

Troisième ouvrage sur l'Italie du XXe siècle de Julien Sapori, qui nous propose aujourd'hui une approche pointilliste non pas du fascisme, mais des récits personnels sur la période fasciste. Comme il le souligne dans son introduction, entre "fascistes", "anti-fascistes" et "a-fascistes", il s'agit de comprendre cette diversité au sein de la population.

Les onze chapitres permettent donc de donner des coups de projecteur sur des parcours individuels ou des situations collectives généralement mal connu(e)s ou incompris(es). Le premier par exemple nous présente Vasco Bruttomesso, "dernier survivant de la Marche sur Rome", mort en 2009 alors qu'il avait été candidat d'extrême-droite peu avant (à l'âge de 103 ans !) à la mairie de Tradate, après avoir été pendant plus de 20 ans maire démocrate-chrétien de son village. Parcours finalement peu surprenant et qui traduit l'approche de la période fasciste par de nombreux Italiens. Le second chapitre est consacré au lieutenant Lauro De Bosis, qui à partir de son avion largue sur Rome en octobre 1931 plusieurs centaines de milliers de tracts appelant à rejeter le fascisme. L'un s'intéresse à la situation des universitaires, l'autre au raid aérien Rome-Tokyo de juin-juillet 1942, un autre encore au "Journal de Claretta Petacci", journal intime de la maîtresse du Duce qui donne de ce dernier une image sensiblement différente de celle que le public pouvait connaître ou percevoir, un autre sur la prise de Rome par les Allemands en 1944 et l'acte héroïque du lieutenant Ettore Rosso, d'autres enfin enfin sur la dernière séance du grand conseil fasciste d'après le témoignage de l'un des participants, sur la princesse Mafalda de Savoie, morte en camp de concentration, ou sur la mort des hiérarques fascistes en avril 1945. Grande diversité donc des thèmes, des approches, des angles d'observation.

Chaque chapitre est suivi par une rapide bibliographie de référence, afin de permettre aux lecteurs qui le souhaitent d'aller plus loin. Et la conclusion de Julien Sapori, sur la perception du régime aujourd'hui, mais aussi sur ce qu'il reste des valeurs du Risorgimento, est nette : "Finalement, le fascisme semble avoir gagné durablement la bataille de l'histoire : détruire l'Etat italien libéral. Il y a tellement réussi, qu'à sa place il n'a laissé que le vide".

Editions Anovi, 2015, 156 pages, 14,- euros.

ISBN : 978-2-914818-86-5.

Pour commander directement chez l'éditeur : ici.

Parcours individuels en Italie fasciste
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30 juillet 2015 4 30 /07 /juillet /2015 06:00

Le siècle d'or de l'Espagne

Apogée et déclin, 1492-1598

Michèle Escamilla

Une impressionnante synthèse dans la bibliographie récente. Sur ce brillantissime XVIe siècle espagnol, qui voit Madrid devenir la capitale d'un empire sur lequel le soleil ne se couche jamais, Michèle Escamilla (déjà auteure en particulier d'une biographie de Charles Quint avec Pierre Chaunu, ce qui est une référence) s'impose avec élégance comme une excellente spécialiste.

