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1 juillet 2016 5 01 /07 /juillet /2016 06:00

Marne, 1914

Une bataille qui  changé le monde ?

Holger H. Herwig

Il s'agit de la traduction en allemand de l'ouvrage The Marne, 1914, écrit par l'historien militaire allemand Holger Herwig. Son ambition est celle d'une synthèse chronologique à la fois précise et accessible de la bataille de la Marne, permettant de faire la lumière sur certains épisodes mythiques (les taxis) ou controversés (la mission du lieutenant-colonel Hentsch, les objectifs réels de l'OKH allemand) en exploitant les archives françaises et les documents de la troisième armée saxonne déclassifiés après la chute de la RDA seulement.
Le livre est divisé en neuf chapitres précédés d'un « prologue » et clos par un « épilogue » (une introduction et une conclusion). Il est intéressant de noter que l'auteur introduit longuement l'immédiat avant-guerre et les événements qui mènent au conflit (il y consacre 75 pages sur 300). Selon M. Herwig, la responsabilité du déclenchement des hostilités revient à l'Autriche-Hongrie, agressive et belliciste. Il insiste également sur la relative passivité de Paris, qui calque sa diplomatie sur Moscou dans les semaines qui précèdent le conflit, et sur la conviction partagée par presque tous les état-majors et appareils politiques (en particulier parmi les empires centraux) que « si guerre il doit y avoir, alors il faut qu'elle ait lieu maintenant ».

Ensuite, l'auteur détaille sur plus de cent pages les opérations militaires qui mènent à la bataille de la Marne. Il critique fermement l'état-major allemand, qui croit en un plan irréaliste car ne tenant pas compte des fortifications belges, de la lourdeur prévisible des pertes et du nombre des troupes françaises, qui disposent de réserves alors que les allemands utilisent les leurs en première ligne. Il n'épargne pas non plus le commandement français, en particulier le général Joffre. Pour Herwig, Joffre, qui fut nommé généralissime pour des raisons plus politiques que militaires, pèche par obstination (refusant de reconnaître, en dépit des évidences, que les allemands attaquent en force par la Belgique même une fois qu'ils ont envahi le pays depuis plusieurs jours) et par son obsession de l'offensive. Pour l'auteur, la victoire finale des troupes françaises tient surtout à la qualité de ses autres généraux, particulièrement Castelnau, Galliéni, Foch et Maunoury.

Enfin, une centaine de pages (sur 300) sont consacrées à la bataille de la Marne proprement dite. La défaite allemande est causée, selon Herwig, par le manque flagrant de coordination entre les armées allemandes et l'égoïsme de ses généraux, surtout Bülow, qui est décrit comme inconstant, malade et timoré lors des instants décisifs du combat, mettant à profit son statut de « premier parmi les égaux » (en tant que plus vieil officier prussien encore en activité et favori de Moltke) pour demander sans cesse renforts et assistance aux autres armées avant de se retirer précipitamment sans en informer ni les autres commandants d'armées, ni l'OKH.

Ce manque de coordination serait causé par des problèmes profonds dans les renseignements et les transmissions allemands, négligés avant la guerre alors que le ministère de la guerre impérial aurait dû prévoir qu'ils seraient essentiels pour qu'une offensive menée par 6 armées combattant sur un front de plusieurs centaines de kilomètres puisse réussir. Ceci serait aggravé par le refus de Moltke de s'approcher des zones d'opérations (que Herwig compare aux efforts faits par Joffre pour rendre très souvent visite à ses armées).

