Poursuivons notre tour de france des éditeurs indépendants, maisons "petites" par la surface financière mais si "grandes" par la passion de leurs animateurs (voir notre chronique récente sur les Mémoires d'un proscrit).
(Lot)
Question : Quelle est votre ligne éditoriale et quelle place y tient votre implantation régionale ?
Réponse : La ligne éditoriale de La Louve est celle de l’Histoire, avec un grand H, à savoir que nous travaillons et publions uniquement dans le domaine historique (et/ou mémoriel), à l’exclusion de tout autre. L’implantation régionale, sauf à parler de notre exceptionnelle qualité de vie et de l’accent, ne joue qu’un rôle minime : notre catalogue n’est pas « régionaliste », même si parfois certains titres peuvent se rattacher en effet à la région. Mais c’est le hasard, et seul l’intérêt des projets décide de la publication des ouvrages, pas le « territoire » dont ils traitent. Notre diffusion est nationale et le choix des sujets n’a de frontière ni géographique ni dans le temps. Il suffit de parcourir le catalogue pour s’en convaincre et voir que Rhodes voisine avec le comté de Foix, ou que la reine Emma de Normandie côtoie (imprudemment, certes, mais jusqu’ici sans incident) le roi mérovingien Chilpéric.
Question : Sur quels critères décidez-vous de publier un livre et comment sélectionnez-vous vos sujets ? Y a-t-il un titre dont vous êtes plus particulièrement fier ou heureux ?
Réponse : Ce que nous cherchons avant tout, ce sont des ouvrages apportant du neuf, soit par le sujet abordé (peu ou pas étudié jusque-là), soit par la manière dont il est abordé. Nous cherchons à entrer dans des « niches » où les grands éditeurs ne vont pas : ce n’est pas facile, toujours périlleux, mais nous pensons que c’est notre raison d’être… et peut-être aussi un gage de survie, finalement, dans un monde envahi de papier, relié ou non, où tout se ressemble un peu ! Dans tous les cas, nous attachons une grande importance à la qualité des travaux, c’est pourquoi la plupart des auteurs de La Louve sont historiens, chercheurs, spécialistes dans leur domaine. Ceci n’empêche nullement d’avoir un grand souci de « lisibilité », afin de rendre aisément abordables ces travaux qui sans cela seraient parfois difficiles.
Faire un tri dans les titres pour en extraire un est douloureux car ils ont tous fait l’objet d’un choix, à un moment donné. Cependant, il en est un, en effet, qui sort du lot par l’aventure humaine qu’il représente : il s’agit de la publication de l’extraordinaire correspondance de Gaston de Lévis vers son épouse Pauline (Écrire la Révolution, 1784-1795). Il faudrait cinquante pages pour en parler comme il convient. Ce livre est un tout : il y a de l’Histoire, de l’action, de l’aventure, de l’amour, de l’humour, le tout dans une superbe langue !
Question : Comment avez-vous déterminé les thèmes et le contenu de vos 6 collections et que regroupez-vous sous "Histoire" ?
Réponse : Pouvons-nous avouer que c’est un peu le hasard ? Non, on plaisante… En revanche, ce qui est vrai, c’est qu’il est déjà arrivé qu’un beau projet nous « tombant du ciel », nous décidions de lui créer sa collection, tout simplement parce qu’il n’entrait pas dans celle(s) existante(s), qu’il n’était pas envisageable de le refuser, et que nous espérions ainsi « attirer » d’autres projets du même genre : cela s’est produit en particulier pour la collection Littérature et textes, dédiée à l’édition de sources, de correspondances, de mémoires, bref de textes anciens, qui est née d’un projet et qui, par la qualité et le succès de certains textes, s’alimente désormais toute seule, jusqu’à prendre une grande importance au catalogue.
Quant à la collection « L’Histoire », son nom, bien porté au début, est devenu incomplet : il s’agit en effet exclusivement d’histoire médiévale. Et comme le catalogue de La Louve n’est constitué que d’Histoire…
Question : Quelle place donnez-vous aux jeunes auteurs ? Avez-vous une politique active en ce sens ?
Réponse : Nous n’avons pas spécialement de politique en ce sens. C’est seulement l’intérêt du projet, encore une fois, qui décide. Si le porteur de ce projet est jeune, nous ne le rejetons pas, bien entendu, pas plus que nous ne secouons le cocotier s’il est très âgé !
Question : Un souhait particulier en guise de conclusion ?
Réponse : Que ça dure encore longtemps, en n’allant pas plus mal !
Merci vivement pour cette franchise de ton, ce dynamisme et cette
passion, et surtout Bonne chance !