L'ouvrage est divisé en quatre grandes parties d'ampleur inégale. Le première, "Les rois catholiques", nous présente la marche vers l'unité des monarchies "espagnoles" marquée par le mariage d'Isabelle de Castille et de Ferdinand d'Aragon, unité dont l'église constitue une donnée essentielle. Parallèlement à cette unification de la péninsule, les dépendances extérieures se multiplient déjà, de Méditerranée en Atlantique. Cela nous vaut quelques belles pages sur les politiques africaine et italienne de Ferdinand et de son épouse. La seconde partie, "D'une dynastie à l'autre", la plus courte, explique comment à partir du mariage de 1495 entre les héritiers de la dynastie espagnole et ceux des Habsbourg, par suite de décès successifs, la couronne va revenir à celui qui deviendra Charles Quint : "Le bouleversement dynastique causé par ce balayage morbide autour des Rois Catholiques eut des conséquences d'une incalculable portée". A l'issue d'une période de régence, Charles de Gand, d'éducation essentiellement germanique et de culture flamande, réunit sous son spectre le Saint-Empire, les terres de Bourgogne et l'héritage espagnol, sur fond d'opposition cependant avec les Cortes, au point que la Castille entre presque en révolution en 1520. Le règne de Charles Quint fait ainsi l'objet de la longue troisième partie, et l'auteure insiste sur les aspects militaires et diplomatiques (lutte contre la France et les Ottomans), mais aussi bien sûr sur la question religieuse du fait du développement de la réforme luthérienne dans les terres d'empire. Un règne long et épuisant : "L'Espagne sortait certes très éprouvée, quasiment ruinée, de ses quarante années de règne, mais elle y avait acquis un rang primordial dans le concert européen". La dernière partie enfin, "Le règne de Philippe II", est d'abord marquée par l'apogée de la dynastie et de l'Espagne elle-même, puisque le souverain exerce son autorité à partir de l'Escorial qu'il ne quitte que rarement. La politique de Madrid est encore davantage placée sous le signe de la défense de la religion catholique et s'intéresse essentiellement à la Méditerranée. Sous la splendeur apparente, les faiblesses existent déjà : "Sur le plan extérieur, en Espagne, une lente dégradation s'annonçait irréversible au niveau démographique -avec une baisse encore peu perceptible pour le commun des contemporains, mais bien réelle et repérée par une élite intellectuelle- et, sur le plan économique, bien ressentie par la population". Après l'annexion du Portugal, la (difficilement organisée et conduite) désastreuse expédition de l'Invincible Armada, sur fond d'action des corsaires anglais contre le commerce transatlantique espagnol, marque une guerre terrible contre l'Angleterre, qui va encore durer pendant de longues années, contribuant à affaiblir financièrement davantage encore le pays tandis que son coût suscite une opposition intérieure croissante. Et finalement, "la ruine ? c'est certain. Mais la grandeur aussi, la gloire...", dont l'Espagne contemporaine conserve dans sa mémoire le souvenir à la fois ému et douloureux.

Un ouvrage de référence, parfaitement référencé, qui séduira tous les amateurs d'histoire européenne.

Tallandier, Paris, 2015, 847 pages. 29,90 euros.

ISBN : 979-10-210-0525-9.

Apogée d'une puissance
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5 juin 2015 5 05 /06 /juin /2015 06:00

Histoire de l'Espagne

Des origines à nos jours

Philippe Nourry

Voici la réédition en format poche d'un livre initialement paru en 2013 et que nous avions aussitôt chroniqué (ici). Nous l'avions trouvé extrêmement intéressant : notre avis n'a pas changé. Ajoutons simplement, pour n'y avoir pas insisté la première fois, que la partie de l'entre-deux-guerres, qui voit émerger une République laïque et surgir la guerre civile, est particulièrement riche et détaillée.

Un volume de référence et de travail indispensable pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la péninsule ibérique.

Coll. 'Texto', Tallandier, 2015, 955 pages. 12,50 euros.

Olé !
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11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 06:00

D'Italie et d'ailleurs

Mélanges en l'honneur de Pierre Milza

(Coll.)

Réalisé en hommage à l'un des grands spécialistes de l'Italie (sans doute le plus grand aujourd'hui), mais aussi des idées politiques, à la bibliographie impressionnante, ce recueil compte plus de vingt contributions sur des sujets extrêmement divers.

En effet, l'introduction, co-signée par les directrices du volume (Marie-Claude Blanc-Chaléard, Caroline Douki, Anne Dulphy et Marie-Anne Matard-Bonucci), rappelle opportunément que Pierre Milza a certes été le grand spécialiste universitaire de l'Italie moderne (et l'un des spécialiste du fascisme mussolinien), mais qu'il a également beaucoup travaillé les questions de relations internationales, en particulier dans leurs dimensions humaines et culturelles, et l'histoire des immigrations, dont il a été l'un des pionniers en France. Ce sont donc ces différents thèmes que l'on retrouve dans ces "Mélanges", organisés en trois parties principales : "Italie", "Exils, migrations et relations internationales", et "Entre politique et culture". Les différentes contributions recouvrent donc un large panel de sujets, de "Felici Orisini et la double victoire politique de Napoléon III et de Cavour" (Gilles Pécout) à "Trois paradoxes de la science-fiction italienne" (Eric Vial), mais aussi une étude sur "Giuseppe Prezzolini, propagandiste conscient du fascisme" (Frédéric Attal), "La Grande Guerre et l'amorce de l'immigration des Portugais en France" (Marie-Christine Volovitch-Tavares), "Quand les vitraux racontent l'histoire de la guerre de 1870" (Jean-Claude Lescure) -très intéressant-, ou un étonnant "Robert Faurisson : genèse d'un idéologue" (Valérie Igounet), pour ne citer que quelques textes qui ont particulièrement retenu notre attention.

Un riche volume, qui traverse essentiellement, à la fois, les XIXe et XXe siècles et les pays d'Europe du Sud, un volume qui multiplie les approches et qui fait dialoguer les disciplines. Agréable à lire et indiscutablement précieux pour les amateurs.