Au sein de ce dernier tiers du livre, la mission du lieutenant-colonel Hentsch, sujette à controverse, fait l'objet d'une tentative de « démystification » de plus de trente pages. Selon Herwig, bien que Hentsch outrepasse ses attributions, il le fait en accord avec une tradition non-écrite du haut-commandement allemand, convaincu de prendre la bonne décision. Herwig, grâce à diverses sources (notamment les mémoires des deux sous-officiers accompagnant Hentsch), reconstitue son parcours, semé d'images de destructions et de troupes allemandes éprouvées. Ces fragments du front observés près des premières lignes peuvent, selon Herwig, expliquer son pessimisme. Pour Herwig, c'est surtout Bülow et, dans une moindre mesure, Hausen, qui sont à blâmer : ils auraient dû demander l'avis de Moltke, ou au moins des autres commandants d'armées, avant d'ordonner la retraite alors que la situation militaire n'était pas défavorable et que la percée semblait possible (du fait des manœuvres de la première armée de Kluck et des attaques de la troisième armée dans le secteur de Saint-Gond). En conséquence, Herwig réhabilite Kluck : certes, son avancée a créé une brèche entre les première et deuxième armées allemandes... mais celle-ci n'a pas été la cause principale de la défaite allemande (qui résulte de la bonne décision de Joffre et Galliéni de reprendre l'offensive depuis des positions favorables et surtout des mauvaises décisions de Bülow, qui ne veut et, dans une certaine mesure, ne peut pas coordonner l'action de ses corps d'armée avec ceux des autres généraux). Selon Hentsch, du fait du manque de communication entre armées, de telles brèches sont apparues à plusieurs reprises dans les deux camps (et y compris entre les armées françaises).

Marne, 1914 dresse donc le portrait de belligérants peu préparés aux nécessités de la guerre moderne, rapidement incertains des actions à mener, bien en peine de contrôler les masses d'hommes sous leurs ordres. Souvent, Herwig insiste sur le chaos qui règne en première ligne, empêchant les officiers supérieurs de mener la bataille comme ils le veulent. Il cite une douzaine de cas de soldats tirant par erreur sur des alliés ou des civils, et analyse les exactions allemandes en Belgique et dans le Nord de la France comme une conséquence de ce désordre (la troupe, exténuée et paniquée, étant encline à sur-réagir à la moindre rumeur) plutôt que comme une politique délibérée du commandement allemand. Pour ce faire, Herwig s'appuie sur nombre de témoignages d'époque, généraux et aristocrates comme simple soldats étant abondamment cités. L'auteur combine ces descriptions de première main avec un style presque narratif, par moments assez proche de celui du romancier. Ceci rend le livre plaisant à lire malgré l'exhaustivité des détails, des numéros de divisions et de régiments qui s'enchaînent, mais semble parfois trop empathique et peu approprié pour un historien (par exemple, quand l'auteur dépeint longuement et avec force empathie, probablement en forçant quelque peu le trait, un millier de soldats français chargeant en terrain découvert, au son du clairon et derrière le drapeau tricolore, baïonnette au canon et sans tirer un coup de feu, au cri de « Vive l'Alsace française ! »).

Une synthèse de qualité.

Verlag Ferdinand Schöningh GmbH, 2016, 349 pages, 39,- euros.

ISBN : 978-3506781956.

1914
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1 juillet 2016 5 01 /07 /juillet /2016 06:00

A propos de Mein Kampf et la perception de l'ennemi

2e Guerre Mondiale  -  n° 72

Un numéro qui fait sa couverture sur le caporal bohémien mais dont le contenu va bien au-delà. L'article de François Delpla sous le titre "Mein Kampf. Fallait-il rééditer la 'bible' du nazisme ?" n'aborde pas réellement le débat en question mais se consacre essentiellement à une présentation de ce texte pour défendre les idées que le rédacteur défend avec conviction dans ses ouvrages. On retiendra surtout trois articles : "Guerre et Psychologie. De l'estimation de l'adversaire et de ses conséquences" (Benoit Rondeau), "Guerre du Pacifique. Les tactiques américaines face à l'armée japonaise" (Vincent Bernard), et la première partie de "L'arme blindée soviétique. Difficile naissance d'un outil original" (Nicolas Pontic). On lira également avec intérêt "German Bias" par Benoit Rondeau, qui exprime un certain nombre de vérités.

Débats
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30 juin 2016 4 30 /06 /juin /2016 06:00

Le soldat augmenté ?

Inflexions - n° 32

Le magazine du dialogue entre civils et militaires dans le domaine des sciences humaines nous propose pour ce numéro d'été un ensemble de textes originaux sur un sujet déjà intellectuellement d'une brûlante actualité, et demain d'une (inquiétante ?) réalité : "augmentation" ou "manipulation" ?

