Poursuivons notre tour de France des "petites" maisons avec une toute jeune société dont les premiers livres semblent tout-à-fait prometteurs.
Matthieu Boisdron
(Vendée)
Question : Votre maison d'édition est de création récente et ne dispose encore que d'un catalogue limité. Pourriez-vous nous expliquer votre parcours personnel et pourquoi vous vous êtes lancé dans cette aventure éditoriale ?
Réponse : Les éditions CODEX sont effectivement nées à la fin de l'année 2009. A la base, il y avait le désir de contribuer modestement à apporter sa pierre à l'édifice historiographique. La création des éditions CODEX est aussi le résultat d'une collaboration fructueuse et stimulante avec quelques autres éditeurs spécialisés en histoire, qui placent notamment la complémentarité des catalogues au-dessus du reste, et notamment de la compétition féroce qui caractérise hélas bien trop souvent ce secteur (comme d'autres d'ailleurs). Il faut également préciser que l'équipe très réduite et non rémunérée qui travaille pour CODEX est composée de quelques personnes ayant été formées à l'histoire et à la recherche historique à l'université. Et si les éditions CODEX ont, bien naturellement, une vocation commerciale, c'est avant tout la passion commune de ce petit groupe d'historiens, amateurs et professionnels, qui est à l'origine de cette entreprise.
Question :Comment avez-vous défini les titres de vos collections et comment sélectionnez-vous les livres que vous publiez ?
Réponse : Nous avons fait le choix, pour débuter et parce que nous démarrions"de zéro", de publier des monographies. Nous réfléchissons actuellement à l'opportunité de créer des collections autour de grands thèmes, de grandes périodes historiques ou alors d'un type particulier d'ouvrages (biographies, témoignages, etc.). Le choix se fait généralement de deux façons. Nous sélectionnons d'abord parmi les tapuscrits qui nous sont envoyés et, parfois, nous allons chercher les auteurs lorsque nous repérons un travail qu'il nous semble particulièrement intéressant de valoriser ou de mettre en lumière. Nous privilégions les sujets qui nous semblent neufs et/ou populaires, mais en ayant toujours le souci du sérieux et de la rigueur scientifique.
Question : Etant donné votre âge et votre parcours, envisagez-vous d'accorder une place particulière aux jeunes auteurs et chercheurs ? Avez-vous une politique déterminée en la matière ?
Réponse : Effectivement, et c'est d'ailleurs déjà le cas ! A ce jour, tous les livres publiés aux éditions CODEX sont des premiers livres. Sans avoir la prétention d'être des "découvreurs de talents", nous pensons néanmoins qu'il y a des choses intéressantes, inédites, voire "exotiques" mais toujours passionnantes, à lire sous la plume de chercheurs qui n'ont pas encore travaillé dans le but d'être publiés ou qui ne trouvent pas forcément de débouchés auprès des grandes maisons, peut-être parfois plus "frileuses" car assurées par ailleurs du concours d'auteurs installés et reconnus.
Question : Quel rythme de publication vous fixez-vous et quels sont vos principaux objectifs à court et à moyen termes ? Les sujets d'histoire contemporaine sont-ils appelés à rester une partie essentielle de votre catalogue ?
Réponse : Notre rythme de publication est assez modeste. L'idéal serait de pouvoir publier quatre ouvrages par an avant de monter doucement en puissance. La tâche reste ardue : notre équipe a en effet le désir de bien faire les choses et de consacrer le temps nécessaire à chaque livre. De la relecture à la mise en vente, en passant par la sélection, les corrections, la mise en page, l'impression et la promotion, toutes ces étapes demandent un temps certain et parfois une bonne dose de patience mais aussi d'énergie, au sein d'une structure qui ne peut compter que sur l'aide de quelques bénévoles. Il faut aussi admettre que la conjoncture actuelle n'est pas, hélas, très favorable au livre en général, et que c'est un combat quotidien que de maintenir une activité éditoriale, nous l'espérons de qualité, dans ce contexte. Les sujets d'histoire contemporaine devraient rester, effectivement, une part essentielle de notre catalogue, mais nous sommes évidemment ouverts à toutes les autres périodes comme à d'autres disciplines (la géographie ou les sciences politiques par exemple).
Merci Matthieu pour cette franchise de ton et bon courage pour la réussite de vos prochains projets.