Presses universitaires de Rennes, 2014, 301 pages, 19,- euros.

ISBN : 978-2-7535-3547-3.

Historien "des Sud"
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13 septembre 2014 6 13 /09 /septembre /2014 06:20

Les dernières heures de Guernica

Gordon Thomas et Max Morgan-Witts

Le nom de Guernica est à bien des égards devenu à lui seul, dans l’esprit public, symbolique de la guerre d’Espagne, à la fois dans ce qu’elle annonce de terrible pour l’Europe et dans ce qu’elle dit d’horrible sur la guerre civile et idéologique.

Après plus de deux ans de recherches, les deux auteurs détaillent au plus près de la réalité locale, heure par heure, quart d’heure par quart d’heure, la vie et les événements dans la ville elle-même et dans le camp nationaliste, du dimanche 25 avril 1937 (date à laquelle la décision est définitivement arrêtée de bombarder la cité basque) au lendemain, lundi 26, qui voit le feu s’abattre sur la cité. Chacune de ces deux grandes parties est elle-même divisée en quatre chapitres chronologiques qui couvrent les 24 heures d’une journée. Du côté nationaliste, l’un des principaux protagonistes est le lieutenant-colonel von Richthofen, chef d’état-major du corps aérien de la Légion Condor, suivi sans interruption au long de ses deux jours (comme ses principaux officiers) dans ses activités militaires et privées, et qui ne manifeste pas d’estime particulière à l’égard de la plupart des responsables militaires espagnols ou italiens. Du côté républicain, l’infirmière Teresa Ortuz dans un monastère transformé en hôpital, les pères Iturran et Eusebio  dans leurs églises au milieu d’une population certes républicaine mais très religieuse, le lieutenant Gandaria qui s’inquiète des dissensions voire de l’amateurisme de l’état-major régional, et quelques autres sont des personnages récurrents dont la vie au cours de ces deux journées est soigneusement reconstituée, avec leurs rencontres, leurs conversations, leurs hésitations ou certitudes, leurs espoirs ou inquiétudes. Alternant par brefs chapitres les récits du côté germano-nationaliste et du côté basco-républicain, les deux auteurs nous entraînent ainsi dans la salle où est prise, entre officiers espagnols et allemands, la décision de bombarder un site stratégique, puis dans la cabine du chef de « l’escadrille spéciale », qui sera chargé le lendemain de la première mission. Le lundi, « peu après 11 heures, von Richthofen et Vigon se rencontrèrent seuls … Les deux hommes examinèrent les photographies aériennes de reconnaissance et discutèrent de la situation militaire. Puis, sans en référer à aucune autorité supérieure, un Espagnol de Madrid et un Allemand de Silésie fixèrent le destin du berceau spirituel des Basques ». Pour détruire un pont situé à trois cents mètres de la ville, peu avant 16h30, les premières bombes tombent, sur la place de la gare, au centre de la ville. Puis les vagues se succèdent, larguant leurs bombes sur les usines et ateliers, sur les maisons, sur un restaurant, sur une banque, comme au hasard. Une deuxième, puis une troisième vague suivent, à quelques dizaines de minutes d’intervalle : « Peu après 18h30, les derniers appareils quittent le ciel de la ville après avoir largué leur chapelets de bombes ». Pendant toute la soirée puis la nuit, la ville va brûler et la nouvelle de la quasi destruction de la cité historique se répand rapidement, obligeant les Allemands à démentir toute participation à l’opération et les Nationalistes à mentir en suggérant « l’hypothèse que les Basques eux-mêmes avaient détruit la ville à la dynamite … Ainsi naquit la légende selon laquelle Guernica fut brulée par ses propres habitants ». L’infanterie suit l’aviation, en passant par le fameux pont, non démoli par le bombardement qui lui était initialement destiné. Le jeudi en milieu de matinée le drapeau nationaliste flotte sur le bâtiment du parlement basque.

Un récit sans doute parfois un peu daté (première édition en 1977), mais qui reste l’un des principaux ouvrages en français sur cet épisode dramatique de la guerre civile espagnole.

Nouveau Monde Poche, Paris, 2014, 347 pages, 8 euros.

ISBN : 978-2-36942-002-2.

Guerre d'Espagne
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19 avril 2014 6 19 /04 /avril /2014 06:25

Au coeur de l'Italie

Voir la Toscane, de Montesquieu à Berenson

Luigi Mascilli Migliorini

Considérant que "Florence et la Toscane sont l'un des lieux de rencontre les plus extraordinaires et les plus intenses entre l'antique et le moderne", l'auteur nous entraine, dans le temps et dans l'espace, dans un voyage amoureux au coeur d'une région superbe : "Florence devint à l'Italie ce qu'était Athènes à la Grèce".