La douzaine de contributions sur le sujet témoigne toujours du même souci de la variété des angles d'approche. Parmi les auteurs, un ancien chef de corps des FS, un professeur de théologie, un chef d'entreprise, une psychiatre, un psychologue des armées, un ancien officier devenu chercheur, etc. On comparera en particulier avec beaucoup d'intérêt les textes de Brice Erbland, de Bruno Baratz et de Michel Goya, qui traduisent de la part de ces praticiens d'un remarquable souci d'exigence éthique et d'efficacité opérationnelle.

Un numéro à lire et à conserver.

Le numéro est accessible ici.

Le soldat de demain ?
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29 juin 2016 3 29 /06 /juin /2016 06:00

François Denis Tronchet

Philippe Tessier

Qui connaît le nom de François Denis Tronchet ? Tout au plus, vaguement, ce qui se sont intéressés au procès de Louis XVI, sans doute. Or cette biographie tout à fait novatrice nous offre le portrait d'un homme dont la vie entière fut "dévouée au bien public".

Avocat et docteur en histoire, l'auter nous propose en effet d'en apprendre beaucoup sur cette période d'intenses transformations qui s'étend en France du milieu du XVIIIe siècle au début du XIXe, en suivant la vie et en découvrant l'oeuvre d'un "roi du barreau" dont l'oeuvre résonne toujours aujourd'hui. Les cinq premières parties, sur 150 pages environ, nous plongent au coeur du fonctionnement judiciaire de l'Ancien régime et explique comment, par ses principes, ses valeurs, son travail et ses réseaux, François Denis Trochet a pu jouer comme député dès le début de la Révolution française un rôle essentiel dans le vaste mouvement de réforme de notre droit. Strictement légaliste, critiqué aussi bien à gauche qu'à droite de l'assemblée. Qualifié par l'auteur "d'homme politique actif" et "d'orateur inspiré", il s'efforce de "maintenir une position d'équilibre entre le roi et la Convention", et est pourtant désigné par le gouvernement révolutionnaire pour défendre Louis XVI. Le détail de ses hésitations, de ses rapports avec le souverain déchu, les principes qu'il met en avant, sa démarche procédurale, tout est expliqué dans le détail et l'on reste impressionné par le luxe de renseignements référencé que Philippe Tessier apporte à son propos. Mais la carrière du grand juriste ne s'arrête pas là et, revenu en politique en 1795, il s'investit sans réserve dans l'organisation du pouvoir judiciaire et les réformes de la politique pénale : "Homme de la transaction entre ordre et révolution, le juris-consulte, après avoir pris clairement position contre les excès de la Terreur, s'opposa aux critiques excessives portées contre les institutions révolutionnaires". Le chapitre 10 s'intéresse à la rédaction du Code civil de Napoléon, dont les racines immédiates sont à rechercher sous le Directoire et le Consulat, avec "la reconstitution d'un réseau d'avocats consultants après Thermidor", qui aspire à l'unification du droit français. Tronchet "fut l'un des soutiens les plus fervents de ce projet" et l'un de ses puissants inspirateurs : il intervient dans les débats presque trois fois plus que Portalis, pourtant généralement présenté comme "le père" du Code de 1804. Avec quelques principes dont nos législateurs d'aujourd'hui, qui votent un texte à chaque incident d'actualité, pourraient s'inspirer : "Quand on s'occupe de lois civiles, de lois qui sont pour tous les temps, il faut se placer à grande distance des circonstances où l'on se trouve". Qualifié de "premier jurisconsulte de France" par Bonaparte qui le fait sénateur sous le Consulat. Bonapartiste tout aussi modéré qu'il avait été monarchiste constitutionnel ou républicain du centre, il aura néanmoins sa statue au Conseil d'Etat. Mort en 1806, il reste "le plus habile des jurisconsultes" et "le dernier des avocats du bon temps".

Une biographie magistrale, parfois un peu technique lorsque l'on est pas juriste soi-même, mais l'auteur a le bon goût de multiplier les notes de bas de page et d'inclure en fin de volume un glossaire spécialisé bien utile. La liste des sources et des références est impressionnante. Un ouvrage que doivent posséder tous les juristes, et qui intéressera tous ceux qui se passionnent pour notre histoire politique, législative et judiciaire en ces temps troublés.

