Maquis collabos

Maquis blancs

La "résistance" des collabos, 1944-1945

Olivier Pigoreau

Ce dossier a été évoqué en quelques lignes dans différentes publications, mais n'avait jamais fait à notre connaissance l'objet d'un livre aussi complet.

Olivier Pigoreau nous entraîne donc sur les traces de ces collaborateurs que les Allemands tentèrent de maintenir ou de faire passer en France libérée à partir de l'automne 1944 pour mettre sur pied des réseaux clandestins de lutte : "Des dizaines d'opérations ont ainsi été conduites, notamment des parachutages, afin de créer un mouvement de résistance qui lutterait contre les armées alliées, saperait l'autorité du nouveau gouvernement, attiserait les tensions entre communistes et gaullistes, fournirait des renseignements de toute nature à l'Allemagne". On sait, bien sûr, que ces tentatives se sont soldées par des échecs cuisants, mais certains y crurent et leur réalité est aujourd'hui bien oubliée. Le livre est organisé en deux grandes parties : "Les écoles", et "les missions". La première présente les éphémères (petits) centres de formation de ces commandos, pour l'essentiel issus de la  Milice, du PPF ou du Francisme et les structures qui dépendent de la Milice (Organisation technique, Organisation politique nationale-révolutionnaire, etc.), toutes globalement situées au sud de la Forêt Noire et du Wurtemberg. Au-delà de l'aspect politique, les Allemands prennent directement en charge la formation militaire (explosifs, sabotage, parachutisme, etc.) et il faut reconnaître que la liste de ces centres de formation comme les effectifs (nécessairement approximatifs) concernés est d'autant plus impressionnante que le sujet est très rarement abordé. La seconde partie présente les missions effectivement remplies dans l'hexagone, dont la première aurait commencé dès le 20 septembre 1944 lorsque Jacques Dugé de Bernonville est largué avec deux ou trois miliciens et un poste radio au nord de Rambouillet. On apprend au passage que pour la mise en place de ces commandos, les Allemands utilisent une escadrille particulière, notamment dotée de deux Boeing B-17 "contraints de se poser en territoire ennemi à la suite d'ennuis techniques ou de dommages causés par la Flak et la chasse". Des parachutages seront effectués jusqu'en février 1945 dans différentes régions de France, parfois très éloignées des combats comme cette équipe sous les ordres de Lois de Chefdebien larguée dans le Tarn dans la nuit du 6 au 7 janvier 1945, ou celle de Francis Muchery et Jean Delobelle larguée dans la nuit du 9 au 10 février près de Marchiennes, dans le Nord, voire plus tardivement encore comme l'équipe de Pierre Bianchi et d'Edouard Locquet déposée par une vedette rapide à partir de la République Sociale Italienne sur la côte d'Azur dans la nuit du 5 au 6 avril 1945. Au terme de son étude, Olivier Pigoreau estime qu'au moins 160 personnes ont été parachutées en France libérée, auxquelles il faut ajouter ceux et celles passés par voie terrestre via la Suisse, ou maritime via San Remo. : "Deux cents hommes et femmes semble donc un strict minimum, 500 probablement un maximum, entre 300 et 400 l'estimation la plus raisonnable compte tenu des éléments à notre disposition", pour un total d'agents formés dans les écoles d'environ 8 à 900.

Un épisode très mal connu des derniers mois de la Seconde guerre mondiale en Europe, sur lequel ce livre apporte une véritable plus-value. Passionnant.

Konfident, Paris, 2022, 179 pages, 19,- euros.

ISBN : 978-2-956-98376-7.

Pour commander directement le livre : ici.

Comments

[Olivier Pigoreau]

Merci Monsieur Porte pour cette présentation fidèle et sympathique !

[guerres-et-conflits]

Un plaisir quand il s'agit d'un livre novateur et bien écrit. Bon courage et plein succès !