Partant des grands auteurs et voyageurs du XVIIIe siècle, qui brossent des descriptions souvent enthousiastes (mais reconstruites et enjolivées) de la province, Luigi Mascilli Migliorini progresse dans le temps, via le romantisme et le XIXe siècle, siècle d'agitation politique qui implique parfois une certaine noirceur (ou moins de candeur) dans les propos des visiteurs. Par touches successives, grâce à des très nombreuses citations extraites des ouvrages de multiples auteurs venus de tous les pays d'Europe, nous abordons l'économie, la sociologie, les arts bien sûr mais aussi l'organisation politique (réelle ou idéalisée) des Communes italiennes à la grandeur disparue. Et, de fait, toujours cette distance entre un mode rêvé et la réalité du temps, entre le souvenir de l'humanisme de la Renaissance, les souvenirs matériels ou physiques (paysages entretenus par l'homme, monuments et palais) qui en sont conservés et les déceptions d'aujourd'hui d'auteurs plus ou moins consciemment à la recherche "D'un passé pour l'Europe" : "James trouve du reste que l'Italie moderne est dans son ensemble irrémédiablement laide"... Ces écrits ne sont pas sans effet au moment de l'unité italienne et dans les années qui suivent, renouvelant le thème d'un héritage millénaire, qui pour certains est devenu stérile. Au début du XXe siècle, c'est le sud de la péninsule qui bénéficie d'un regain d'intérêt (pour son authenticité et la naturelle rudesse de ses sites anciens), ce qui donne l'opportunité à l'auteur d'une comparaison "infra-italienne" entre les deux grandes régions. Mais le "pélerinage de la beauté" reste magique, à Florence et en Toscane, sur la base d'une mémoire noblement entretenue et autour du souvenir d'une période essentielle de l'histoire universelle. La ville et sa province attirent Français, Britanniques, Allemands et renouent avec un héritage culturel européen. 

Vous aimeriez rêver tranquillement, au flanc d'un léger coteau, sous l'ombre pure d'un cyprès ou d'un pin, dans la douce tiédeur d'un après-midi ensoleillé ? Ce livre est pour vous.

Editions de la rue d'Ulm, Paris, 2014, 131 pages, 18 euros.

ISBN : 978-2-7288-0510-5.

L'essence de l'Italie
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11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 06:25

Dictionnaire de l'Italie fasciste

Philippe Foro

Pour mieux comprendre le régime italien,voici un indispensable outil de travail.

Contrairement à d'autres ouvrages antérieurement publiés, ce dictionnaire se concentre spécifiquement sur le fascisme italien et ne va pas au-delà de la Seconde guerre mondiale. Tant mieux. Il n'en est que plus cohérent et plus précis. De "A" comme Académie d'Italie à "Z" comme Zone d'occupation italienne en France, les articles sont solides, assez longs (Afrique orientale italienne sur 5 pages), et l'ensemble est suivi par une longue bibliographie ordonnée par thèmes, du plus grand intérêt. Des personnalités alternent avec des entreprises, des lieux avec des traités, des thèmes ("Archéologie" ou "Opinion publique") avec les arts ("Cinéma", "Futurisme", etc.). Au fil des pages, l'entrée "Emigration" présente l'implantation politique du fascisme au sein des communautés italiennes à l'étranger (40 faisceaux regroupant 6.000 adhérents au Brésil, mais pour une immigration italienne qui dépasse les 400.000 personnes, ce qui est finalement assez peu). Beaucoup de paradoxes de ce type sont ainsi soulignés, qu'il s'agisse de "Internationale fasciste", de la "Marche sur Rome", de la notion de "Nation", de l'importance du souvenir de la "Première Guerre mondiale" ou des ambitions mussoliniennes en matière "d'Urbanisme". La réalité et l'apparence, l'image et les contradictions d'un régime.

Peu de questions militaires stricto sensu sont traitées, mais l'ensemble contribue efficacement à contextualiser les problématiques de l'époque. Un livre - outil de travail qui vient très utilement compléter la bibliographie existante. 

Editions Vendémiaire, Paris, 2014, 381 pages, 28 euros.
ISBN : 978-2-36358-047-4.

De A à Z
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27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 06:25

Ils y ont cru

Une histoire intime de l'Italie de Mussolini

Christopher Duggan

Il n'y aurait donc pas que l'effet de la propagande dans les manifestations populaires qui entourent le Duce jusque dans les derniers mois de son exercice du pouvoir ?