Fayard, Paris, 2016, 510 pages. 26,50 euros.

ISBN : 978-2-2136-8178-8.

Très grand juriste
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28 juin 2016 2 28 /06 /juin /2016 06:00

Histoire du sabotage

De la CGT à la Résistance

Sébastien Albertelli

Une véritable somme ! Sur un long XXe siècle (mais surtout entre 1900 et 1945), Sébastien Albertelli retrace la généalogie du sabotage, à la fois théorisé comme outil de libération sociale par certains milieux révolutionnaires, et comme technique de combat par quelques militaires.

Ecrit "sabottage" en 1901-1902, parfois vanté jusque dans les années 1907-1908 par une partie de la CGT, puis autour de la Guerre sociale de Gustave Hervé, à l'occasion des milliers de grèves qui secouent la France d'avant 1914, le sabotage intéresse également les milieux militaires depuis que l'action de francs-tireurs sur les arrières des Allemands en 1871 a montré son efficacité : "Les partisans du sabotage se sont nourris de cette réflexion sur la petite guerre, la guérilla et tout ce qui, dans les conflits entre nations, permet à un belligérants d'affronter un adversaire plus puissant". Passant du "sabotage social" au "sabotage patriotique", l'auteur remonte lentement le temps en multipliant les exemples et en soulignant les évolutions. Quelques dizaines de pages sont consacrées à son usage pendant la Première Guerre mondiale, puis l'auteur aborde les questions souvent plus politiques de l'entre-deux-guerres (y compris pendant l'occupation de la Ruhr), avant de s'intéresser bien sûr beaucoup plus longuement à la Seconde guerre mondiale, dans la Résistance, pour les services britanniques, pour la France Libre. Il s'efforce de quantifier sa place et d'évaluer son efficacité globale dans les combats de la Libération. Il termine par les manoeuvres de ce type tentées par les Allemands à la fin de l'année 1944 ("les saboteurs du Reich"), sans réel succès. Finalement, "pensé comme une grève du zèle dans le monde syndical, il dérive très vite vers une violence qui le rapproche d'une pratique militaire", entourée de secret. L'usage n'en a pas disparu en 1945, même si le silence se fait : "Après avoir eu beaucoup de mal à frayer son chemin en raison de réticences largement partagées par des gens et des milieux dissemblables, le sabotage trouve donc finalement sa place et son emploi avec une légitimité qui, sans se revendiquer au grand jour, ne fait désormais aucun doute ... Il est devenu une des armes du combat contemporain".

Un ouvrage tout-à-fait original, une étude solidement référencée (soixante pages de notes et références). Un livre sérieux (et agréable à lire) qui pointe des évolutions techniques et morales, pratiques et institutionnelles.

Perrin, Paris, 2016, 495 pages, 25,- euros

ISBN : 978-2-262-03559-4.

Sabotage !
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27 juin 2016 1 27 /06 /juin /2016 06:00

Le traumatisme irakien

Tony Blair à l'heure de la vérité ?

Marie-Hélène Labbé

Un tout petit volume, aussi bien en format qu'en pagination, mais un volume qui indiscutablement comptera : Marie-Hélène Labbé revient sur les conditions de l'engagement britannique en Irak en 2003.