Dans une prudente introduction, Christopher Duggan prend soin de poser les limites de son étude, celles des archives privées et autres journaux personnels, et d'éviter toute possibilité de récupération politique. Il constate aussi que les courriers adressés au Duce (environ 1.500 lettres par jour dans les années 1930) proviennent de toutes les couches de la société et de toutes les régions d'Italie. Il observe enfin que "plus les gens souffraient, plus ils avaient tendance à se tourner vers Mussolini pour retrouver espoir" et qu'il faut "attendre la seconde moitié de 1942, quand la perspecvtive du désastre est impossible à nier, pour que l'attrait magique de Mussolini commence à diminuer sérieusement" et souligne qu'il faut distinguer entre la personne du Duce et l'administration ou le parti.

Le corps du livre est organisé en chapitres chrono-thématiques, des "Fruits de la victoire, 1919-1920"au "Dernier acte", avec la chute de Mussolini en 1943 et deux années de quasi-guerre civile. La montée vers le pouvoir, la législation intérieure, les réactions après les tentatives d'assassinat, le rapport à l'Eglise catholique romaine, la colonisation et la campagne d'Ethiopie, l'alliance avec l'Allemagne et l'entrée en guerre, les déboires balkaniques et la guerre en URSS sont successivement abordés. Mais l'auteur ne cache ni le rôle des services de propagande, ni la suppression des partis, ni les lois raciales, thèmes au sujet desquels il note des réactions beaucoup plus froides et identifie les moments de désamour progressif, jusqu'à la rupture.

Une autre vision de l'Italie fasciste, de l'intérieur, grâce à l'exploitation de milliers de documents privés. Documents qui ne constituent pas en eux-mêmes une nouvelle vérité, mais qui relativisent nombre d'affirmations extérieures, et ultérieures.

Flammarion, Paris, 2013, 489 pages, 28 euros.
ISBN : 978-2-0812-2835-1.

Une adhésion populaire
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20 février 2014 4 20 /02 /février /2014 06:30

L'Italie, le fascisme et l'Etat

Continuités et paradoxes

Sabino Cassese

Dans ce petit volume, l'un des plus grands juristes italiens s'interroge sur la réalité d'un Etat spécifiquement "fasciste", fondamentalement de nos structures démocratiques.

En deux grandes parties ("Quel type d'Etat fut l'Etat fasciste ?" et "Le corporatisme fasciste et la première crise de l'Etat"), Sabino Cassese analyse donc les caractéristiques du système politique, administratif et social italien de l'époque, mais aussi les différents acteurs qui interagissent (la société civile, la presse, les associations, etc.), puis s'intéresse au phénomène particulier du corporatisme, son organisation, ses faiblesses par rapport au discours du régime et son action effective. C'est au bilan, nous semble-t-il, une approche très "italienne" du sujet, qui ne donnera pas nécessairement satisfaction de ce côté-ci des Pyrénées, puisque l'auteur en vient à conclure qu'il n'y a pas fondamentalement d'Etat fasciste, Mussolini s'étant généralement appuyé sur des organismes créés antérieurement et certaines de ses réformes lui ayant survécu de longues années. Il consacre en particulier son chapitre 5 à la question (peut-être surprenante) "Un Etat totalitaire ?", notant que 'l'Etat fasciste présente une variété d'éléments contradictoires et tous en opposition avec la présentation courante de l'Etat totalitaire" et soulignant toutes les contradictions institutionnelles et sociales de l'Italie de l'entre-deux-guerres par rapport au discours de propagande. Son étude sur le corporatisme est sans concession (il reprend la formule de Lucien Febvre, "un fatras") et il en relève la grande diversité des origines et des composantes, distinguant entre la rigueur formelle des textes officiels et une "bureaucratie syndicale" (il parle de "fonctionnaire semi-public") qui s'adapte en en jouant aux règles formelles.

Bref, une présentation d'une Italie mussolinienne bien moins monolithique que l'on pourrait le croire : "sa particularité tient dans le fait (qu'elle) a associé un ensemble d'éléments contradictoires, imposant à l'historien deux tâches malaisées : les identifier et étudier la façon dont ils se sont amalgamés, ou ont du moins fonctionné ensemble". Un ouvrage très bien référencé, qui passionnera tous ceux qui s'intéressent à l'évolution politique durant cette période. 

Editions de la rue d'Ulm, Paris, 2014, 170 pages, 22 euros.
ISBN : 978-2-7288-0505-1.

Réalités et ambiguités du fascisme
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Qui Suis-Je ?

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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