Constatant que la puissante commission d'enquête parlementaire n'a toujours pas rendu son rapport cinq ans après avoir entendu les derniers responsables politiques, elle mène sa propre enquête et, s'appuyant sur de très nombreuses citations, met directement en cause l'ancien Premier ministre britannique. Qu'il s'agisse du fonctionnement du gouvernement, des rapports des services de renseignement, des relations avec les Etats-Unis. Ainsi, le "dossier" initial d'accusation contre Saddam Hussein n'est-il qu'un "collage de paragraphes repris de thèses d'étudiants, sans même en corriger les fautes de typographie et surtout sans citer leurs auteurs", et n'a jamais été soumis en amont aux services de renseignement ou aux Affaires étrangères. Globalement, parce que le chef du gouvernement a personnellement décidé de lancer son pays dans la guerre, toutes les fautes, y compris éthiques les plus graves, et tous les dysfonctionnements dans le processus de prise de décision au sommet de l'Etat (quand les "communicants" remplacent les spécialistes...) se retrouvent ici. En résumé, l'intervention en Irak était "fondée sur un mensonge", à la fois injustifiée et illégale : "La légèreté avec laquelle cette décision d'entrer en guerre fut prise, les conséquences catastrophiques pour la région en cause, l'inhibition subséquente du Royaume-Uni sont durablement gravés dans les esprits des décideurs". Le fameux rapport de la commission Chilcot devrait être publié... Quelles seront les conséquences sur le monde politiqe britannique ? Les responsables seront-ils poursuivis ? Si, pour éviter d'être mis en cause, les politiques devaient faire reposer la responsabilité sur les militaires, une grave crise pourrait s'ouvrir : "Les responsables des services de renseignement ont déjà écrit leurs mémoires -où ils ont consigné leur vérité. Celles-ci sont pour le moment dans leurs tiroirs, mais elles en sortiraient s'ils étaient mis en cause et si les responsables politiques -entendez Blair- échappaient à tout blâme".

On attend avec impatience la suite...

PUPS, Paris, 2016, 116 pages. 7,90 euros.

ISBN : 979-10-231-0516-2.

Mensonges officiels
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26 juin 2016 7 26 /06 /juin /2016 06:00

Lettres de guerre (1914-1918)

Charles Oberthür

Edition présentée et préparée par Bernard Corbé et Yann Lagadec

Nouvelle publication d'un témoignage de combattant de la Grande Guerre, avec la publication de cette correspondance commentée de Charles Oberthür, célèbre grand imprimeur rennais, officier de réserve et chef d'une section de munitions d'artillerie pendant plus de quatre ans.

Yann Lagadec poursuit ses excellents travaux sur la Grande Guerre avec la publication commentée de cette vaste correspondance, intéressante car son auteur est à la fois un industriel important dans sa région d'origine, et parce qu'il exerce des responsabilités militaires d'un niveau intermédiaire et dans l'immédiat arrière-front. Il y a donc, au fil des courriers, des préoccupations liées à la société familiale (mais aussi comme tous les combattants à la situation de sa femme et de ses enfants), et un souci de faire partager son vécu quotidien comme ses analyses personnelles de la situation militaire. Ses responsabilités sont bien réelles (approvisionner les unités en obus), mais elles le mettent pour l'essentiel à l'abri des risques que connaissent les poilus en ligne. Il est bien difficile d'extraire telle ou telle citation de ces plusieurs centaines de lettres, mais constatons que Charles Oberthür manifeste bien les mêmes attentes que la quasi-totalité des combattants ("Je ne sais à quoi ça tient, mais depuis quelque temps, je ne reçois plus de lettres"), tout en menant le plus souvent une vie d'officier des services en zone arrière ("Les visites officielles ont lieu ici, tout comme en garnison"). Cela ne l'empêche pas d'avoir parfois une perception très concrète du front, comme lorsque sa section est chargée de l'approvisionnement de la première ligne au début de l'offensve d'avril 1917. Ce conservateur pratiquant ne rate pas un office ("Je désire seulement le départ des fantassins qui m'encombrent un peu. Mais cependant, je ne désire pas leur départ avant dimanche, qui est celui des Rameaux, car leur présence nous assurera sans doute plusieurs messes pour ce jour-là, ce qui est précieux") et marque parfois un étonnant détachement, comme lors d'un exercice de nuit auquel il assiste : "Il faisait clair de lune et un temps merveilleux. Le gibier dérangé par nous sur les collines, aveuglé par les fusées éclairantes et embêté par les vapeurs diverses des grenades, se baladaient en tous sens. Les perdrix rappelaient partout, les cailles aussi. C'était épatant". La guerre n'est pas la même pour tous et les situations sont pour le moins contrastées. Il s'agit pourtant bien de la même guerre. Aquarelliste, il adresse fréquemment à sa famille des dessins de son environnement ou des situations qu'il observe, dont plusieurs sont reproduites dans le volume.

Une approche intéressante de la Grande Guerre, car les caractéristiques sociales et humaines de Charles Oberthür, qui ne retrouve définitivement Rennes qu'à la fin de l'année 1918, se retrouvent dans son expérience du conflit et ses lettres témoignent bien de la diversité des situations. A connaître et à lire en détail.

Presses universitaires de Rennes, 2016, 418 pages, 24,- euros.

ISBN : 978-2-7535-4994-4.

Témoignage d'un industriel en guerre
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25 juin 2016 6 25 /06 /juin /2016 13:17

Guerres & Conflits

retrouve facebook

Depuis deux mois, une succession de difficultés techniques et une extrême surcharge de travail interdisaient d'assurer notre habituelle présence quotidienne sur facebook.

La situation est en voie de résolution, avec l'ouverture de Guerres & Conflits XIXe-XXIe s. - 2 , accessible ici.

Les premiers billets sont dès à présent disponibles. Dès demain matin, nous reprenons un rythme de publications régulières pour vous présenter aussi largement que possible toute l'actualité de l'histoire, et en particulier de l'histoire militaire. Loin de tout vocabulaire inutilement hermétique, notre seul souci reste de vous proposer une approche transdisciplinaire de l'histoire militaire, dans ses causes, effets et conséquences opérationnelles certes, mais aussi politiques, diplomatiques, sociales, culturelles, techniques, etc., tant il est vrai que l'histoire militaire, cosubstantielle de l'histoire des nations, est une authentique histoire globale qui permet d'aborder tous les aspects de la vie des peuples.

Merci de relayer le plus largement possible auprès de tous vos correspondants !

Retour en fréquence !
Retour en fréquence !Retour en fréquence !
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25 juin 2016 6 25 /06 /juin /2016 08:45

Dominante Overlord (mais pas seulement !)

C'est la guerre ! - n° 9

Ce numéro d'été de la presse Histoire généraliste pourra très agréablement vous accompagner pendant vos vacances. On distingue une dominante "Débarquement" à travers l'article en Une et plusieurs rubriques (dont de superbes photos couleurs des parachutistes américains), mais aussi une peu courante présentation des Corée, en guerre depuis 70 ans. Retenons également trois autres grands articles sur différentes périodes : un texte très illustré sur la victoire française de Rocroi (sur les Tercio espagnols) en 1643 (avec cartes des mouvements tactiques) ; un article sur les Sturmtruppen allemandes de la Grande Guerre à partir de 1916 (y compris présentation de l'équipement individuel) ; et pour la période la plus actuelle un rappel sur sept pages de la guerre civile qui déchire aujourd'hui le Yémen. Enfin, pour les amateurs d'histoire antique, une rapide histoire des Pirates en Méditerranée y compris, période rarement évoquée, à l'époque Vandale (Ve siècle).

Profitez de cette période estivale pour découvrir le magazine si vous ne le connaissez pas encore (d'autant que pour les achats en kiosque, le numéro est vendu sous blister avec un "plus", un numéro thématique de Reportages de guerre) !

De Rocroi à Omaha Beach
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25 juin 2016 6 25 /06 /juin /2016 08:20

De la Corse à Verdun

Avions - n° 212

Ce numéro d'été offre un beau panel d'articles pour les amateurs d'histoire des armées de l'air, avec une vingtaine de pages sur la place des appareils dans les combats pou la libération de la Corse en 1943, mais aussi la fin de l'étude sur ceux de l'escadrille N 3 au-dessus de Verdun en 1916. On note égalmnt la fin de deux articles commencés dans le numéro précédent, l'un sur le quasi-mythique Grumman F6F Hellcat de la Seconde guerre mondiale, l'autre sur le parcours d'un avion français des FAFL, un Bloch 200. Signalons un sujet original avec l'histoire des Romano 82 dans la guerre d'Espagne, avec ces "sociétés-fantômes" créées pour armer les Républicains.

Guerres mondiales
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Qui Suis-Je ?

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  • : Guerres et conflits XIXe-XXIe s. se fixe pour objectif d’être à la fois (sans prétendre à une exhaustivité matériellement impossible) un carrefour, un miroir, un espace de discussions. Sans être jamais esclave de la « dictature des commémorations », nous nous efforcerons de traiter le plus largement possible de toutes les campagnes, de tous les théâtres, souvent dans une perspective comparatiste. C’est donc à une approche globale de l’histoire militaire que nous vous invitons.
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Cafés historiques de La Chouette

Prochaine séance : pour la rentrée de septembre. Le programme complet sera très prochainement mis en ligne.

Publications personnelles

Livres

 

doumenc-copie-1.jpgLa Direction des Services automobiles des armées et la motorisation des armées françaises (1914-1918), vues à travers l’action du commandant Doumenc

Lavauzelle, Panazol, 2004.

A partir de ma thèse de doctorat, la première étude d’ensemble sur la motorisation des armées pendant la Première Guerre mondiale, sous l’angle du service automobile du GQG, dans les domaines de l’organisation, de la gestion et de l’emploi, des ‘Taxis de la Marne’ aux offensives de l’automne 1918, en passant par la ‘Voie sacrée’ et la Somme.

 

La mobilisation industrielle, ‘premier front’ de la Grande Guerre ? mobil indus

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2005 (préface du professeur Jean-Jacques Becker).

En 302 pages (+ 42 pages d’annexes et de bibliographie), toute l’évolution industrielle de l’intérieur pendant la Première Guerre mondiale. Afin de produire toujours davantage pour les armées en campagne, l’organisation complète de la nation, dans tous les secteurs économiques et industriels. Accompagné de nombreux tableaux de synthèse.

 

colonies-allemandes.jpgLa conquête des colonies allemandes. Naissance et mort d’un rêve impérial

14/18 Editions, Saint-Cloud, 2006 (préface du professeur Jacques Frémeaux).

Au début de la Grande Guerre, l’empire colonial allemand est de création récente. Sans continuité territoriale, les différents territoires ultramarins du Reich sont difficilement défendables. De sa constitution à la fin du XIXe siècle à sa dévolution après le traité de Versailles, toutes les étapes de sa conquête entre 1914 et 1918 (388 pages, + 11 pages d’annexes, 15 pages de bibliographie, index et cartes).

 

 caire damasDu Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)

 14/18 Editions, Saint-Cloud, 2008 (préface du professeur Jean-Charles Jauffret).

Du premier au dernier jour de la Grande Guerre, bien que la priorité soit accordée au front de France, Paris entretient en Orient plusieurs missions qui participent, avec les nombreux contingents britanniques, aux opérations du Sinaï, d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Mais, dans ce cadre géographique, les oppositions diplomatiques entre ‘alliés’ sont au moins aussi importantes que les campagnes militaires elles-mêmes.

 

hte silesieHaute-Silésie (1920-1922). Laboratoire des ‘leçons oubliées’ de l’armée française et perceptions nationales

‘Etudes académiques », Riveneuve Editions, Paris, 2009.

Première étude d’ensemble en français sur la question, à partir du volume de mon habilitation à diriger des recherches. Le récit détaillé de la première opération civilo-militaire moderne d’interposition entre des factions en lutte (Allemands et Polonais) conduite par une coalition internationale (France, Grande-Bretagne, Italie), à partir des archives françaises et étrangères et de la presse de l’époque (381 pages + 53 pages d’annexes, index et bibliographie).

 

cdt armee allde Le commandement suprême de l’armée allemande 1914-1916, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général von Falkenhayn 

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Le texte original de l’édition française de 1921 des mémoires de l’ancien chef d’état-major général allemand, accompagné d’un dispositif complet de notes infrapaginales permettant de situer les lieux, de rappeler la carrière des personnages cités et surtout de comparer ses affirmations avec les documents d’archives et les témoignages des autres acteurs (339 pages + 34 pages d’annexes, cartes et index).

 

chrono commChronologie commentée de la Première Guerre mondiale

Perrin, Paris, 2011.

La Grande Guerre au jour le jour entre juin 1914 et juin 1919, dans tous les domaines (militaire, mais aussi politique, diplomatique, économique, financier, social, culturel) et sur tous les fronts. Environ 15.000 événements sur 607 pages (+ 36 pages de bibliographie et d’index).

 

 Les secrets de la Grande Guerrecouverture secrets

Librairie Vuibert, Paris, 2012.

Un volume grand public permettant, à partir d’une vingtaine de situations personnelles ou d’exemples concrets, de remettre en lumière quelques épisodes peu connus de la Première Guerre mondiale, de la question du « pantalon rouge » en août 1914 à l’acceptation de l’armistice par von Lettow-Vorbeck en Afrique orientale, après la fin des hostilités sur le théâtre ouest-européen.

 

Couverture de l'ouvrage 'Mon commandement en Orient'Mon commandement en Orient, édition annotée et commentée des souvenirs de guerre du général Sarrail

14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2012

Le texte intégral de l'édition originale, passé au crible des archives publiques, des fonds privés et des témoignages des acteurs. Le récit fait par Sarrail de son temps de commandement à Salonique (1915-1917) apparaît véritablement comme un exemple presque caricatural de mémoires d'autojustification a posteriori

 

 

Coordination et direction d’ouvrages

 

Destins d’exception. Les parrains de promotion de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr

SHAT, Vincennes, 2002.

Présentation (très largement illustrée, 139 pages) des 58 parrains qui ont donné leur nom à des promotions de Saint-Cyr, entre la promotion « du Prince Impérial » (1857-1858) et la promotion « chef d’escadrons Raffalli » (1998-2001).

 

fflLa France Libre. L’épopée des Français Libres au combat, 1940-1945

SHAT, Vincennes et LBM, Paris, 2004.

Album illustré présentant en 191 pages l’histoire et les parcours (individuels et collectifs) des volontaires de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale.

 

marque courageLa marque du courage

SHD, Vincennes et LBM, Paris, 2005.

Album illustré présentant en 189 pages l’histoire des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire, à travers une succession de portraits, de la Première Guerre mondiale à la Bosnie en 1995. L’album comporte en annexe une étude sur la symbolique, les fourragères et la liste des unités d’active décorées.

 

  90e anniversaire de la Croix de guerre90-ANS-CROIX-DE-GUERRE.jpg

SHD, Vincennes, 2006.

Actes de la journée d’études tenue au Musée de l’Armée le 16 novembre 2005. Douze contributions d’officiers historiens et d’universitaires, français et étrangers, de la naissance de la Croix de guerre à sa perception dans la société française, en passant les décorations alliées similaires et ses évolutions ultérieures.

 

france grèceLes relations militaires franco-grecques. De la Restauration à la Seconde guerre mondiale 

SHD,Vincennes, 2007.

Durant cette période, les relations militaires franco-grecques ont été particulièrement intenses, portées à la fois par les sentiments philhellènes qui se développent dans l’hexagone (la France est l’une des ‘Puissances protectrices’ dès la renaissance du pays) et par la volonté de ne pas céder d’influence aux Anglais, aux Allemands ou aux Italiens. La campagne de Morée en 1828, l’intervention en Crète en 1897, les opérations en Russie du Sud  en 1919 constituent quelques uns des onze chapitres de ce volume, complété par un inventaire exhaustif des fonds conservés à Vincennes.

 

verdunLes 300 jours de Verdun

Editions Italiques, Triel-sur-Seine, 2006 (Jean-Pierre Turbergue, Dir.).

Exceptionnel album de 550 pages, très richement illustré, réalisé en partenariat entre les éditions Italiques et le Service historique de la Défense. Toutes les opérations sur le front de Verdun en 1916 au jour le jour.

 

DICO-14-18.jpgDictionnaire de la Grande Guerre

(avec François Cochet), 'Bouquins', R. Laffont, 2008.

Une cinquantaine de contributeurs parmi les meilleurs spécialistes de la Grande Guerre, 1.100 pages, 2.500 entrées : toute la Première Guerre mondiale de A à Z, les hommes, les lieux, les matériels, les opérations, les règlements, les doctrines, etc.

 

fochFerdinand Foch (1851-1929). Apprenez à penser

(avec François Cochet), 14/18 Editions - SOTECA, Saint-Cloud, 2010.

Actes du colloque international tenu à l’Ecole militaire les 6 et 7 novembre 2008. Vingt-quatre communications balayant tous les aspects de la carrière du maréchal Foch, de sa formation à son héritage dans les armées alliées par des historiens, civils et militaires, de neuf nations (461 pages + 16 pages de bibliographie).

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